La paix est un mensonge, il n’y a que la passion.... Il était là, seul avec lui-même, les yeux clos, il méditait, la colère grondait, comme un monstre, elle le dévorait toujours plus, les quelques lumières qui pouvait sauver son âme s’étiolaient, des flammes enveloppées dans les ténèbres, elles souffraient, certaines, se brisaient, lentement, mais sûrement, Darral se focalisait sur l’une, puis l’autre, effaçant sa faiblesse. Mais parfois, la lumière devenait insupportable, réminiscence de son passé, elle cherchait à grandir, mais il arrivait à la calmer, devenant un simple écho. Cela lui semblait durer des éons, ce combat perpétuel et pourtant, ce n’était que le temps d’une méditation.
Vint alors une perturbation dans son univers d’une quiétude haineuse, quelqu’un avait pénétré ses quartiers alors qu’il n’attendait personne, le visage toujours aussi fermé, il ne broncha pas en sentant ce trouble venir vibrer non loin de lui, ce trouble, elle. Elle était son apprentie, sa nouvelle, mettant à bas les enseignements de Bane. Loraca avait été utile à ses plans et encore aujourd’hui, elle était utile dans le Conclave Noir. Lucrèce, une lumière brilla dans ses ténèbres, un passé qui fut d’une fulgurance à lui faire tordre le visage et à contenir un élan d’amertume. Elle était à la fois son avenir et son passé, ce lien qu’il ne pouvait rompre malgré l’envie de le faire, il serait libéré de tout, des chaînes, mais pourtant, quelque chose l’empêchait de la faire, cette lumière qui brillait. Il sentit sa présence arriver et puis, elle fut là, il pouvait clairement sentir sa présence en face de lui, deviner l’éclat de sa beauté et de son amusement.

Quelques mots, se fut tout, des mots qui résonnèrent dans sa tête et alors la colère s’empara de lui faisant vibrer les murs de la salle de méditation, une salle bien vide, seul au centre de cette pièce un tapis élimé datant du passé glorieux des lieux. Lui-même était vêtu sobrement, le torse nu, il ne portait qu’une sorte de hakama noir et pour finir, les simples vestiges de son passé, des cicatrices de la traque qu’il avait subi, des combats qu’il avait mené. Elle lui avait échappé, c’était dit avec une telle désinvolture, elle le provoquait, encore une fois. Le souci était que sa mission était importante, cette jedi… Elle l’avait vu, une négligence de sa part, mais qu’il fallait réparer et sans ça, ils étaient sous la menace d’une enquête approfondie… Enfin il y avait toujours une autre solution, mais en attendant, Darral se sentit profondément énervé devant cet échec. Qu’allait donc faire cette jeune femme maintenant ? Tout raconter à la Nouvelle République ? Le risque était maintenant plus grand encore, car elle devait se sentir traquée. Ses ténèbres engloutir sa raison, pourquoi son plan ne pouvait-il pas avoir une meilleure réalisation ! Il avait été trop gourmand dans l'attentat de Yavin IV et voilà qu’il devait le payer à cause de l’incompétence de Lucrèce… Mais le pire dans cette histoire, c’était qu’elle n’était pas profondément désolée, il sentait toute l’arrogance de ce félin qu’était son apprentie. Peut-être qu’il allait devoir contacter Zonara pour avoir plus de succès. D’ailleurs, l’esprit de Darral s’amusa de ce qu’il allait pouvoir montrer à la sith en face de lui, tel un serpent qui murmurait à son oreille, il trouva quelque chose qui allait l’amuser et le défouler.

Un léger sourire vint perturber son visage, un sourire qui n’était pas celui que l’on pouvait espérer. “Un échec donc… Je ne pensais pas qu’une jeune gamine puisse t’échapper, peut être que je me suis trompé sur toi…” Les yeux toujours fermés, les murs arrêtèrent de vibrer de sa mauvaise humeur et un calme oppressant arriva à emplir la pièce. “Peut-être que Zonara sera meilleure dans cette traque.” Il savait que cela allait la faire réagir, mais il n’en avait pas fini avec elle. Il ouvrit les yeux, ses iris auréolés d’un orange propre aux utilisateurs du Côté Obscur. Il se leva alors, ses muscles craquèrent après autant d’inactivité et il s’approcha alors de Lucrèce, posant ses doigts sur sa joue qu’il caressa un bref instant, son regard totalement rivé sur le sien avant qu’il ne se détourne pour aller récupérer un holocron qu’il avait gardé à côté de lui durant la méditation. “J’avais confiance... “ Et alors la Force arriva, elle trembla devant la mauvaise humeur du sith qui se laissa aller promptement à user de ses pouvoirs, toujours dos à son apprentie, sa Force vint essayer d’écraser la gorge de son apprentie, oh, il savait qu’elle résisterait, c’était une sorte d’apprentissage en même temps qu’une punition. Allait-elle continuer à le braver ? Elle en était fortement capable mais il sortait d’une méditation et son esprit était alerte.

