C'était comme un appel, plus fort que moi. D'abord, sur Coruscant. J'ai senti un appel de la Force, et malgré mes nombreuses réticences à l'idée même de me rendre sur la planète de mon enfance, j'ai fini par me décider à demander à un résistant de me déposer en territoire contrôlé par la Nouvelle République. Drapée dans un long manteau, visage caché. On ne sait jamais qui est son ami ou son ennemi. Puis, j'ai, doucement, recherché un abri, en discrétion. Aucun visage ne m'est familier, et ça ne m'étonne pas, dans le fond. Voilà dix ans que j'ai quitté cette terre, et que je n'y suis pas retournée, cachée au sein de la Rébellion, ou tout simplement, en plein apprentissage aux côtés de Luke. Aujourd'hui, je n'ai plus rien de tout ça, il n'y a plus que moi... Livrée à moi-même. Etablie dans le district de Calocour, suffisamment éloignée du palais et des quartiers riches, au lendemain de ma visite du temple Jedi mes pas me guidèrent par automatisme vers les jardins de Trophill, que, fut un temps, j'avais l'habitude d'arpenter avec Elyas. Nous étions tellement jeunes, tellement innocents, et pourtant déjà si conscients de la dureté de la vie. La menace de l'Empire qui pesait sur nos vies, et sur nous deux. Avoir du quitter la planète sans le prévenir, à seize ans, avait été une véritable déchirure, et de longues semaines durant, j'ai demandé à genoux à mon beau père de le prévenir. Personne d'autre. Rien que lui.

Mais rien n'y fit, évidemment, et avec du recul, je comprend bien sur aujourd'hui qu'il ne s'agissait là que de pur protection. On ne pouvait faire confiance à personne, même si de mon côté, j'ai toujours voué une confiance aveugle à Elyas. Il était mon passé, mon enfance. Puis il a été mon présent, lors de mon entraînement de Jedi. Et j'aurais peut être voulu qu'il .. Qu'il quoi, Reika ? Qu'il soit ton avenir ? Tu l'as perdu. Et peut être que si les choses avaient été différentes... Intérieurement, je me faisais violence, gardant le silence alors que j'avançais dans les allées. Il hante mes pensées, ici, probablement parce que cet endroit est trop chargé de souvenirs. Certains émergeaient, plus clairs, comme ce bosquet contre lequel j'étais assise en tailleur le jour ou il s'est approché de moi, timidement, pour me prendre la main et entrelacer nos doigts. Mon cœur se contracta douloureusement à cette pensée, j'en avais presque la tête qui tournait. C'est presque comme s'il était encore là.. J'avais l'impression de sentir sa présence. Et si je devenais folle ? L'avoir perdu me fait perdre les pédales, c'est probablement ça. Inspirant profondément, je passais alors mon chemin.

Et pourtant, plutôt que de sortir et de m'éloigner de ce lieu trop douloureux  émotionnellement, je continuais d'arpenter les allées, comme si je cherchais quelque chose... Quelqu'un.  Un virage, un autre. Mes pas accélèrent, avec les battements de mon cœur. Je le perçois, je ne suis pas folle, je sens sa présence, elle n'est pas fictive. Un autre tournant, et je m'arrêtais fermant les yeux pour calmer mon rythme cardiaque qui s'emballe. Puis, je relevais les yeux, déterminée, pour marcher, encore, et d'un coup... M'arrêter. Je fixais un moment mes pieds, avant de relever la tête pour retirer la capuche qui couvrait mon visage. Haletante, déroutée. Parce qu'en face de moi, se trouve celui que je pensais avoir perdu. Je n'en ai pas le moindre doute.  « Elyas... »

« Elyas... » Alors, je n'avais pas perdu la raison, finalement...? Je sentais mes mains trembler, mon cœur battre à tout rompre, si bien que j'ai cru voir un court instant le décor vaciller. Si Elyas hantait mes pensées depuis mon arrivée sur Coruscant, j'étais intimement convaincue qu'il s'agissait simplement des souvenirs de notre enfance qui revenaient à la charge, dix ans après mon départ en trombes. Puis, je l'ai perçu. Mieux que n'importe quelle autre personne sur cette planète, mieux que je n'ai jamais perçu personne. Il était là, il fallait juste que je le trouve. J'ai avancé, avancé, comme possédée, guidée par une force invisible. Guidée par la Force, jusqu'à lui. Nos regards bruns, fatigués, se croisaient. Il semblait tellement éreinté, et surtout, ému. La même émotion que celle qui devait passer par mon visage, alors que mon regard se voilait derrière un rideau de larmes. Je me laissais porter par mes pas, me rapprochant de lui pour séparer cette infime distance qui nous éloignait. Une distance encore trop large. A la même vitesse, il s'approchait de moi, et enfin... Enfin, il m'enlaçait. Je ne grimaçais même pas lorsque ses bras s'approchèrent de trop près de la blessure que j'avais eue à l'épaule lors de l'attentat, blessure faite par le sabre à lame vibrante d'un trooper. Mon visage trouva le chemin du creux de son cou instinctivement, une habitude que je ne pensais jamais retrouver. Mes doigts fins et tremblants se logèrent derrière son dos pour le serrer de toutes mes forces. Il est là. « Tu es là... » Le nez toujours enfoui dans le creux de son cou, je hochais la tête en un bref hoquetement, incapable de contenir d'avantage mes larmes. « Je suis là... » Confirmais-je. Non, je ne suis pas le fruit de ton imagination, mais j'ai besoin d'être sûre que tu n'es pas le mien, que je ne suis pas assoupie, en plein rêve. Je reculais mon visage, portant fébrilement mes doigts jusqu'au sien pour en détailler les traits. Je fis un sourire, infime, essuyant rapidement d'un revers de ma main quelques larmes. « J'ai cru que.. » Que tu étais mort. Que tu avais rejoint la Force après les attaques du temple. Puis, doucement, je l'attirais avec moi jusqu'à une allée plus discrète, moins aux regards de tous. Mes mains tenaient les siennes comme si j'avais peur qu'en détournant le regard il ne s'échappe. « Tout ce temps.. Tu étais ici ? Quelle idiote, j'aurais du savoir... » J'aurais du venir te trouver. Puis, passée l'euphorie des retrouvailles, je pinçais les lèvres, l'examinant avec plus d'attention, cherchant la moindre marque, la moindre blessure. Et enfin, me vint la question la plus évidente, celle qui me brûlait les lèvres maintenant que je le savais en vie... « ... Comment ? » Comment est-ce qu'il s'en est sorti, ou était-il ? Est-ce qu'il a vu d'autres personnes ? Est-ce qu'il a vu Luke ...? Sans trop lui laisser le temps de répondre, je revenais doucement embrasser son corps dans une étreinte. Ça y est... Je n'étais plus seule, enfin.

