Elle sourit de soulagement quand il lui dit ce mot : jamais. Une vague de soulagement apparue. Cette journée se finissait de la meilleure des façons possible, et demain, elle le savait serait différent. Les jours n’allaient plus se ressembler maintenant, il était à ses côtés et c’était le plus important. « Ah oui ? L’idée de te voir jaloux est plutôt tentante ». En réalité, les autres hommes elle ne les regardait pas, Kat’ voyait leur regard, mais aucun ne l’intéressait pour la simple et bonne raison qu’ils n’étaient pas lui. Sa dernière relation remontait à très longtemps, avant son arrivée à D’Qar, avant encore la capture de Ray.
Kathleen ouvrit les yeux doucement, ne sentant pas les bras du résistant autour d’elle elle passa son bras derrière elle mais trouva seulement les couvertures. Elle se redressa sur ses avant-bras. « Ray ? » Elle eut pour seule réponse le silence. Certainement qu’il n’arrivait plus à dormir, comme toutes les autres nuits. Mais elle eut un pincement au cœur, les choses ne s’arrangeraient pas en une nuit, les problèmes psychologiques du pilote elle les avait acceptés depuis longtemps, en même temps elle ne l’avait connu que comme cela : instable mais par tout autant stupide, un peu lourd parfois surement, enfin surtout avec les autres résistants.
Ses affaires n’étaient plus là, mais elle savait qu’il reviendra la voir, après la nuit qu’il avait passé. Elle resta quelques minutes, allongée dans son lit, pensant à la veille, à son…le mot sonnait étrange dans sa tête. Maintenant elle en était certaine il formait un couple, elle sourit à son plafond face au bonheur que cela lui inspirait, à la plénitude qu’elle ressentait. La nuit qu’ils avaient passés avait été des plus délicieuse, non ils n’avaient pas recouchés ensemble, ils avaient juste discutés de tout et de rien à la fois, d’eux, de leur vie, de la Résistance, du dernier modèle de vaisseau, de la beauté de telle ou telle planète…comme ils avaient l’habitude de la faire. A la différence près que cette fois-ci ils étaient plus proches, Kat’ bien installée dans les bras de Ray, ses bras autour d’elle, caressant sa peau. Ils s’étaient endormis ainsi finalement.
Se levant enfin, elle pris une douche. Froide cette fois-ci pour se réveiller. Elle surveillait la porte d’entrée, y jetant un regard toutes les 5 secondes, mais toujours pas de Ray. Elle rejeta l’idée que peut-être il s’était passé quelque chose, elle ne savait même pas vers quelle heure il était parti.
Le temps passait, les minutes lui paraissant être des heures. Etrange…il lui aurait au moins envoyé un message sur son comlinks pour la prévenir s’il devait partir en mission d’urgence. Elle soupira de frustration… N’y tenant plus elle décida de se rendre dans sa chambre. Son cœur battait de plus en plus fort à mesure qu’elle approchait, à la fin elle courrait presque. Prenant une profonde inspiration elle frappa à la porte. Pas de réponse. Frappant plus fort une deuxième fois. « Ray ! Ouvre c’est moi ». Toujours pas de réponse. Depuis longtemps elle avait ses clés, elle ne devrait peut-être pas entrer, peut-être n'était-il même pas dans sa chambre mais son instinct, son sixième sens lui disait autre chose. « Je vais entrer » lanca-t-elle.

