When the man comes around

Le district “The Works” était un spectacle fascinant pour qui n’était pas familier. Les volutes de fumée y baignaient l’atmosphère, troublant les silhouettes imposantes des édifices. Le quartier était immense et mystérieux, à l’image de Coruscant même. Inhospitalier aussi. Ce qui en faisait l’endroit idéal pour rencontrer un informateur secret en toute discrétion.

Le jour se couchait, le soleil disparaissant lentement derrière l’horizon noyait les constructions dans l’obscurité. Profitant de la nuit, Tuiren filait entre les usines à bord d’une motojet, un point minuscule dans l’architecture immense. Du quartier The Works, il ne connaissait quasiment rien, et n’y avait mis les pieds que très peu de fois. En arrivant à destination, il mit pied à terre et s’attarda un instant à laisser son regard errer entre les bâtiments. Il se sentait minuscule. Insignifiant face au déploiement de béton austère et à l’étalement de surface industrielle. Il avait grandi dans le quartier de Calocour, attirant et moderne. A l’opposé total de celui où il se trouvait maintenant. Le nez en l’air, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés, il avait le regard subjugué.

Mais il n’avait pas le temps de flâner. Il n’était pas venu en tant que touriste, il avait du travail. Laissant son X-Wing à la base, le jeune homme était de nouveau dans les rues de Coruscant. La vie de Résistant était ainsi pleine de diversité. Un jour on était pilote à bord d’un chasseur, luttant contre les unités de l’empire, et le jour d’après, on vous envoyait récupérer des informations de la part d’un contact secret. Cela ne le dérangeait pas vraiment, mais c’était loin d’être rassurant. Armé seulement de son blaster, il ne pouvait compter sur l’expérience qu’il avait à bord d’un chasseur.

C’était néanmoins une mission considérée comme facile. Bien qu’importante pour le futur de la résistance, elle n’impliquait à priori pas de danger inconsidéré. C’était sans doute pour cela qu’on l’y avait envoyé seul. Leurs ressources et leurs effectifs étaient limitées, les missions se devaient d’être définies sans gaspillage. Et puis un gars comme Tuiren, discret malgré sa taille, passait plus facilement inaperçu qu’un bataillon entier.

L’usine où il avait rendez-vous était un building désaffecté, dans un coin délaissé. Laissant sa motojet à l’abri des regards indiscrets, il se mit en route en direction de l’intérieur de l’usine. Il y avait un escalier qui menait à une porte, et cette dite porte, d’après les instructions qu’on lui avaient données, serait déverrouillée.

Tirant une carte magnétique de sa poche, il la passa sur l’écran de contrôle, qui s’illumina brièvement, laissant échapper un son électronique. La porte s’ouvrit aussitôt, coulissant dans un glissement discret. Il s’y faufila, franchissant le seuil rapidement, et la porte se referma à sa suite.

L’intérieur était vaste et spacieux, et les dernières machines qui n’avaient pas été retirées prenaient la poussière. Elles étaient sales et parfois détériorées, silhouettes sombres à peine éclairées d’une unique et simple lueur de veille. Il y régnait une odeur de renfermé, d’huile, d’effluves de détritus et d'excréments, qui lui fit plisser le nez. Fourrant la main dans l’une de ses poches, il en sortir une lampe torche et commença à avancer entre la machinerie. Il traversa la salle principale, atteignant la partie arrière, qui menait à d’autres salles plus reculées. Une fois dans les couloirs, il commença à chercher son but, quand soudain une voix le fit sursauter.

- Psst venez par ici.
- Etes-vous mon contact?
- Non….j’attends le bus….!
- C’est bon hein j’demandais juste…!

A la lueur de sa lampe torche, le gars lui apparut, plutôt petit et le visage rond, les yeux furieux sous les sourcils épais. Tuiren lui adressa un sourire d’excuse et le suivit jusqu’à une salle reculée, meublée sommairement d’une table, de chaises, d’un lit de camp et d’un équipement électronique. Il devina qu’il s’agissait là de la planque.

- Je préfère rester à l’écart de l’agitation de Coruscant, lui expliqua l’homme.

Tuiren acquiesa, comprenant que la vie d’un informateur n’était pas de toute repos, et se laissa tomber sur une chaise, tandis que l’homme attrapait une disquette dans l’ordinateur.

- J’ai tout ici et j’ai besoin que vous le rameniez rapidement à la résistance. Ils sauront quoi en faire.
- Qu’est-ce que cela contient?
- Pour votre sécurité, pas besoin de le savoir.
- Vous êtes pas bava…

Un bruit l’interrompit soudain. La porte s’ouvrit à la volée, et un homme apparut. Imposant et grand. Très grand en réalité. Tuiren  n’était pas petit mais celui-ci le dépassait d’une bonne tête.

- Qui êtes-v….??!!

Le canon d’un blaster dans sa direction l’obligea à laisser tomber, et il se lança derrière la table. Heurtant douloureusement le sol, il ignora l’élancement dans ses côtes et chercha de la main sa propre arme.

Mais l’homme était plus fort.

Une décision difficile, il fallait en faire parfois. Et ça brisait le cœur bien sûr, entre deux cris, entre deux battements, les solutions simples n'existaient pas. Le bien, le mal, des contes pour enfants, parce qu'il y avait le monde... Ce que le monde voulait de Seth, c'était l'inutilité, une médiocrité sournoise de quelqu'un à la frontière entre le besoin constant et l'incohérence.  Un chasseur de primes, pas le meilleur, un qui valait le coup parfois quand même, comme un pari, un jeu avec ses humeurs et ses idéaux. Qui épargner aujourd'hui de la femme ou de l'enfant, qui tuer ?
Et les rumeurs avaient changé, comme si les échecs de l'homme relevaient d'une volonté, d'un sentiment. Qui voulait d'un tueur avec une morale ? C'état un fragile équilibre à rétablir, au risque de s'y perdre jusqu'à y plonger. Devenir le monstre, l'ordure....
Julen lui avait tendu le contrat sans rien dire, honteux. Quelqu'un qu'on soupçonnait de doutes, des ragots, des rumeurs, pas même une trahison complète, du moins rien d'écrit noir sur blanc. Un sacrifice pour Seth, une offrande à la cruauté du monde et un cri qu'il se devait de pousser « Regardez, vous qui me jugez, regardez car voilà que je tue le bon comme le mauvais, et si je trébuche parfois c'est que je ne suis pas le meilleur, simplement ».
Tuer un homme bon pour masquer sa propre trahison. Et où était l'allégeance, où était la fidélité ?

Il se regardait dans le miroir à présent, sombre, impassible, le dernier visage qu'un homme aurait à contempler. Il y avait le noir de ses yeux, le noir de ses cheveux, tâches d'ombres débordant de son propre cœur monstrueux. Et Seth pensa à une ligne obscure, à un pont qu'il ne franchirait jamais peut être, à des promesses brisées, à la voix d'un homme qui avait tout perdu et tout donné.
Est-ce ce que je suis ainsi, ce gris incapable de ne devenir blanc ou noir que par la force des choses et des combats, le traître suprême ? A jamais incomplet....
Lentement, il se prépara, le torse nu, couturé de cicatrices. Pas celles d'un homme brave, pas comme dans les histoires, pas comme dans les légendes. Et s'habiller était douloureux pour ses bras gourds, pour tous les gestes qu'il ne pouvait coordonner. Faible.
La Force lui donnait cependant les instincts étranges pour pallier à ce qu'il ne pouvait posséder. Bien sûr, en contrepartie l'épuisement était double, et surtout Seth ne devait laisser ces instincts être bien plus que cela. Pas ici, pas sur Coruscant même où l'on pensait chaque jedi mort, massacré. Ca aussi, un sacrifice, celui d'une noblesse qu'il avait espéré toucher du bout des doigts à sa manière, celui d'une justice aussi pour sa propre existence l'ayant fait si inapte au monde. Encore une balance, encore un équilibre, quelque chose qu'il ne parvenait jamais à exprimer par la voix, par les mots, encore trop incapable de se comprendre lui-même. De s'accepter.

Il était capable de tuer un homme non pas par ses mérites au tir ou au combat, non, il était capable de tuer un homme au nom de quelque chose le plaçant encore une fois en dehors des autres. Le loup boiteux au sein du troupeau, le loup sans lune, se déchirant de ses propres crocs. Il devait le faire pourtant, il devait l'accepter, pas le comprendre parce que cela ne se comprenait pas, tuer. Cela se faisait, et ses meurtres à lui pouvaient prouver la valeur de tant d'hommes braves à côté. D'hommes qui refusaient de lui ressembler.

