« Maître ! » Criais-je, tandis que ma voix raisonne à travers le temple comme une onde qui ne trouve guère de fin. Il se tient en face de moi à une dizaine de mètre, lui contre l'ennemi sorti de nulle part. Son regard tourné vers le mien veut dire une chose que je ne peux accepter ; « va-t-en pendant que je t'en donne encore le temps. » Il ne l'avait pas dit directement, mais c'était sans aucun doute ce qu'il me suggérait. J'ai fui, comme j'ai toujours eu l'habitude de fuir, sans regarder derrière moi, laissant mon passé derrière moi. Fuir pour fuir à même un avenir qui se rapproche désormais d'une chimère réalité, un doux rêve déjà un bien lointain souvenir. Alors que je sors du temple, la rage et la peine au ventre mes yeux croisent les siens. Des yeux propres à un seul type de créature, anomalie de la nature engendrée par la force obscure. Le rouge laser de son sabre, ses yeux écarlates sont aucun doute la marque des ténèbres, ce qui les représentent tous... Son visage, à jamais, marqué dans mon esprit, celui qui aura causé la mort du Maître Skywalker. L'homme que je tuerai un jour de mes propres mains, vengeance ou pas, je rétablirai cette justice.

« Hey ! Ouvre les yeux little girl, sinon tu vas mourir... Haha ! » Cette voix amusée presque sinistre, bien que je l'entende pour la première fois, j'ai l'impression de la connaître depuis toujours. J'ouvre les yeux, tout en posant une main sur mon front, une douleur se faisait sentir comme une brûlure. Tout me revient petit à petit ; dans ma fuite, je n'ai pas pris garde où je courais, laissant une branche d'un arbre quelconque faire ce que nul autre guerrier n'aurait pu aisément accomplir. Elle se tient en face de moi, presque au-dessus de moi ; une enfant, une fillette dans une robe noire et des soulier d'un rouge sanglant. Elle a une chevelure dorée tirée en arrière qui est épousée par une plante aux pétales rouge et noire, proche de son oreille gauche. Son visage... son visage, je le connais, en fait... je la connais tout simplement. Elle me sourit, tandis que ses yeux d'un bleu turquoise me fixaient sans une once d'émotion. « Qui es-tu ? » Demandais-je quand même, me doutant intérieurement de son identité, mais étant toutefois intriguée par cette dernière. Cependant, je n'ai le droit qu'à un énigmatique sourire en gage de réponse. Très vite mon attention se porte sur les bruits de pas qui se rapproche dans notre direction. Mais c'est étrange, je ne sens rien, comme si ma connexion avec la force avait subitement disparue. « N'est crainte, little girl... Je serais tes yeux et tes oreilles. » Je ne comprends pas, sa réponse me laisse étrange, c'est comme si à l'instant elle venait de lire en moi. « Mais c'est le cas, little girl. » Je me relève doucement sans la lâcher des yeux, je ne sentais pas l'ironie dans le fait qu'elle me nomme petite fille, ce qui m'énerve légèrement même si c'est stupide. Dans la panique qui grandissait en moi, je lui demande alors... « Pourquoi ne puis-je plus ressentir la force. »

Encore une fois, la seule réponse que j'obtiens, est encore ce sourire énigmatique. Les pas se rapprochaient de plus en plus, je ne devais pas rester là. Toutefois, il faisait nuit, je ne voyais presque rien, mis à part la fillette en question. « Nous devons y aller, ou tu mourras ! » Une branche craque à seulement quelques mètres de nous, je peux apercevoir quelques faisceaux lumineux. Je me cache immédiatement alors que, soudainement un des faisceaux éclaire la fillette, qui continue de m'observer avec un sourire. Le faisceau disparaît à la suite comme si rien n'était, sous mon plus grand étonnement, que s'était-il passé à l'instant. « Ils ne peuvent pas me voir, en ce qui te concerne, c'est une autre histoire. » Dit-elle d'une voix moqueuse et toujours emprunt à un étrange sadisme. Je fronce les sourcils en jetant un œil à la silhouette tenant la lampe torche, un soldat de l'empire. Je serre les dents et les poings sous la colère qui monte dans ma poitrine. Comment ces lâches avaient osé nous attaquer ? Mon regard se pose de nouveau sur la fillette, comme attendant une consigne de sa part. Cela paraissait étrange, je n'ai pas osé le lui demander directement. Qu'importe, comme mon esprit semble n'être qu'un livre ouvert pour elle, je n'eus guère besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle me réponde. « Je vais te guider ! Mais s'il te trouve, tu mourras. » Répète-t-elle encore une fois, comme si la mort m'effrayait... ou plutôt, comme si... Elle savait que la mort m'effrayait. Elle passe devant moi en sautillant, mais ses pas son silencieux, voire inexistants. Je pose une main sur mon cœur, lorsque je sens celui-ci s'accélérer doucement. Je ne ressens rien, ni la force, ni même la présence diffus des stormtroopers. Je me contentais de la suivre, cette dernière m'indiquant avec précision où se trouvait l'ennemi qui semblait rapetisser au peigne fin la forêt, certainement à la recherche des survivants de l'ordre.

Peut-être que sont-ils seulement à ma recherche ? Ce Sith est peut-être celui qui dirigeait toute l'opération, il m'a vu tout comme je l'ai vu après tout. Je suis cette petite silencieusement, étrangement, j'ai l'impression que toutes mes facultés de perception m'ont été retirées pour le lui octroyer. Ce qu'elle est m'échappe, mais ce qui est sûr c'est qu'elle ne peut être réelle. Sa simple façon de se déplacer est incohérent, en l'espace d'un clignement de paupière, elle disparaissait de mon champ de vision pour réapparaître à une dizaine de mètres plus loin. Dans de meilleures dispositions, peut-être me serai-je inquiétée de sa présence. Cependant, à l'heure actuelle, un autre mal se répondant à travers mon corps, il semble que je ne sois pas la seule à l'avoir remarqué malgré mon manque de perception. Une douleur qui enflamme mon cœur, pourtant c'est là une douleur qui n'est pas physique. « Tu sembles mal en point, little girl. Pourtant la douleur ne fait que débuter. » Et la douleur grandit, encore et encore. Une douleur qui ne semble n'avoir pas d'origine, ni d'objet, comme la simple existence de l'angoisse. Mais je le sens, plus ma haine et ma rage grandissent, plus la douleur se développe comme un virus mortel. Bientôt, je n'ai même plus la force de me tenir sur mes jambes, alors que je suis sensée être bien plus endurante, alors que la soif et la faim ne sont pas en cause. Elle aussi s'était arrêtée bien avant que je m'écroule sur le sol, me montrant toujours son dos. Moi qui pensais qu'on avait enfin pu semer les stormtroopers, voilà que j'entends de nouveau des pas qui approchent non loin. Mais je ne peux à peine bouger... Mais que m'arrive-t-il ? Songeais-je tandis que les larmes me montaient aux yeux. C'est vrai, je l'avoue, je ne veux pas mourir et je suis bouleversée de n'avoir été qu'un poids pour le maître, de ne pas avoir été là pour le soutenir dans son dernier combat et par-dessus tout, je me méprise d'être si faible, encore...

« Alors, laisse-moi donc le contrôle, comme autrefois... Petite Fille ! » Dit-elle, alors que ses yeux, avait désormais la teinte d'un jaune sanglant.

Le silence des bois était là l'annonce d'une tempête à venir. Plus aucun son provenant de la faune ne se faisait entendre désormais, comme si la vie elle-même avait fui la forêt. Un vent se lève apportant avec lui un étrange rugissement qui n'appartient à aucune créature connu, un son qui ne ressemble à aucun autre son connu. Et les quelques mercenaires qui se font passer pour des Stormtroopers peuvent le sentir, cette angoisse qui grandit en eux comme un vulgaire parasite. L'un d'eux eut la brillante idée de rebrousser chemin, comme si un instinct primitif avait soudainement resurgi et l'avait alerté. Les autres n'ont à peine remarqué sa soudaine absence, qu'un vent se lève pour la seconde fois apportant à nouveau ce rugissement qui raisonne comme une voix à travers les feuillages des cimes des arbres. Une lueur bleuté éclaire soudainement la forêt qui baignait dans l'obscurité, sous le son si reconnaissable d'un sabre laser dégainé. La lueur se met alors à pivoter, puis à se mettre à bouger dans toutes les directions, se rapprochant des mercenaires. Ces derniers ne comprirent que trop tard, qu'il s'agissait là d'un lancer de sabre se dirigeant à normalement vers eux. Un succomba tandis que le sabre disparu vers la cime des arbres, les deux mercenaires restant, collèrent leur dos l'un à l'autre afin d'être certain qu'une attaque ne les surprendrait pas d'une quelconque manière. C'est alors que le monstre sorti des ténèbres, des yeux brillants d'un jaune pâle et sanglant. Son regard n'affichait aucune émotion, comme le reste de son visage qui n'affichait aucune expression. C'était elle, la créature née il y a bien longtemps des expériences d'une folle. Une créature qui n'est que furie, pourtant n'ayant plus conscience d'être, de penser et de parler comme un être réfléchi. Non. C'était là, un simple automate, réagissant à un pouvoir engendré par des années de corruption.

Corruption qui semble avoir été sauvegardée à même dans les sombres gènes d'une jeune padawan, grâce au génie et aux expériences machiavéliques de sa propre mère. Condamnant cette jeune fille attirée par la lumière, à un pouvoir obscur aussi sombre que le plus sombre des Sith. Blaster pointer dans sa direction, du mouvement rotatif du sabre, elle renvoie les balles laser, tuant l'un des mercenaire, blessant l'autre à la jambe. L'homme s'est écoulé au sol, ne bougeant plus, la créature resta de même immobile, observant le vide. Mais lorsque l'homme fit un mouvement, alors la créature bougea à son tour pour enfoncer le sabre entre ses mains dans le torse de l'homme... Sans une once d'expression, le regard éteint pourtant brillant d'un jaune obscur. À la suite, la créature se redressa et se contenta à nouveau de rester immobile, debout et observant le vide... comme attendant un nouveau stimulus réactivant ses attaques meurtrières.

-Ramène la moi.

Je jetais un coup d'oeil à la haute silhouette qui demeurait non loin de moi. Ou alors c'était le contraire. Certainement même. Je n'avais pas participé directement, il n'y en avait pas eu besoin d'ailleurs. La frange de ma capuche laissa passer mon regard bleuté habité d'une interrogation. Évidemment, je n'aurais aucune réponse. Je fini par hausser une épaule :

« Comme tu veux. »

Je me détournais, sceptique avant de sauter souplement du promontoire où je me trouvais. J'avais du chemin à faire au milieu d'un chaos certain et ce, sans me faire voir. Facile, songeais je en atterrissant au sol. Immobile durant quelques secondes, je sondais la Force m'entourant, mais c'était bien trop brouillon pour que je puisse distinguer quoique ce soit d'elle. Je n'avais donc qu'une vague idée de ma proie.  Tournant la tête, je lançais un dernier regard à mon Maitre. Un regard un peu trop sombre, un peu trop vide avant de m'élancer en avant. Il savait pourquoi il m'envoyait, son aura a lui était aussi rouge que le sang des peuples. La mienne se nimbait de gris, j'étais sans doute moins voyante. Je n'étais pas un phare sanguin dans la lumière. Utile lorsque l'on chassait un jedi. Eux aussi renaissaient. Une plaie ou un havre. Je me souvenais de l'abandon et de la solitude, le reste de mes souvenirs étaient parfois flous mais la douleur de ma poitrine elle, restait bien présente. Une douleur que j'entretenais en restant prêt de Keryl. Je bifurquais soudainement vers la droite, m'arrêtant au cœur d'une ombre végétale. Ma cape me dissimulait facilement et la troupe passa a quelques mètres de moi sans me voir. La traque durerait quelques heures sans aucun doute, mais je la rallongeais..Sciemment. Intriguée malgré moi. La retrouver fut facile, inexpérimentée, blessée, elle brillait comme un projecteur au milieu de la noirceur. Cela faisait un petit moment que j'aurais pu lui tomber dessus, me déplaçant dans les arbres sans un bruit, me servant de la Force pour cacher mes avancées.

Quelque chose clochait chez cette enfant. Une divergence possédant une saveur étrangement familière. Elle irradiait de puissance, mais celle ci n'était que brute et folie. Ce n'était pas une arme dangereuse pour moi, loin de là. Oui, j'aurais pu depuis longtemps l'emmener a Keryl comme demandé. Au lieu de cela, j'ai suivis ses pas malhabiles, entendu chaque trébuchement, entendu ses mots comme jetés au vide, mais je doutais qu'elle le soit réellement. Non, il existait une ombre Obscure a ses côtés, comment cela se pouvait il alors qu'elle même brillait de Lumière ? On pouvait les faire cohabiter, j'étais bien placée pour le savoir, mais pas ainsi, fatalement l'une influençait l'autre dans sa propre essence, rien n'était aussi tranché qu'elle.