Difficile de dire jusqu’à quel point Lucrèce et Darral jouaient avec le voile de l’attraction et de la répulsion. Alors même qu’il déployait sa Force autour du cou de la jeune femme, le Firrerreo sentait la passion pour elle monter et puis il arrêta, déçu de voir qu’elle n’avait pas réellement eu la capacité d’éviter son attaque et son regard n’était que dédain. Oh bien sûr, il jouait, il voulait la pousser, la sentir se faire, submerger par ses émotions. Mais alors qu’il feintait de façon arrogante ce sentiment de profonde déception envers son apprentie, il entendit un mot, un mot qui fit sourire le Seigneur Noir des Sith. Une vague de Force frappa l’homme des ombres, reculant sur plusieurs pas et sentant son corps vibrer face à cette vague. Elle était puissante dans la Force, il ne pouvait le nier et cette attaque, il ne pouvait le nier montrait à quel point elle pouvait devenir une redoutable combattante, mais c’était mal connaître Darral que de croire qu’il n’allait pas riposter et elle même devait bien le savoir.
Se redressant après l’impact, il regarda d’un oeil intéresse Lucrèce. “Mensonge ? Vraiment ? Mais qu’est-ce que le mensonge Lucrèce ? La paix est un mensonge oui.” Il aimait débattre avec elle, car il savait bien qu’elle n’était jamais d’accord, simplement par défis avait il l’impression, mais qu’importe, c’était distrayant et il avait besoin de ça en ce moment alors oui, il allait jouer. “Tu crois vraiment que je suis aveugle ? Je sens toute cette jalousie… Laisse là te guider et tu pourras devenir encore plus forte… Comme à l’instant.” Il rit doucement, un rire sans charme, froid. “Tu sais… Zonara est aussi liée à la Force… Elle pourrait devenir une sith…” Il mentait, la chasseuse de primes était bien trop indépendante, mais il voulait la pousser encore plus loin.

Il soupira légèrement et secoua la tête, avant de s’approcher avec confiance, comme si rien ne, c’était passé, après tout, ils étaient souvent dans ce genre de relation pour le moins brutale, pouvant éclater à tous moment avec une force terrible avant de retomber comme si de rien était. Le sith, le regard rivé sur celui de Lucrèce, s’essuya la commissure de ses lèvres, sentant une perle de sang. Il vint encore plus près, à un simple souffle, une simple caresse, il reposa sa main sur son visage encore rouge de son étranglement. Ses doigts caressèrent les courbes gracieuses, comme s’il cherchait à garder ce toucher ancré dans sa mémoire. “Mais pourtant, je te garde quand même avec moi… Car tu peux devenir si puissante… Avec moi, rien que nous…” Il eut un léger sourire avant de faire lentement glisser sa main contre ce corps, y allant lentement comme pour bien lui faire comprendre le lien si étrange qu’ils pouvaient avoir. Il pouvait sentir son souffle gonfler sa poitrine, sa Force se diffuser, il sentait le trouble en elle et il s’en délectait, comme un félin jouant avec sa proie, il était presque contre elle et son regard ne semblait pas vouloir faillir.
Qu’éprouvait-il pour elle ? Lui-même ne le savait pas vraiment en fait, une partie de lui la détestait pour ce qu’elle était, son passé, celui qui ne pouvait s’éclipser que par sa mort. Mais sa mort le condamnerait, il le savait et quand bien même il aimerait le faire, il n’y arrivait pas, toujours cette voix, sa propre voix qui résonnait dans sa tête. Elle était le voile qui le drapait encore dans ce monde. La main s’arrêta alors à un endroit charnel, ressentant toute cette courbe sensuelle, le sith s’amusait et s’en délectait en même temps et puis, il continua sa douce progression, descendant avec une lenteur odieuse. “Notre lien est plus que celui d’un maître et son apprentie… Il est plus puissant.” La main s’arrêta sur le ventre de la jeune femme et le visage du Firrerreo s’approcha de celui de Lucrèce avant qu’il ne murmure ses paroles dans le creux de son oreille.

“Cependant, tu ne dois jamais oublier une chose Lucrèce… Une simple petite chose.” La Force grandit et la main sur Lucrèce crépita alors que des arcs électriques en émergèrent. “Je reste plus puissant que toi en tout.” Il relâcha alors de ses doigts les éclairs de Force sur Lucrèce. Oh, ils n’étaient pas puissants, loin de là, suffisamment pour qu’elle ressente cependant la morsure de l’attaque et qu’elle puisse méditer sur ses actes de bravade.
Bien évidemment, il la testait encore une fois, aura-t-elle la sagesse de s’y soustraire ? Ou alors allait-elle en subir les affres sous le regard imperturbable de Darth Darral ?

