My dad saying: "I'm proud of you, son". It makes me want to go home, could I ever call this place home?. I came to break the wall that rose around you, to see the land of all•••Le drap léger sur son corps, l’oreiller tendre sous sa tête. Saga tourna la tête, glissant sur le flanc pour ouvrir les yeux. Il avait bossé toute la nuit sur un projet, alliant ses compétences d’ancien mécano à celles fraîchement acquises de co-pilote. Ce nouveau vaisseau, l’Orono Bastra, était devenu sa maison et sa famille. Le contrebandier repoussa le drap et quitta le lit de la cabine, ramassant machinalement les vêtements qu’il avait enlevé le matin même pour aller se coucher. Les parois grises et froides du vaisseau étaient pratiquement la seule chose qu’il ait connu de toute sa vie. Ayant vécu sur un navire marchand étant enfant, ayant ensuite vogué de vaisseau en vaisseau sous les ordres des uns ou des autres, Saga n’était habitué qu’à ça.
Parfois, il se demandait comment était la vie des autres. Ces gens qu’il apercevait dans les foules, cachés derrière des capuches de tissu ou un rideau de cheveux. Après avoir acheté ce qu’ils désiraient, retournaient-ils dans de vastes demeures ou dans des bicoques sans prétention ? Ressentaient-ils la nostalgie de la maison quand ils s’en éloignaient trop longtemps ? Souvent, Saga regrettait de n’avoir aucune attache. Beaucoup prétendaient qu’il s’agissait d’un avantage, ne tenir à rien ni personne constituait une force. Pas aux yeux du contrebandier. Il aurait aimé avoir des gens à aimer, le souci c’est que personne n’avait survécu à son amour. Comme si tous ceux à qui il avait accordé un peu de tendresse, s’était vu remercié par un tragique destin fait de sang et de regrets.
Le souvenir de ses parents adoptifs lui revint en tête, ces marchands pourtant si tendres, baignant dans leur marre de sang à même le sol de leur propre vaisseau. Saga les avait vu mourir, être assassinés de sang-froid sous ses yeux encore innocents jusqu’alors. Le gamin avait alors vu ce jour-là son enfance lui être arrachée au forceps par un mercenaire inconnu. Un visage parmi tant d’autres, des traits que Saga avait oublié depuis. Il s’y était efforcé, surpassant sa colère et sa rancœur pour se blinder et avancer. Depuis eux, ses sentiments étaient déréglés. On les lui avait estropiés, ils ne fonctionnaient plus correctement. Désormais, Saga ne voulait plus aimer. Dès qu’une personne devenait trop importante à ses yeux, dès qu’elle commençait à lui manquer, le contrebandier s’arrangeait pour tout faire foirer, pour s’autodétruire afin de mieux préserver les autres. Il était une foutue malédiction que personne ne méritait.
Saga quitta sa cabine, le visage fermé. Il détestait repenser à ses parents adoptifs, ça le mettait toujours d’humeur inégale. Le reste de l’équipage ne savait rien de son passé, ils ignoraient tout de lui ou presque. Le jeune homme ne s’était encore livré à aucun d’eux, trop tôt pour cela. Ils n’étaient encore que des étrangers, des inconnus commençant tout juste à devenir sa nouvelle famille. Famille qui finirait probablement par se débarrasser de lui, tôt ou tard, comme toutes les autres. À moins que ça ne soit lui qui finissent par les trahir ou les rendre malheureux, l’éventualité restait entière.
Il traversa une bonne partie du vaisseau, plongeant les mains dans les poches de son pantalon noir usé et troué au genou gauche. Saga se rendait vers la cabine du pilote lorsque son regard fut attiré vers une silhouette au beau milieu du couloir. Elle lui rappelait des souvenirs, elle ravivait chez lui une flamme éteinte. Durant quelques instants, un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il se revoyait en la compagnie de cette jolie blonde, riant et se taquinant. Ils avaient bossé ensemble autrefois, ils avaient été amis autrefois. Mais son rictus s’évapora. Avec elle aussi, Saga avait tout gâché. Pourquoi aurait-il agi autrement ? Il était doué pour ça, pour blesser les gens auxquels il tenait. Halley, il avait tenu à elle. À son amitié, à son sourire qui le remotivait, à son soutien entre mécanos galérant pour joindre les deux bouts.