Accroupie sur une branche, en hauteur, je la vis massacrer sans hésitation. En elle, la Lumière était morte. Du moins, c'était l'impression, la sensation que j'en avais. Mais il n'y avait rien d'aussi abrupt. Elle s'immobilisa soudainement. Le regard jauni mais d'un vide infini. Ce n'était pas les yeux d'un Sith. Pas encore du moins. Qu'avait vu Keryl en elle ? Cette question perça mon âme avec son cortège de colère. Une colère sur laquelle je jetais les chaînes de ma volonté. Elle faisait preuve d'un déchaînement indomptable et dangereux. Cela amena un sourire amusé sur mes lèvres.

Je repoussai ma capuche. Je ne portais jamais la bure des Sith, trop reconnaissable et...terriblement passé de mode. Mon index compta un temps sur mon genoux. Tic tac tic tac. Finalement, je me laissais tomber au sol.

« Hé Gamine. »

Je souris lentement. Oui, c'était intriguant.

Des heures pouvaient s'écouler sans que l'entité ne fit un seul geste, pas même un clignement de l'œil. Le silence est tel que nous pouvons clairement entendre le chant de la forêt, bercé par les filets de courant d'air faisant frémir le feuillage des arbres, qui eux aussi, faisaient entendre leur son mélodieux. Bientôt, accompagné de va-et-vient de bourrasque de vent qui s'élève dans le ciel au fur et à mesure que la nuit s'assombrit davantage. Mais la jeune fille ne bouge pas un seul membre, la fraîcheur de la nuit ne la fait guère trembloté, bien qu'elle ne porte aucune tenue chaude. Ses yeux continuant de fixer le vide, comme si son esprit était songeur, pourtant... l'esprit manque indubitablement à l'appel. Immobile, le sabre à la main droite, le laser éclaire toujours de sa lueur aveuglante et bleuté la sombre forêt. Une forêt pas si sombre que ça à bien y regarder, le ciel était clair et son voile étoilé évitait l'obscurité totale. Mais pour en revenir à la jeune fille, dans le silence le plus total, on pouvait entendre le battement de son propre cœur. C'est là un cœur qui bat vite, beaucoup trop vite et de manière irrégulière, faisant naître une désagréable cacophonie. Des feuilles tombaient depuis quelques minutes des cimes des arbres juste au-dessus de la jeune femme, à l'endroit où le sabre s'était envolé plus tôt. Cependant, les feuilles formaient un cercle entourant la demoiselle au regard éteint, un cercle qui semblait inviolable, impénétrable tant rien ne semblait passer à l'intérieur. Même l'herbe à l'intérieur du cercle fut comme écrasée par corps invisible, comme si c'était la gravité elle-même... Pourtant, ce n'est là rien d'autre que la force qui émane de la jeune fille. Son aura, aussi concentrée soit-elle, est telle qu'elle en devient palpable, lourde et même fétide tant elle est impure. Le sol à ses pieds, commence lentement à prendre un teint brun, comme si la vie est aspirée hors des plantes.

Un son parvient à son oreille, léger, mais qui pourtant la fait réagir. Son regard se tourne en direction de l'endroit d'où provenait la source du son en question. Une femme se dressa devant la créature sans conscience, un sourire carnassier indiquant sa pleine confiance. Mais l'expression de la jeune fille ne change pas, observant sans le moindre mouvement celle qui venait de se montrer. Ne réagissant pas non plus à son interpellation. Son regard se plonge dans celui bleuté de la nouvelle arrivante... Un vent se lève de nouveau, sinistre et glacial, soulevant le cercle de feuille qui entourait l'immobile jeune femme. Un vent qui n'était pas qu'une simple bourrasque, oh que non... Celle-ci formait un léger tourbillon de feuilles mortes qui s'élevaient dans les airs et qui rendaient, en plus de l'obscurité de la forêt, la visibilité mauvaise. Pourtant, les sombres yeux jaunes de la jeune filles fixaient toujours le regard bleuté de l'autre femme sans cligner de l'œil. Puis, soudainement, comme un assaut coordonné, les feuilles s'abattirent tous en même et dans la même direction sur la femme au regard ténébreux. Aucun risque que de simples feuilles lui fassent grand mal, toutefois celles-ci pouvaient clairement lui obstruer la vue... En effet, il a suffi d'un moment, d'une seconde, d'un vulgaire geste, pour que la jeune fille disparaissait du champ de vision de la femme, laissant une poussière flotter dans les airs à l'endroit même où elle était placée. Un bon guerrier, utilisateur de la force aurait reconnu ici la traînée de poussière laisser par un saut de force, ou même une course de force. Le vent cessa, mais désormais la question était de savoir d'où allait provenir l'attaque ; à gauche, à droite, derrière ou bien en haut. Qu'allait faire cette femme ? Faire usage de la force pour repérer la créature ? Aurait-elle même le temps, car à peine qu'elle avait disparue, que le vent cessa, qu'elle réapparut pour attaquer.

Mais l'attaque ne venait ni d'à gauche, ni d'à droite, ni de derrière et encore moins d'en haut. Mais tout simplement de devant, le sabre laser qui avait disparu réapparut dans le vide. Seul un sith ou un jedi pouvait comprendre ici que la technique utilisée, était un recouvrement de la force, une capacité consistant à se rendre invisible à l'œil nu, mais perceptible dans la force si l'individu qui l'utilise est en déplacement.

Ma tête se penche légèrement. Je suis particulièrement attentive à cette enfant. Sans doute parce que je ne comprends pas réellement ce qui peut la ronger et que je m'en méfie. Après tout, elle a massacré sans frémir quelques hommes, ce n'était pas tant les meurtres en eux même qui m'intriguait, c'était bien au délà de ce simple constat. Il y avait comme un écho lointain, une résonance que je ne m'expliquais pas vraiment. Sa Force avait...Disparue comme Lumière alors qu'elle était si éclatante avant.

Le regard qui transperce le mien n'est habité que par un vide immense. Il n'y a pas la colère et la haine d'un Sith. Pas la compassion et la clarté d'un Jedi. C'est autre chose et en même temps tout. L'énergie qu'elle dégage est puissante mais indomptée, facilement traçable tant elle irradie. Suffocante aussi dans sa tentative d'étouffer la mienne. Pour autant, je n'y oppose pas une volonté farouche, j'en profite plus pour palper ce qui exsude d'elle. En suivre les contours oniriques. Les feuilles me font pas peur, elles n'obstruent que ma vue, hors ce n'est pas le seul sens que je possède. L'une d'elle effleure ma joue, y trace un sillon de sang et arque ma bouche d'un sourire amusé. La Force en mouvement murmure autour de moi et je concentre la mienne autour de mes jambes. Elle est force brute lorsque je ne suis que sinuosité et souplesse. L'espace ouvert est un domaine que je maîtrise parfaitement. Je pourrais l'attaquer à mon tour lorsqu'elle même se jettera sur moi, mais je ne le ferais pas. Pas encore du moins.

Elle est rapide, je ne peux le nier et sa maîtrise du Voile m'étonne, haussant mes sourcils. Je ne m'attendais pas à cela. Oui, elle est rapide, invisible, mais guère discrète en vérité. La Force qui fluctue autour d'elle m'indique sans coup férir les mouvements qu'elle imprime a son corps. Elle n'a guère verrouillé cet aspect là, elle n'a même pas essayé en fait, ma perception n'atteint pas le niveau de Darral, mais je n'ai aucun problème a sentir les vagues et frémissements qui suivent sa course vers moi. Elle fonce droit devant elle. Droit sur moi. Je fronce doucement les sourcils. Son sabre n'atteindra que le reste d'une silhouette au travers des feuilles mortes qui retombent doucement. J'ai trouvé refuge bien plus haut. Accroupie sur une branche, j'applaudis doucement.

« Pas mal du tout. Mais pas suffisant je le crains. La Force brute est puissante mais aussi très faible, ne t'a-t-on donc rien appris ? »

Je possède une voix grave, légèrement rauque et il est facile d'entendre le rire qui parsème ses éclats doux au cœur de celle ci.

« Alors dis moi, gamine. Qu'es-tu donc ? »

Je n'attendais pas réellement de réponse, car je doutais qu'elle reprenne soudainement conscience rien qu'au ton de ma voix. Peut être devrais je l'épuiser, qui sait...Nous verrons bien, une chose reste sûre, je serais en retard pour rejoindre Darral avant son retour sur Korriban...

Ce qui est certain, c'est que notre invité surprise ne manque pas d'humour, fort intéressant venant d'une guerrière appartenant à la légion des sith. Le recouvrement disparaît laissant de nouveau l'apparence de la jeune Alura, ou plutôt d'une sombre et inconsciente Alura, refaire aussitôt surface. Cette dernière lève la tête à l'entente des paroles de la guerrière Sith au-dessus d'elle, celle-ci semble amusée par la situation. Il semblerait autre part que l'étrangère est quelque peu cernée l'adversaire qui se tenait en dessous d'elle, car en effet... Alura n'était plus Alura, mais autre chose, quelque chose de sombre ou peut-être n'est-ce tout simplement rien. Le vide qu'elle percevait dans les yeux de la jeune fille, était-il réellement le vide ? Ou était-ce là les yeux d'une créature bel et bien réelle, cherchant à prendre le contrôle sans toutefois réussir son entreprise ? Ou était-ce là simplement les yeux de l'inconscient. Qu'importe les réponses, elles sont toutes plus ou moins proche de la vérité... Une vérité bien plus sournoise... En effet, ce n'était pas là un Sith qui se dressait devant elle, ni même un padawan Jedi. C'est là un mystère en chair et os, une étrangeté de la nature qui ne demande qu'à être élucidée. Oh oui, quel que soit cette chose, elle ne peut répondre même si tu l'interroges, Sith... Cette chose qui ignore sa propre existence, qui ne fait que de coller à la situation comme une feuille directement posée sur les yeux. Oh que oui et si cette guerrière sith n'avait pas de nouveau parler, la jeune et sombre Alura aurait probablement, de nouveau cessé tout mouvement, car la sith s'étant retirée de son champ de vision bien trop rapidement. Oh bien sûr, Alura pouvait sentir la force, mais est-ce le cas de cette chose ? A-t-elle accès à une forme de perception ? Peut-elle avoir conscience de sentir la force et comment réagit-elle face à celle-ci ? Il n'est pas clair qu'elle puisse sentir celle-ci, toutefois elle manipule la force comme le ferait Alura.

Elle reste de nouveau debout immobile, la tête levée en direction de l'apprenti Sith du seigneur Darral. Ses yeux fixent de nouveau la femme au regard ténébreux sans un clignement de l'œil, bientôt elle ouvre légèrement la bouche. Étrangement, ses yeux jaunies grand ouvert et sa bouche maintenant légèrement ouverte, donne à Alura cette expression faciale d'un semblant d'état d'étonnement. Mais à bien y regarder, cela n'avait rien avoir... Quelque chose parcourt la peau de la jeune fille, cette chose s'étend sur son corps... Elle a l'apparence d'un sombre et fine tatouage tribal, mais un expert en anatomie saurait facilement desceller ici, les veines d'Alura qui noircissaient au fur et à mesure que le temps s'écoulait. En effet, l'expression qu'affiche présentement la jeune fille, n'a rien d'un soudain étonnement, elle annonce plutôt l'avancée du mal qui possède actuellement la jeune padawan. Si on prenait le temps de contempler le visage de la jeune fille, on peut y voir à travers les traits de son visage sa souffrance... Une terrible souffrance à laquelle seul le corps répond, mais pas l'esprit... Il n'y a ni souffrance, ni émotion, il n'y a que la perception et l'instinct. La noirceur continue de s'étendre à travers ses veines, laissant à l'extérieur comme un semblant de tatouage se dessiner sur sa peau... D'un geste vif, presque inattendu, elle jette sont sabre au-dessus d'elle en direction de la branche sur laquelle se trouvait la guerrière Sith. Elle rattrape peu après son sabre en vole sans bouger de sa place, la branche d'arbre s'écrasant à quelques centimètres d'elle. Elle observe toujours l'autre femme qui devait s'être réceptionnée sans le moindre mal. Elle l'observait avec cette nouvelle expression qui pouvait cette fois, rendre mal à l'aise une personne saine d'esprit. C'est alors qu'elle leva son sabre en l'air, tout en fixant l'apprenti Sith. La force commença à se concentrer vers le sabre, bientôt des éclaires imprègnent l'arme tant la force obscur y est concentrée.  

La Padawan s'élance de nouveau, mais beaucoup moins vite vers son adversaire. Il semble que son corps s'épuise peu à peu, plus la force est utilisée...