Une légère odeur de brûlé emplit la salle de méditation, les arcs cessèrent cependant rapidement, il n’était pas là pour la tuer, bien qu’un accès de rage pût certainement le pousser à lui faire plus mal. Mais elle n’était pas si faible, bien qu’elle fût incapable de se soustraire aux éclairs du Seigneur Noire des Sith, sa rage, son envie de lui tenir tête réussi tout de même à la faire résister suffisamment pour qu’elle puisse planter ses ongles dans la nuque lui offrant alors une douleur qui vrilla ses sens. Mais alors qu’il retira sa main de ce ventre meurtrit, l’apprentie avec un sourire féroce l’embrassa, ses lèvres s’écrasant sur les siennes alors que dans sa tête résonnait encore l’écho de ses paroles. Plus puissante, ainsi était le credo de Bane, un jour ou l’autre, l’élève dépassait le maître, c’était ainsi, une danse macabre entre deux êtres. Alors tout en Darral explosa, ses sens devinrent d’une violence contrôlée, d’un geste, sa main se plaqua sur la gorge qu’il avait plus tôt écrasé avec sa Force et il la plaqua violemment contre le mur, lui-même un rictus sur les lèvres, la violence était une chose normal entre des sith, entre un élève et son maître, cela aiguisait les sens, rendait plus accessible le Côté Obscur, mais entre Lucrèce et Darral, il y avait encore autre chose, ce lien qui les unissaient depuis des lustres, il pouvait bien essayer de le cacher, il savait qu’elle n’était pas idiote. Peut-être qu’au final, il était plus faible qu’il n’y paraissait avec elle.


Les émotions étaient nécessaires pour le sith bien qu’ils flirtaient bien trop souvent avec le pire, mais il avait toujours en tête cette phrase de Yuthura Ban, les sith étaient des découvreurs, non pas des bergers. Naguère, il avait fait en sorte de mettre au silence ses émotions et il avait fallu la souffrance pour qu’il comprenne que garder à l'intérieur de soi ce qu’il ressentait était bien plus dangereux. Après tout, rester neutre, ne pas laisser ses émotions le guider ne pouvait que ronger un homme, le dévorer jusqu’à ce qu’il s'entre-dévore. Mais un œil extérieur pouvait juger qu’un sith faisait de même à laisser ses émotions exploser et il n’avait pas forcément tort. C’était bien le souci entre sith et jedi, la différence n’était pas parfois aussi énorme que l’on pouvait l’imaginer.
Il n’y a pas de paix, il n’y a que la passion, cela décrivait si bien Lucrèce et Darral au final, ils vivaient de cette passion bien que parfois, le Seigneur Noir des Sith doutait d’elle, quelque chose semblait entrer en dissonance dans son attitude, il y avait une chose qui lui échappait ou plutôt qu’il ne désirait pas voir, mais pourquoi ? Cette question était pour l’instant de toute façon bien trop loin des préoccupations du Firrerreo qui se délectait pour l’instant du corps de Lucrèce, mais pour combien de temps encore ? Allait-elle le repousser et se rire de lui ? Allaient-ils encore se provoquer et continuer ce duel jusqu’à ce que l’un d’eux termine à genoux ?

Parfois, quelque chose arrivait, par l’envie, le désir, la joie ou la peine, une chose que l’on ne pouvait contrôler, qui vous prenais aux tripes, incontrôlables, si fortes que même votre raison ne pouvait raisonner convenablement. Avec Lucrèce, c’est ce qui arrivait, sûrement bien trop souvent, sûrement plus que n’oserait avouer Darral. Dans ce contact physique, il y avait la passion née de la violence de leur échange, c’était un fait. Mais ce que son apprentie ne savait pas, c’était qu’au plus profond de son être, l’une des petites flammes qui se perdait au milieu de son océan de noirceur la représentait, cette lumière qu’il désirait ardemment, mais il ne pouvait l’atteindre, en tout cas pas par un sentiment serein, non, il devait éprouver cette haine, ce désir de violence qui se transformait en une bestialité. Mais oui, au fond de lui, il y avait ce désir qu’il ne pouvait taire que par cet artifice, il ne savait pas si elle le savait, après tout, il était un sith et un sith laissait la Force l’envahir, exploser, se sublimer.