« J’espère… »Commença-t-elle mais la fin de sa phrase resta en suspens dans l’air. Elle se figea en voyant la scène qui s’offrait à elle. Une tornade semblait être passée dans la chambre…qui ne ressemblait même plus à une chambre. Tout était défait, les objets renversés, son armoire vidée, la fenêtre brisée, des morceaux de verre jonchant le sol. Kat’ ne réalisa pas de suite que Ray était recroquevillé dans un coin. Son regard passa du pilote à la chambre plusieurs fois. Elle n’avait pas besoin qu’on lui explique ce qu’il venait de se passer. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait après une crise. Ses mains se mirent à trembler, elle inspira un grand coup, essayant de lutter contre toutes les sensations qui l’envahissait et parmi elle la culpabilité et la colère contre elle-même.  
En évitant les affaires au sol, elle s’approcha doucement, évitant les objets au sol, mais resta à une certaine distance, ni trop près ni trop loin pour lui laisser le temps d’enregistrer sa présence, elle ne savait pas si il l’avait entendue. Si elle tendait les bras, elle pouvait le toucher mais elle se retient, pas temps qu’elle ne savait pas si la crise était passée. Kat’ voulait plus que tout l’avoir dans ses bras, le protéger, le rassurer, lui dire que tout était fini et que les choses allaient s’arranger.
Son bras saignait, des morceaux de verre tout autour de lui, les cheveux ébouriffés, celle-là avait dû être très violente. Sa gorge se serra en le voyant dans cet état…se sentant responsable de ce qu’il lui arrivait mais l’ironie de leur relation c’est qu’elle avait ce don de le calmer également…étrangement.
Elle repensa alors à tout ce qu’ils s’étaient dit hier soir, tout ce que cela avait du faire resurgie en lui. Encore une fois, elle était à l’origine de ses problèmes.
« Ray ». Elle prononça son nom doucement. Ne s’approchant pas, lui laissant le temps de se rendre compte de sa présence, qu’il reprenne ses esprits…

Son esprit, ses pensées, ses sens tout n'était plus que concentrer sur lui, sur son visage, sur la fatigue et la douleur qu'elle pouvait lire sur ses traits. Et cela...jamais elle n'aurait pensé ressentir autant la douleur de quelqu'un. Sa douleur était la sienne. Et bizarrement, même dans cette situation, ils étaient liés. C'était la particularité de leur relation, de ce qui les unissait dans le bonheur comme la douleur.
Mais il y avait quelque chose de plus profond ancré dans son visage, elle ne savait pas très bien comment le définir. De la tristesse? De la peur?

Elle essaya d'attraper son regard. C'était par ça que tout avait commencer. Un simple regard. Ce regard quand elle l'avait vue la première fois attaché à une table. Elle avait à cette époque repoussait ce sentiment que c'était la torture de trop, aussi elle y avait mit tout ses savoirs à l'oeuvre. Et des choses Kathleen Hope en avait appris. Son mentor était un être froid, qui n'éprouvait rien face à la torture, à la mort, il n'éprouvait pas plus de chose face au bonheur. Il n'éprouvait rien tout simplement. Ray, avait fait preuve de courage et d'assurance, il l'avait complimenté, toujours, prêtant attention aux moindres détails qui pouvait changer chez elle, mais dans un sens c'est comme si il avait compris que ce n'était plus ce qu'elle voulait. Avait-elle souhaité tuer des personnes à un moment donné? Elle essayait de s'en persuader mais deux personnes, deux consciences se battaient à l'intérieur d'elle-même. La peur...ce sentiment qu'elle n'avait pas l'habitude d'éprouver...jamais en vérité dans un combat. Ce sentiment elle l'avait ressenti face à lui. Elle avait eut peur de ce qu'elle voyait en lui, de ce qu'elle était entrain de lui faire, mais surtout peur d'avoir peur. Alors, dans les premiers mois de sa torture, elle avait laissé sa partie non-humaine prendre le dessus, mais son regard la trahissais.

Elle réalisa alors que depuis des années il occupait toutes ces pensées, pendant qu'elle le torturait, quant ils s'étaient échappés, quand les rebelles l'avaient interrogé, quand elle avait été en prison. Voir qu'il ne lui en voulait pas la rendait heureuse certes, mais lui fessait prendre conscience qu'elle ne le méritait pas. Car malgré son état il restait un homme bon, fort avec de l'espoir. Peut-être pas en lui-même, mais en elle, en la Résistance. Il était un échec, son premier mais également sa réussite. Elle n'avait pas réussi à le transformer en agent double, mais elle avait réussi à la sauver.
De cette épreuve, ils n'en discutaient pas beaucoup, voulant la laisser au passé. Pourtant, elle ne comprenait pas certaine chose, comment il avait tenu bon pendant tout ce temps sourire aux lèvres.