Qui suis-je?

Le monstre dans le miroir, le silence, les souvenirs. Il se souvenait de l'homme, des cœurs qui avaient battu à son oreille. Il reviendrait des ténèbres, au moins ce soir, au moins aujourd'hui, coupable de ses actes peut-être, coupable de ses actes bien sûr, et par eux, comme un dieu impie, imparfait, il annonçait le bien, le mal...

Et la nuit avala ses craintes, avala ses pas.

L'homme n'était pas seul, une bêtise. Il aurait du savoir, se douter...comprendre qu'un contrat allait être placé, qu'il ne devait plus se mettre en première ligne. Il avait bien du lire quelques signes, non ?! A présent il se donnait lui, et le jeune homme là au mauvais moment, au mauvais endroit.
Passer la porte, se baisser un peu, se voûter dans un réflexe, lui, maître d'un corps étranger, et tout était nébuleux alors, le laissant incapable de distinguer tout de son environnement. Quelque chose d'autre le guidait, alors il ferma les yeux, n'ayant enfin plus à se battre contre le monde, contre son corps.
Il tira. Une fois. Et son pied vint taper dans le bras du garçon à genoux, l'écraser, alors qu'il se penchait pour ramasser le blaster, que le blaster sautait dans sa main...illusion ?

Seth rouvrit les yeux, était-ce un enfant, là à ses pieds, était-ce un enfant qu'il écrasait. De nouveau la maladresse revint lui emprisonner les membres, mais il ne bougea pas. L'homme, le contrat, il était mort, lui.

 « Une raison pour ne pas que je te tue ? »

Et le gris deviendrait noir alors, quelle est la valeur d'une vie ? Tuer, sauver, la Force pour le guider. Il regarda le garçon, eut la sensation d'un X wing lancé à pleine vitesse, d'une gifle donnée, et le contact avait quelque chose d'étrange alors, d'un but, d'une mission...

 «La disquette, où est-elle ? »

Pour que tu sois lumière, je me fais ténèbres...

Fiche de CaptainBen ♥

When the man comes around

Du plat de la main, il cherchait le blaster tombé à terre. Il ne céda pas à la panique, malgré ses gestes imprécis, malgré son manque de dextérité, lui le grand jeune homme au regard dur. Il échoua néanmoins dans sa quête quand un pied impétueux vint lui écraser le bras. Grognant de douleur, paralysé soudain par la présence de cet homme au dessus de lui. Trop grand, trop massif. Il était ancré à son regard, incapable de dire quoi que ce soit. Etait-il seulement humain?

Non, il ne lui donnerait pas sa réponse….Son souffle saccadé faisait écho au battement de ses veines dans les tempes. Il n’était pas le plus courageux mais il n’était pas un couard. Et il ne baissa pas le regard, fixant l’homme de ses prunelles glacées, défiantes, teintées de haine et de peur. Immobile. Pétrifié. Le contact n’était plus. Juste un bras immobile derrière l’une des chaises, tout ce qui entrait dans son champ de vision. Peut-être était-il blessé? Il n’eut pas le loisir d’y songer. L’homme voulait la disquette.
D’une façon ou d’une autre, il sentait que lui donner ce qu’il voulait ne l’épargnerait pas.

- Quelle disquette, de quoi parles-tu? Il avait lâché ça brusquement.  Avant que l’homme n’intervienne, mettant fin à leur réunion, Tuiren avait eu le temps de glisser la disquette dans sa poche. Et il croyait, naïf qu’il était soudain, qu’il pouvait duper le chasseur de prime. Mais sa voix tremblait, et trahissait ses craintes. Il ne pouvait rien dire. Et bien entendu le doute s’installait. Lui céder la disquette allait-il le sauver? La loyauté envers la résistance fut plus forte. Il avait été formé pour cela. Il croyait en ses idéaux.

- Tu te trompes sur toute la ligne. Je sais pas ce que tu cherches, mais on a aucune disquette. On est juste là, mon...associé….et moi, pour mettre cette usine en route.

Mensonge, couverture. Il lui servit cette excuse fabriquée de toute pièce, bien avant de décoller de la base, en cas de pépin. Il y mit autant d’authenticité que possible dans la façon de raconter l’histoire. L’espace d’un instant il crut que son histoire pouvait marcher, mais il déchanta vite. L’homme n’était pas venu ici par hasard, et il ne pourrait pas lui dissimuler la vérité. Et il ne pouvait pas non plus le laisser filer avec ce que l’homme cherchait. C’était trop important pour se résigner à lui faire plaisir.

Sa vibrolame était dissimulée dans un étui accroché à sa ceinture. Avec sa main libre et énormément de chance, il pouvait parvenir à l’attraper et peut-être, qui sait, attaquer et se tirer dare dare de là. Sans peser le pour et le contre, de façon totalement impulsive, il lança sa main en direction de l’arme.

Citation :

Grand succès : au prix d’un flux conséquent d’adrénaline, Tuiren parvient à se dégager et à attraper la vibrolame. Il attaque Seth et réussit à lui entailler le bras, lui faisant ainsi lâcher son blaster/l’empêchant de se servir de son blaster pendant un instant ( à ton choix Seth!), et en profite pour se jeter sur lui
Moyen succès : il réussit à se dégager, mais ne fait rien à Seth qui tient toujours son blaster et qui l’évite, ce qui l’oblige à reculer
Petit succès : il est toujours au sol mais a attrapé son arme
Petit échec : au sol toujours sous le pied de Seth, il réussit à attraper l’arme qui lui échappe des mains
Moyen échec : Seth parvient à le bloquer avant qu’il ne réussisse quoi que ce soit
Grand échec : non seulement il n’attrape pas la lame, mais la disquette glisse de sa poche

 « Tu parles trop.... »

Par simple miracle, Seth avait gardé le blaster à la main. Il y avait l'odeur âcre de la peur pour le tenir, le porter un peu, et le garçon semblait bien jeune alors, peut-être l'innocence qui s'en dégageait, il ne savait pas. Il pouvait le tuer cette nuit, appuyer simplement....Il pouvait faire ça avec dignité, lui offrir une fin honorable comme en rêvent les héros, oui. Le blaster était lourd, pas autant qu'une vie, jamais autant qu'une vie, et parfois on ne choisissait juste pas.

 « Si tu t'en sors et que tu te refais prendre, ne parle plus jamais autant, c'est avouer ce que tu caches et ce que tu sais tout à la fois »

Un ricanement. Parce que Tuiren pouvait survivre, parce que Seth pouvait mourir tout autant. Mais il y avait la peur, il y avait les yeux d'un homme sachant tout ce qu'il avait à perdre, le refusant. Alors quoi, ce garçon ne tenait pas les promesses de ses belles paroles ?

 « Ou alors... tu n'es peut-être pas fait pour cela »

L'homme gardait une voix basse, mesurée. Il énonçait lentement chaque mot, faisant prendre conscience à sa victime de toutes les secondes gagnées face à la mort, de la mort qui pouvait survenir sans même qu'il ne la voit, lui, le fou, l'enfant. Le héros. La Résistance avait bien des soldats à sacrifier hélas, et nulle victoire ne se construisait sans cadavres. Que voulait-il alors, l'inconnu, de la pitié ? Il venait de voir Seth tuer quelqu'un sans la moindre explication pourtant. Il venait de voir tout autant qu'il avait fermé les yeux. Comme un enfant. Le doigt du brun tapota un peu contre la crosse de son arme. Un petit cognement, une parodie de battement de cœur, intimider encore, intimider toujours. Si ce garçon ne valait rien, s'il se laissait aller à la peur, alors il le tuerait. Parce qu'aucun martyr ne saurait être insignifiant, que, mort, Tuiren pouvait inspirer d'autres personnes malgré tout. D'autres enfants prêts au combat. Même si ce n'était pas son choix.

 « Tu veux vivre ? La disquette alors. Tout de suite. Une mission de ratée pour toi, une de gagnée de mon côté, seul ton ego en souffrira. C'est mieux qu'un cerveau grillé, au moins on en réchappe. »

Le cadavre non loin, le sang qui s'en échappait encore, le garçon contre le mur, le garçon capable de crier, et Seth l'avait entendu.