Effectivement, je m'étais reçue sans le moindre mal au sol et même le sourire n'avait pas quitté mes lèvres. Il possédait une nuance de teintes varié selon mes songes mais en l'occurrence, il avait un petit quelque chose de terriblement sournois. Je ne savais pas ce qu'elle était et sans doute étais je bien loin de ne serait ce que le deviner d'ailleurs. Plus le temps passait plus cette enfant m'intriguait et cette question, toujours en boucle dans mon esprit, comme un mantra venimeux qui n'a de cesse d'errer en lisière de la conscience. Qu'avait il vu en elle ?

Mes doigts effleurèrent le sabre qui pendait à ma ceinture, une caresse délicate, comme inconsciente, comme une hésitation qui ne dura que le temps d'un rêve oublié. Non. Je n'avais aucun intérêt à la tuer et, quelque part, j'espérais qu'elle ne m'en donne aucun. Je ne savais ce qu'elle était réellement, je pouvais sentir le mal s'imprimer en filigrane sur sa peau mais au delà de cela, il existait une étrange douleur, muette et purulente. Une amante oubliée dans les tréfonds de l'âme. Une plaie ouverte d'où ne cesse de s'écouler les relents d'un regret peut être inassouvis, la soif d'un pouvoir sans fin, la brutalité sauvage d'un carnage désiré. Je plisse doucement les yeux et ma main retombe sur le côté. Vide.

Ma Force se réunie autour de moi alors que j'en tire les ficelles avec une douceur trompeuse, lentement, l'attirant de toute les directions, comme si je tissais lentement une Toile et j'attends. Elle entamera le premier pas de cette danse et je lui en accorde la primeur. Elle s'épuise. Je le sais. Déployer tant de puissance sans un minimum de contrôle est dangereux. Pour elle comme pour moi, mais surtout, cela épuise le corps, l'âme aussi. Un gouffre tenaillé par une faim sans commune mesure. Je suis bien campée sur mes pieds lorsqu'elle s'élance, un pas, puis deux...La Force se déploie devant moi, me protégeant des éclairs que je devine prêt a fondre de son sabre. Mon corps bascule a l'instant même où il devrait me transpercer, il volte sur lui même comme un pas de danse. Rapidement mon bras se tend et le tranchant de ma main percute avec une force mesuré un creux bien précis de son cou à découvert. Dans l'élan de ma pirouette, je tend l'autre bras et la cueille à la taille, retenant une chute inévitable face contre le sol.

L'inconscience la rend mole sur mon avant bras, ses cheveux balayent presque le sol et son sabre lui a échappé, appendice rendu inutile. Le vent fouette un instant mon visage et je soupire, libérée de l'oppression qu'avait été la puissance qui émanait de cette fillette. M'aidant de la Force, je la hisse sur mon épaule avant de m'éloigner du champ de bataille, enjambant un cadavre encore chaud avant de trouver refuge au pied d'un arbre. J'allongeais la gamine sur le sol avant de m’asseoir sur un rondin, adossée au tronc du géant feuillu. Ramenant un genoux contre moi, j'y posais le menton. Songeuse. Les nuances orangés de mes iris n'avaient de cesse d'aller et venir au creux des orbres ornant mon visage. Autour de nous, le calme se faisait peu à peu, Yavin porterait des stigmates de cette bataille...Par la folie d'un homme qui était tout pour moi, quelle ironie. Un sourire cynique aux lèvres, je laissais ma tête reposer contre l'écorce, fermant les yeux. On aurait sans doute pu croire que je dormais, mais ce n'était pas le cas et lorsqu'un frottement, signe d'un réveil imminent, parvint à mes oreilles, je soulevais mes paupières :

« Réveillée Gamine ? »

Un sourire moqueur s'inscrivit sur mes lèvres tandis que je la regardais au travers de mes paupières mi close.

L'apprenti de Darral, une combattante exceptionnelle. Sans aucun doute, si elle l'aurait voulu, elle aurait pu très facilement prendre la vie d'Alura cette nuit. Quelle pensée a traversée son esprit pour désobéir aux ordres de son maître ? Par ailleurs, pourquoi l'épargner ? Que voient ses yeux en ce moment ? Étrange personnage que voilà, aussi étrange que pouvait l'être Alura. La force de cette dernière qui était obscure, disparaissait progressivement, en même temps que l'apparition de ses veines noires qui désormais semblaient se rétracter... Mais vers où ? Là est la question... Puis, comme une lueur qui scintille dans la plus sombre des obscurités avant de jaillir de splendeur, la lumière revient à travers la jeune fille. Une lumière douce et chaude, trop longtemps retenue dans un lieu coupé du monde, froid et sombre. C'est alors que la Padawan, comme revenant à la vie, inspire longuement avant d'ouvrir les yeux, laissant briller de nouveau ses pupilles d'un bleu turquoise.

C'est un ciel étoilé que j'aperçois entre les mouvements des feuillages des arbres, une voix m'accueille alors que j'ouvre les yeux, sonnée et désorientée. À peine éveillée, que la panique que j'avais laissée au moment de perdre connaissance, je la retrouve à mon réveil aussi forte qu'elle l'avait été, mais ce n'est pas tout... Alors que mes sens reviennent, une douleur parcourt mon corps comme un courant électrique. Elle est si intense, que je ne peux m'empêcher de hurler de douleur, faisant raisonner ma voix à travers la sombre et silencieuse forêt. Une douleur que je connais que trop bien, me rappelant mes plus jeunes années auprès de mère. Je tente de contenir à nouveau un hurlement, m'adaptant à cette douleur qui pour moi est soudaine. Je prends soin de me redresser petit à petit, jetant des regards à cette inconnue. Je ne vois absolument pas qui elle peut être et pourquoi elle se trouve là. Ce que je sais, c'est que d'après les quelques neurones que cette fichue branche d'arbre a daigné me laisser, ce n'est pas une coïncidence que cette femme soit présente ici peu de temps après l'attentat. Toutefois, si elle faisait partie de ceux qui nous avaient attaqués plus tôt, pourquoi ne m'a-t-elle pas achevé, pourquoi ne le fait-elle pas maintenant ? Ce n'est pas logique et j'aimerais comprendre. Cependant, pour le moment, j'ai bien du mal à réfléchir comme il se doit. Chaque idée qui traverse mon esprit est simple, ne cherchant pas la difficulté, ne s'interrogeant que très peu... Puisque la douleur et la fatigue prenait toute la place dans mon esprit. Est-elle réelle ou est-ce une autre projection de mon esprit tiraillé ? Suis-je en train de songer, tandis que je colle mon dos contre l'arbre qui se trouvait derrière moi. Je ne lui réponds toujours pas, déjà pour commencer à causer de la douleur, mais surtout par méfiance.

Je dois d'abord reprendre complètement mes esprits, je cherche aux alentours l'autre présence qui n'est plus là depuis mon réveil... celle de la petite fille. Cette gamine, pourquoi m'était-elle si familière, alors que je suis persuadée de l'avoir vu pour la première fois. J'ai l'impression aussi d'avoir fait un saut à travers le temps et l'espace. Maintenant que je commence à avoir les idées claires, je me rappelle d'avoir suivi la gamine et la seconde d'après, je me retrouve ici, sans le moindre souvenir de ce qui m'a conduit ici, auprès de cette femme. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de saut dans le temps, où je manque une partie de ma vie dont je n'ai aucune souvenir, le trou noir total... Ce genre de chose était fréquente seulement du temps ou mère faisait de moi ce qu'elle voulait. Lorsque j'ai fugué, cela avait cessé... du moins, jusqu'à maintenant semble-t-il. Mon regard se plente de nouveau sur cette femme, l'observant d'un regard froid, l'accusant presque de tous ses malheurs. « Vous êtes qui, je ne vous ai jamais vu ici auparavant ? » Crachais-je d'un ton tout aussi froid que mon regard, cherchant à la suite mon plus intime allié sans toutefois le trouver... Ce qui engendre, évidemment la panique. « Ridenti ? » Je laisse échapper le nom de mon sabre, le cherchant tout autour de moi. Comment ai-je bien pu l'égarer, alors que je ne m'en sépare jamais ? Je voudrais me lever et partir à sa recherche, mais mon corps ne veut plus me répondre, comme si j'avais épuisé une trop grande quantité de force. « Mon sabre ! » criais-je avec quiétude, avant de fixer cette femme. « Qu'avez-vous fait de mon sabre ? » Tout partait un peu en vrille dans ma tête, j'avais soudainement l'impression d'être un otage. Peut-être est-ce pour ça que j'étais encore vivante, cette femme est certainement de l'empire même si elle ne porte pas l'uniforme ou l'armure des Stormtroopers. Peut-être qu'après tout, est-ce de sa faute si mon corps me fait tant souffrir et que je ne peux bouger ?

Ou suis-je tout simplement emporté par la folie de mes émotions ? Ce qui serait bien plus probable au vu de mon état. Je me sens nue et fragile, incapable de quoi que ce soit sans mon sabre.

La ligne délicate de mes sourcils s’arque tandis que mes lèvres prennent un pli rieur :

« Tout doux Gamine, je crois que tu n’es pas vraiment en position d’user de ce ton avec moi. »

Bien que je pouvais saluer la bravade. J’avais observé son réveil, entendu son hurlement en grimaçant légèrement, heureuse que la foret se soit vidée d’ailleurs. Pas plus qu’elle je n’avais d’intérêt à me faire capturer sur Yavin. Darral ne s’inquiéterait de toute façon pas de mon absence avant plusieurs jours, il savait que je revenais toujours. C’était pathétique. Amusée, je la regarde fouiller les alentours des yeux. Son inquiétude palpable à l’idée d’être nue sans son sabre

« Il doit être quelque part vers les cadavres que tu as semé avant que je ne te tombe dessus. »

Je penchais légèrement la tête sur le côté, avide de sa réaction à l’idée d’avoir ainsi ôté la vie a des hommes qu’elle aurait très bien pu maitriser autrement. Les Sith tuaient sans poser de question, ce n’était pas vraiment le cas des Jedis. Mais était-elle seulement un Chevalier ? J’en doutais, il existait bien d’autre facettes que celle-là en elle, je ne savais pas encore les quelles. Je tendis mon bras en direction de la clairière qui avait vu notre affrontement, un délicat mouvement de mon poignet agita mes doigts tandis que la Force tirait à moi le manche du sabre tant désiré. Je refermais les doigts dessus avec une délicatesse étrange avant de le porter à mon regard, pensive.

« C’est la première fois que je vois un sabre Jedi ôter des vies avec une telle indifférence, c’était plutôt instructif. Je me demande si ton Ordre sait à quel point le petit fruit qu’il abrite est pourri par l’Obscurité. »

Je haussais une épaule faussement désinvolte avant de quitter le sabre du regard, posant l’éclat miroitant de mes iris que la fillette, observant sa réaction avec un sourire en coin accroché au visage :

« Ou alors l’enseignement à bien changé. »

J’agitais le sabre dans sa direction et ma voix changea d’intonation en la voyant tenté de se relever sans succès :

« A ta place j’attendrais un peu avant d’avoir dans l’idée de me l’arracher, manipuler le Côté Obscur comme tu l’a fait était non seulement idiot mais aussi dangereux. Tu vas mettre du temps à t’en remettre, Gamine. »

Quoique je n’étais pas sûre de mes propres mots, était-ce seulement aussi simple que cela ? j’en doutais très fortement. Le côté Obscur était une force sans cesse en mouvement, ravagée de haine et de rage, elle charriait un torrent furieux d’émotions violentes, de la simple envie à l’ambition la plus mortelle, j’étais bien placée pour le savoir. Elle, ce qu’elle avait déployé n’avait pratiquement rien à voir, sauf peut-être la saveur putride d’une énergie corrompue jusqu’à son essence. Je reposais mon avant-bras sur mon genou, son sabre pendant au bout de mes doigts, oscillant lentement au-dessus du sol.

Je respire calmement, tandis que mon regard ne quitte pas celui de la femme. J'inspire profondément, buvant ses paroles dans le moindre détails. Il est vrai, je n'étais pas en position de faire quoi que ce soit, n'en connaissant, par ailleurs aucunement la cause. Pourquoi suis-je dans cet état ? Je n'y comprends strictement rien, ce qui me frustre davantage encore plus. En effet, mon corps ne me répond plus, et maintenant quoi ? Que veut-elle faire et qu'est-ce qu'elle attend réellement de moi ? Je ne daigne toutefois pas lui répondre, pourquoi répondrai-je à ça de toute manière ? On aurait dit presque de la provocation tant le ton de sa voix semblait un peu trop moqueur. Je continue de chercher mon sabre, balayant du regard l'environnement où je me trouve. Un sentiment de malaise m'habite l'esprit, faisant ressentir comme une douleur au cœur bien que, et je le sais, la douleur n'est pas réellement présente ou physique. Non, non. En fait, je ne peux pas vraiment dire qu'il s'agit d'une douleur, mais plutôt d'un sentiment que je n'arrive pas comprendre. Alors que j'avais fini par détourner mon regard d'elle, je me confronte de nouveau au bleuté froid de ses iris, lorsqu'elle m'annonce où mon sabre se trouvait. Mon visage exprime de lui-même une grimace d'incompréhension, reniant immédiatement les paroles qu'elle venait de dire à l'instant. Moi semer des cadavres... Plus jamais, j'étais une Jedi à présent, cette apprentie Sith obéissant aux ordres d'une psychopathe n'était désormais plus de ce monde. Jamais je n'aurais commis de telle atrocité et puis, pourquoi n'en ai-je pas le souvenir ? Non. La question est : pourquoi ne suis-je même pas plus surprise de ce qu'elle vient de dire ? Je rebaisse ma tête vers le sol, tout en restant silencieuse, fermant les yeux à la suite afin de me plonger dans un état de méditation.