J’ai passé les dernières semaines à penser qu’il n’y avait plus personne, en dehors d’Ashleigh, qui m’avait sauvée de peu pour me ramener au sein de la Résistance. Et d’un coup, tout s’enchaînait, d’une vivacité telle que j’avais l’impression de ne pas pouvoir tout encaisser d’un coup. Le temple Jedi, mes retrouvailles avec Jerick, avec mon père et tant d’autres, puis aujourd’hui, Elyas. J’ai perdu une part de moi-même pendant l’attentat, et là je venais d’en retrouver une partie, même infime. Rien ne pourrait me rapporter ce que j’ai perdu dans le temple. Mon maitre, des amis, des proches, et tant d’autres inconnus dont la vie était importante à mes yeux. Logée entre les bras d’Elyas, je ne bougeais plus pendant un court instant, profitant de chaque seconde, de chaque détail comme si je voulais l’imprimer à jamais dans ma mémoire. Son souffle balayait mes cheveux bruns, et je sentais les battements de son cœur, aussi affolé que le mien. Puis, enfin, j’éclaircis ma voix pour lui dire que j’étais bel et bien là.

Naturellement, mes doigts vinrent chercher les traits de son visage, marqués par la fatigue. Mais il restait le même, son regard attendri posé sur moi, puis sa voix, rassurante, alors qu’il voyait combien j’étais perturbée, déroutée. J’ai cru… J’ai cru.. Je suspendais ma phrase, trop douloureuse. « Je sais... Mais je suis là, Rei, je suis vraiment là... » J’avais besoin de calme, de quiétude pour mieux analyser les choses, me remettre de la situation. Mes mains étaient comme accrochées à celles d’Elyas, alors que je m’insultais presque de ne pas avoir su le trouver. « Tu ne pouvais pas savoir.. Personne n'aurait pu.. J'étais tellement persuadé que tu étais... » Il baissait le regard, et je levais doucement deux doigts jusqu’à ses lèvres pour interrompre sa phrase que je saurais trop douloureuse. « Nous ne pouvions pas savoir… Personne ne le pouvait. » Comment prévoir une telle catastrophe, et comment imaginer que quiconque ait pu y survivre ? Doucement je libérais ses lèvres, portant ma main jusqu’à sa joue que je caressais du bout du pouce. Je recherchais le contact, toujours. Le principal, c’était qu’il ait été en sécurité. Et aujourd’hui, je l’ai retrouvé. Puis, vint la question, évidente, qui me brûlait les lèvres : Je ne l’ai pas vu dans le temple, alors ou était-il ? Et comment s’en était-il sorti ? Son regard s’assombrit, rongé par le remord, et pourtant, je penchais la tête pour capter son regard. « J'étais ici, au moment de l'attentat... Je faisais des cauchemars, à propos de ma famille, alors je suis venu m'assurer qu'ils allaient bien... Quand j'ai voulu revenir... L'attaque.. Le temple... C'est Ashleigh qui m'a intercepté et qui m'a annoncé l'attentat.. Reika, je suis tellement désolé, j'aurais dû revenir te chercher... J'aurais dû être là.. Je suis tellement désolé... » Ashleigh ? Je ne l’avais pas revue depuis l’attentat, depuis qu’elle avait pansé mes blessures. Si je lui avais demandé, j’aurais su… Je tenais fermement sa main toujours dans la mienne, et essuyais les larmes qui roulaient frénétiquement sur ses joues tout en secouant la tête. « Non, ne t’excuses pas je t’en prie. Je préfère te savoir en sécurité, et revenir là-bas aurait été de la pure folie. » C’était un enfer là-bas, et je ne voulais plus jamais voir les murs du temple. Savoir Elyas le plus loin possible de Yavin m’apaisait, parce que je savais qu’il n’avait pas été attaqué. « Je ne sais pas combien d'entre nous ont survécu... Alura est vivante, je ne sais pas les autres... Comment tu as fais pour survivre ? Je croyais que tout le monde était mort.. Je... » Je revenais me loger dans ses bras, l’interrompant dans ses multiples questions. « Nous sommes plus nombreux à savoir survécu que je le pensais. J’ai trouvé quelques Jedi au temple de Coruscant il y a deux jours… Quant à moi.. J’étais au temple. Beaucoup sont morts.. Luke est mort. C’est grâce à lui si j’ai survécu. » Je détachais doucement ma cape, laissant apparaître sur mon épaule dénudée, la trace pas totalement cicatrisée de ma blessure. « Il y avait des stormtroopers.. L’un d’entre eux, avec un sabre à lame vibrante, m’a attaquée. J’étais avec un enfant, et… » A mon tour, les larmes revinrent brûler mes yeux, alors que je regardais le « souvenir » laissé par le trooper en haut de mon bras. « Je n’ai pas été assez forte.. Il est mort. J’ai été blessée, et j’ai pris la fuite de justesse. » Ma voix tremblait. Je me souvenais de mon errance, jusqu’à ce que… « Ashleigh m’a trouvée plus tard, et sans elle, peut-être que j’aurais succombé à mes blessures. »