 « Sinon... je te torturerai. Je te torturerai jusqu'à ce que tu avoues tout et supplie de mourir, cela peut prendre de longues heures ou à peine dix minutes, surtout vu ton état. Tu as peur, c'est normal je suppose :on ne sait ce qu'il y a après la mort que lorsqu'il est déjà trop tard. Tu l'imagines, ce néant ? Ce froid glacial...ne plus être mais avoir été ? Rien, le vide, pas même le moindre soupçon de conscience et tout ça pour quoi ? Sauver des informations peut-être pas si vitales que cela. On peut mourir pour des bêtises, cela arrive souvent. Ta mort ne me rapportera rien en plus, mais la disquette si.... »

Et cette paresse, celle dans les mots, les syllabes, comme pour le détacher un peu plus de toute humanité. Il y avait une lueur en ses yeux pourtant, elle brillait, étrange, pour ce garçon sans nom, pour le choix qu'il avait à faire pour la vie, pour la mort. Le chasseur de primes ne pouvait laisser de témoins, il y aurait des signes, des rumeurs sur la présence d'un autre individu...il y avait la table dérangée, il y avait les traces au sol, le souvenir de quelque promeneur indiscret aussi. Les usines et leurs alentours, jamais elles ne restaient désertes....

« Je vais compter jusque trois... »

Ce que Seth demandait au jeune garçon, c'était d'accepter de mourir. Alors, entre jeu d'ombre et mimétisme, sa présence se fit plus imposante, bestiale presque, homme-loup sous la lune et les étoiles. Choisir de mourir malgré la jeunesse, la vie, le camps qu'il avait choisi, celui possédant le but profond de paix et de liberté entre les hommes. Quand on voulait de telles choses, on avait pas le droit de mourir normalement, non ? Et s'il pouvait en accepter les souffrances, les sacrifices même au noms de plans qu'il ne connaissait pas, alors Seth baisserait son arme.
Parce que ce garçon serai un exemple, bien plus que n'importe qui, bien que ce que son cadavre martyr ne pourrait jamais faire passer comme message.
Pas de témoins ? Il suffirait de brûler l'endroit.

 « Un...deux... »

Un coup, le tir frôla l'oreille du garçon, laissant une trace profonde dans le mur ainsi qu'une odeur de brûlure, de souffrance.

 « Deux et demi... »

Il ne lui demandait pas de se battre, simplement de choisir.

« Trois. »

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When the man comes around

Ces quelques minutes de douloureuse tension comme celles d’un holofilm qui vous prenait aux tripes et refusait de vous délivrer le dénouement final. Les secondes qui s’égrenaient. La disquette toujours dans sa poche. La vibrolame dans sa main, toujours menaçante mais qui lui semblait néanmoins paralysée. La voix de cette homme, au dessus de tout, un félin amusé de voir la gazelle s’enfuir. Il n’était pas gazelle, mais il suait la grosse goutte. Il écoutait sans comprendre. Il fixait l’homme sans rien dire. Les pupilles dilatées par la haine. Le rythme de son coeur emballé qui frappait sans relâche une poitrine qui lui faisait mal. Des larmes de rage et d’impuissance qui perlaient aux coins de ses yeux glacés. Il entendait la menace. La voix trop lente, qui lui offrait le choix.

La pression l’empêchait de penser correctement. La tentation était vile. Quel était le poids d’une simple disquette face à sa vie? Le décompte fut lent. Il lui sembla durer une éternité et à chaque numéro écoulé, chaque fois un peu plus près de celui de la sentence, il sentait les morceaux de son esprit et de son corps se déchirer en lambeaux. Le coup de feu le fit sursauter, lui noua les tripes. Il sentit l’odeur de brûlé. Mais la réalité lui sauta au visage. Elle lui secoua la gueule d’une baffe bien sentie. Que faisait-il? Il n’était pas plus que les informations. Il avait nanti d’un but qu’il se devait de mener à bien….L’idée d’un échec fut plus forte que la peur d’être torturé jusqu’à ce que fin s’ensuive. Une bouffée d’orgueil. Une demande de survivre. La colère qui alimentait la ténacité. L’envie de coller un bon pain à cette gueule d’enfoiré qui le menaçait d’un blaster et qui faisait durer le plaisir.

- Tu peux aller te faire foutre.

Il ne l’aurait pas. Il n’aurait rien, ni la putain de disquette, ni son putain d’orgueil. Voilà ce qui résonnait, à grands renforts d’insultes. Et cette voix nantie d’une force nouvelle. La voix bougonne d’un homme qui refusait d’être un mouton. Il ne paraissait plus un gosse. Il venait de se redresser, autant physiquement que mentalement. Mû soudain par cette ardeur de vivre, son esprit qui se disait que foutu pour foutu, autant y mettre le paquet. Ce gars avait beau avoir le dessus, il eut ce derniers recours foutrement gonflé de se croire insensible, que rien ne pouvait l’atteindre, que ce gars n’allait pas tirer, et que oh après tout, tant qu’on y était, autant montrer à l'homme qu'il n'était pas une merde.

- Tes menaces tu sais où tu peux te les mettre?

Il le fixait d’un air défiant. Les mots hachés par la colère. Les phalanges blanches à force de serrer le manche de son couteau à pleine puissance. La fierté de parvenir à lui tenir tête et à lui montrer qu’il n’avait pas peur de lui. Il n’était plus un enfant. L’autre avait beau être plus grand, même gigantesque en fait, plus menaçant, mieux armé et définitivement dominant. Il s’en fichait. Son bras douloureux ne larguait que plus de signaux à son esprit pour ne pas flancher. Il était soldat valeureux. Il était un homme et peu importait que son visage criait à la jeunesse. Au fond de lui il savait prendre des décisions importantes. Le gars aurait que dalle. Il l’avait ainsi décidé.

- Va te faire voir chez les Hutt…

Il acheva sur une dernière menace.

- C’est moi qui vais te tuer.

Il y avait de l'arrogance chez cet enfant, beaucoup trop. Remplacer la peur de la mort par l'envie de tuer, était-ce une bonne chose ? Non, pas ainsi, pas avec la haine au ventre. Devait-on haïr ses ennemis, alors ? Trop de questions, Seth ne recherchait que le respect, cette notion imparfaite et trouble pouvant néanmoins donner une raison aux combats : je t'affronte parce que tu en vaux la peine. Que tu sais ce qui est juste.
Est-ce qu'il pouvait le comprendre, ça, l'enfant ? Il essayait de se relever pourtant, brave, humain, et il y eut ce changement subtil dans ses traits alors, dans ses yeux aussi. Ce n'était plus un enfant là devant lui, ce n'était pas un homme non plus : c'était son frère, voilà tout. Celui de la chair en douleur, celui du sang versé, ennemis, alliés....
Ils dansaient sur un fil invisible que chaque insulte rendait de plus en plus ténu, et Seth se prit à rêver de dignité comme un voyageur assoiffé. De telles choses semblaient appartenait à un autre temps, un autre lieu, pour peu qu'elles aient jamais existé.
Il y avait des larmes dans ses yeux pour cela, pour les cœurs et les espoirs. Ils n'étaient rien, malgré leur humanité, non ils n'étaient rien....

 « Menteur. »

Parce qu'il valait mieux que cela, cet éternel adolescent, mieux que la simple main tenant le couteau. Parce que ce qu'il cachait en lui avait de la valeur, qu'il ne devait pas l'oublier. Petit frère, cher petit frère, tu parles trop n'est-ce pas ? Et mes mots à moi te coupent encore, te couperont toujours lorsqu'il n'y a pourtant qu'un seul ordre capable de compter : survis !

 « Tu as du courage, la peur est juste un détail dans une telle situation, tu sembles l'avoir compris. Au moins cela. »

Des erreurs, comme si on pouvait les éviter. Seth n'était pas dupe pourtant, il savait quel frgile équilibre représentait chaque psyché, il le craignait aussi, lui sans-cesse agité par de sombres desseins un peu trop tourmentés.
L'enfant, le couteau, le blaster, le cadavre...
Comme une mauvaise blague.

 « Mais encore une fois, tu parles trop. Ton cerveau est conditionné pour que ta langue se mette en marche pour peu que tu sois menacé. Tu es un bavard, les bavards parlent... Certes il ne te reste que cela, les insultes, un dernier baroud d'honneur... mais c'est ce qui indique à ton ennemi que sous la torture, tu parleras »

Quelqu'un parlait en lui à travers ses mots, mais qui du jedi ou du chasseur de primes ? Seth ne pouvait le dire. Il avait rangé le blaster cependant, triste un peu, dédaigneux presque, homme d'un autre monde, d'un autre courage.
Tuiren pouvait l'attaquer, il s'en fichait. Il avait d'autres choses à faire, s'approcher du cadavre par exemple, lui fermer les yeux surtout. Arrivera ce qui arrivera, et Seth avait confiance. Il pensait à Agheera, voilà tout, conscient de ce qu'elle dirait, de la manière dont ses yeux l'aurait regardé. Conscient d'elle, tout simplement, de la lumière qu'elle représentait sans que jamais il n'ait besoin de lui opposer sa propre noirceur pourtant.