Je ne dois pas l'écouter, elle essaye de faire quelque chose à mon esprit. Je dois me libérer de mes émotions, il faut que je me calme. Puis, voilà que je sens la force à nouveau, je ne sais pas pourquoi j'avais perdu toute perception de la force lorsque la fillette était là, mais je suis heureuse de l'avoir récupérée. C'est alors que je la sens, elle, puissante dans la force. J'ouvre immédiatement les yeux, cette fois bel et bien surprise, alors que j'aperçois mon sabre voler jusqu'à sa main. Elle utilise la force, pourtant je ne l'ai jamais vu ici... Suis-je en train de m'interroger tandis que l'homme que j'avais aperçu me revint en mémoire. Le doute revient, concernant cette femme... Je suis certaine et je parierai là-dessus ma liberté à un Hutt ; cet homme était un sith. Peut-être est-elle avec lui ? Mais je ne sens rien d'aussi obscur chez elle que ce que j'ai pu ressentir venant de cet homme. Elle est comme Kilian en fait... La femme poursuit dans son élan et ce qu'elle me dit cette fois me touche tristement. Non, il ne le savait pas, personne ne le sait, pas même à Luke... Je n'ai jamais été honnête avec qui que ce soit à part Ash et seulement Ash. L'ordre ignore que j'étais le fruit d'une Sith, j'aurai pu leur révéler tout au sujet de ma famille afin qu'une justice les poursuivre et les chasse de Naboo. Mais j'ai eu peur, peur de l'image qu'on aurait de moi, peur d'être jugée par les autres, les regards des autres... mais surtout, j'avais peur de ce qu'il pouvait arriver à ma mère. Parce que même si je déteste ma mère pour ce qu'elle est, un Seigneur noir de Sith, je l'aime aussi de tout mon cœur. C'est ma mère, mon idole et mon modèle depuis toujours... Même si je le veux, je n'arriverai pas à ne pas l'admirer et l'aimer. Voilà, pourquoi j'ai aussi cette peur qu'elle me retrouve, car je sais que si elle y arrive, la lumière disparaîtrait dans mon cœur.

Alors, j'ai menti, menti pour ne pas qu'elle me retrouve, pour ne pas qu'elle soit jugée et parce que j'ai espoir de lui faire connaître la lumière. Une lumière qu'elle n'a jamais vue, jamais goûté, étant née dans l'obscurité et la corruption. Je suis silencieuse, ne lui répondant toujours pas, blessée par une vérité sur laquelle elle met le doigt. Je la laisse poursuivre jusqu'à ce qu'elle termine. Tout en tentant de me relever, je laisse ma pensée se faire entendre à haute voix. « Tu parles comme si tu étais étrangère à l'enseignement Jedi... Etrange pour quelqu'un qui sait manipuler la force. » C'est peut-être bien un Sith, ou pas loin de l'être... Comment en être sûre ? Je ne ressens rien d'obscur en elle. Je me laisse tomber de nouveau au sol, mon corps me faisant bien trop mal. Mon regard se perd dans le vide, un regard toujours triste, accompagnée d'une certaine colère à l'entente des dernières paroles de l'autre utilisatrice de la force. Je ferme de nouveau les yeux, me plongeant dans la méditation. Ne l'écoute pas, concentre-toi sur tes émotions. Je dois faire le vide, ne pas laisser le chaos s'emparer de moi. Une voix mélodieuse parvient à mon oreille, comme raisonnant à l'intérieur de moi, comme une lumière me réchauffant le cœur. Une voix magnifique, portant un chant presque féerique. Une voix qui n'a pas de nature reconnaissable, tant elle est fantaisiste et irréelle, mais débordante de beauté... Je ne sais d'où elle vient, mais elle me détend et m'apaise. J'inspire profondément, puis expire... J'ouvre les yeux de nouveau, un peu plus sereine. « Maintenant, nous pouvons parler... Qui que tu sois. » Commençais-je, avant de poursuivre immédiatement. « Que cherches-tu auprès de moi ? »

J'ai senti le tâtonnement de son esprit autour de moi et je sais ce qu'elle a vu. Je suis une anomalie chez les Siths, je le serais tout autant chez les jedis. Cela n'a pas vraiment d'importance, certains me donnerait le titre de Chevalier Gris et encore...Je jouais bien trop souvent avec l'Obscur pour cela. Un coin de mes lèvres s'élèvent avec une ironie mordante :

« J'ai pourtant suivi un enseignement Jedi...Jusqu'a Skywalker qui m'a privée d'un Maître et d'un Padawan que je considérais comme un frère. L'Ordre m'a oubliée mais pas moi. »

Pourtant ce n'était pour l'Ordre que ma rancune brulait. Non cela aurait été bien plus simple. Non ce que je n'avais pardonné c'était l'abandon de Keryl. Trois ans, c'est à la fois court et long. Il avait été mon seul repère alors que j'avais été arrachée a ma famille. Il m'avait brutalisée, bousculée, couvée aussi, aidée bien souvent lorsque je m'en étais montré digne. Je n'étais qu'une enfant. Une pauvre petite enfant et il m'avait laissée seule. Cette blessure d'enfant n'avait jamais cicatrisé. Oui, c'était pathétique. Réellement. Je l'observe poser des verrous a son cœur, mettre des brides a ses émotions. Ne comprend donc t-elle pas que c'est déjà faire un pas vers l'Obscur ? Cette frustration sans nom, cette façon de devoir se brider pour espérer quelque chose qui n'arrivera peut être jamais. Je laisse un éclat de rire m'échapper lorsqu'elle reprend, certaine d'avoir museler ses émotions :

« Pourquoi les retiens tu ? Penses tu que cela les apaiseras ? C'est une erreur. »

Le manche de son sabre décrivit un salto dans l'air, sous l'impulsion de mes doigts avant que je ne m'en saisisse à nouveau, plus fortement.

« Je m'appelle Lucrèce, c'est tout ce que tu as a savoir pour le moment, quant a savoir ce que je te veux...Disons que moi, je ne te veux rien. J'aurais pu te tuer. Te capturer vivante. Te faire beaucoup de choses d'ailleurs. Je ne sais pas réellement ce que tu es et c'est justement pourquoi tu es encore vivante et intacte. »

Il y a un éclat étrange au cœur de mes iris, comme une flamme rouge rubis qui ne sait pas comment s'imposer face à l'azur qui domine.

« Il y a la Lumière. Il y a l'Obscur. La seule seule enfant des deux est une balance terriblement douloureuse a maintenir. Hors tu n'es ni l'une, ni l'autre et encore moins la troisième. Je t'ai sentis aussi flamboyante qu'un astre blanc et la minute d'après, tu n'étais plus qu'un vide sans âme. Je t'ai vu tuer sans un frémissement, sans émotions aucunes, même un sith exsude de joie lorsqu'il tue, il irradie d'une victoire empoisonnée. Toi, tu n'étais qu'un néant. Mais au delà de ça, il y avait cette douleur. Immense et déchirante, comme un hurlement muet dans la Force, quelque chose de terriblement difficile a effleurer lorsqu'on ne l'a jamais ressentit. Alors je te le redemande, qu'es-tu ? »

L'éclat de mes yeux est en constant changement. Il est très difficile d'en percer les secrets lorsque je ne le veux pas. Même Darral s'y casse les dents. Elle ne sait si je suis une amie ou une ennemie et j'avoue sans honte que même moi, je ne saurais comment me positionner par rapport a cela. Tout n'était pas blanc ni noir, c'était bien pire, une palette nuancée de milliers de couleurs sans nom.

Mon regard est porté en direction du voile céleste nocturne, parsemé d'une quantité d'étoile, vu de la terre ferme comme une poussière scintillante. Quelques vents se lèvent délicatement, balayant parfois ma chevelure. Le calme était revenu à travers mon cœur, me permettant de ne pas réagir lorsque l'inconnu se mit à jouer avec mon sabre entre ses doigts. Bien que mon regard parcoure les étoiles, je reste attentif à chacun des mots qui sortent de sa bouche. Apparemment, elle avait suivi l'enseignement Jedi par le passé. Elle prononça à la suite le nom du maître, mais je ne réagis pas, maintenant que j'étais pleinement en paix avec moi-même, maintenant que j'avais scellé le chaos qui régnait dans mon esprit. Toutefois, maintenant que j'ai les idées claires, je réfléchissais davantage à ses paroles. Skywalker, lui privant d'un maître et d'un padawan qu'elle considérait comme un frère, avait-elle dit. Je doute qu'elle parle ici du maître Luke Skywalker, c'était même l'évidence dans sa voix, dans ses mots, ses paroles. Les histoires concernant Darth Vader n'est pas un secret, elle se hisse même au rang de légende de nos jours. Elles rappellent l'horreur que peut engendrer le pouvoir obscur de la force et je déteste être associée au pouvoir obscur. Donc lorsqu'elle me demande pourquoi je retiens mes émotions, je laisse un soupire tout en lâchant exprès un rire niais. Je tourne de nouveau mon regard vers elle, en rajoutant très vite. « Et pourquoi pas les retenir, ça nous changera de ceux qui n'ont aucune retenu. » Mes yeux fixaient les siens sans cligner des paupières, comme un signe de provocation, de défi. Lucrèce, c'est donc comme ça qu'elle se nomme, une ancienne survivante de l'ordre 66. Puisque si un Skywalker lui priva de son maître et de son pseudo frère, alors cela ne peut être que le tristement célèbre Anakin Skywalker.

Et donc, elle ne peut être qu'une padawan qui a survécu à l'ordre 66, ce qui est fort probable vu son apparence. Elle doit probablement avoir plus de la trentaine, bien et après ? C'est quand même très peu d'information quant à son identité, sa nature... Jedi ou Sith ? Elle m'annonce qu'elle aurait pu me tuer, me capturer et j'en passe... Pourtant, elle ne fit rien, parce qu'elle ne sait pas réellement ce que je suis. Je soupire de nouveau, ayant l'impression d'écouter une folle. Déjà, elle m'annonce clairement avec sa phrase, qu'elle fait très certainement partie de ceux qui sont responsables de cet attentat. Si c'est le cas, alors elle subira ma vengeance, si elle ne me tue pas tant qu'elle le peut encore. Toutefois, ce n'est qu'une hypothèse, car même si sa phrase est tournée de cette manière, ce n'est peut-être pas véritablement le sens des mots. Peut-être cherche-t-elle vraiment à me persuader qu'elle n'est pas mon ennemi. Non, je délire, c'est clairement une ennemie. Elle ne s'est pas ce que je suis, c'est d'ailleurs pourquoi je suis encore vivante n'est-ce pas ? « Alors, êtes-vous responsable de la mort de mes camarades ? » Je demande quand même, même si je me doute bien de la réponse au fond de moi. Mon regard se plonge dans celui de cette femme, me baignant dans son regard, dont ses yeux, témoins de l'affrontement entre le bleuté glaciale des iris, repoussant cette lueur d'un rouge profond. Elle poursuit alors dans son monologue que je ne chéris absolument pas. Je serre les dents lorsqu'elle termine sa phrase, quel blasphème, ses paroles sont une hérésie... Je ne peux m'empêcher de hurler. « Baliverne ! Baliverne ! » Je secoue ma tête négativement pour montrer mon refus de croire à ses mensonges. « Je sais maintenant que genre de créature vile, tu es ! Tu tentes de me troubler, mais je ne rentrerai pas dans ton jeu. C'est toi qui as tué ici, tué mes camarades ! »

Je détourne mon regard, me concentrant sur mon calme avant que celle-ci se perde de nouveau dans le chaos. « Tu feras mieux de me tuer si tu étais à la base là pour ça, parce que je n'hésiterai pas à venger les miens et rétablir une justice pour leur mort ! »

J'éclate d'un rire aérien, comme des plumes se jetant dans le vent.

