Vous êtes vous déjà posez, là, dans un coin et observez le monde qui passe ? Une expérience anodine, mais pourtant tellement enrichissante. On se soucie tellement peu des personnes qui nous entourent, pourtant on a tellement à apprendre d'eux. Tellement, tellement, tellement... Pardon, suis-je peut-être en train de me répéter un peu trop ? Est-ce si dérangeant ? Si c'est le cas, dans ce cas, le monde lui-même est dérangeant, vile et sournois. Puisque le monde lui-même se plaît à répéter des sicles, des quotidiens, des événements qui se perdent dans une boucle éternelle et perverse. Cette femme qui chaque jour traîne son enfant avec elle à l'académie du coin, chaque jour lui hurlant les mêmes mots, et chaque fois avec les mêmes passants outrés d'un tel comportement en public. Par là, je désigne cette vieille dame qui vient observer la fontaine du coin comme si elle l'observait pour la première fois, à chaque fois. Que dire des commerçants ou des ouvriers, des personnages voués à faire chaque jour la même tâche... Est-ce là travailler pour gagner sa vie, ou plutôt travailler pour obtenir une journée de plus ? Le merveilleux de l'homme, c'est qu'on ne se plaint pas trop de notre souffrance tel qu'on ne le voit pas. Serions-nous heureux de constater notre servitude à la tâche, d'ailleurs ? Serions-nous heureux de constater que le travail est la meilleur forme d'autorité qui soit ? Plus on travaille, moins on a de temps pour penser, plus nous sommes donc soumis et alignés dans l'ordre instauré par la politique, la justice et que sais-je. Plus nous sommes bêtes, plus nous sommes dociles, n'est-ce pas ? J'observe les gens qui passent avant qu'arrive mon tour d'être emportée par la vie quotidienne, par le lourd fardeau de travailler pour survivre. Un véhicule vient me récupérer pour me conduire à mon lieu de travail...

Aujourd'hui, je m'attelle à une tâche qui demande de l'endurance et un fort mental : serveuse dans une des cantinas du secteur. Peu après, ce fut une longue matinée et une pause recommandée pour mon esprit bien trop agité. Je me pose de nouveau à un endroit où je peux contempler tous ces différents personnages qui passeraient dans mon champ de vision. Gourde à la main, un pain quelque peu sec dans l'autre, j'observe donc chaque individu, les jugeant, les critiquant... Non pas en bien, ni même en mal, représentant une simple description psychologique de l'individu en soi ; qui pourrait-il être, qu'elle serait ses passe-temps, quel est son vécu ? Et j'en passe... Je termine mon petit en-cas assez rapidement, le temps qui m'a été donné pour ma pause n'est pas très grande, elle ne l'est jamais pour des gens comme moi. Ceux qui mendient chaque jour pour vivre, c'est une chance que je trouve du boulot... Je ne suis pas pressée de rejoindre de nouveau la cantina, mais je le dois... Alors que je tente de passer la foule, un homme d'une très grand carrure me bouscule manquant de faire tomber au sol. Je lui hurle mon mécontentement, alors qu'il continue son chemin sans s'arrêter, comme s'il avait un Speeder à prendre. Peu après cela, je remarque à l'endroit où il m'avait bousculé, un bout de papier qui, j'en suis sûre, n'était pas présent avant son passage. Je la ramasse intriguée pour m'apercevoir que quelques mots y étaient notés dans un dialecte non-humain. Ce que je lis à travers ce bout de papier me bouleverse quelque peu. Je relève la tête à nouveau pour tenter de retrouver ce mystérieux personnage. Je décide mêmes, en suivant mon intuition de le retrouver, me rendant à un ancien spatioport... Plus tard, Bout de papier en main, je frappe dans un mur pour n'avoir pas pu le retrouver.