 « Tu viens de rater une bonne dizaine de chances de me tuer. T'es pas du genre à aller au delà des mots on dirait... Cet homme là, c'était un idiot, incapable de bien se cacher. Il devait mourir à défaut de le mériter pour que des gens comme toi puissent apprendre de ses erreurs. Tu vas partir d'ici. »

Il s'était redressé à présent, sombre toujours, les yeux voilés comme par quelques rêveries mais attentifs pourtant. Une attente perpétuel, un corps toujours en mouvement pour ne pas s'effondrer, un danger peut-être, car Seth était bien des choses à sa manière.

 « Blesse-toi avant de t'enfuir. Que l'on voit que deux personnes ont rencontré la violence ici. Je me charge du reste... »

Fiche de CaptainBen ♥

When the man comes around

Dans son esprit une seule pensée, celle de se débarrasser de l’homme, d’assouvir cette peur primaire, et de calmer cette colère qui lui étreignait les tripes. C’était étrange comme sensation. C’était pas digne de lui. Il n’éprouvait que rarement une telle haine, mais cette fois-ci les choses étaient différentes. L’homme avait trop joué avec ses nerfs, laissant les secondes s’égréner et la tension atteindre son paroxysme.
Menteur.
Quoi.

Il y eut des larmes dans les yeux de  Seth qui le laissèrent interloqué. En l’écoutant il ne savait quoi penser. Le fait qu’il ne tirait pas. Qu’il semblait lui accorder la vie sauve. Alors quoi on en était où? Il restait muet, se contentant d’observer, méfiant jusqu’à l’extrême. Encore freiné par ses craintes. Une situation déstabilisante, où l’inexpérience le rendait impuissant, où le comportement inattendu de l’autre effaçait des principes qu’il croyait établis. Un type qui vous visait avec un blaster, après en avoir descendu un autre, était forcément un ennemi. Il encaissa chaque mot, essayant d’y trouver une faille ou un indice…n’importe quoi qui puisse lui expliquer le pourquoi du comment, et surtout ce qui se tramait. Il serrait encore son arme mais ne faisait rien.

Il regarda l’homme s’éloigner en caressant l’idée de faire effectivement ce qu’il disait. L’attaquer maintenant que son blaster était pointé dans une autre direction, qu’il ne lui faisait même plus face, qu’il préférait parler plus qu’agir. Mais quelque chose l’en empêchait. Peut-être était-ce ces yeux, miroirs d’un être incompréhensible. Peut-être ce fut le geste qu’il eut envers l’homme à terre. Ou encore ses mots qu’il peina à comprendre. Dans sa tête, c’était le vide sidéral, ou plutôt un mélange de pensées incohérentes qui s’écrasaient sans relâche.

Il aurait voulu attaquer. Franchement il avait encore, bouillonnant dans ses veines, cette colère sourde. Mais rien ne bougea. Seules ses lèvres frémirent, laissant échapper un début de protestation...Ce ne fut même pas quelque chose de compréhensible, à peine une tentative timide. Il reprit lentement contenance et quand il reprit la parole, sa voix semblait étrangement loin de la sienne. Il ne se reconnut pas dans le timbre étranger qui sortit de ses cordes vocales.

- Pourquoi fais-tu ça?

Le grand pilote faisait face au plus encore impressionnant chasseur. D’une façon ou d’une autre, il avait compris qu’il venait de récupérer un case sur le chemin de son existence. Mais là où la logique lui criait de fuir, une autre force l’en empêchait. Il souffla, pour la première fois depuis de longues minutes, et se permit un pas. Doucement il comprenait et les éléments s’emboitaient. D’une certaine manière.

- Qui es-tu?

Il secouait la tête en signe d’incompréhension. Les questions fusaient. Loin d’écouter les conseils ou la raison, il tentait d’avoir les réponses. Stupidement, ou bien avec une logique effarante, il restait planté là au lieu de fuir.  

- Quelqu’un qui fait juste la morale après avoir buté un mec? Et je fais quoi maintenant? J’me tire pour que tu puisses mieux me tirer dans le dos?

Haussement d’épaules. Geste sec agacé.

- Tu sais rien de moi ni de ce que je fais, répliqua-t-il. Renfrogné, touché dans son égo le gamin refusait de partir. Il voulait comprendre, mettre des mots sur ce qu’il venait de se passer. Je peux supporter bien plus de choses que tu n’imagines.

Son blaster encore au sol, trop loin pour aller le ramasser sans énerver l’autre. Il grogna….de douleur et de rage. Les larmes roulaient sur ses joues à présent. Le regard dur de ces yeux pourtant implorant. L’espace d’une folie passagère.

- QUI ES-TU BORDEL?

Les enfants étaient toujours les premiers envoyés à la guerre et aux combats, toujours. Et, si des politiciens essayaient encore de rationaliser sur ce fait, d'y trouver des raisons sociologiques, culturelles, voir économiques, ils ne cherchaient pas à les protéger plus pour autant. Jamais. Adieu aux rêves des cœurs meurtris, adieu au souffle et à la vie... Quelqu'un l'avait-il déjà pris par l'épaule, ce gosse, quelqu'un lui avait il déjà expliqué, les yeux dans les yeux, qu'il avait beau combattre pour une cause juste, ce qu'il aurait à faire relèverait toujours de la laideur du monde et de l'homme ?
Non certainement pas, trop peu avaient consciences de cela. Certains le devinaient bien sûr, sages, lumineux par leurs propres ténèbres, et Seth les respectait tellement alors, mais beaucoup trop restaient ainsi qu'ils avaient toujours été : yeux clos, lèvres ouvertes, oreilles scellées.
Un cri alors, et des questions, beaucoup trop. Des questions qui méritaient des réponses, l'homme ne le niait pas. Alors il se tourna vers Tuiren, complètement, vers ce gamin qui s'avançait, jambes tremblantes, mais dénué d'armes désormais.

 « Mon nom ne ramène pas les morts, pas plus qu'il ne révèle des secrets divins, le savoir ne te mènera à rien »

Qui es-tu, encore une fois, et il pouvait choisir de se regarder dans le miroir, de se voir dans les yeux de l'autre, cela ne changerait rien.

 « Tu as fini ? Je ne t'ai pas donné du temps pour que tu le gaspilles »

On pouvait mener bien des luttes et des combats, en ce cas il fallait accepter l'absence de réponses, sinon la guerre devenait sainte et l'on cherchait par trop à donner à la moindre cause la plus petite de nos croyances.
L'espoir, un sabre à double tranchant, on croyait le manier d'un côté, d'un simple côté sans voir que dans le même moment, il nous entaillait la peau tout autant.

 « Je suis la somme des décisions que l'on craint de prendre, celui que tu trouveras dans ton ombre parfois, celui qui sera dans bon nombre de tes combats, mais jamais dans ton camps pourtant. »

Il aurait pu y avoir de la lumière, au moins un peu, mais seule l'obscurité zébrait leurs deux visages. Quelque chose de doux pourtant dans les yeux du chasseur, de tragique, cette étincelle qu'il n'expliquait pas, qu'il n'expliquerait jamais. Que certains voulaient lui enlever, que d'autres chérissaient à leur manière.

 « Je ne suis ni ton ami, ni ton ennemi »

En des temps plus anciens -autre siècle ? Autre monde?- tels étaient les jedis, n'est-ce pas ? Conseillers éternels, guides parmi les guides, et Seth s'était nourri de contes et légendes avec tout autant de force qu'il s'habillait de désespoir. Il y avait une certaine forme de noblesse peut-être, la sienne, quelque chose de tordu, de tragique surtout.

 »Et, ce qu'il y a de plus important pour toi, je suis celui qui t'as vu trembler. Je me fous d'imaginer, ce que j'ai fait, c'est constater. Je t'ai vu trembler, je t'ai vu pleurer, et tu n'es pas un héros »

Il avait le cœur au bon endroit pourtant, ce jeune, sauf que la vie était pas connue pour être juste, que l'honneur et la dignité n'avait plus rien à faire dans bon nombres de combats. Que parfois, il fallait se contenter d'avancer. Et Seth avait pleuré lui aussi, des larmes qui ne se comprenaient pas, quelque part un sablier s'écoulait....

L'enfant, ses gestes d'hommes, les yeux dans lesquels il pourrait arracher d'autres vérités. Il était fatigué soudain, voir tous ces idéaux qui ne menaient à rien. La lumière, l'imaginer encore un peu, pas une dernière fois, jamais une dernière fois.
Jamais...