Je sentais dans le regard d’Elyas toute la culpabilité et le doute qui le rongeaient. Il s’en voulait de ne pas avoir su être là lors de l’attentat, et pire encore, il s’en voulait de ne pas être revenu auprès du temple de Yavin. Mais pourquoi le faire ? Il n’y aurait trouvé que le chaos, la destruction, la mort... Ses larmes affluaient sur ses joues à mesure que je les essuyais d’un revers doux du pouce. Au final, il se chargea lui-même de s’en débarrasser d’un revers de la manche. Je reconnaissais là Elyas, celui qui veut paraître fort devant moi, même durant ses instants de faiblesse. « Non... Non, j'ai eu tort Reika... Je vous aient abandonné à votre sort.. Ce n'est pas ce que font les Jedi... » Je secouais directement la tête pour contredire ses paroles. Je comprenais où il voulait en venir, il se trouvait lâche, mais quelle lâcheté y a-t-il à ne pas revenir là où il y a eu une vraie hécatombe ? « Tu ne nous a pas abandonné. Ashleigh a du te dire la situation : C’était une boucherie, ni plus ni moins. » Mes mots m’arrachèrent presque la gorge, parce qu’avec mes mots venaient les souvenirs, de tous ces corps sans vie que j’ai dû enjamber lors de ma fuite. Puis, amère, j’ajoutais : « Je voulais rester au temple, et aider Luke. Lui-même m’a forcée à partir sans me retourner. » Puis, enfin, je parlais de ma fuite du temple, détachant la cape derrière laquelle je me dissimulais depuis mon arrivée sur Coruscant. Presque automatiquement, la main d’Elyas se porta jusqu’à la trace encore fraiche, et pas entièrement cicatrisée, de ma blessure. Je frémis, sans pour autant l’arrêter. Dans les quartiers de la Résistance, sur D’Qar, je n’avais laissé que peu de personnes panser ma blessure. Mais lui… C’est différent. Néanmoins, je coupais mon souffle, sans même qu’il me touche, le reprenant presque aussitôt. « Je sais pour Luke... Même si je n'étais là, j'ai ressenti... Un trouble dans la Force, comme une déchirure.. Luke était le premier Jedi que j'ai rencontré, tu sais ? Alors j'ai toujours eu plus de facilité à suivre sa présence... Je l'ai senti s'éteindre... » J’ai doucement hoché la tête, le cœur serré. « Je sais… J’étais dans le même cas que toi. Dans ma dérive et ma fuite, je l’ai senti. Je voulais mourir à ce moment-là. » Et je disais ces mots en toute sincérité. Je m’en voulais d’avoir survécu, et pas lui. Puis, l’un comme l’autre, nous marquions un bref temps de pause, en marque de respect pour notre défunt maitre et ami. Notre repère durant les cinq dernières années. L’attention d’Elyas revint vers ma blessure : « Par la Force, Reika, que t'est-il arrivé ?.. Qui t'a fait ? Raconte-moi, s'il-te-plaît.. Je.. J'ai besoin de savoir.. » Je hochais doucement la tête, comprenant son besoin de connaître les circonstances de ma blessure. Dans son cas, j’aurais réagi de l’exacte même façon. Mais c’est encore tellement dur… Les images défilaient au fil de mon récit. Ma voix se mit à nouveau à trembler, et mon regard se voila. Rapidement, le brun m’attirait à nouveau contre lui, et je me réfugiais dans la chaleur de ses bras. Il est ma maison. Serrée contre lui, je lui racontais tout, la voix de plus en plus enrouée dans mes sanglots. Mon combat, le jeune Keni que j’avais perdu.. Je n’arrivais plus à parler. Mes larmes roulaient sur mes joues, pour s’échouer sur le tissu du haut d’Elyas. « Ce n'est pas ta faute, Reika, tu as fais tout ce que tu pouvais... Ce qui c'est passé ce jour-là, ça n'aurait jamais dû arrivé, un tel massacre... Reika, ce n'est pas de ta faute, on ne peut pas sauver tout le monde, hélas... » Je hochais doucement la tête. Je sais bien qu’on ne peut pas sauver tout le monde, mais je n’ai pu sauver personne… Absolument personne. Avec difficulté, je reprenais mon récit. Ashleigh m’avait retrouvée, en piteux état, et m’avait ramenée jusque D’Qar, me sauvant ainsi la vie. Dès lors, j’étais restée enfermée là-bas le temps de ma convalescence. « Reika, tout espoir n'est pas perdu... Tu m'as dis tout à l'heure que tu avais retrouvé d'autres Jedi, ça veut dire qu'il y a encore de l'espoir, on peut encore changer le cours des événements, on peut encore accomplir notre devoir envers la galaxie.. » Je baissais les yeux reculant doucement mon visage pour le regarder. Je sais que Luke en a été capable. Il était seul lors de la guerre, le seul Jedi capable de nous sauver, et il l’avait fait. « Je n’ai pas la force de Luke… Je n’étais pas prête… » Quand bien même j’étais heureuse de retrouver d’autres Jedis, je doutais encore de ma capacité à devenir Chevalier. Luke en était convaincu, et me sentait prête. Je vivais rongée par le remord d’avoir maintenu que je ne l’étais pas. Si je l’avais été, j’aurais été en mesure de l’aider sur Yavin. Mais les mains d’Elyas vinrent encadrer mon visage en douceur, me tirant littéralement de mes pensées sombres. « Je suis heureux de te retrouver, Reika.. » Nos regards se soutenaient l’un l’autre avec une intensité telle que je ne l’avais jamais connue, même entre nous deux. Je posais doucement mon front contre