Je suis la seule idiote capable de perdre un homme faisant plus de deux mètres de haut. Évidemment, mécontente, je rebrousse chemin à la fois frustrée et choquée de ma découverte. Est-ce une véritable information, ou bien une simple blague ? Je ne peux pas prendre le risque d'ignorer ce que je viens d'apprendre... Alors que je suis perdue dans mes songes, je suis soudainement tirée par une personne dans un coin. Surprise au début, puis encore plus peu après avoir reconnu qui se tenait devant moi... « Si je me souviens de toi ? Évidemment ! » Lui dis-je en le prenant dans mes bras, je rajoute peu après. « Toi aussi tu es sain et sauf, je suis soulagée. » Je pensais jusqu'à maintenant, que seul les jedis qui avaient répondu à l'appel du Temple avaient survécu à l'attentat. Mais c'est faux, Elyas est la preuve qu'il y a peut-être encore beaucoup plus de Jedi qu'on ne le pense qui aurait survécu. Je desserre mon étreinte sans toutefois le lâcher, lui offrant un sourire... « Où étais-tu ? »

Mon cœur était hésitant à s'attacher, il l'est toujours encore à ce jour. Mon cœur a toujours été hésitant et cela, depuis que Luke et Ashleigh m'avaient trouvé sur cette planète ensoleillée, entièrement recouverte de sable à perte de vue, afin me faire part de leur philosophie, moi, une Sith qui a renié sa propre famille. Cela doit être difficile de concevoir que quelqu'un comme moi, est pu suivre des personnes comme Luke et Ash à ce moment-là. Une apprentie du côté obscur suivant des champions du côté lumineux, elle qui ne connaissait rien aux côtés lumineux qu'une simple rumeur faisant écho dans l'ombre. Oui. En effet, je me suis abandonnée à eux, non pas pour connaître la lumière, mais pour profiter égoïstement d'une forme d'hospitalité qu'il me proposait... Je luttais déjà à l'époque pour survivre à la rue, ce n'était pas dans ma mentalité de crachait sur l'occasion de me remplir le bide. Je ne croyais en rien et j'avais foi en rien... J'étais cette sith qui attendait et se laissait emporter dans le courant des choses, préférant subir les situations qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Puis, j'ai commencé à ressentir de l'intérêt pour le mode vie que me proposait Luke. J'ai commencé à éprouver de l'intérêt sa philosophie de la force, le fameux côté lumineux. Je ne savais pas encore si c'était la vérité ou bien une brume chimérique à laquelle il voulait s'attacher. Mère a toujours cru au côté obscur aussi fort que Luke croit au côté lumineux, alors lequel des deux auraient le plus raison... Seul leurs croyances les diffèrent et pour moi, à l'époque le côté lumineux ne valait pas mieux que le côté obscur. Les deux formes de croyance étaient à mes yeux bien trop prétentieuses d'affirmer être la juste voie à suivre. Cependant, avec le temps, j'ai fini par être dégoûtée davantage de cet enseignement que j'ai reçu de mère et appréciée celui reçu de Luke.

Voilà que je me faisais à une vie de lumière, bien que je cachais mon ancienne appartenance au côté obscur. Je me surprenais à me plaire à cette vie, vouloir qu'elle perdure sans jamais trouver de fin. Cependant, il y eut l'attentat... Cette impitoyable, mais ridicule attentat qui d'un revers de la main, balaya cette montagne de carte qui avait pris tant de temps à être mise en place. J'ai alors redécouvert la souffrance et le parfum putride du côté obscur. Alors, lorsque Elyas m'annonce que ses blessures sont plus psychologiques et émotionnelles, je ne peux que comprendre ce qu'il ressent. Je pause une main sur l'une de ses épaules, lui offrant un léger sourire compréhensible. Il m'explique à la suite sa situation, je ne savais pas qu'Ash avait croisé Elyas, elle n'en avait pas parlé au temple. Je suppose qu'elle le pensait disparue, sinon pourquoi ne l'aura-t-elle pas mentionné ? Je souris de nouveau quand elle me conseille de partir, car il ne m'attirerait rien de bien. Je lui donne une petite tape sur l'épaule et je rajoute : « Ne t'en fais pas pour moi, je suis une grande fille après tout. » Je le fixe dans les yeux me détache un peu de lui pour me tourner mon regard vers les individus qui peuplaient les lieux, les observant passer un à un. « Ne te punis pas pour ce qu'y s'est passé sur Yavin, Elyas. Tu n'aurais probablement rien changé, si ce n'est, probablement, que de fuir comme nous l'avons fait, ou mourir comme le reste de nos camarades. » Je baisse le regard vers le sol, serrant les poings. « Mourir au côté de Maître Skywalker ! » Dis-je comme si j'avais regretté d'avoir survécu et de ne pas avoir pu périr à ses côtés.