 « Dernière leçon : les infos que tu crois m'avoir caché, la disquette... évitez de l'utiliser. L'Empire avait des doutes sur l'homme, assez pour le faire abattre, ils ont certainement des agents efficaces capables de comprendre quelles données il a pu accumuler ou non. Analysez la, ne l'utilisez pas. Pas pour le moment. »

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When the man comes around

Chaque pas effaçait la distance entre eux, et peu importait que les mouvements soient hésitants. Cette approche devenait symbolique, peut-être tout autant pour le chasseur que pour le pilote. Seth avait sans doute raison. Tuiren n’était qu’un enfant jouant à des désaccords dictés par des adultes. Seth avait-il été un jour le même, nourri aux idéaux de libertés et le coeur à les défendre? Peut-être bien que oui après tout, peut-être était-ce pour cela qu’il agissait de la sorte.

Un premier réflexe, celui du gosse impatient et inattentif. Celui qui voulait des explications directes, sans qu’on se perde dans des détours trop compliqués...Oh mec je t’ai demandé ton nom, c’est tout hein. Question simple, réponse encore plus facile, c’était ce qu’il exigeait, et ce que le chasseur, au nom d’il ne savait quelle théorie tirée du fin fond d’un quelconque trou, refusait de lui donner. Et dire que c’était lui qui parlait de gaspiller son temps….Frustrant mais qui donnait à réfléchir. Tuiren était plus qu’en colère contre l’homme, mais en reprenant lentement le dessus sur lui-même il canalisait cette colère en attention. Il était rageant de constater que l’homme en savait beaucoup plus sur le pilote que le contraire. Et sur ce qu’il faisait par extension.
Et merde….

- Stop là trop d’informations ! se plaignit le gamin. Il avait les mains levées vers l’autre, mais cette fois-ci ce n’était plus défensif. Comment est-ce que tu sais que l’Empire….

Au moins n’était-il plus le seul à lâcher des informations, ce qui mettait désormais les deux hommes un peu plus sur un pied d’égalité. Sans tout savoir le pilote avait des bases sur lesquelles réfléchir.

- L’Empire t’a envoyé l’abattre mais tu es prêt à livrer cette information. Alors tu n’es pas des leurs, ils sont bien trop attachés à leurs valeurs pour les divulguer. Alors t’es quoi un dissident…..ou tu fais ça pour le fric?

C’était les options qu’un tri dans sa tête avait trouvées. Et celles du déserteur n’était pas tout à fait inconcevable encore, quoique….

- Mais un dissident n’aurait pas abattu sa cible…., acheva-t-il les yeux remplis d’exaspération. Ca fait pas de toi un héros non plus tout ça.

Seth avait le don de gratter les couches de son égo de façon assez énervante.

- Je parle trop, je suis qu’une grande gueule….Est-ce que ça peut te foutre tout ça en plus?

Ses yeux ne regardaient plus le chasseur, ils le sondaient. Avec fascination pour ce gars qui lui amenait tellement de questions et l’empêchait, comme l’homme lui conseillait, d’être avare en paroles, et agacement que lui procurait les mots de cet homme.
Il ne put s’empêcher de rigoler, quelque chose entre le rire nerveux et le ricanement outré. Sans doute les nerfs commençaient à flancher.

- T’es vraiment un drôle de numéro non. Un chasseur de primes avec un discours autre que les coups c’était pas fréquent.

Il savait la disquette dans sa poche, petit morceau d’électronique rempli de données. Effectivement la perspective que l’Empire ait su pour cet homme et envoyé quelqu’un après l’informateur remettait tout en question.

- La parole d’un gars comme toi vaut peu, mais je note ce que tu m’as dit….enfin ce que tu acceptes de me dire, mais enfin…J’ai l’droit de récupèrer mon blaster? ajouta-t-il en plissant les lèvres.

 « Je ne suis pas un héros, j'ai d'autres choses à faire.... »

Après les questions, la raison, et le môme se montrait vacillant un peu. On avait dû lui farcir l'esprit avec des grands mots encore, peut-être était-ce mieux. Dans tous les cas, il avait bien plus de chances de mourir jeune qu'un vulgaire garçon de ferme sur quelque planète isolée. On pouvait avoir pitié, Seth décida juste que lui, il s'en foutait. Complètement.
Il le regarda juste avec un peu plus de tristesse à la question hargneuse. Ce que ça lui foutait ? Il ricana, et il y avait quelque chose dans ce rire alors, quelque chose comme un cœur.

 « Les grandes gueules et les bavards, quand ils sortent juste leurs bêtises habituelles ça me va, quand ils chialent aussi... mais parfois ils parlent pas avec des mots mais avec des noms »

Il cru penser à Ash d'abord, elle qui lui avait apprit comment pardonner et se faire pardonner, mais l'idée de la perdre ou de la savoir trahie n'était qu'une douleur comme une autre, une dont on se relevait, une qu'il acceptait car elle l'acceptait aussi.
Mais ce n'était pas elle, l'ombre qu'il portait au cœur, pas plus que Jayden pour qui il pouvait craindre tout autant. Ce n'était pas les amis, les compagnons, ceux qu'il perdait, qu'il retrouvait parfois. Ceux de qui il s'éloignait lorsque la solitude devenait trop grande.
Deux yeux sombres et volontaires, elle aussi il avait cru la confondre avec une enfant la première fois. Lorsque la violence se disputait à l'innocence... Et il pensait à elle alors, tant pis s'il venait de tuer quelqu'un, parce qu'il n'avait que son nom au cœur et qu'il avait peur peut-être. Peur que ce nom, quelqu'un d'autre ne le prononce en échange d'une vie, en échange de crédits....

A quoi tenait la trahison ?

 « Hm ? »

L'élève d'un soir demandait la permission. Lentement, Seth inclina la tête, presque curieux, un peu détaché aussi, un peu détaché surtout. Lui redonner une arme, en refaire une menace, et jouerait-il les têtes brûlées, ce jeune prince, après les insultes ?

 « Débrouille toi avec tes affaires, ça ne me regarde pas »

Un drôle de numéro, oui on pouvait dire cela comme ça. Il y avait de la sagesse dans ce garçon, rien d'étonnant pourtant, mais on oubliait trop souvent de vraiment regarder le cœur des enfants. Lui-même avant rengainé son arme, et il ne mourrait pas, parce que subtil équilibre, il avait des hommes à tuer encore.
Il avait une femme à protéger surtout, une jeune femme capable de se battre, capable de se débrouiller, mais à qui il avait promis quelque chose d'important malgré tout.
De ne pas la laisser seule.

Il tira une chaise à lui, le temps de s'asseoir un peu, et ferma les yeux le temps de se masser le coin des paupières du bout des doigts. Une nuit assez longue, sans trop de démons peut-être, les siens, ceux des autres, mais longue quand même. Bientôt il rentrerait, se coucherait pour un sommeil sans rêve jusqu'à ce qu'un nouveau matin ne survienne.
Une vie glauque, une vie triste, il tuait souvent, il sauvait parfois, il écoutait surtout. Il écoutait, et partageait...

 « Première mission en solo ? »

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When the man comes around

Ah ouais et bien il allait se débrouiller comme un grand merci.

- Ouais okay j’ai compris.

Ce fut vaguement exaspéré qu’il se décida à ramasser son blaster, non sans jeter un coup d’oeil méfiant. Il avait demandé pour la forme, parce que peut-être que l’autre n’accepterait pas qu’il soit armé. Apparemment il s’en foutait. Le pilote ne comprenait pas toute l’attitude de l’homme,  pas seulement parce que celui-ci le traitait d’une façon tout à fait inattendue, lui parlant après l’avoir menacé, mais parce que cet homme ne ressemblait pas à l’image qu’il avait de ce genre d’individu. Ce qui au final résultait déroutant.

- On peut dire ça ouais.

Il marqua une pause, surpris lui-même par ses propres paroles. Pourquoi était-il en train de faire ça, de lui répondre ainsi? Deux minutes à peine plus tôt, il était à terre. En maintenant voilà-t-il pas qu’ils engageaient une conversation qui aurait quasiment pu être qualifiée de normale….Qu’est-ce qui était le pire ? Que ce gars lui pose cette question, assis sur sa chaise et le cadavre du gars encore fumant derrière eux, ou le fait que lui y réponde, après avoir récupéré son blaster et ne pas s’en être servi?
De son très humble avis c’était n’importe quoi. Jusqu’à présent l’autre menait la danse, et lui, stupide gamin, était la marionnette.