le sien, avant de répondre, faiblement, à son sourire. « Je suis si heureuse également… » Une de mes mains effleura ses cheveux bruns, pour venir s’échouer dans le creux de sa nuque. Mon cœur continuait de tambouriner contre ma poitrine, et toutes les émotions que mon ami d’enfance a pu m’inspirer étaient revenues, décuplées, intensifiées. « J’étais perdue sans toi Elyas.. Je… » Je suspendais ma phrase, mutine, incapable de laisser les mots passer à travers mes lèvres. Peut-être que le fait qu’il ait été sans moi lui a sauvé la vie, finalement. Peut-être qu’il faut que les choses restent ainsi. Je me mordais l’intérieur de la joue, gardant le silence. « Je ne veux plus jamais te perdre. Mais Coruscant est loin d’être un endroit sûr pour nous… »

La vérité était dure à admettre pour moi, mais je me devais d’être honnête avec Elyas : A la mort de Luke, je voulais aussi perdre la vie. Dans ma dérive, alors que la blessure à mon épaule me lançait douloureusement, je voulais succomber à cette dernière, je voulais être un vestige de plus d’un nouvel ordre Jedi à nouveau déchu. J’étais cruellement seule, et abandonnée. Evidemment, mon aveu bouleversa Elyas, qui me tenait entre ses bras. « Reika... Je comprends ce que tu ressens, tu ne peux pas mourir... On a encore besoin de toi, j'ai... J'ai encore besoin de toi.. Je ne veux pas te perdre, tu comprends ? » Je hochais doucement la tête. Bien sûr que je le comprends, puisque je suis dans l’exact même cas. Je ne saurais supporter de le perdre, mais au moment de ma fuite, j’avais perdu tout espoir. « Je sais… Mais je me croyais seule au monde, je pensais vivre un nouvel ordre 66, je croyais t’avoir perdu… Et ça n’était qu’un argument de plus pour ne plus faire partie de ce monde. » Mes doigts caressaient sa nuque, tendrement. Mais je ne veux plus tout cela, évidemment. J’ai envie de vivre plus que jamais. J’ai retrouvé ceux que j’avais perdus. Bien sur, pas tous, mais les plus importants à mes yeux avaient survécu. Puis, blottie contre lui, je lui expliquais les détails de l’attaque, et Elyas vit dans ma survie, dans notre survie avec les autres, une lueur d’espoir. Les autres ont la Force, mais et moi ? Je n’ai pas été assez forte pour défendre mon maitre, pour défendre un seul enfant, alors comment le serais-je pour faire revenir le Nouvel Ordre ? Je secouais la tête en l’écoutant, lui assurant que je n’avais pas la Force de Luke. Je n'étais pas prête. « C'est vrai, tu n'était pas prête, Reika, mais tu le sera, je crois en toi... Et si je le peux, si j'en ai le talent, je me tiendrai prêt, moi aussi. Tu as un potentiel énorme, je peux le sentir, il faut croire en toi et tu n'as plus à faire cavalière seule, Reika, laisse-moi t'aider, laisse-moi rester auprès de toi, on peut devenir meilleurs, ensemble. » Comment pourrais-je le laisser partir loin de moi, de toutes façons ? Sa détermination me surprenait, sa foi en moi également. Je sais qu’il a toujours cru en mon potentiel, mais à ce point ? Je mordais ma lèvre inférieure, soutenant son regard avec un mélange d’appréhension et de peur. « Tu crois en moi plus que moi-même… » Murmurais-je, lui adressant un faible sourire, à peine perceptible. Ses mains rêches encadrant mon visage, je le fixais, le cœur battant. Si seulement il savait les pensées qui me traversent l’esprit, les pensées que nous avions déjà eu étant enfant, mais aujourd’hui décuplées, intensifiées, si fortes qu’elles résonnaient dans mon esprit comme un écho infini. Mon être tout entier me hurlait de lui dire quelques mots simples, ses lèvres m’appelaient en silence, sans qu’il ai besoin de dire la moindre chose. Mais les mots bloquent. Au lieu de dire le fond de ma pensée, je finis par répéter une vérité simple, limpide : Je ne veux plus le perdre. Plus jamais, plus à nouveau. Je fermais doucement les yeux en sentant le bout de ses doigts effleurer la peau fraîche de ma joue. Nous n’étions pas en sécurité sur une planète comme Coruscant, et je voulais qu’il rejoigne D’Qar avec moi, qu’il laisse l’abri de fortune qu’il a pu se trouver. Mon front contre le sien, je l’écoutais avec attention, buvant ses mots : « Tu as raison, Coruscant n'est pas sûre, mais j'ai le sentiment qu'elle va être le théâtre d'événements qui vont modifier le cour des choses, je ne peux pas partir... Mais je ne peux pas te retenir.. Si tu veux, retourne D'Qar, je viendrai t'y retrouver, je te le promet... » Une légère lueur de panique alluma mon regard à une vitesse telle que je ne sus la retenir. « Non ! » Aussi simple et clair que de l’eau de roche. « Je ne veux plus aller nulle part sans toi. Je ne veux plus courir ce risque. » A ces quelques mots, je m’empourprais, détournant le regard. « Puis j’ai aussi des affaires à régler sur Coruscant. » Retrouver mon père, et lui dire qui il est. Lui