« Tu n'es qu'une enfant, Gamine, il y a un tas de chose que tu ignore. Les sentiments, les émotions, c'est ce qui nous rend humain. Il y a un monde entre les étouffer et les laisser prendre le contrôle tu sais. »

Elle est jeune et je le sens. Elle n'a pas encore vécu totalement. Elle connaît peut être la trahison, la haine, le désir ou l'amitié, mais il lui manque le principal. Je ne sais pas ce qu'elle pense de moi et en réalité, je ne sais pas si je peux y accorder une quelconque importance. La question demeure tout de même, qu'avait vu Darral en elle. Une âme à faucher ? Une amante ? Je ne le savais pas. Je détestais ne pas pouvoir lire si parfaitement en lui, plus comme avant. Mais je dois l'avouer, elle est étrange. Je joue avec son sabre, il flotte entre mes mains comme un papillon sans volonté. J'englobe jusqu'à la moindre parcelle de son souffle, le moindre éclat de ses iris et la suite m'amuse en vérité :

« Non. Je ne suis pas assez puissante pour cela, combien même le serais je...qu'y aurais je a y gagner ? »

La valse de son sabre s'arrête avec brutalité sous la pression de mes doigts sur son contour. Je la fusille des yeux :

« Mensonge ? Vraiment ? Jusqu'a quel point te leurre tu toi même Gamine ? Ignorer tes faiblesses ne fera que les fortifier. Tu hais tellement l'image que je viens de peindre...Tu ne la haïrais pas autant si elle n'avait un fond de vérité. Je ne suis pas ton Ordre, me mentir ne servirait à rien sauf peut être a étaler ta propre impuissance. Tu as tué, admets le, que ce soit tes amis ou non ne change pas ce fait. La question est...Peux tu vivre avec ça ? »

Une glace terrifiante se coule au cœur de mes iris, la Force qui m'entoure devient rigide, presque trop rigide, comme un animal qui attend le sifflement qui le mènera à la chasse :

« En es tu seulement capable Gamine ? La vengeance...Le premier pas vers le Sombre. Ce désir égoïste de soulager sa conscience d'actes que l'on ne peut accepter. Tu rejette ce qui te fait peur et pourtant...C'est vers l'Obscur tu as couru pour te protéger. Ta Lumière s'est éteinte aussi sûrement qu'un souffle le ferait d'une bougie, tu n'as pas eu la force de supporter la douleur, pas la force de regarder dans ton cœur, pas même le courage de t'affronter toi même. Tu veux me donner des leçons Gamine ? Fais ta prude si tu le veux, tu ne me tromperas pas.»

Je crache ces mots avec un sourire cruel. Ces épreuves là, celle qu'elle avait vécue, ce n'était rien. Oh oui ce n'était rien, elle n'était qu'une enfant. Darral en ferait ce qu'il voudrait si je la lui livrais, j'en étais certaine. Ma bouche se pinça, pouvais je seulement le faire ? Cet homme que j'adorais autant que je haïssais...Non.

« Il y a beaucoup de nuance dans la Galaxie, Gamine, il n'y a pas de place pour l'immaturité. La question est...Es tu seulement prête a accepter ce qui te ronge ? »

Elle rit... Pourquoi elle rit ? Il n'y a rien de drôle à ce que je dis, ou au message que je veux faire passer. Son rire, est-ce en réponse à mon rire niais précédent ? Si c'est le cas, quel âge a-t-elle pour... Non. Je dois m'arrêter là, c'est fou comme je suis incapable d'éviter de rentrer dans son foutu jeu. Ma respiration s'accélérait au point de se saccader, non d'un Hutt, suis-je donc incapable de me maîtriser ? Je pose une main sur mon cœur, ce sentiment étrange était encore présent, elle n'avait pas disparu, grandissant progressivement. Malgré le fait que j'éteignais mes émotions, le malaise était toujours présent, un sentiment que je ne comprends pas. Enfin, peu importante, je reporte mon attention sur Lucrèce... « J'ignore peut-être encore beaucoup de choses, mais je sais que nous ne sommes pas comme le commun des mortels et que nous avons de plus grande responsabilité, parce que nos pouvoirs sont dangereux ! » Je regardais mon sabre à travers ses mains, je ressentais le besoin irrésistible de l'avoir près de moi. Le voir entre les mains de cette folle me frustrait, je détournais le regard pour ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Elle prétend qu'il aurait fallu qu'elle soit plus puissante pour tuer mes camarade, je ne la crois pas... Elle aurait très bien pu se charger des Padawans, comme elle fut apparemment chargée de s'occuper de moi. Elle poursuit et je l'écoute, tandis que ma main est posée contre ma poitrine à l'endroit au bat mon cœur. Mon cœur battait de plus en plus vite, au fur et à mesure que les paroles de Lucrèce imprégnaient mon esprit. Je suis persuadée qu'elle me ment, elle veut me faire croire que j'ai tué... C'est vrai, j'ai pris des vis sous les ordres de mère, mais plus depuis que je suis sûre Yavin, parce que j'ai changé, j'étais une Jedi désormais. Oui, je suis une jedi et elle tente de me corrompre.

« C'est faux, je ne suis pas ce personnage que tu décris... Je ne vois pas de quoi tu parles. » Mon corps fait de va-t-vient, l'agitation grandissait sous une pression qui titillait ma nervosité. Elle continue, elle enchaîne... Disant que je suis une gamine égoïste, que ma vengeance était le premier pas vers l'obscurité. Je ferme les yeux, je ne veux plus l'écouter, je ne veux plus l'entendre. Les larmes déborde de mes yeux, je ne veux plus qu'elle parle et dit toutes ces choses fausses sur moi. « Non ! Non ! C'est faux ! Laisse-moi ! Laisse-moi, tranquille, menteuse ! » Les larmes tombent alors accompagnée de ma fébrile voix, et me voilà pleurant comme la fois où mère me força à prendre la vie d'un de mes cousins, car s'était un métisse possédant des gènes Céréen. Je mis ma main sur mes oreilles pour ne plus l'entendre, priant pour que tout ceci soit un rêve. Je veux retrouver cette voix, cette voix magnifique et féerique que j'avais entendu plus tôt. C'était peut-être le résultat de mon imagination et de ma méditation combinée, mais c'était suffisant pour mon bien-être... Du moins, jusqu'à présent. Mais cette si jolie voix ne revint point, à la place s'était une voix beaucoup plus sinistre et sournoise qui resurgit. J'ouvre les yeux sur une petite bouille blonde, aux yeux jaune et au sourire carnassier. ** Récupère-le, petite fille ! ** Le chaos s'était de nouveau rétabli dans mon cœur à tel point que je n'entendis même plus la dernière phrase que m'avait craché Lucrèce. ** Récupère-le !  ** Répéta-t-elle alors que sa voix m'envahissait, raisonnant à travers mon esprit. Le malaise dans mon cœur me brûlait comme si on venait de me marquer au fer rouge. Je pleurais, tout en tentant de n'écouter ni Lucrèce, ni cette fillette à présent. « Laissez-moi en paix ! » Criai-je, avant que ce malaise, ce sentiment que je ne comprenais pas s'empare de moi, me trouble et consume mes autres émotions...

Oui. Mon esprit assistait à une bataille pendant plusieurs longues minutes, durant laquelle je tentais de retenir mes larmes, mais sans succès... Et ce fut au final, cet étrange sentiment qui domina les autres. « Rends-le moi ! » dis-je, alors que ma voix devint plus froid tout d'un coup, comme si ce n'était pas moi qui avais sorti ses mots, comme si j'étais soudainement devenue spectatrice de mon propre corps. Pourtant, c'était bien moi qui avais parlé. Je sentais mon cœur me brûlait, ignorant que des veines noires apparaissait sur mon visage. « Rends-le moi ! » Répétai-je, me rendant pas compte que j'étais debout sans que mon corps ne m'élance une affreuse douleur. Mes yeux étaient toujours posés sur la fillette en robe noire, je me suis surprise à lever le bras lorsqu'elle leva le sien. Mon sabre qui était dans la main de Lucrèce, se dégagea violemment pour se réfugier sur la paume de ma propre main qui s'était tendue. Lorsque je pris conscience que mon sabre était de nouveau avec moi, le malaise s'envola et avec, la présence de la fillette qui avait disparu comme elle était apparue. Il en fut de même pour les veines noires qui n'étaient plus. Je serre mon sabre comme si ma vie en dépendait, là, maintenant dans mes mains presque avec la force. J'essuyais les larmes sur mon visage, souriante... du moins tentant de sourire de nouveau avant d'annoncer. « Ne pose plus tes mains sur mon sabre, veux-tu. » Je ne savais moi-même pas trop pourquoi j'avais dit ça, mais ses mots avaient du sens semble-t-il pour mon inconscient. Ce qui était étonnant, c'est que j'étais apaisée sans même avoir médité. Mon sourire est honnête, il ne s'adresse pas forcément à Lucrèce, mais qui lui est tout de même un peu destiné. Pour moi, c'était une victoire... mais une victoire sur quoi, je l'ignore.

Mon regard prit un éclat méprisant en écoutant son petit plaidoyer de parfait petit jedi. C’était pathétique d’une certaine façon, encore plus en me souvenant qu’un jour, j’avais sans doute tenu le même genre de discours.

« Tu es arrogante, Gamine. »

Ce n’était qu’un feulement presque un murmure, mais je savais qu’elle m’avait parfaitement entendue. J’étais ce que j’étais, je ne le niais pas. Je flirtais sans cesse avec le mal qui errait en chacun d’entre nous. Je l’aimais même. Au plus profond de moi, j’aimais ce mal-là. Il aurait été inutile de me voiler la face, cela n’aurait fait que raviver la douleur qui me rongeait en permanence. Cette enfant avait encore de la chance, mais celle-ci s’étiolait au fur et à mesure de notre conversation. Je ne l’aurais jamais cru aussi proche de l’Obscur en vérité. Il n’y avait qu’elle pour en refuser la saveur et ce faisant, elle ne faisait que le renforcer. Elle ne se rendait même pas compte d’à quel point elle était déjà enfermée entre ses tentacules noires.

Je plissais les paupières, ne laissant qu’un rai d’azur changeant traverser l’écran de mes cils tandis que le sabre m’était arraché des mains. Cela n’avait une quelconque importance. Elle était si facilement manipulable que même si elle m’agressait, elle n’aurait pas le dessus. Si j’obéissais a Darral, si je lui ramenais cette gamine, il la détruirait. Elle n’avait même pas la force d’accepter ce qui errait sans cesse autour d’elle alors posséder celle de résister à mon Maitre…

Je haussai une épaule lorsqu’elle m’enjoignit de ne plus toucher à son sabre, ma main pendait mollement dans le vide, cependant mon index la pointa.

« Plus tu nieras plus elle aura d’emprise sur toi, tu sais. »

J’avais presque pitié d’elle. Prendre un chemin en en connaissant les travers était une chose, l’emprunter sans même savoir quand l’on va tomber est beaucoup plus terrifiant.

« Et tant que tu le feras, il n’y aura aucun mal à briser la moindre parcelle de ton âme. Ce que je suis n’est rien comparé à ce dont certains sont capable. Ta peur est si palpable qu’elle en deviendrait presque une extension de toi, il ne m’a suffi que de quelques mots pour te voir ronger par l’obscur parce que ton premier réflexe a été la peur. »

Dépliant mon genou, j’étendis les muscles de mon corps, comme un chat qui se roule au soleil, un sourire joueur jouait sur mes lèvres en la regardant au travers de mes paupières mi closes :

« Mais qui sait, peut-être que je me trompe et que tu n’attends que ça, ton petit discours n’est peut-être qu’un tissu de mensonge. Dans tous les cas, je vais t’offrir un sursis qui risque d’être court. »

Darral n’aimait pas l’échec mais ça encore, j’en faisais mon affaire. Il n’imaginait même pas a quel point je pouvais parfois le tromper, et sans doute que si il l’apprenait il ne pourrait comprendre mes motivations. C’était jouer avec les flammes noires de l’Obscure mais cela faisait 5 ans maintenant que je m’y perdais et je n’étais pas encore brisée.