En tout cas il n’allait pas l’être bien longtemps….Il regarda furieux Seth qui s’était assis mais lui resta debout, histoire de rester libre de ses mouvements. Il n’avais pas confiance et restait sur ses gardes.

- Apparemment j'ai encore des trucs à améliorer….

Il semblait que cela l’affectait, et en effet c’était le cas. Là où Seth avait depuis longtemps décidé de ne plus croire en rien, là où Tuiren s’accrochait encore à des idéaux. Il avait écouté Leia. Il aimait ce qu’elle disait. Il ne cherchait pas à être un héros, trop feignant pour cela. Les médailles le faisaient rêver sans qu’il tente de faire quoi que ce soit pour les décrocher. Mais cela ne l’empêchait d’être de la partie. De se battre avec les siens et de monter à chaque mission dans son X-Wing.

- Je cherche pas à être un héros non plus tu sais, et je sais même pas pourquoi je te dis ça….

Il venait de lui apparaître qu’avant de se lancer dans une conversation, peu importe qu’elle soit censée ou non, il lui fallait régler quelques détails. En dépassant le chasseur, il se rapprocha de l’équipement de l’informateur. La machine était de dimensions modestes. Mais encore trop grandes pour qu’il puisse le ramener avec lui. Malgré tout il ne pouvait se permettre de le laisser ainsi en l’état. Qui savait quelles autres informations il pouvait y avoir. En la laissant ici n’importe qui pourrait y avoir accès. Sans plus réfléchir, il leva son blaster et tira au coeur de l’unité. Détruisant ainsi les éventuelles informations et autres traces que la Résistance ne voudrait pas voir tomber aux mains de n’importe qui, encore moins de l’Empire.

Il se retourna ensuite vers l’homme assis, lui lançant un regard de défi. L’homme n’avait pas montré le moindre intérêt envers tout cela, et n’était probablement intéressé que par l’argent, mais il ne put s’empêcher, histoire de bien lui montrer que lui aussi était un homme, qu’il savait prendre des décisions. Ne restait plus que le corps de l’informateur  et globalement ses affaires. La plupart des choses ici étaient sans grande valeur, excepté ce la machine qu’il venait de détruire. En se penchant sur le corps, il l’examina en fouillant ses poches. Retenant à grand peine une grimace.

Il n’y avait rien, ce qui n’était pas étonnant de la part d’un homme qui restait discret.

- On peut pas le laisser là, souffla-t-il. C’est pas….

Gentil? Cool? Ou bien. Intelligent? Approprié? Oh attendez. Humain peut-être?
Le gamin avait pas l’habitude de laisser les gens derrière lui, même pour un gars qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Mais qui était tout de même dans son camp, alors ça comptait non?

- Est-ce que tu m’as suivi ou tu savais déjà qu’il serait là?

C’était important. Pour dormir mieux la nuit sans doute, pour se dire que son erreur n’avait pas été la raison d’une vie en moins.

- T’as tort il méritait pas de finir ainsi. Personne devrait….

Il était maintenant moins dur le soit-disant soldat. Il faisait moins le malin face aux réalités de la guerre.

- C’est pour de l’argent que tu fais ça hein? Ouais non bon bref …., ajouta-t-il l’air mauvais.

Il était loin d’être un enfant de coeur lui aussi, et encore moins l’envie qu’on le lui rappelle.

 « On a toujours des trucs à améliorer, refuse de te remettre en causes un jour et tu feras ta dernière mission »

Ca au moins, le gamin s'en souviendrait toujours. Il ne tira pas, Seth n'était pas étonné, et les mots roulaient dans sa bouche avec un peu plus d'assurances maintenant. Il se maîtrisait, il comprenait ce qu'il disait, pourquoi il le disait, oscillant entre questions et bravades. Un gentil gamin au fond, on pourrait croire, qui trébuchait encore bien sûr, mais qui ne le faisait pas ?

 « Tu comptes vraiment me casser les pieds jusqu'au bout ? Ouais ? Bon alors va dans le frigo nous prendre des bières... Ce sera toujours ça »

Il avait besoin de boire quelque chose, pas forcément de l'alcool, juste de boire. Sentir un peu d'énergie, lui par trop épuisé, et mon dieu il y avait la nuit, les ténèbres, l'obscurité. L'obscurité dans laquelle ce môme ne pouvait se cacher. Ca s'apprenait, on y perdait beaucoup de choses, mais ça s'apprenait.
Brusquement, les mots du gamin réveillèrent l'orage, et lorsque l'homme se redressa, ce fut un combat à nouveau. Parce qu'il était grand, parce que sa simple présence semblait comme une arme face à ce jeune garçon qui se construisait encore. Qui pouvait douter. Et sa main s'éleva, immense, accusatrice, le doigt tendu comme une accusation jusqu'à Tuiren. Il y avait quelque chose de ténébreux dans ce simple geste, d'incompréhensible, c'était comme observer un animal à l'agonie, un animal refusant de mourir.
La chaise avait craqué sous son poids, contredisant l'idée de faiblesse donnée lorsque le chasseur s'était assis. Un jeu de masques, de faux-semblants, jouer au fort, jouer au puissant.

 « Et quand ais-je parlé de mérites ? Tu n'es qu'un idiot, tu crois vraiment que si le monde marchait aux mérites on aurait des combats aussi futiles ? Il le devait, voilà tout, mais il ne le méritait pas. Personne ne mérite ça, se faire assassiner, partir avant son heure, c'est contre les règles du monde... Sauf qu'il y a des actions à prendre, des choses à faire et des combats à mener. »

La voix était basse, grondante, il y avait un reproche, il y avait une douleur surtout, celle de quelqu'un ayant traversé bien des combats, peu importe qu'il ait porté les armes ou non. Celle de quelqu'un qui avait vu, qui avait entendu, prophète désolé de ces mondes sans religions.

 « Je ne t'ai pas suivi, il avait laissé assez d'indices de son côté. Je ne savais pas non plus que tu serais là, j'aurai attendu sinon. On ne peut pas tout prévoir.... Et peut-être que je fais cela pour de l'argent, oui, qui sait ? »

Un sourire comme une cicatrice sur le visage sombre, il rabaissa le bras, le corps fourmillant d'une trop vieille colère qu'il calmait sans un mot. Certaines choses ne s'abandonnaient pas ainsi, il fallait vivre avec voilà tout.
Pendant un instant il n'y eut que le grésillement mourant de la machine, une autre forme de cadavre. Tuiren s'en doutait-il, qu'un jour peut-être il serait capable de détruire un homme avec autant de facilités ?
Voilà ce que les combats nous faisaient....

 « Dépêche toi d'amener la bière, ça t'empêchera de dire d'autres bêtises »

Le laisser boire à la santé du mort peut-être, qu'importe. Tuiren apprendrait à mettre en place ses propres rituels au fur et à mesure des horreurs. Ca se voyait dans ses yeux, qu'il y arriverait, qu'il survivait. Ses yeux de presque adulte, et qu'il le devienne pas complètement, c'est mieux.
Le monde avait encore besoin d'enfants...

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When the man comes around

Quand Seth s’énervait il changeait de visage. Il avait ce ton imposant de ceux qui savaient se faire entendre. De ceux qui ne laissaient pas marcher sur les pieds. Ce qui n’était pas du tout le cas de Tuiren. Des fois tout de même ça marchait. Sa haute taille et son regard dur aidant, il arrivait parfois à se faire respecter, mais la jeunesse et l’inexpérience revenaient vite le freiner. Alors quand la colère de l’homme lui tomba dessus, il ne put que la subir. Il resta muet en écoutant, le corps tendu comme jamais. Il était prêt à sortir son blaster. Il l’avait remis dans son holster et il était là. Juste à côté de main. Il sentait le metal contre sa peau nue. A la moindre menace, au moindre mouvement de trop….

Cela n’arriva pas pourtant. Ce furent juste des mots, chargés néanmoins d’un lourd passé. Les vieux disaient toujours ça. Ils avaient jeté l’éponge sur les futilités, les choses qui donnaient à trop réfléchir. Ils allaient à l’essentiel. Et Tuiren n’allait pas le contredire. A bord de son vaisseau, ne faisait-il pas la même chose? Beaucoup de ses cibles restaient des bâtiments, mais il avait également affronté des escadrons de l’empire. Au final des escadrons avec des gens aux commandes. Des vies qu’il prennait et que comme il venait tellement bien de dire, ne le méritaient peut-être pas. Tuiren ne s’était jamais appesanti sur la question. Il était bien plus aisé de juger les actions des autres que les siennes. Mais lui le faisait pas pour le fric, il le faisait pour….Ouais pour quoi d’ailleurs?