demander de l’aide. L’intimer de laisser la contrebande pour retourner à sa place parmi les Jedi. Le regard toujours baissé, me mordant l’intérieur de la joue, je balbutiais avec incertitude : « J’ai trouvé un abri à quelques pas d’ici. Je peux y rester quelques jours. » Je resterais le temps qu’il faudra pour pouvoir repartir à tes côtés, Elyas. Enfin, je me décidais à affronter à nouveau son regard aussi sombre que tendre à mon égard. Si seulement il avait idée du nombre d’émotions qu’il était capable de m’inspirer … Personne d’autre que lui n’avait cette force à mon égard. Il est ma force, comme ma faiblesse. Et pour l’instant… Ma peur de le perdre va au-delà de tout le reste. « Tout à l'heure, ce que tu disais... Je veux y croire. Je veux qu'on devienne meilleurs ensemble. » Mon coeur allait finir par s'arracher hors de ma poitrine. Ensemble.. Oui.. Dans le fond, peu m'importe la situation entre nous deux, tant que je l'ai auprès de moi, je le suivrais au bout du monde.

J’ai toujours eu ce soucis, ce doute avec moi-même, et ce depuis le départ de ma formation sur Yavin, il y a cinq ans de cela. Et à côté, il y avait Elyas.. En proie aux doutes concernant lui-même, mais nourrissant une foi féroce en mon potentiel. Comment pouvait-il avoir aussi confiance en moi ? D’une certaine manière, il m’insufflait, à chaque fois, la force qui me manquait. Avec douceur, je lui soufflais avec un sourire qu’il avait plus confiance en moi que je ne saurais le faire seule. « C'est vrai, je crois en toi et il est temps que tu commences à croire en toi, toi aussi, Reika. Je sais que ce ne sera pas facile avec tout ce que tu as traversé dernièrement mais ce doute, ça te bride... Luke voulait que tu deviennes un Chevalier Jedi, ce n'est pas pour rien, c'est parce qu'il t'en croyait capable, Reika et je crois en son jugement. » Je tressaillis alors qu’il évoquait notre ancien maître. Combien j’aimerais qu’il soit présent pour nous guider, nous donner la marche à suivre sans lui, nous rassurer et nous dire que nous nous relèverions plus forts … Elyas me serra plus fort contre lui, et je logeais à nouveau mon visage dans le creux de son épaule, sans relâcher ma propre étreinte. Sa main effleura ma chevelure brune, et doucement, je reprenais mon souffle, apaisée, bien qu’inquiète. « Je sais que tu as peur, que la perspective d'avoir autant de responsabilités peu être effrayantes, mais tu ne sera pas seule, je te le promet... » Je relevais la tête, captant son regard en hochant doucement la tête de haut en bas. Si Luke m’a toujours donné confiance en mon potentiel de Jedi, Elyas, lui, me donnait du courage, me guidait vers la lumière quand je voulais rester dans l’ombre et l’anonymat. Le temple de Coruscant m’avait déjà, doucement, guidée vers la voie pour redevenir le padawan que j’étais, mais lui ? Il me confortait dans mon idée, me rappelait la voie qui était la mienne depuis toujours : Celle de défendre les autres, grâce à la Force. Mais plus encore, il éveillait ma seule faiblesse, mes sentiments. Si j’ai toujours été d’une nature à même d’apprécier chaque vie innocente dans cette galaxie et les autres, la jugeant comme précieuse, celle d’Elyas prenait une place bien particulière à mes yeux, le plaçant au-delà de n’importe qui. Tout chez lui éveillait mes sens, sa main contre ma peau, son souffle près de mon visage, sa voix alors qu’il me réconfortait. Est-ce que c’est le fait d’avoir cru le perdre qui rend les choses encore plus difficiles ? Sur Yavin, je m’efforçais de ne pas penser à mes sentiments, à ma tendresse et mon attention à son égard pendant nos entraînements. Aujourd’hui, je n’y parvenais pas une seconde. Lorsqu’il évoqua seulement la possibilité que je retourne sur D’Qar pour qu’il me rejoigne, je refusais fermement, alors que la Résistance pourrait avoir besoin de moi. Alors, je proposais de rester. De toutes façons, je voulais parler à mon père, le convaincre de laisser la contrebande pour rejoindre la Rébellion, ou au moins, embrasser sa condition de Jedi. Je resterais le temps qu’il faudra, le temps qu’il soit prêt, et surtout, le temps qu’Elyas en aura besoin, c’est un risque que je suis prête à prendre. « Je ne veux pas te quitter, même si l'on se retrouve demain... Je veux rester avec toi Reika... Je.. » Il s’interrompit, et je le fixais, dans l’attente de la suite de sa phrase, le cœur battant. Une part de moi désespérait d’entendre ce qu’il peinait à me dire, tandis que l’autre redoutait ses mots. Au lieu de quoi, il fermait les yeux. « Qu’est-ce que tu.. » Mais violemment, je m’interrompis, comprenant son silence. Tout devenait clair, limpide à mes yeux… Bouleversant, aussi. Sa conscience, son esprit, ses émotions, il partageait tout avec moi, et le flot fut tel que j’en vacillais un instant, prise de