Je ne suis pas bouleversée même si c'est dur de ressasser ces événements, mon regard se perd sur les passants pour cesser d'y songer. Inutile de se faire du mal en se rappelant de tout ceci, seulement pour démontrer à quel point nous avons été inutile, ou lâche. Je serrai le poing avant de l'abattre sur le mur le plus proche de moi, restant à la suite appuyer dessus. Mon regard se perdant toujours en direction des passants, sans  toutefois les observer, fixant un point qui n'avait pas réellement d'objet.  « Tu aurais pu faire quoi de plus, Elyas ? » Demandais-je en me retournant vers lui, mon regard était sérieux et profond, cherchant comme à lire au plus profond de lui sans que cela soit pour autant le cas. « Qu'aurais-tu pu faire que maître Dewan ou Skywalker n'ont guère pu faire ? » Rajoutais-je, je rajoute un sourire ironique, pinçant ma lèvre inférieure à nouveau. « Ils ont attaqué par surprise et nous y étions pas préparés. » Je me demandais profondément si je devais lui dire qu'un Sith était probablement responsable de l'attentat. Non, seulement ne changerait probablement rien à sa culpabilité, peut-être même que cela empirerait son état. Mieux valait éviter pour le moment, ce n'était pas le moment d'en parler... Pour le moment, je devrais peut-être le convaincre de retrouver les autres, même si j'ai moi-même pris à nouveau la fuite. Je suis lamentable, mais je l'assume. Il m'annonce qu'il comprend ce que je ressens, je ne doute pas une seconde de ses paroles. J'étais aussi la mieux placer pour comprendre aussi ses sentiments et ses troubles. Plutôt, il avait voulu savoir ce pourquoi j'avais annoncé que « lui aussi » était sain et sauf. Je n'ai rien dit, surtout parce qu'il semblait un peu hésitant à en connaître la réponse, mais surtout pour que je puisse moi-même réfléchir aux mots à utiliser. Je me souviens alors ce qui pourrait lui faire véritablement peur, un souvenir, une intuition...

J'inspire, avant de reprendre la parole de nouveau. « Ecoute Elyas, c'est important que tu le saches, rester dans l'ignorance n'apporte généralement rien de bien. » Commençais-je, mes yeux le fixant les siens. « Il y a eu des survivants lors de l'attentat, beaucoup de nos amis ont réussi à échapper à la mort. Kilian, Jerick, Jay, Ash, maître Dewan, Seth aussi... » Je repose une main sur son épaule et je rajoute avec un sourire aux lèvres. « Reika aussi est vivante, Ely. ». Je fais exprès d'annoncer le nom de Reika en dernier, car je me souviens qu'ils avaient tous deux une assez bonne complicité, que c'était des amis très proches. Alors, oui, je place Reika en dernier pour la valoriser. « Nous sommes tous abattus pour ce qui s'est passé sur Yavin IV, mais nous avons aussi besoin de nous soutenir, surtout présentement. » Je me détache de nouveau de lui, reculant de quelques pas. « Je crois que ça fera du bien à Reika autant qu'à toi, de vous revoir et vous soutenir moralement. »