Le doigt tendu vers lui était on ne peut plus effrayant, et il était assez ridicule de penser que ce gars parvenait à lui faire perdre ses moyens. Et ce que ce soit en le menaçant d’un blaster ou juste de son doigt.

En tout cas le sujet semblait réveiller l’aspect d’un monstre qu’il ne voulait pas voir. Qui attirait son attention, mais néanmoins qu’il échangeait volontiers contre cette autre facette, moqueuse mais bien plus tranquille. Ce gars était comme un kaléidoscope géant, où les émotions menaient une danse au rythme endiablé. Tuiren n’était pas un empathe, il n’y comprenait rien. A défaut de les décortiquer, il savait néanmoins quand il lui fallait la fermer. Et ce fut ce qu’il fit.

Il ne l’avait pas suivi.
A cette révélation le gamin s’était senti sourire. C’était pas le moment, ça sortait de nulle part, mais il avait souri, parce que c’était cool. Ouais c’était bon de savoir qu’on avait pas fait de faute. C’était important quand on avait encore rien fait de sa vie ou presque, de savoir qu’au moins on ne faisait pas n’importe quoi. Le sourire dura peu, mais il fut signe d’une fierté, relative tout de même, mais d’une fierté quand même. Ce fut peut-être pour cette raison qu’il se décida à aller chercher ces bières. En fouillant le minuscule frigo, il en trouva deux. C’était pas des marques très recherchées mais c’était mieux que rien.

Il en attrapa deux. Une fut donnée à Seth, et l’autre il la garda juste dans sa main.
Trinquer ou boire dans un instant tel que celui-ci lui paraissait déplacé. Mais à bien y réfléchir, sa gorge était sèche et l’appel du breuvage ne faisait que renforcer la sensation. A défaut de trouver cela bien, il se résolut à ouvrir la bouteille. Pour apaiser sa soif juste. Il but, une longue gorgée rafraichissante. Et son corps l’accueillit avec joie. Il reposa ensuite la bouteille sur la table et s’essuya du dos de la main.

- Tu a l’air de savoir pour qui je travaille. Et tu es prêt à nous aider. Alors quelle est la raison? J’dirais bien que c’est ton sens du devoir exacerbé ou bien autre chose….? Impossible d’étouffer dans sa voix ce début de raillerie. Du gamin qui reprenait confiance.

Il avait peur de lui, pas comme d'un monstre, mais comme d'une menace, d'un ennemi. Et cela aurait pu faire rire Seth alors, parce que se lever, le pointer du doigt ainsi, hé bien Tuiren ne pouvait comprendre toute l'énergie que cela lui avait demandé.
Un masque, une comédie, l'essence même de l'homme aux yeux sombres que l'enfant apprenait à craindre tout en cherchant comment s'en défaire.
Au moins, le môme avait obéit pour la bière, brave gamin. Sauf que Seth ne pouvait pas l'ouvrir, il suffisait simplement de dévisser la capsule mais...
Non. Trop de gestes, trop de coordination que son triste esprit ne pouvait exécuter. C'était ainsi, les barrières du monde réel, un rappel de ce que lui-même était, l'homme handicapé. Alors la bouteille resta sur la table tandis que Tuiren buvait.
Et Seth était assis à nouveau, songeur, un peu en dehors de tout, un peu en dehors de lui, sa propre protection face à la haine et la colère.
Il eut pitié pour le cadavre, cela arrivait souvent, d'avoir été tué par quelqu'un d'aussi... D'aussi quoi ?
Pitoyable. D'aussi pitoyable que lui. Pauvre gars...

La voix de Tuiren était celle d'un jeune prédateur apprenant comment mordre. Alors il le regarda à nouveau, calme, le laissant tester les limites des questions et des sarcasmes là que des barrières semblaient posées. Il acquiesça un peu, ce n'était plus des blagues idiotes de gamins, mis des couteaux dans le dos. Tuiren comprenait, Tuiren apprenait, et ses mots avaient un sens nouveau : vois, je me moque mais je réfléchis aussi, je tire des conclusions, alors tout vient à double tranchant n'est-ce pas ?
Dans quelques années, si la vie voulait toujours de lui, comment serait-il ce jeune homme, fade et dépité ou bien toujours brûlant de sa propre lumière dans le désespoir ambiant ? Là encore le gamin aurait un équilibre à trouver, de quoi différencier un simple soldat du vrai résistant, celui du cœur, celui de l'âme. Il avait de quoi devenir un héros finalement ce gosse, du genre que l'on suit, du genre que l'on craint de voir mourir tout en comprenant que cela arriverait un jour ou l'autre.

«Parfois il y a des raisons qu'on ne peut pas expliquer avec des mots, ou simplement des histoires trop longues à raconter. J'ai des amis, enfin je suppose, et si j'ai pris un chemin différent de celui qu'ils ont choisi de suivre, je reste fidèle malgré tout »

Fidèle, meurtrier surtout, mais qui mieux qu'un chasseur de primes pour tenir au courant des personnes de recherchées, des pistes que d'autres pouvaient avoir ? Certains, comme Tuiren, comme Agheera, apportaient à la Résistance une lumière nouvelle et juvénile pour combattre les anciens ordres et le désespoir, Seth, lui, n'offrait que des petits bouts de ténèbres à dompter un peu plus pour comprendre.
Il y avait un peu du guerrier en lui bien sûr, mais un guerrier étrange, différent, l'imaginait-on avec un blaster, l'imaginait-on avec une épée ? Nul ne savait vraiment...

 « Seth Onoria »

Parce qu'il le méritait finalement, le gamin, de savoir, peu importe ce que cela apportait. Une marque de confiance au moins, mais se croyaient-ils vraiment l'un l'autre ? Et cet enfant, pouvait-il grandir pour devenir un traître peut-être ? Seth ne savait voir le futur, il laissait cela à d'autres plus sages, se contentant des brumes et des rêves, et un jour peut-être, il comprendrait enfin que devait venir le temps du courage.

 « C'est comme cela que l'on m'appelle... Si t'as des problèmes par rapport à des contrats ou autres, il se peut que je réponde. Je fais jamais rien gratuitement, sauf parfois, lorsque le sens de l'honneur te gratte un peu trop fort, comme un mauvais bouton. »

Les vies qu'il avait sauvé, nul ne le savait, nul ne s'en souvenait, et parfois elles mouraient quand même, et parfois il tuait aussi, mais qu'importe ?

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When the man comes around

Seth avait laissé la bière sur la table sans même l’ouvrir. ce qui commença par l’agacer un peu. C’est vrai quoi. Il n’avait pas l’air de la vouloir alors à quoi bon lui avoir demandé. Mais l’air égaré sur le visage de Seth lui fit se poser des questions. Lentement il relevait les mouvements lents, la volonté de s’asseoir….Certains gestes semblaient hésitants et cette façon de se tenir était étrange.

Il le nota sans réellement en comprendre le sens. Après tout l’homme lui avait démontré être plus fort que lui. Il ne s’y attarda pas non plus. Les mots de l’homme étaient bien plus intéressants. Et à défaut de parler de façon directe, il donnait à entendre ce qu’il voulait dire. Ses amis étaient donc dans la Résistance, et lui adhérait à quelques idéaux. Cela expliquait sans doute pourquoi il était encore là, Et les questions qu’il lui avaient posées déclenchèrent un changement. Est-ce que c’était lui? Est-ce que c’était cet homme qui avait toujours eu à coeur de lui dire qui il était? Tuiren n’avait jamais vraiment su lire les visages des gens. Ainsi incapable de voir le mensonge, il se retrouvait avec une longueur de retard face à quelqu’un qui pouvait le lire comme un livre ouvert. Cet homme mentait-il? Tuiren ne pouvait se défaire d’une méfiance tenace. Mais il voulait y croire.

- Tuiren, se présenta-t-il à son tour, omettant son nom de famille.

C’était pas une bonne idée de donner trop d’informations..

- Tu fais crédit j’espère parce que j’suis pas précisement riche comme un Hutt.

Il se sentit sourire. Avec le salaire que lui fournissait la Nouvelle Réublique il n’avait jamais pu mener un train de vie de folie, et encore moins désormais à la Résistance où ils étaient tous sur la paille. Intuitivement il fit un pas dans la direction de l’homme, et atteignit une chaise sur laquelle il prit place. Les coudes sur la table et les doigts jouant avec la bouteille.