court. Progressivement, ce flot devint plus net, se focalisant sur ses émotions, sur ses sentiments envers moi. Est-ce qu’il sentait les pulsations de mon cœur qui redoublaient d’intensité à mesure qu’il se mettait à nu devant moi ? Personne n’avait utilisé cette empathie de la Force en ma compagnie, et je n’avais eu à la pratiquer qu’avec mon maitre. « Elyas.. » Ma voix était tellement basse que seul lui devait l’entendre. J’en oubliais les jardins, les gens, tout. « Maintenant, tu sais Reika, tu sais ce que je ressens pour toi, même si je ne parviens pas à le dire... Je posais mes deux mains à plat contre son torse, le souffle court. « S'il te plait.. Arrête. » Le flot cessa brutalement, et je le fixais, le souffle court, l'expression énigmatique. Mes mains s'étaient doucement crispées contre le tissu de ses vêtements, et doucement, j'ai attrapé sa main pour la placer contre mon coeur, puis j'ai fermé les yeux. La seule fois ou j'ai étendu mes pensées, mes émotions, utilisé l'empathie de la Force avec une personne, c'était avec Luke. Mais si Elyas était capable d'être aussi vulnérable devant moi, je l'étais aussi. Doucement, je me concentrais, partageant ma vie entière avec lui. D'abord, les éléments furent flous, rapides, je pensais à ma famille, mes parents, Kilian, l'attentat.. Et puis, lui. Les sourires qu'il m'arrachait étant enfants, puis, les premières fois ou je l'ai regardé autrement, sur Yavin. La déchirure que je vivais, la peur de le perdre si jamais je m'autorisais à l'aimer. Mes multiples envies de gouter à ses lèvres, de le rejoindre pour dormir entrre ses bras quand j'avais peur, seule, après un cauchemar. Puis, mes regrets après l'attentat, la douleur de ne plus le revoir. « Tu sais combien c'est dangereux pour nous.. » Soufflais-je, une larme roulant sur ma joue, continuant le flot d'émotions qu'il m'a fait vivre. Je me focalisais sur l'instant présent, je sentais presque mon coeur battre jusqu'à mes oreilles, mais je partageais tout... Absolument tout. « Je ne veux pas risquer ta perte. Les Jedis de l'ancien Ordre s'empêchaient d'éprouver des sentiments pour une bonne raison.. » Ca me fait mal, et peur de penser comme ça. Puis, dans un murmure, je soufflais: « Mais je t'aime.. Et c'est plus fort que moi. »

Jusque maintenant, j’ai toujours été effrayée par mes sentiments envers Elyas, et le danger qu’ils peuvent représenter. Mais savoir leur réciprocité me faisait autant plaisir que peur. J’étais heureuse, même si j’avais du mal à l’admettre, de savoir qu’il me voyait comme je le voyais, de constater que rien ne nous sépare… Sauf peut-être, le danger. Alors, je me mettais à mon tour entièrement à nue devant lui, étendant la Force en moi jusqu’à lui, comme si nous ne faisions qu’un. Mes pensées étaient siennes, mon être tout entier, il le tenait dans la paume de sa main, et d’une légère prise, il pouvait me briser. Pourtant… J’étais sereine, je savais que je pouvais lui faire confiance. Son esprit effleurait le mien avec légèreté, je pouvais presque le voir. Puis, après avoir montré les plus beaux aspects de mes sentiments à son égard, j’en montrais le pire. Combien j’étais tiraillée par ce que ces sentiments étaient en mesure de nous faire, à lui comme moi. Si seulement les choses étaient plus simples.. Si je ne prenais pas mon engagement tant à cœur, je plaquerais tout, j’abandonnerais ma condition de Jedi pour être auprès de lui. Lorsque je sentis qu’il ne lisait plus en moi, je revenais à moi-même, le cœur serré lorsque je le vis détourner le regard. Je lui ai fait du mal, et je le sens, ça me brise, me torture. Et enfin, j’ai fini par le dire à voix haute : Je l’aime, et c’est plus fort que moi. Plus fort que ma peur, plus fort que tout le reste. J’ai eu beau tenter de m’éloigner de mes sentiments, de prendre une distance vis-à-vis de ceux-ci, dans l’espoir qu’ils ne deviennent que factices, mais rien n’y fait. Avec douceur, Elyas se sépara de moi, et un frisson me parcourut l’échine, comme si tout à coup, je venais d’être séparée d’une part de moi-même. Encore secouée par cet échange que nous venions d’avoir, je mis un certain temps à relever les yeux pour le regarder, alors qu’il prenait mes mains entre les siennes. « Je sais que c'est effrayant Reika, mais on ne peut plus se le cacher... Je t'aime, moi aussi, au-delà de ce que j'avais osé m'avouer jusqu'ici. Te perdre et te retrouver me l'a fait réaliser. Mais... Mais oui, ces sentiments, malgré le mal que ça me fait, peuvent nous faire sombrer... Tout autant qu'ils peuvent nous renforcer, nous aider à affronter les épreuves et à voir la lumière dans les ténèbres. Voici ce que je crois Reika : je crois que nos sentiments, si on parvient à se faire confiance l'un l'autre, que si l'on arrive à les contrôler, à les orienter vers quelque chose de bien, que l'on