Le doute l'habite comme il a pu habiter mon esprit pendant un moment, comme il peut encore présentement s'approprier mon cœur. Même sans avoir à me répondre, je peux le sentir en lui, s'y noyant sans la moindre résistance. Ses sentiments sont palpables et pas besoin de faire preuve d'empathie pour le percevoir, le sentir. Je lève mon regard en direction du ciel, expirant sous un léger soupir. Mon regard s'attarde un moment sur le bleuté du ciel, sur les nuages s'y déplacent et les speeders le parcourant dans ces sillons célestes. Je laisse ainsi mon esprit rejoindre à son tour les tourbillons des vents, faisant disparaître toutes pensées négatives pour mon propre bien. Le doute est une chose qui vous ronge les entrailles et vous attire tristement vers une voie parfois sans retour. Je ne peux me permettre de douter, tout comme je ne peux me permettre d'espérer. Voilà un bien beau paradoxe ; tenter d'offrir de l'espoir à Elyas, sans pour autant croire à celui-ci. Est-ce là un geste altruiste, un acte désintéressé de ma part, de venir en aide à un camarade ? Ou est-ce simplement le moyen pour moi de tenter égoïstement de croire en mes propres mots, mais qui sont destinés à Elyas ? Non... Peut-être aucun des deux. Je crois que je ne souhaite pas forcément qu'il croit en l'espoir, car moi-même je ne comprends pas le fait d'y croire, d'y vouer sa vie... Toutefois, je préfère qu'il est l'espoir, plutôt qu'il sombre dans le doute. Je hais l'espoir, car elle apporte une douleur bien plus désastreuse que l'amour devenant haine. Je le hais car il peut d'après moi, vous faire sombrer vers une forme de folie. Mais je le préfère au doute, le doute peut aussi engendrer une folie, mais bien plus désastreuse telle que la paranoïa. Les deux voies mènent au côté obscur, le mieux serait d'éviter les deux... Seulement pour l'heure, Elyas était dans le doute et son cœur en souffre plus qu'il ne peut le croire.

Je ne sais guère s'il en a conscience et s'il prend la responsabilité de vivre avec ce poids sur le cœur. Mais, je veux agir, même si je me mens pour son propre bien. Si la foi peut lui redonner goût à affronter la vie, alors qu'il en soit ainsi. Mes yeux se posent de nouveau sur les passants qui défilaient devant moi et devant Elyas. Je ne pense plus, je ne cherche plus à faire face à mes doutes, portant de l'intérêt aux choses les plus insignifiantes afin de recentrer mes pensées sur quelques choses de moins douloureux que mes souvenirs de Yavin. Je me retourne enfin vers Elyas et le regarde un moment sans dire mot. Je baisse mon regard, laissant un soupir ironique s'échapper, tandis que je remette une mèche rebelle derrière mon oreille droite. « Tout dépends alors de ta volonté, si tu abandonnes, alors c'est un choix... Et je ne suis pas bien placée pour te dire que tu n'en as pas le droit. » Je replonge mes yeux dans les siens, m'avançant vers à la suite. Avec délicatesse et empli de compassion, je pose un baiser sur sa joue. « Mais qu'importe ta décision, je serai toujours là pour te soutenir Ely... Plus que jamais aujourd'hui. » Je me détache, tapote amicalement son épaule à la suite. « Je dois retourner au travail, si je veux recevoir mes crédits ce soir. N'oublie pas Ely, tu n'es plus seule ! » Terminais-avant de reprendre le chemin de la cantina, laissant Elyas à l'endroit où m'avait emmené. Je ne m'inquiétais pas de le perdre à nouveau, je sais que je pourrais le retrouver dans ce secteur désormais... Je ne m'inquiète pas pour lui, je sais que quoiqu'il arrive, il fera le bon choix.