Et puis, il y avait cette fierté. Cette foutue fierté qui l’empêchait d’avancer vers elle et de lui dire qu’il n’était qu’un idiot. Que le jour où il l’avait dénigrée, presque humiliée, il ne cherchait pas à la blesser mais juste à lutter contre ses propres problèmes. Sauf que ça, c’était bien au-delà de ses capacités. Saga, il ne ravalait pas sa fierté. Il la gardait coincée en travers de la gorge et s’étouffait en elle. Halley, de toute façon, il l’avait perdue depuis longtemps. La mécano, elle ne lui parlait plus, elle l’avait sûrement remplacé par un autre binôme. Un autre avec qui elle riait et qu’elle rencardait sur des petits boulots par-ci par-là. Quelqu’un de mieux.
Saga secoua la tête, reprit sa marche et passa droit devant Halley. Ne lui accordant pas un regard, pas une parole, pas un sourire ni un mot d’excuse. Elle n’était plus rien pour lui, il n’était plus rien pour elle. Chacun avait avancé, ne croisant plus la route de l’autre. Et pourtant, alors qu’il s’éloignait déjà d’elle, Saga fut pris de remords. Il regrettait son attitude, le co-pilote se mordit la lèvre inférieure. Devait-il revenir sur ses pas ? Allait-elle seulement lui accorder un regard après l’avoir ignorée comme il venait de le faire ? Le contrebandier inspira profondément puis se retourna, tant pis. Il fallait qu’il aille la voir. L’homme vint se poster pile devant la blonde et pencha la tête pour s’adresser à elle.
- Tu viens voir Icarus ? Je crois qu’il n’est pas là. Il a dû sortir faire une course.
Son regard inspecta la demoiselle. Elle avait changé, légèrement. Elle n’était plus tout à fait cette fille jeune et volontaire qu’il avait connu quelques années auparavant. Une certaine expérience l’animait désormais, une sorte de confiance que l’âge vous apporte. Saga, il la regardait et il ne voyait qu’une amitié désagrégée.
Il faut parfois affronter ses démons et savoir faire table rase du passé
Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas visiblement. Hier encore je galérais pour trouver un taf, quelque chose de palpitant, d'intéressant, et voilà que quelqu'un me contacte pour me dire que Icarus, avec qui j'ai déjà travaillé, pourrait bien avoir un boulot pour moi. Un petit rayon de soleil dans une journée qui semblait se profiler comme parfaitement banale et inintéressante. J'en ai un peu marre des petits boulots au hagard, des petites réparations de droïdes ou de bidouiller avec des pièces détachées. C'est bien de s'ennuyer de temps en temps à ce qu'on dit, mais là ça fait trop longtemps que je m'ennuis. L'appel de l'espace devient de plus en plus fort, je rêve d'une mission de plusieurs mois, d'un gros équipage, d'une nouvelle famille, d'un nouvel environnement. J'aimerais pouvoir avoir un petit bébé à bichonner (je parle du vaisseau), que l'on ai réellement besoin de moi et de mes talents.
J'en ai tellement marre que j'ai laissé sonner le réveil et que je me suis pas levée ce matin. Du coup j'ai vu le message pour le job d'Icarus un peu tard. Mais je pouvais pas là, j'en ai ras le bol alors plus je dors, moins j'aurais d'heures à passer éveillée à me tourner les pousses. Encore si j'avais un petit vaisseau à moi, je pourrais bosser dessus, l'améliorer tout ça. Je devrais peut-être envisager de faire ça, mais encore faudrait-il avoir le fric pour, et vu que j'ai pas de boulot, c'est pas gagné. Sur le trajet, mon excitation est à son comble. Je me vois déjà signer un contrat de longue durée pour une mission sur un de leurs vaisseaux. Bon je sais qu'ils font de la contrebande, mais je m'en fiche, j'en fait moi aussi à plus petite échelle, j'ai même déjà faillit y laisser ma peau. Mais à quoi bon avoir peur et se mettre des barrières, chez moi aussi je risque ma peau tous les jours, alors autant crever en faisant ce que j'aime.