Dans la salle de méditation, deux êtres s’abandonnaient à une étreinte, sans vraiment imaginer ce qui se produirait, mais ce n’était pas le genre de chose que Darral prenait en ligne de compte lorsqu’il était dévoré par cette envie. Il ne voulait qu’une chose, elle, la galaxie et son utopie pouvaient bien attendre pour une seule étreinte avec Lucrèce.
Peut-être qu'au final, elle sera réellement son plus grand danger pour ses rêves, peut être qu’elle le conduirait à sa chute. Oui, peut être bien qu'au final, quoi qu’il arrive, un élève dépasse toujours son maître et en termine avec sa vie, que ce soit par la mort de son corps ou de ses idéaux.

Excuse-moi pour ça, excuse moi pour le mal que je te fais… Cela aurait été tellement simple de lui dire, de trouver la force de puiser au plus profond de son âme, de son être pour retrouver la lumière, mais à quoi bon lutter contre les ténèbres qu’il avait vu de ses yeux ? Il avait vu la noirceur chez les gens, cette noirceur qui rongeait même le plus valeureux, tout le monde l’avait et ce n’était que folie que de la laisser ronger sa chaîne. Lui l’avait libéré, il l’avait laissé se libérer. Aujourd’hui, il voulait que Lucrèce se libère, mais il y avait toujours cette résistance. Elle ne voulait pas, il le savait, mais les raisons lui échappaient. Toujours est-il qu’il la gardait aussi proche qu’il le pouvait jusqu’à la déraison pour un sith.



La passion, voilà ce qu’ils étaient, deux corps noués par un lien qu’ils ne pouvaient pas rompre. Désolé pour cette vie, rompre lui était impossible et il savait qu’il l’entraînait petit à petit plus loin dans le Côté Obscure de la Force alors… Oui, peut être que c’était au final cette lumière qui combattait, qui ne désirait qu’une chose, que Lucrèce soit plus forte pour rompre tout lien et que pour une fois, Darral trouve la paix qu’il avait essayé d’oblitérer. Cette âme torturée ne pouvait faire cette chose seule…

C’était un étrange duo, maître et apprentie et en même temps bien plus, car la seule passion du Côté Obscur ne pouvait déchaîner autant de haine et de plaisir en même temps. Darth Darral n’était que contradiction avec Lucrèce. Il se maudissait presque d’être ainsi avec elle, elle était une tempête qui soufflait dans son crâne, balayant sa raison, déchaînant sa colère et soufflant en même temps les nuages de cette haine pour laisser parfois légèrement apparaître les rayons d’un soleil qui ne semblait plus vouloir caresser son visage. Son corps contre le sien, il s’y perdit une nouvelle fois alors qu’un râle s’échappa d’entre ses lèvres.



Une étreinte, un soupir, le sith était contre elle, nus, ils étaient enlacés dans cette danse sensuelle. Dans les couloirs, ils pouvaient bien murmurer dans le dos de Darral, de cette entreprise hasardeuse qu’il entretenait avec son apprentie, mais il s’en fichait, car après tout, n’était-il pas un sith lui aussi ? Si certains venaient à dire sur ses agissements, ils en assumeront les conséquences et en attendant, son esprit, son corps étaient dirigés vers une seule personne… Lucrèce…. Un prénom qu’il murmura encore une fois dans un nouveau mouvement rageur.

Un plaisir qui ne pouvait s’offrir une trêve, un plaisir qui devait aller au bout, il ne pouvait y avoir de suspens, de pause, la flamme devait être consumée et puis s’éteindre aussi vite qu’elle ne, c’était allumé. Des respirations saccadées, une lutte qui ne semblait pas vouloir finir, deux corps en fusion, enlacés dans une harmonie chaotique.


Il exulta, s’allongeant contre elle, reprenant un souffle qui semblait l’avoir déserté après l’ultime assaut. Son corps se lova contre celui de Lucrèce mais pas un seul mot ne s’échappa de sa bouche, occupée à embrasser son cou, goûtant sa sueur. Il se redressa alors, sa main caressant le corps nu, remontant lentement et puis, elle se referma sur son cou, de façon presque douce. Il se pencha alors pour l’embrasser du bout des lèvres, agrippant entre ses dents une partie de cette dernière pour la mordiller. Et puis, dans un murmure. “Enchaînés l’un à l’autre dans un cycle sans fin d’une haine qui n’a pas de sens.” Elle pouvait sembler être sortie de nulle part, qu’elle n’avait aucun sens mais lui savait. Il resta contre elle sans bouger.

Il la regarda et durant ce petit moment, il semblait être un autre homme et c’était presque le cas. Il se souvenait de cette époque où il n’était qu’un jeune jedi… De Lucrèce, des autres. Ce passé qui venait le hanter dès qu’il sentait sa présence. Elle était sa force et sa faiblesse, il le savait mais il ne pouvait se déposséder de cette apprentie. Au final, cette flamme au plus profond de son âme résistait.