parvient à un certain niveau de cohésion entre notre devoir et nos sentiments, ils nous renforceront. Tu vois, aujourd'hui grâce à toi, j'ai vu la lumière à nouveau alors que j'étais entrain de sombrer, si l'on garde cet état d'esprit, cette volonté de faire ce qui est juste, ce qui doit être fait, nous pouvons y arriver. Mais je comprends ta frayeur et je l'accepte. Je ne te forcerai pas à me suivre sur une voie qui va à l'encontre de tes convictions... » Je ne le laissais pas parler plus longtemps. Je ne voulais plus entendre ces mots, je ne voulais plus lire la peine sur son visage. J’en ai assez, ça suffit. Doucement, je tire sur les mains d’Elyas pour le rapprocher de moi, et ma main repart se loger derrière sa nuque. A défaut de pouvoir avancer son visage jusqu’au mien, je me rehaussais sur la pointe des pieds pour que ses lèvres rencontrent les miennes avec une douceur totalement contraire à la brutalité de mes gestes. Intérieurement, je me faisais violence. Tout me criait de ne pas céder, tandis que je m’abandonnais à ses bras, que je l’embrassais, à bout de souffle, le cœur battant la chamade. La tête m’en tournait. Mon souffle balayait celui d’Elyas, mon regard s’accrochait au sien alors que je rouvrais les yeux après avoir, lentement, détaché mes lèvres des siennes. Je caressais doucement son nez avec le mien, avant de murmurer, en me détachant à nouveau de lui pour revenir dans la position qu’il avait lui-même instaurée plus tôt : « Ma seule vraie conviction, c’est toi, Elyas.. » Les larmes m’en revenaient, si bien que je baissais les yeux, mais je ne m’arrêtais pas de parler pour autant : « Je suis morte de peur, j’ai peur de ce que nous pourrions devenir, si l’on devait se perdre l’un l’autre. D’un autre côté, je pense à l’attentat, au fait que ni toi ni moi n’avons basculé du côté obscur, mais est-ce parce que nous n’avons jamais cédé à nos sentiments ? Et si justement, comme tu l’as dit, ces sentiments nous rendent plus forts ? » Mes mains resserraient les siennes doucement, et je relevais les yeux pour contempler son visage. Il est bouleversé, tendre, diablement beau et attirant. Jamais je ne pourrais changer cette façon que j’ai de le voir, je le sais. « Tu es ma lumière. J’étais perdue, en proie au doute, et il suffit que tu me dises de croire en moi pour que je me sente capable d’affronter la galaxie toute entière. Alors si tu crois qu’ensemble, on peut… On peut parvenir à trouver notre équilibre, ne me laisses pas… Je t’en supplie. » Pas maintenant que je me suis abandonnée à toi.

Je ne pouvais plus tenir, je rendais les armes pour la première fois après cinq longues années de lutte contre moi-même. J’ai passé la totalité de mon entraînement de Jedi sur Yavin à fuir mes sentiments naissants puis grandissants envers Elyas. Comment voulez-vous oublier votre premier, et votre seul amour ? Quand l’alchimie devient une évidence ? Si j’étais en pleine dualité entre mon devoir de Jedi et ma condition de femme dotée de sentiments comme n’importe quelle autre humaine il y a quelques mois encore, aujourd’hui, je ne voulais plus lutter, plus une seconde de plus. J’ai déjà trop perdu avec les attentats, j’ai cru ne plus jamais le revoir, ne plus jamais avoir l’occasion de le serrer dans mes bras, et surtout, ne pas pouvoir lui dire combien je l’aime et l’ai toujours aimé, ces sentiments grandissant à mesure que les années passaient. Je ne voulais plus lire cette expression peinée sur le visage d’Elyas, alors, sans réfléchir, je l’ai attrapé tout contre moi, plaquant mes lèvres contre les siennes de façon douce, passionnée, freinée. Ses bras encerclèrent ma taille, et pour la première fois depuis des mois, je me sentais chez moi, à ma place. Le sentir répondre à mon baiser était la plus belle de mes victoires, et je sentais dans chacun de ses gestes tout l’amour qu’il me portait. Lorsque je me décidais à le relâcher, il me fixait, pantelant, le corps encore tremblant sous le coup de l’émotion. Ma voix tremblait alors que je tentais de trouver des mots à mettre sur mes pensées chaotiques. Sa main se porta, doucement, à mon visage pour essuyer les larmes qui perlaient contre mes joues. Un bref instant, à ce contact, je fermais les yeux, le cœur battant. Je partageais mes doutes, et surtout, je lui demandais, non, je le suppliais de ne pas me laisser. Sans lui, je ne suis pas entière, je ne suis plus moi-même, juste l’ombre d’un jedi déchu, errant de planète en planète. « Ne pense pas un seul instant que je veuille te perdre à nouveau, Reika, je ne te laisserai pas, je ne te laisserai plus jamais, je veux affronter l'avenir à tes côtés... Je pense.. Je pense que nos retrouvailles ne sont pas le fruit du hasard, Reika, c'est la Force qui nous a réunis et pour une bonne raison... » Mon cœur s’emballait, prêt à s’arracher