Le seul petit détail qui pourrait noircir le tableau serait la possibilité de croiser quelqu'un que je ne veux pas voir. Parce que oui j'ai pas que des amis, y a aussi des gens que j'aime pas. Enfin, pour tout dire LUI je l'aimais bien avant, on peut même dire que je l'aimais tout court. Je pense que si notre amitié avait durée, j'aurais même pu tomber amoureuse. On était en phase, on était pareil, on rigolait bien, on aimait les mêmes choses. Et puis il a fait son gros bâtard et depuis je veux plus le voir. A chaque fois que je pense à lui, comme maintenant, ou que j'entends son nom dans une conversation, mon cœur se serre, mon visage se ferme et j'ai juste envie de me casser. J'ai toujours pas digéré ce qu'il a dit sur moi, sur ma condition, je lui en voudrais toute ma vie. Ce jour là c'est comme si il m'avait trahis, non vraiment, j'ai ressentis une déchirure dans mon cœur, comme si la personne qui comptait le plus au monde pour moi me balançait comme ça que j'étais nulle et que je servais à rien. Je fais tout pour ne pas le croiser, à chaque fois que je vais sur la station Watchover, je me débrouille pour ne pas le voir, ou si il est là je l'ignore totalement, je préfère ne pas le voir plutôt que de devoir avancer en sachant qu'il est là.
Je suis très têtue dans mon genre, j'ai un avis très arrêté sur les choses, alors il me faudrait vraiment un miracle pour changer d'avis sur lui, sur notre amitié perdue. Je ne sais pas si je suis capable de lui redonner une chance un jour... Peut-être que si il s'excuse, pour de vrai, le connaissant, alors peut-être que là je pourrais envisager de mettre ma rancœur de côté pour reconstruire quelque chose, mais je sens que cela ne sera jamais plus comme avant. Pourtant j'aimerais tellement ... Arrivée à la station Watchover je regarde vite fait si il n'est pas dans les parages. Comme je viens juste de penser à lui, c'est pa première chose qui me traverse l'esprit. Eh ben ça rate pas, je le vois au loin, lui il ne m'a pas encore vu mais comme on va devoir se croiser pour que je puisse atteindre le bureau d'Icarus, je pense qu'il va pas me rater. Oh et puis on s'en fiche, je trace ma route sans le regarder, après tout lui il ne me regarde surement pas, il m'as d'ailleurs certainement oublié depuis le temps.
Comme je l'évitais soigneusement, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il se plante comme ça en travers de mon chemin alors qu'il venait tout juste de me passer à côté sans le moindre signe de sympathie (oui je l'ai regardé, et alors !). Tient, il penche toujours la tête quand il est gêné, c'est mignon ... Non non et non, je ne dois pas me laisser attendrir, il a fait son con eh ben il assume maintenant, je vais pas tout lui pardonner juste parce qu'il penche la tête non mais oh ! Je suis Halley Cirrus, jeune, prodige de la mécanique, et je me laisse pas marcher sur les pieds ! Comment ça Icarus est pas là ?!? Mince, je l'aurais raté à me lever trop tard ? C'est tellement con ça ! Je me maudit intérieurement d'avoir repoussé ce réveil parce qu'après tout peut-être que si j'étais venue plus tôt j'aurais pas vu Saga et j'aurais évité cette situation inconfortable. " Hum, c'est ennuyeux. Tu ne saurais pas quand est-ce qu'il revient par hasard ? " Je crois qu'on peut pas faire plus froid et détaché que le ton que je viens d'employer. Mais je m'en fiche, je veux pas paraître niaise ou facile à embobiner. Je veux qu'il comprenne que je n'ai pas oublié et que je l'ai toujours en travers cette dispute.
Je m'attarde quelques seconde sur son physique, je ne saurais dire si c'est qu'il a perdu du poids ou si il a fait de la musculation mais il semble plus en forme, tant mieux pour lui. Il a toujours ce petit air supérieur dans le regard, cet air qui ne me gênait pas auparavant parce qu'il ne l'avait pas envers moi, mais qui es apparu au cours de cette conversation. Je crois que c'est cet air que j'ai le moins supporté. Le fait qu'il se croit meilleur que moi juste parce qu'il aspirait à autre chose qu'à être mécano. A part ça il est toujours aussi séduisant, il est même mieux avec cette petite barbe de trois jours. Il doit en avoir du succès auprès du sexe féminin ... Tant mieux pour lui, m'en fiche, moi aussi j'ai un sacré succès auprès des mecs d'abord !
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