En atterrissant sur le tarmac, Kada avait immédiatement remarqué la présence du vaisseau du commando Echo. Et cela ne voulait dire qu'une chose : Jelatt se trouvait sur D'qar. Si d'ordinaire Kada était vive et impulsive, savoir que sa meilleure amie se trouvait sur la même planète qu'elle la rendait plus encore hyperactive. À peine le vaisseau avait-il atterrit qu'elle s'était retourné vers ses collègues.

" Je veux vos rapports dans vingt minutes dans mon bureau, pour la suite c'est quartier libre !" leur avait-elle ordonné.

Puis elle avait ramassé ses affaires et s'était précipité dehors non sans quelques sourires de ses camarades Steel : ils l'avaient vu aussi le vaisseau des Echo et connaissaient suffisamment bien leur supérieure pour savoir ce qu'elle s'apprêtait à faire. Une fois dehors, Kada plissa des yeux, aveuglée quelques instants par la lumière extérieure bien plus violente que celle tamisée du vaisseau des Steel. Il ne lui fallut qu'une poignée de secondes pour qu'elle retrouve le vaisseau des Echo et s'y engouffre.

" Jel' ?! " appela-t-elle entre les techniciens et mécaniciens qui révisaient le vaisseau.

Aucune réponse. Elle arrivait trop tard.

Se pinçant les lèvres elle se dirigea par la suite dans la base, ignorant les signes de main qu'on lui faisait pour la saluer et bousculant quiconque se trouvait sur son passage : lorsque Jelatt était sur la base, elle ne répondait plus de rien. On le savait et rares étaient ceux qui tentaient de communiquer avec la brune qui était allée décharger ses affaires dans ses quartiers. Enfin, décharger... Elle avait tout jeté sur la table de son petit appartement réservé aux capitaines de la Résistance puis s'était empressée de rejoindre la salle commune de la base : une énorme pièce qui servait de self, de salle commune et de salle de réunion lorsqu'il fallait tous se rassembler quand la Générale s'exprimait.

Elle s'arrêta dans l'embrasure de l'entrée circulaire, scrutant la petite foule qui s'y était installée. Les Echo étaient éparpillés ça et là, elle en remarqua quelques uns sans trouver sa meilleure amie. Les Steel quant à eux étaient absents et elle se félicita de n'en voir aucun prendre du bon temps alors qu'elle attendait leurs rapports de mission dans son bureau.

Les rapports de mission. Elle détestait ça. Si avant c'était elle qui devait rendre des comptes à son supérieur de commando, depuis qu'elle l'était devenue elle croulait sous la paperasse lorsqu'elle ne se trouvait pas sur le terrain. Rapports de mission à lire, d'autres à écrire, s'occuper de l'équipement de son commando, des attributions, être chargée d'une mission, chercher une stratégie, l'appliquer, entraîner ses hommes, s'entraîner elle-même. Leader d'unité n'était pas reposant, plus encore lorsqu'elle avait été promue Capitaine il y a quelques mois. Fronçant les sourcils, Kada s'avança un peu plus dans la salle avant qu'on ne vienne lui parler.

" Capitaine Rell ! " elle se retourna, la mine sombre. Un pilote s'approcha d'elle, elle le reconnu immédiatement. Une nouvelle recrue du nom de Iklo Dys qui s'était mis en tête de tenter de se mettre dans la poche des hauts gradés. Elle ne l'avait pas apprécié à leur première entrevue et qu'il la dérange alors qu'elle n'était pas en service n'arrangeait rien à la situation. " Capitaine Rell, ça fait longtemps que je ne vous ai pas vu. " continua-t-il, comme si de rien n'était.

" Pas maintenant Dys. " grogna-t-elle sans même le regarder, tandis qu'elle balayait la foule des yeux.

" Comment s'est passé votre mission ? On parle déjà d'une réussite dans les couloirs, pas - " elle le coupa. " J'ai dis pas maintenant soldat. " dit-elle plus durement, sans daigner le regarder, mais il continua d'ignorer ses mises en garde. " J'ai hâte d'en savoir plus !" elle soupira un "Ne shab'rudu'ni…" (ne me cherche pas) mais il continua. Pas étonnant, peu de personnes parlaient le Mando'a sur D'qar. Tant pis pour lui. " Les vestiges de l'Empire doivent tr- "

C'était trop pour elle.

Elle était occupée, elle revenait de mission, l'avait prévenu à deux fois, la moindre des choses était de la laisser tranquille. Mais Iklo Dys était un lèche botte avéré, un type dont on se moquait parfois entre gradés. Personne encore ne lui avait tiré les oreilles. Et Kada ne comptait pas les lui tirer. Elle l'attrapa par le col de sa combinaison orange et le tira à elle, son visage près du sien.

" Pas. Maintenant. " cracha-t-elle alors entre ses mâchoires serrées, le regard noir.

Puis elle le lâcha en le repoussant, soufflant un " Usen'ye... " (fous le camp) en Mando'a. Il tituba quelques mètres puis s'empressa de s'éloigner de Kada qui continuait à le fusiller du regard. C'est à ce moment là qu'elle remarqua une ombre s'approcher d'elle dans son champ de vision. Tournant la tête, un sourire lui fendit le visage qui s'était considérablement adoucit. Un changement de comportement qui étonnait toujours, la vitesse à laquelle elle passait de bête noire à jeune femme lorsque Jelatt était près d'elle décontenançait toujours.

" Jel' ! " s'exclama-t-elle avant de réduire l'espace qui les séparait. " K'olar ! " (viens là) lui dit-elle dans sa langue si non natale, traditionnelle, avant d'ouvrir ses bras, sourire aux lèvres et de l'enlacer. " Me'vaar ti gar ? " (comment ça va ?). Puis elle reprit en basic, un va et viens qu'elle avait prit l'habitude de faire entre les deux langues depuis le temps qu'elle appartenait à la Rébellion puis la Résistance. " Ça fait tellement longtemps ! " finit-elle, donc, se séparant enfin de sa meilleure amie.