de ma poitrine. Doucement, Elyas me rapprocha de lui à nouveau, me soulevant avec une telle aisance que j’avais l’impression de voler. Je me collais doucement contre lui, mes bras autour de ses épaules pour m’accrocher de tout mon être à son corps, l’épouser, et surtout, accueillir ses lèvres contre les miennes. Un baiser léger, chaste, presque aérien, mais tellement lourd de sentiments. Une de mes mains se logea dans ses cheveux, et je reculais juste le temps de murmurer un nouveau « Je t’aime… » Avec plus d’aisance que tout à l’heure. Oui, j’en suis sûre, je l’aime et il n’y a personne d’autre que je veuille à mes côtés. Je l’embrassais une nouvelle fois, toujours perchée dans ses bras. Peut-être a-t-il raison, dans le fond, dans le temple de Coruscant, nous avons parlé de former un nouvel Ordre, différent de l’ancien. Et si la Force nous avait poussés à nous rejoindre l’un l’autre, nous soufflait de faire confiance à nos sentiments ? Et si cette fois, nous devions faire les choses différemment, et nous autoriser à nous aimer, pour n’en sortir que plus forts ? Je reculais mes lèvres, posant mon front contre celui d’Elyas avec douceur. Je le dévisageais avec tendresse. « Viens avec moi… Laisse l’endroit ou tu te cachais, et reste avec moi le temps qu’il te faudra pour que tu aies fini ce que tu as à faire sur Coruscant. Je ne veux plus être séparée de toi. » Mon être tout entier tremblait contre lui. Une part de moi était terrifiée, mais l’autre, plus légère, me soufflait doucement que c’est la bonne chose à faire, et que je n’ai pas à avoir peur. Que nous n’en sortirons, lui et moi, que plus forts.

Je n’ai pas la moindre certitude, en dehors de celle de mes sentiments. Est-ce que je vais réussir à me relever après l’attentat, embrasser mes capacités, devenir un chevalier Jedi ? Est-ce que Luke, mon maitre, notre maitre, a eu raison d’estimer que j’étais prête ? Je n’en sais rien. Est-ce que c’est une bonne idée, de se jeter ainsi dans les bras l’un de l’autre alors que tant de fois les Jedis ont prohibé les sentiments ? Je n’ai pas non plus de certitude absolue. Mais j’en ai assez de fuir ma seule source de bonheur pour des principes qui ne sont pas exacts. Alors si quelqu’un doit tenter le tout pour le tout… Ce sera nous. Le mal était fait, et il me faisait le plus grand bien. Tant de fois l’Ordre a échoué avec des principes vieux comme le monde, peut-être était-ce temps d’en changer. Logée entre les bras d’Elyas, j’oubliais absolument tout, je n’étais plus sur Coruscant, bien proche de l’ennemi, non, j’étais juste à ma place, pour la première fois depuis bien trop longtemps. « Je t'aime, moi aussi Reika et je t'ai toujours aimé.. » Ces simples mots m’arrachaient un sourire sincère, heureux, mon front collé contre le sien. Un frisson me parcouru l’échine, alors que je l’étreignais tendrement, lui demandant de me suivre, de ne plus repartir seul, peu importe où il se cachait depuis l’attentat. Je voulais qu’il arrête de se cacher, qu’il reste avec moi, jusqu’à ce que nous puissions quitter la planète pour partir plus loin d’ici, peu m’importait ou, même si je savais que la résistance aurait besoin de moi, de nous, pour lutter contre l’Empire. En me sentant trembler, Elyas resserra ses bras autour de ma taille, pour me serrer contre lui. « Je ne veux plus être séparé de toi, moi non plus... Je t'accompagnerai, je ne te laisserai pas seul, je resterai avec toi jusqu'à ce que nous soyons prêt à quitter Coruscant, ensemble. » Mon regard perdu dans le sien, je hochais simplement la tête, buvant ses paroles. On ne se laissera plus, enfin. « Ca me va. Peu importe le temps que ça prendra, je ne quitte pas cette planète sans toi. » Après un dernier baiser, je redescendais du creux de ses bras pour retourner sur mes pieds, le laissant rabattre ma capuche pour couvrir mon visage. Je levais le nez pour le regarder avec un sourire, le laissant sagement attraper ma main et entrelacer doucement nos doigts. « Viens, rentrons chez nous... » Je hochais alors la tête , et après un dernier regard vers lui, je portais doucement sa main à mes lèvres pour en effleurer le dos et y déposer un léger baiser. « Suis moi… » Murmurais-je finalement, tirant doucement sur sa main pour l’entraîner avec moi vers la sortie de la petite allée ou nous avions trouvé refuge, dissimulée des autres pour guider Elyas jusqu’à l’abri que je m’étais trouvée ici, sur Coruscant. Sauf que je n’y retournais pas seule, j’y retournais avec mon âme sœur. A qui j’avais encore bien des choses à raconter, dont particulièrement mes retrouvailles avec les autres Jedis sur le temple de Coruscant, et ce que j’y ai appris. Des choses que je lui dirais une fois éloignés des oreilles indiscrètes, dans notre petite bulle de bonheur... Que j’espère, de longue durée.

FIN DU RP.