Bien que le sabre était entre main, je ne voulais guère l'utiliser. À vrai dire, je l'ai récupéré  seulement pour l'avoir près de moi et avec moi. Le sentiment que je ne comprenais pas avait disparue maintenant que Ridenti était de nouveau en ma possession. Je le maintiens d'une force qui me surprend moi-même dans l'espoir que Lucrèce ne le récupère pas. Je continue par ailleurs à essuyer les larmes sur mon visage qui m'obstrue ma vue et me rend pathétique. Ma mère m'a toujours dit, si tu dois pleurer pour une chose, fais-le, mais ne pleure pas deux fois pour la même raison. Mère voulait que je change mon chagrin en haine dès que j'en avais l'occasion. Même si ce n'est pas le cas, j'ai l'impression que je suis indirectement en train de projeter l'image l'image de ma mère sur Lucrèce. À chaque fois qu'elle parle, je ne peux m'empêche de penser à mère, laissant ses paroles m'atteindre au plus profond de moi. Pense-t-elle que je suis facilement manipulable vu la facilité avec laquelle je fonds de chagrin à cause d'elle ? Sans aucun doute, j'irai même jusqu'à dire qu'elle pense qu'un autre autre personnage diabolique tel qu'un Sith pourrait faire ce qu'elle vient de faire sans aucun problème. C'est ici qu'elle se tromperait évidemment... Lucrèce a un avantage certain que les autres Sith n'ont pas, une aura, une manière d'être, une froideur qui me rappellent Mère. Elle veut entendre la vérité venant de moi, c'est probable, mais je ne lui dirai rien quand même... En effet, si j'ai menti pendant toutes ses années à l'Ordre, c'est principalement pour ma propre sécurité... aussi égoïste que mon geste fut. J'ai changé d'identité pour rendre la tâche à Mère de me retrouver bien plus compliquer. Elle est probablement intéressée par moi, d'ailleurs je ne comprends toujours pas pourquoi, mais il n'empêche qu'elle ignore encore qui je suis, je préfère que ça le reste.

Je suis calme et de très loin, maintenant que Ridenti était avec moi, je ne me sentais désormais plus à nu. La frustration avait disparu, tout comme le reste du désordre émotionnel qui bourdonnait à l'intérieur de moi, comme s'il a suffi que mes doigts effleurent la structure métallique de mon sabre pour que tout soit remis en ordre. Un sourire d'apaisement s'affichait sur mon petit visage, comme une satisfaction qui, soudainement, avait fleurie dans mon cœur.  Ce qui était sûr, c'est que désormais je me sentais bien plus sereine et confiante. Je ne me demande même pas pourquoi j'arrivais à tenir debout alors qu'il y a quelque seconde, j'étais presque mal en point... Peu importe, il semblerait que tout le monde s'en contre fiche, moi de même. « C'est vrai... J'admets, ne pas être honnête avec toi. Alors que tu n'as fait que de l'être à mon égare, en me faisant part de ton point de vue et de ton appartenance. » Quoique, concernant son appartenance ce n'est pas encore très clair... Cependant, je vais me baser sur ce qui me semble logique, si elle n'est pas un Jedi, alors c'est une Sith, non ? « Je n'ai pas ressenti le moindre mensonge dans tes paroles... » Je respirais à nouveau profondément, mon sourire disparaissait à la suite... « C'est vrai, j'ai peur... Peur de moi-même, peur de ce que je peux faire, peur de perdre cette lumière fébrile et fragile que j'ai obtenu par ma propre volonté... Ce malgré que je sois née dans l'obscurité. » Voilà, je lui avais dit cela en remerciement au fait qu'elle ait été si honnête avec moi, allons jusqu'à me dévoiler une partie de son nom. « Mais tu te trompes... Mon âme ne peut être brisée que par une seule personne et malgré le fait que tu m'as fait penser à elle, tu n'es pas elle. » Je m'approche de Lucrèce, mes pas sont lents et pathétiques. Oui, j'avais, je ne sais comment, réussi à me lever, mais la douleur était bel et bien toujours présente. Chacun de mes pas furent comme si mes muscles étaient lacérés par des milliers de lames.

Toutefois, je m'approchais de Lucrèce, jusqu'à être à quelques centimètres d'elle. Avec mon petit un mètre cinquante trois, j'étais ridiculement petite à côté d'elle, mais je m'en fichais royalement. Je l'observe droit dans les yeux, lui montrant clairement que le trouble qui m'habitait au début, n'était plus. Je l'avais écouté tout en venant à elle, comme j'ai écouté chacun de ses mots précédents qui avaient réussi à m'ébranler. Je voulais la frapper justement pour m'avoir fait penser à elle, à Mère... Mais finalement, une fois près d'elle, je repensais au fait que je n'avais plus d'ordre, qu'il n'y avait plus de Jedi et que j'en n'étais même pas la meilleure représentante. Alors, je l'observais dans les yeux, avant de baisser mon regard. « Je ne veux pas que l'obscurité continue de me ronger, je ne veux pas qu'il s'empare de moi... » dis-je alors enfin... « S'il te plaît, tu étais une Jedi... qu'importe ton sursis, aide-moi. » Terminais-je comme m'offrant à elle. Je ne suis qu'une padawan qui n'a pas eu le temps de s'approprier la sagesse de combattre le côté obscur. « Je ne veux pas de nouveau sombrer, tu... Tu n'es pas un sith, mais tu n'es pas non plus un Jedi. S'il te plaît, aide-moi à combattre le côté obscur... Je ferai ce que tu veux. »

Je claque doucement des doigts. Cela n'a pas spécialement de raison d'ailleurs, c'est quelque chose que je fais parfois inconsciemment. La gamine est instable, émotionnellement parlant. Je ne connais que trop cette façon ambivalente d'agir, comme si elle ne savait pas réellement ce qu'elle voulait. Le vent souffle autour de nous, sans agressivité, presque trop doucement. Les mèches de mes cheveux lâchés s'étalent sur mon visage. Pourtant aucun muscle ne bouge.

« Mon appartenance... »

répètais je doucement, savait elle seulement a quel point je pouvais Lui appartenir ? Sans doute pas. C'était une dualité que je maintenais comme telle au prix de ma propre âme.

« Pourquoi te mentirais je ? Je le pourrais sans aucun doute, mais je n'y vois pas d'intérêt. »

Le claquement lancinant de mes doigts s'arrête subitement lorsqu'elle se lève. Je l'avoue, elle a l'honneur de me surprendre. J'ai envie de lui éclater de rire au nez. Un rire sans doute amer et terriblement cynique. J'avais été élevée pour être Chevalier. J'avais aimé un homme comme un frère sur ce chemin. J'avais été trahie, abandonnée, nourrissant l'amertume de mon cœur. J'avais choisis une voie qui n'appartenait qu'a moi, du moins l'avais je cru. Mais cette voie là ne menait nul part. Je n'avais plus de but, plus d'envie. Alors il était revenu. Noir. Sombre. Obscur. Et étrangement avec lui était née la haine, la colère, la rage...Et l'espoir. Un nouveau but, une nouvelle ambition. Une raison de se battre sans cesse, jusqu'à m'écarteler entre les pôles de la Force, ne résistant que grâce a une volonté sans commune mesure et cet espoir tenu qui ne voulait pas mourir. Oui, je voulais éclater d'un rire empoisonné parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle me demande.

« C'est vrai, tu ne sais pas qui je suis. Et toi, tu ne sais pas ce que tu demande. Qu'importe ta naissance, le savais tu ? Je suis née de Jedi. Une génération exceptionnelle après qu'on ne l'est cru éteinte à jamais. J'étais l'espoir de ma famille en quelque chose de meilleur, j'étais l'élève trop frondeuse d'un Maitre adoré, la sœur d'un padawan presque divinisé. C'est vrai, j'étais tout ça. Je tenais le même discours que le tien, parce que j'étais encore innocente de la véritable douleur. Même de la véritable haine. »

Je repose mon pied au sol, je pourrais paraître fragile ou en position inférieure face à elle, mais je sais que j'irradie d'une force qu'elle n'a pas. Qu'elle n'a pas encore mais qui sait...

« Dis moi Gamine...Que t'a-t-on appris ? »

Devrais je l'armer ? L'armer contre Lui ? Insidieusement ? Qu'elle possède les armes pour lui résister ? Je ne le savais pas. Devrais je la laisser l'approcher ? Une jalousie cruelle et haineuse mordit un bord de mon âme mais je la repoussais avec aisance, parce que j'avais appris a le faire.

« Parce qu'il n'y a ni bien ni mal en vérité, il y a toute une multitude de palettes. Les sentiments qu'un jedi contient...Sait il seulement comme il est bon de les laisser vivre et exsuder ? La sensation de vivre. Juste de vivre par la vibration d'une colère. Par la saveur âcre d'une haine. Par la souffrance d'un amour. Par la cruauté du mensonge. Cette sensation...est divine, je ne te le cache pas. Puis vient le pouvoir. Ce pouvoir sur l'autre qui enivre et ferait sombrer le plus vertueux des hommes. Parce que c'est ainsi, parce que l'âme est ainsi. »

je souris, presque férocement.

« Et une fois que l'on goûte au pouvoir, il est difficile de s'en passer. On s'en sert pour se protéger. On ment en croyant que c'est le mieux. On aime de façon égoïste. C'est ça être humain. Tu te demande ce que je suis ? Je suis humaine, Gamine, tout simplement. Je devrais me consumer dans l'Obscur et parfois je crains qu'il ne parvienne a annihiler totalement ce que je suis, parce que le faire apaisera la douleur qui me ronge. Mais il existe une chose que l'Obscurité ne peut totalement corrompre en moi. A ton avis, qu'est ce que c'est ? »

J'écoute les paroles de Lucrèce qui ne sont plus aussi perforante qu'il y a quelques minutes plus tôt. Toutefois, je me reconnais à travers ses mots, comme si ce qu'elle disait, était ma propre histoire à quelque détail près. Je suis née Sith, d'une génération portant le gène du sith au sang-pur, une race originaire de Korriban. Les Visiris sont une ancienne famille noire qui a survécu aux guerres et au temps lui-même. J'ai goûté à l'obscurité et j'ai été dégoûtée par sa saveur âcre et abjecte. Je m'écartais déjà de l'obscurité avant même de rencontrer la lumière qui m'est apparue plus douce et plus savoureuse, d'une très grande beauté. Je ne peux la juger pour son choix d'avoir quitté la lumière, comme elle ne pourrait me juger de mon choix d'avoir quitté l'obscurité. N'est-ce pas le choix qui nous définit ? Mais mon discours a une raison d'être logique qui est accompagnée de bons sens : un pouvoir puissant ce n'est jamais sans conséquence. Nous devons alors emprunter une manière de vivre afin que ceux qui nous entourent, n'en souffrent pas. Elle a été blessée et je trouve ça, très touchant de sa part de me partager à nouveau de son passé. Mais cela me montre justement qu'elle aussi, est aveuglée par ses propres émotions, elle ne les domine pas. Je dirais même qu'elle est comme moi... Rejetant le côté de la force qui l'a accueilli, n'adhérant pas totalement au côté à laquelle elle souhaite appartenir. Faisant d'elle un être qui n'appartient à ni l'un, ni l'autre. Quoique dans mon cas, comme elle tente par tous les moyens de me l'encrer dans mon petit crâne, j'appartiens aux deux. J'avoue ne toujours pas comprendre ce qu'elle voulait me dire par là, mais ces paroles précédentes me font penser à la petite fille... peut-être à tort, peut-être bien à raison. Elle me demande ce que on avait bien pu m'apprendre, un sourire naît sur mon visage de nouveau.

Un sourire de mépris, non pas destinée à Lucrèce, mais plutôt à cette question. Qu'avait-on pu m'apprendre ? N'était même pas la question à poser, il serait plus exactement de me demander ce qu'on ne m'avait pas encore appris. Je suis une guerrière, une guerrière Visiris avant d'être une guerrière Jedi. Chez les Visiris, l'éducation est quasi-militaire, dès que nous savons nous tenir sur nos jambes dès le plus jeune âge, nous sommes initiés à l'art du combat. Et avec le temps, les plus douées d'entre nous sont formés dans l'art de tuer une cible sans que celle-ci s'aperçoit d'une éventuelle présence. J'étais chaque jour destinée à une série de coup fouet à la moindre erreur, afin de plus craindre la douleur, mais de se l'approprier. Mère est allée plus loin que l'éducation traditionnelle, parce que j'étais née avec la force, parce que j'étais son héritière du pouvoir obscur. Elle qui avait des ambitions bien trop grand pour moi... Elle voulait que je sois bien plus qu'une guerrière, oh non... Elle voulait que je sois une Sith'ari, un messie pour ses congénères. Me faisant subir diverses tortures mentales et physiques, diverses expérimentations... j'étais son cobaye plus que sa fille. J'ignore ce qu'elle a voulu faire de moi, mais elle a très certainement échouée. Car je ne suis jamais devenue le monstre obscur qu'elle voulait que je sois. Oui. La question est bel et bien qu'est-ce que je n'ai pas appris. La sagesse, le savoir du côté lumineux, je n'ai pas eu le temps, cinq ans c'est trop peu... Luke voulait me former au sabre, une formation que j'avais déjà bien acquis avant de le rejoindre, de même des techniques de la force. Mais évidemment, il l'ignorait, parce que tout comme les autres je lui mentais sur mon identité, je mentais aussi sur ce que je savais de la force et de mes compétences aux combats. Je ne répondis donc rien à Lucrèce, elle devinerait certainement pourquoi...