Kathleen l'écouta parler et ce qu'il lui dit ne fit qu'accentuer ce sentiment de culpabilité, de rage envers elle-même. Cette rage qu'elle avait acquis dans les rangs de l'Académie, qu'elle essayait de combattre maintenant. Mais, malgré tout ses efforts, on ne peut changer en un clin d'oeil, on ne peut claquer simplement des mains et devenir une autre personne. Pensait-il qu'elle allait le laisser comme ça, dans cet état? Partir après tout ce qu'il s'était dit hier. Personne n'a dit que cela serait facile, leur relation était tellement différentes, unique, que personne ne pouvait les conseiller mais ils s'en sortiraient, comme ils l'avaient toujours si bien fait jusqu'à présent.

"Regarde-moi." Sa voix était douce, mais il resta recroquevillé contre ses jambes, les larmes coulant le long de ses joues. Elle s'approcha alors de lui, attrapant son visage avec une certaine fermeté, l'obligeant à la regarder. "Ray. Regarde-moi." sa voix était plus ferme maintenant. "Tu ne gâches rien du tout. Tu n'as jamais rien gâché." Elle inspira profondément, passant ses mains sur ses joues, essuyant les larmes qui coulaient. "Ce qu'il y a entre toi et moi, ce lien qui nous unis tout les deux il sera toujours lui. Après tout ce qu'on a vécu tout les deux tu n'as pas à être désolé. Parce que je serais toujours là, dans les moments de paix, comme dans la douleur et la tristesse. Parce que je t'aime toi comme tu est, peut importe ton état physique ou mentale, peut importe tes crises, peut importe qu'un jour tu te retrouves avec un bras en moins." Elle fit une pause avant de passer derrière lui, l'entourant de ses bras. "Et parce ce qu'aucun mot de la galaxie est assez fort pour te dire combien je tient à toi". Enfin elle s'arrêta. Jamais elle ne s'était autant confiée, mais elle se sentait bien, sereine de lui avoir dit cela, de savoir qu'il savait tout d'elle et de ce qu'elle ressentait. Kat' le serra plus fort contre elle, elle était là pour lui maintenant et elle le serra toujours.

Le soulagement, voilà ce qu'elle ressentait quand elle le vit étendre ses jambes devant lui, passant ses mais autour de ses bras. Kath le sentit se détendre contre elle. Son coeur revint à un rythme plus normal, doucement. Les dernières minutes avaient été des plus terrifiantes, celle-là, de crise avait particulièrement être violente au vue de l'état actuel de la chambre, elle n'en avait vu qu'un léger morceau. Ce qui était déjà suffisant pour que la peur, la tristesse et la douleur lui ronge le coeur. Depuis sa première crise, à leur retour de l'empire, elle avait ressenti sa douleur, c'était la sienne aussi elle en était la cause et Kathleen donnerait tout pour ne serais-ce que prendre un peu de douleur du pilote. Kathleen commença de doux mouvement circulaire sur les poignets de Ray, délicats, survolant sa peau dans un geste qui se voulait rassurant. Les crises le laissaient dans un état de fatigue, d'épuisement et de douleur