On m'a rien appris qui soit nécessaire... J'écoutais Lucrèce poursuivre, silencieusement, relevant la tête pour l'observait. Intérieurement, je me demandais vraiment ce qu'elle avait vu en moi pour m'épargner. Disait-elle vraiment la vérité quelques minutes plus tôt ? Aurais-je une par sombre en moi dont je n'ai pas connaissance ? Si c'est le cas, alors mère a réussi à faire de moi ce qu'elle voulait sans même que je le sache. Lorsqu'elle me demande quelle est la chose que l'obscurité n'a pas totalement corrompue en elle... Immédiatement, je me pose la question à moi-même. Qu'est-ce que la force n'a pas pu corrompre en moi à l'époque où j'étais son esclave. Mon regard se détache de celui de Lucrèce pour aller m'asseoir à mon tour sur le rondin où elle était depuis le début. « Ta volonté ? » Répondis-je comme si je posais une question sans toutefois en être une.

Je ricanais doucement, secouant mes boucles lourdes a son commentaire :

« La volonté seule ne suffit pas. »

Je repoussai mes cheveux sur mon épaule droite, d'un geste qui pourrait paraître presque enfantin mais qui ne l'était pas réellement.

« La volonté se forge dans l'airain et je te dirais que tu n'en manque pas. Non, ce n'est pas cela qui me maintient dans un équilibre parfait, elle ne suffit pas lorsque tu navigue d'un côté à l'autre. Ce qui le fait est une petite émotion fragile que l'on nomme espoir. Étrangement et malgré tout, il ne m'a jamais quitté. Et il est très douloureux d'espérer, Gamine. »

Et j'en savais quelque chose, mais cette douleur ne détruisait pourtant pas cet espoir. C'était comme si il demeurait ancré en moi sans jamais frémir, sans même que sa carapace de cristal n'explose. C'était quelque chose que Darral ignorait car si il le sait, il s'acharnerait a vouloir le détruire. Je levai la main, indiquant un espace si petit entre mon pouce et mon index :

« Une si petite flamme dans l'Obscurité la plus totale. C'est elle que je regarde lorsque je crains de glisser, celle que je garde en tête lorsque je crois être définitivement séduite. Un simple fil aussi fragile que du verre dans la colère bouillonnante. Ma volonté ma conserve intacte. Mais sans elle, ma volonté serait inutile. »

J'esquisse un sourire presque triste mais sans aucun doute douloureux avant de me lever. Je faisais sans doute une erreur, mais parfois, j'avais aussi besoin de ce genre d'acte, peut être que cela mènera à rien et tant pis, j'étais aussi une femme égoïste après tout, mais il y avait une chose qui nous rendait semblable. Je ne pouvais pas  vraiment l'ignorer. Je ne savais pas ce que Darral lui voulait, mais je ne pouvais pas le laisser mettre la main sur une telle puissance, pourtant cela lui permettrait sans doute d’asseoir avec force les bases de son Utopie, mais si ce jour devait arriver, je savais que je le perdrais. Et avec lui cette petite flamme si importante. Je ne l'en haïrais que plus, je le détruirais par haine et par vengeance pour avoir fait de moi ce que je serais alors.

« Je ne sais pas quelle sera la tienne, mais tant que tu sera capable de la voir au travers l'opaque, alors tu retrouveras le chemin vers la Lumière que tu aime tant. Et lorsque tu seras sûre de cette corde, alors tu n'aurais plus peur. »

Je levais les yeux vers le ciel, les lunes rougeoyaient dans le reste de la Galaxie, bien visible, teinte de ce qui avait ravagé la planète.

« Trouve là avant qu'il ne te trouve. »

L'espoir, c'était donc de cela dont il était question... l'espoir ? Je n'ai jamais compris cette notion d'espérer quelque chose, de vivre tout en espérant un changement qui ne viendrait peut-être jamais. Je n'ai jamais espéré, je n'ai jamais eu cet éclat d'espérance dont elle semble attribuer le rôle essentiel de son équilibre avec la force. L'espoir n'a jamais fait partie de mon vocabulaire, c'est du moins ce que je pense au fond de moi. Si j'ai quitté ma famille, fugué pour ne plus jamais revenir, ce n'était pas poussé d'un sentiment d'espoir, mais bien parce que j'avais perdu foi et toute espérance en elle. J'ai pris la fuite sans me retourner, sans pourtant autant regarder devant moi. Me laissant emportant par le courant, peu importe qu'il soit bon ou mauvais, agréable ou désagréable. Je subissais la vie telle qu'elle m'accueille, survivant par nécessité, bien que j'ai tant de fois voulu cesser d'être et disparaître, m'endormir dans un éternel silence. Je n'ai pas vraiment de réponse à lui donner, pas vraiment d'argument pour la contrer ni même pour confirmer son point de vue. Mon regard se perd sur un point quelconque, un moyen pour moi de ne pas trop égarer ma pensée, les recentrer afin que je puisse m'interroger et donner du sens aux paroles de l'autre utilisatrice de la force. Ma respiration est calme, tandis que ma main droite tient toujours Ridenti avec une force qui ne semble pas s'amoindrir au fil des minutes. Je n'ai même pas la sensation d'une douleur musculaire ou d'une crampe qui serait en toute logique causée par cette tension de ma main sur le sabre. Je me demande soudainement, où va m'emmener cette histoire telle qu'elle est tournée. Me voilà seule à nouveau à cause de cet attentat, je ne me suis jamais fait d'illusion, ni d'espoir quant à l'idée d'avoir trouvé une vie agréablement. Je n'ai jamais espéré que cela continue afin de n'avoir jamais à regretter et d'en souffrir.

Pourtant, je regrette déjà la vie que nous avions, mes camarades, mon maître. J'ai fini par m'attacher à toutes ces personnes qui m'étaient alors étrangères. Des personnes gentilles, sages et parfois même un peu drôle. Je regarde Lucrèce de nouveau, elle qui est seulement à quelques centimètres moi. En effet, je m'étais assise à côté d'elle sans le moindre soucis, sans crainte et sans gêne. Je lui annonce alors : « Je n'ai jamais cru en l'espoir ! Cette notion ne m'a jamais effleuré l'esprit, j'ai toujours préféré agir plutôt que d'espérer une chose qui ne serait probablement jamais. L'espoir est un mensonge, une illusion à laquelle on veut croire pour se faire du bien mentalement parlant, pour rendre un semblant de vie plus agréable. Regarde dans quel monde nous vivons, les gens savent qu'ils vont mourir un jour, mais ils espèrent avoir plus de temps encore.... Vivre davantage, certain même fantasme l'immortalité. Mais ce n'est qu'un foutue mensonge, une illusion qu'on se fait à nous-mêmes. Tu peux autant espérer vivre aussi longtemps que tu veux, ça ne changera rien à ta finitude. » Mon regard est pénétrant et intrigué à la fois, je suis intéressée par sa réponse, je veux savoir ce qu'elle va me répondre. Puisque je le sais au fond, j'ai envie qu'elle me persuade avec succès que l'espoir est bel et bien réelle, qu'elle a bel et bien une raison d'être. « L'espoir n'apporte que la déception à mes yeux. » Rajoutais-je alors que mon regard se détache de nouveau d'elle. Le ton de ma voix était sec et froid, presque amer. Je peux sentir que ma phrase m'est restée au travers de ma gorge, je n'aime pas ce que je dis. Je ne veux même pas croire en mes propres paroles, mes propres croyances et convictions. Parce que je sais que je suis une fille qui n'a rien avec elle que le doute, en plus d'être dépendante de ses désirs et ses émotions.      
     
« Je veux détruire ce qui rend mon cœur si mal, même si je deviens un être qui ne ressent plus rien. » Crachais-je, tandis que ma main libre posée sur le rondin faisait pression sur celui-ci, écrasant quelques écorces au passage. « La mort est tellement plus facile que la vie. Peut-être devrais rejoindre mes frères et sœur. » On peut sentir l'ironie dans ma dernière phrase.

Je l'épingle d'un coup d'oeil moqueur. Vraiment ?

« Tu n'as jamais cru dans l'espoir...Intéressant point de vue, mais totalement faux. N'est ce pas l'espoir qui te pousse vers la Lumière ? N'est ce pas lui qui te pousse a me demander mon aide ? N'est ce pas lui encore qui t'inspire la force de me contrer même lorsque tu sais que j'ai raison ? Lui encore qui te pousse a croire en quelque chose de mieux ? Il y a de multiples espoirs Gamine et oui, certains sont brisés avant même de vivre et j'en sais quelque chose. Quant a vivre éternellement...Si il y a bien quelque chose que je n'espère pas, c'est bien une existence sans fin. »

Mon regard se perd un instant dans le vide lorsqu'elle continue. Oui, l'espoir devient une blessure éternelle parfois. Une déchirure qui ne veut plus guérir. L'espoir qu'il viendrait me chercher est devenue une haine sans nom, une colère sans fin, mais pour un espoir tranché il en naît un bien plus fort. Celui qui me hantait dorénavant était aussi tenu qu'un fil d'araignée, aussi fragile et pourtant, il demeurait, refusant de ce laisser corrompre, c'est cela qui amena un sourire plus sincère sans doute sur mes lèvres.

« Il est autant déception que renaissance. »

La suite fait naître mon rire combien même pouvait elle laisser entre voir l'amertume qui pouvait la ronger. Non ce n'était pas hilarant et pourtant, c'est un rire presque trop léger qui me traverse, roulant comme des perles de velours dans la forêt silencieuse qui nous entoure.

« Non Gamine, tu es sans doute beaucoup de chose mais pas lâche. La Mort serait une solution trop facile a tes yeux. Je l'ai aussi envisagé savais tu ? Parfois, je suis tellement épuisée, brisée même mais je me relève toujours. Je regarde mes mains tachées de sang et j'avance encore. Parce que j'ai un but et tant que je ne l'aurais pas atteint, je n'ai pas le droit de flancher, parce que je sais que sans ça, je serais définitivement perdue dans l'Obscur. Je me servirais de tous les pouvoirs que m'offre la Force pour atteindre ce but et je mourrais lorsque ce sera fait. »

Je pose une main sur ma hanche, penchant légèrement la tête tout en considérant son amertume. Sa peur avait un goût délicieux, je la sentais encore sous jacente a ses mots

« Regarde en toi et plonge profondément au cœur de ton âme, Gamine. Si tu veux les armes pour lutter contre ce qui te ronge, il faut les trouver au fond de toi. Se servir de l'obscur mais ne jamais le laisser se servir de toi. Parce que c'est ce que tu fais, tu abandonne ta conscience entre ses mains, tu lui laisse les pleins pouvoirs sur toi c'est ce qui rend ton retour si difficile. »

Il est difficile de contrôler une puissance qui possède une saveur si enivrante. Oui, très difficile, il est tellement plus plaisant de se laisser submerger et d'oublier la frontière entre le bien et le mal, de devenir ce que l'on hait le plus. Je ne suis pas parfaite, loin de là, j'ai fais des choses aussi innommables que belles mais je reste en paix avec une conscience qui n'est que tendue vers lui. J'accepte les plaies et le poison dans chaque cellule de mon corps parce que je ne peux faire autrement, parce que c'est là un chemin que j'ai choisis d'arpenter malgré tout. Sachant que la mort sera ma seule fin possible.

Je commence sincèrement avoir assez de cette conversation qui rend ma situation davantage tragique. J'ai clairement compris que je ne suis pas maître de mes émotions, c'est vrai. Ah quoi bon me faire comprendre que je ne suis pas non plus adepte de ce sentiment d'espoir. Je l'ai regardé sous toutes les facettes, je n'y comprends rien à cette notion. Pire encore, cela a tendance à m'énerver plus qu'autre chose, alors je ne veux plus en parler. Je me lève du rondin de bois, pour me remettre en face de Lucrèce lui attrapant ce qui ressemble à son col. « Tu as beau me le dire, je n'y comprends strictement rien à ce truc que t'appelle espoir. Je vais te dire pourquoi j'ai rejoint les Jedi... Ce n'était pas dû à l'espoir, je n'ai jamais rien espéré de ma mère, pourquoi espérais-je quelque chose autre part... Si j'ai rejoint l'Ordre, c'est seulement parce que je me suis abandonnée à eux, à leur idéaux, leur semblant de vie utopique. Une illusion qui m'allait pour un moment, puis après j'ai fini par comprendre et réaliser ce dont il essayait de m'enseigner. La lumière je ne l'ai pas cherchée, c'est elle qui m'a trouvé toute seule... Si je désire ton aide, seulement que je m'abandonne à toi, parce que je ne ressens rien d'autre que le désespoir... Et non l'espoir ! » Je lui avais crié ses mots, pourtant c'est contre moi-même que je criais intérieurement. Je ne la lâche pas, la tenant avec la même férocité que celle que j'use sur mon sabre laser. Une nouvelle fois ma tête tournait et fourmillait de multitude d'émotion, dont la colère que se démarrer largement des autres. J'avais envie de me défouler, de frapper quelque chose pour soulager ce poids qui fait pression sur ma conscience. Je la lâche avec rage en reculant tout balançant mes bras en l'air et je rajoute, toujours sur le même ton colérique. « Si je regarde en moi, je sais qui je verrais. Non. Je n'ai même pas besoin de plonger en moi pour ça. »

Dis-je, je pointe mon doigt dans une direction, semblant indiquer quelque chose de l'index, mais il n'y a rien que l'autre femme puisse voir, pourtant que moi je voyais avec grande clarté. « Il semblerait que j'ai à mes côtés un personnage de mon passé qui refait surface. Plonger en moi, mais pour y voir quoi ? La vile créature que j'ai été, cette apprentie Sith qui pour nourrir sa corruption a été forcée de dépecer ses propres cousins et cousines. Oh oui, qu'il est beau cet espoir ? Mais l'espoir de quoi ? De quoi veux-tu que j'ai espoir ! Il ne me reste plus rien... Rien ! Yavin est devenue un cimetière ! La seule chose que je veux, c'est d'oublier ma peine, l'éteindre, ne plus rien être qu'une coquille vide, vide d'émotion. Je ne veux pas d'espoir qui pourrait encore me faire souffrir davantage ! » Je n'aime pas sa façon de penser, même si j'imagine que sa vie a été dure pour elle aussi, je ne peux m'empêcher de penser que finalement... Ca été facile pour elle de le gérer. Je finis par poser ma main gauche sur mon visage sans calmer le tourbillon qui m'enflammait, je fais revenir celle-ci dans ma chevelure. Faisant les cent pas à la suite, des va-et-vient, réflexes d'un personnage du passé. « Regarde-moi... Je ne suis rien d'autre qu'un fragment de moi-même, un bout de quelque chose qui s'est brisée il y a déjà bien longtemps. Ce n'est pas de l'espoir dont j'ai besoin Lucrèce... J'ai besoin... J'ai besoin d'être effacée. » Dis-je avec ironie, je me mets à rire, d'un rire presque fou à la suite. « Alors, tu vois bien que je suis une lâche, je n'ai même pas le courage d'affronter mes propres sentiments. Laisse tomber tes discours avec moi, fais-de moi ce que tu veux. Je t'intéresse, non ? Alors, utilise moi ou tue moi, dans les deux cas, je trouverai une forme de paix. » Je lève les bras à la suite pour montrer ma soumission, je ne voulais plus l'entendre parler d'espoir, ce n'était pas ce que je recherchais.

Il y a tant d'amertume, tant de haine aussi. Un désespoir aussi noir que le vide en elle. Elle serait si parfaite pour l'Obscur. Je le sens. Pourtant, elle n'a pas basculer bien au contraire. Et c'est là sa contradiction. Une dissonance dans son discours et sa façon d'agir. Elle se hait elle même, voir peut être plus. Son éclat me laisse froide, du moins en apparence, pourtant je l'écoute me parler, j'entends tous les mots. Je l'entends me demander de la tuer.

« Alors deviens ce que tu hais, Gamine. Si tu n'es pas capable de te relever, laisse toi sombrer. Après avoir rejeté ton enfance et ce que ta naissance t'a donné. »

J'esquisse un sourire, glacial et en même temps, d'une douceur ineffable. Comme une peinture en recouvrant une autre. Une image qui laisse entrevoir une autre image.

« Pourquoi me demander mon aide si tu n'es pas capable de redresser la tête ? Oui te reconstruire est bien plus difficile que te détruire et pourtant je ne t'ai pas vu te jeter sur mon sabre avec le désir de mourir. La lumière t'a choisis. Pourquoi ? Penses tu qu'elle aime les cas désespéré ? Elle a été te chercher au plus profond des ténèbres, serait ce pour rien ? Oui tu es désespérée. Comme je le fus mainte et mainte fois, lorsque j'ai compris que l'Ordre ne viendrait pas me chercher, lorsque j'ai compris qu'il m'avait abandonnée. Je l'ai été en perdant ce que j'avais de plus précieux. Je l'ai été en tranchant des vies sur un simple ordre. Je l'ai été en me donnant a ce que je haïs le plus. Je suis empoisonnée jusqu'au sang, jusqu'à l'âme. »

Je plisse doucement les paupières, ne laissant paraître qu'un rai d'azur délicat mais doté d'une puissance sans nom.

« Pleure. Crie. Hurle et frappe. Mais ne désire pas le néant, car le prix qu'il réclame est d'une immondice dans nom. »

Je me plantais sur son chemin, stoppant ses aller venues. J'attrapais son menton d'une main, il n'y avait pas de violence dans mon geste, très étrangement. Pas de brutalité non plus d'ailleurs.

« Le désespoir n'est qu'une étape, Gamine. Un obstacle qui paraît insurmontable et ce n'est pas le premier que tu affronte. Te sens tu faible et misérable Gamine ? »

L'éclat azuré de mes iris ne peut totalement se défaire des ombres qui naviguent sans cesse dans leur creux et je les plonges sans vergogne dans le sien. Il y a tant de douleur que là maintenant, elle me laisserait la tuer sans s'y opposer. Je pourrais le faire sans frémir, me délestant de la culpabilité, des regrets et des remords. Je pouvais le faire parce que j'aimais le mal autant que je le haïssais. Mais je ne le ferais pas. Je veux la regarder grandir. D'un côté ou de l'autre. Lumineuse ou ténébreuse. Je la regarderais.

« En colère aussi, une rage insidieuse qui provoque la souffrance ? Pleure Gamine avant de t'étouffer toi même. »

Je suis folle, folle d'avoir cru que je pourrais, moi, échapper à mes origines. On est ce qu'on est, c'est la dure réalité. Un Hutt n'aura jamais la beauté d'une Twil'ek qui le veuille profondément ou non. Je suis née Sith, pire encore, j'ai des gènes des vrais Sith en moi, comment ai-je pu croire que je serais autre chose qu'une Sith. La colère me réchauffe, me fait oublier le froid tout comme il me fait oublier ma propre raison. Folle je suis, de vouloir me donner à la mort, alors que je la crains plus que tout, malgré le fait qu'il n'y ait pas la mort, mais la Force. On aura beau me le dire, je n'arrive pas vraiment imaginer quelque chose après la mort qu'un simple néant. Alors que je fais les cent pas, voilà que la voix de Lucrèce redevient perçante, pénétrant à nouveau mon esprit. C'est de ma faute, je suis tellement faible, incapable de maîtriser mes émotions, incapable d'être insensible à.... à ce sentiment qu'elle me fait éprouver, qu'elle me procure. Elle s'arrête devant moi, bloquant alors mes mouvements de frustration qui conditionnent ma rage, l'amplifient. Elle m'attrape le menton, je suis alors l'espace d'un moment troublé par ce geste qui me donne une impression de délicatesse. Le fait-elle exprès ? Exprès de me rappeler Mère ? C'est... c'est si désagréable, pourtant agréable à la fois. Ce n'est pas tant l'intérêt qu'elle me porte qui me trouble, car je l'aurai été de Luke et des autres dans un sens. Non. Lucrèce possède ce petit truc insignifiant qui me torture l'esprit, mes tortures de nostalgie. Son geste presque délicat, rend davantage ses paroles convaincantes. Des paroles qui en plus mettent à nue ma propre, elle me découvre de mon manteau qui me sert de barrière émotionnelle. Ses yeux bleus, dévorant les miens, les dominants de son regard ténébreux et glacials. Lorsqu'elle me dit dans sa dernière phrase de pleurer avant que la rage ne m'étouffe, c'est comme si...

C'est comme si le dernier verrou qui bloquait tout ce qui débordait en moi, avait finalement cédé comme ayant reçu enfin la permission. Ce fut alors d'abord mon corps qui pleura, de nouvelles larmes coulant sans même que je ne m'en rende compte. Puis, enfin à nouveau je gémis d'un gémissement silencieux. Et je pleurais encore, mais cette fois non pas de larme causée par le déni, mais plutôt l'acceptation. Mon sabre tombe sur le sol avant d'être suivi par mes genoux, je rejoignis mes mains sur mes épaules. Et je pleurai, jusqu'à ce que mes yeux ne me fournissent plus assez de larmes... Allée savoir combien de temps était passée, car lorsque mon cœur redevint paisible, vidé de ce qui le rongeait, l'aube avait au loin dévoilée sa clarté. Ma vue était encore flou, obstruée par quelque goutte de larme qui perlait au bord de mes yeux. Mais mon regard se lève toutefois vers l'aube qui étrangement, accompagne ici ma purge et ma renaissance. Mes yeux se posent à la suite sur Lucrèce, la fixant dans un silence significatif. Je ne me lève pas, toujours sur mes genoux engourdis. « Que dois-je faire maintenant ? » Dis-je d'une voix fragilisée auparavant par mes pleures. La question est sincère, que devais-je faire maintenant ? Je me sens vide comme je le souhaitais, mais je sais que ce vide est temporaire que le chaos reviendrai, je le sens au plus profond de moi. Oui, que dois-je faire maintenant ? Je baisse le regard pour porter attention à mon Sabre, relique de mon passé. Mon passé... A quoi bon, le lui cacher ? « Mon nom... » Commençais-je, ramenant mon sabre près de moi pour le poser contre ma poitrine. « Mon nom est Alura Visiris. »

Si elle s'écroule, je reste debout. Parce que je l'ai toujours été. Parce qu'il n'y a qu'ainsi que je vis auprès de lui sans jamais me briser. Parce que je ne plie jamais un seul genoux au sol. J'entends les sanglots amers et ils me rappellent ceux que j'ai versé voilà des années. Des années qui on vu tant d'espoir mourir devant la réalité de mon existence. Je lèvais les yeux vers le ciel. Il était aussi noir que mon cœur, aussi sombre que mon âme. Mais, comme un cycle immuable, l'aube embrasera l'horizon. Sa voix me sort de mes pensées et je détourne le regard du ciel. Il existe un sourire étrange sur mes lèvres, comme une condamnation qui se veut rédemption.

« Maintenant ? Tu relève la tête et tu avance, Gamine. »

Parce qu'une coquille vide se doit de se remplir. De haine ou d'espoir. D'amour ou de haine, elle ne peut rester vide éternellement. C'était ainsi. Je passai une main dans mes cheveux lorsqu'elle continua me révélant un nom que je connaissais et qui lui attire un coup d'oeil insondable.

« Visiris ? »

Ma bouche s'incurva doucement, comme une moquerie qui ne s'adressait pas à elle. Vraiment pas. Cela la rendait encore bien plus intéressante à mes yeux. La matriarche Visiris n'était pas un pion facilement manipulable, le serait elle que je ne m'y frotterais pas réellement. Mais avoir sa fille ou un membre de sa famille sous les yeux, perdue entre lumière et ténèbres...Il y avait quelque chose de terriblement cruel dans le destin, c'était certain.

« Voilà une hérédité que même moi je voudrais fuir. »

Mon com-link se mit a vibrer avec quelque chose d'insistant mais je l'ignorais, c'était sans aucun doute le pilote de la navette qui nous avait emmener ici. Il partirait sans moi, je saurais me débrouiller. D'ailleurs, je le sortis d'une de mes poches situées sur mes cuisses et l'observait un instant, pensive. Un sourire mystérieux joua un instant sur mes lèvres.

« Il est temps de partir, Alura. Tu ne peux pas rester ici plus longtemps et moi, je ne peux pas tarder avec un excès de zèle. »

Je lui lançais mon com-link avec un rien de désinvolture.

« Prend le et lorsque tu ne sauras plus mettre un pied devant l'autre, appelle moi mais soit prête a en subir les conséquences. Je te regarderais grandir, Gamine et ce sera sans doute très intéressant. »

Oui vraiment, a condition que Darral ne lui mette jamais la main dessus. Si jamais il venait a savoir quel rôle j'avais pu jouer en laissant sciemment échapper une proie qu'il convoitait....J'eus envie de rire. Il ne me ferait rien que je ne sache affronter de toute façon..Et j'étais depuis longtemps prête a payer un prix immonde pour mon attachement à lui. Mais elle, cette gamine perdue n'en faisait pas partit. Mais avant de disparaître, je lui fis un cadeau :

« Il te cherchera. Celui dont tu as aperçu la silhouette. Il te cherchera et il réussira. D'ici là Gamine, prépare toi à sa venue parce que j'aurais échoué. »

Ma main franchit la distance qui nous séparait et j'effleurais sa joue du bout de mes doigts, comme une caresse glaciale mais aussi douce qu'un enfer.

Il était temps pour moi de retourner au cœur d'un enfer que j'aimais malgré tout.

« Au revoir Gamine. »

Et je disparus, aussi simplement qu'un mirage qui s'éfface.