"Te sauver? N'est-ce pas plutôt l'inverse Ray? Tu m'as ouvert les yeux, tu m'as donné une nouvelle vie, tu m'as rendu...humaine. C'est toi qui m'as sauvé de cet enfer" Car oui c'était cela la pure et simple vérité, sans lui, elle serait surement encore à torturer des prisonniers, il avait fait bien plus que sauvé son âme, il avait également sauvé de nombreux autres hommes. Pour les personnes qu'elle avait tuées avant...il était trop tard, elle ne pouvait plus revenir en arrière, et s'en voudra pour le restant de sa vie. Mais avec lui, elle pouvait faire les choses différemment. L'humanité, l'espoir toutes ces choses qu'elle avait perdu...elle les avaient retrouvées grâce à lui. Du moins, elle essayait de le faire chaque jour et aujourd'hui elle avait de l'espoir. L'espoir qu'un jour le monde sera en paix, l'ombre sera vaincu, l'espoir qu'ils pourront vivre tous les deux sans avoir à regarder l'autre partir pour une mission périlleuse.
Quand elle y repensait, elle l'avait peut-être sauvé physiquement mais lui avait fait bien plus.

Parler de ce qu'il s'était passé, de ce qu'elle avait fait de lui, ils n'en avaient jamais vraiment parlés, d'un commun accord sans l'avoir explicitement dit...c'était le passé et le passé devait rester derrière eux. Mais aujourd'hui, il semblait décidé à lui en parler. Elle resta sans voix face à sa déclaration. Sa gorge se serra sous le coup de l'émotion, elle renforça sa prise sur lui, essayant de lui cacher qu'elle tremblait. Que pouvait-elle bien répondre à cela...c'était la plus belle preuve d'amour qu'il pouvait lui donner. Il ne m'en veut pas, il me pardonne, il me pardonne...ses mots se mirent à tourner en boucle dans son esprit. Elle avait envie de lui demander s'il était sérieux. Elle savait que oui, il n'avait jamais été autant sérieux mais il ne lui avait jamais clairement dit. Pourtant, s'il ne l'avait pas fait et bien...à cet instant précis elle serait surement dans une des prisons de la République, ou bien même morte. Surement même.
Elle savait pertinemment ce que cela impliquait le jour ou sa décision fut prise de prendre contact avec des rebelles, de tout tenter pour le sauver mais les conséquences elle ne les avait pas vraiment envisagées enfin si, elle savait qu'elle allait devoir payer pour ce qu'elle avait fait mais Kathleen était prête et plutôt mourir que de finir par tuer cet espion qui était si fort face à tous les objets qu'elle utilisait.
Alors non...elle perdait tous ses moyens...comment lui dire que ses simples mots avaient autant d'effets sur elle? Que c'était la plus belle des déclarations qu'il pouvait lui faire.

Elle ferma quelques secondes les yeux, quand il continua à lui parler, luttant contre les larmes qui menaçaient de déborder. Ce n'était pas une femme faible...Kathleen Hope en était même tout le contraire mais face à lui elle pouvait craquer, montrer ses faiblesses. "Ray" dit-elle seulement ne sachant comment lui dire...tout ce tas d'émotions qu'elle ressentait. " Comment tu peux dire ça" ce n'était pas une question, simplement une affirmation. "Ne dis pas ça. Je n'aurais pas supporté que tu meures. Ce..." elle inspira profondément, sa voix tremblait, "Ce que je t'ai fais...pour tout ça je m'en voudrais toujours". Elle sentit ses joues s'humidifiaient...il ne servait à rien de lutter. "Quand je t'ai vu sur cette table, avec des yeux pleins de courage et ton grand sourire...j'ai su que tout serait différent à cet instant. Tu nous a donné beaucoup de fils à retordre tu sais ça? Tu t'es toujours battu, tu n'as jamais abandonné...c'est grâce à toi si on en est là aujourd'hui."
Une autre étape était franchie et étrangement elle se sentait libérée d'une certaine façon. L'entendre dire qu'il lui pardonnait était tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. "Mais il n'en reste pas moins que je suis désolé...pour tout ce que je t'ai fait, pour ne pas avoir réagi plus tôt...Je t'aime plus que tout. Je ne veux plus te voir souffrir...jamais." C'était une promesse, celle qu'elle sera toujours là pour lui...