- Pourquoi avoir emprunté un autre chemin? La jeunesse imprimait dans le caractère de Tuiren une loyauté accentuée, qui n’avait encore eu le temps d’être écorchée. Il ne s’imaginait pas quitter les siens. Encore moins les Spectres qui étaient devenus sa famille. Mais Seth avait vu plus de batailles, sans doute plus vu le côté sombre et le côté lumineux de chacun. Déçu peut-être d’idéaux qu’il avait suivis. Tuiren était incapable de se mettre dans sa tête.

- Pourquoi ne pas revenir puisque de toute évidence tu y crois encore?

Fixer cette bouteille intacte devenait tout un art. Il y avait tellement de questions qui se bousculaient dans sa tête et de théories à envisager. Ce gars était une énigme à lui tout seul. A priori Tuiren n’aurait pas du être autant curieux. Seth n’avait pas grand chose pour lui. Juste le sale boulot pour quelques crédits. C’était méprisable de l’avis général. Les chasseurs de prime n’avaient jamais bonne presse. Et pourtant cet homme irradiait un charisme que Tuiren ne parvenait pas à s’expliquer. Et le fait que la Force ait pu faire de l’inconnu un guerrier était trop pour lui. De lui même il ne trouverait pas cette explication.
Il le regardait toutefois. Oh il ne croyait pas qu’il pouvait le faire changer d’avis, il cherchait juste un moyen d’être plus proche de l’homme.
Le début de leur rencontre avait été semée d’embûches, en quelques minutes il avait oublié la haine. Alors cela ne voulait-il pas dire qu’au fond ils étaient plus proches que leurs existences ne laissaient croire?

Que l'enfant puisse s'asseoir soudain le surprit, c'était se mettre à sa hauteur près tout, c'était se regarder d'égal à égal un peu plus. Il avait vu les yeux aller de par et d'autres de ce qu'il représentait, bien sûr, voir la bouteille intacte, la chaise sur laquelle il s'appuyait, et dans le regard attentif il y avait le souvenir aussi. Celui de l'ombre que Seth avait été dans l'encadrement de la porte, presque capable de cacher la lumière peut être, celui d'un blaster dans une main trop serrée, celui d'une douleur aussi, alors il continuait à le croire fort sans rien voir du masque porté par le chasseur de primes.
Ce môme savait respecter ses menaces et ses ennemis, à défaut de comprendre comment doser paroles et sentiments. Il était jeune, de plus en plus jeune soudain, un soleil à peine éclot peinant à offrir ses rayons. Seth pouvait imaginer bien des choses, des combats aux champs de batailles, et il voyait parfois des corps agonisants, des vaisseaux explosant dans le ciel parce qu'il en serait toujours ainsi aussi, la guerre et la mort. Et les yeux de Tuiren restaient ainsi qu'il les voyait à, plein de feu, plein de vie. Il survivrait, il survivrait peut-être bien plus qu'eux tous réunis.

 « J'y crois encore, j'y croirais toujours je pense... »

Ses doigts se refermèrent sur le goulot de la bouteille toujours close, il avait besoin de s'agripper à quelque chose, quelque chose autre que son pauvre cœur rabougri. Et l'homme souriait à présent, parce que l'enfant posait les bonnes questions avec ses mots à lui. Cela aurait pu être agréable comme discussion, lui qui ne pouvait être un modèle pour quiconque, lui qui souffrait de tout ce qu'il était. Parce que la douleur était là, parce que les yeux de Tuiren l'attraperaient elle aussi, il était intelligent après tout, une intuition vive ne demandant qu'à s'aiguiser. La Résistance avait recruté un homme de valeur en lui, capable de donner à leur combat l'aura de noblesse qu'il manquait parfois.

 « Et c'est pour cela que je ne viens pas à vous, que mon chemin est autre. Que dirais tu si tu voyais un homme comme moi soutenir une cause quelconque, n'aurais-tu pas peur que celle-ci cache de plus noirs desseins ? Le sang sur les mains ne s'efface pas, et je ne cherche pas une quelconque absolution. »

Comprendrait-il vraiment, ? La main qui tremble, le désespoir soudain. Il reposa la bouteille, encore incapable de l'ouvrir maintenant, comprenant que son corps arrivait à bout, qu'il ne pouvait en demander plus s'il ne voulait pas perdre pied complètement. Un autre paradoxe encore une fois, ce caractère solitaire qui était le sien, et ce corps défaillant pourtant, lui interdisant de vivre seul s'il voulait vivre bien. Il ne vivait pas bien.

 « Non, j'ai des rêves mais je ne peux les porter... Tu le sens n'est-ce pas ? Quand tu me regardes... Tu sais que quelque chose ne va pas, que quelque chose est contre-nature et tu as raison. »

Il y avait une blessure mortelle quelque part ici, quelque chose d'intangible, ne s'arrêtant pas de saigner pourtant, ne s'arrêtant jamais lorsque pourtant l'espoir restait. Lorsque l'humanité avait été déchirée jusqu'à en crever, qu'il n'en restait rien d'assez beau, rien d'assez grand pour vivre autrement que dans les rêves des gens.
Il se reculait d'eux, il se reculait de tout : la Résistance bien sûr, les Jedis surtout, et où était sa place ? Nulle part, éternel égaré.

« La vérité est que je suis un lâche, rien de plus.... »

Au delà des mots, au delà du mal, parce que son corps entier tremblait, parce que ses mains aussi, victime de sa propre naissance imparfaite. Tel était Seth, et la haine n'était jamais loin alors, lui incapable de se regarder dans le miroir. Et après ?

 « Tu es le plus fort de nous deux, Tuiren de la Résistance... »

Fiche de CaptainBen ♥

When the man comes around

- Je pourrais être méfiant exact.

Cet homme avait peut-être raison sur le fond. Mais il avait vu une faille, l’espoir même minime et insignifiant qui prouvait que ce n’était pas impossible. Ca restait tout de même conjugué dans un subjonctif hypothétique et ça voulait dire qu’il pouvait lui faire peut-être confiance. Après tout il avait des exemples de gens qui étaient sortis de l’ombre pour revenir soutenir une cause qui leur tenait à coeur.

- M’enfin à ta façon tu sembles aider….

Il fit une pause, l’espace d’une seconde où le doute s’inscrit sur son visage. Non il ne saisissait pas tout le sens des paroles. Et pour lui les choses pouvaient être aussi évidentes que croire que lorsque quelque chose était important pour quelqu’un, et qu’en plus c’étaient des choses qui valaient la peine, alors hop y’avait pas de quoi tortiller. Mais effectivement maintenant qu’il y pensait, c’était fortement possible que pour ce gars-là ce soit pas aussi simple .A défaut de comprendre, il lisait l’égarement dans des yeux trop sombres. Le regard de Seth était fatigué. Il portait les traces de cette vie qu’il s’était construit. Qui ne semblait lui convenir.

- Enfin j’crois après tout tu sais mieux que moi.

Il se perdait dans une explication où lui même ne savait pas où il allait, alors pour éviter de dire n’importe quoi, il décida tout simplement de ne plus rien dire. D’écouter. Il sentait cette souffrance dont l’homme lui parlait. En connaissait-il la nature? Seth lui confirmait les esquisses qu’il devinait. Tous ces gestes hésitants. Une faiblesse déguisée derrière un masque. Au moins parlait-on de la même chose maintenant. Seth avait deviné qu’il était résistant, ce qui le soulagea d’une certaine façon. Au moins il n’aurait pas à le lui dire.

- Alors c’est tellement évident?

Il était résistant mais était-ce gravé sur sa gueule? C’était idiot comme question mais il avait pas pu s’empêcher. Il eut un moment de flottement, se demandant ce qu’il pouvait dire. Encore. Ce qu’il pouvait faire. Et soudain sur un coup de tête, il lança sa main en avant et attrapa la bouteille. Il ne fallut que peu d’efforts pour en dévisser le haut et le rendre à son propriétaire.

- Et voilà ça de fait....

Se rasseyant aussitôt il tenta de calmer cette fougue inattendue.

- Je doute d’être le plus fort mais pourquoi pas...Ses supérieurs devaient rire au loin. On le disait gamin. On le disait inexpérimenté. Il n’avait pas l’étoffe d’un grand combattant. Ou ne se souciait pas de l’avoir. On le plaçait avec les siens, feignant parmi les cassos. Ce qui faisait qu’il n’y avait rien de trop intéressant à raconter à son sujet, et ce n’était pas du tout le cas de celui qui était en face. Alors raconte comment étais-tu avant?

Il doutait qu’il ait toujours été le lâche qu’il prétendait être. De toute évidence il avait des récits à raconter et une histoire qui le menait à cet être qu’il n’aimait plus. Tuiren avait pas la volonté de ramener un vieux héros sur le devant de la scène. Mais il voulait savoir.

Les gestes de Tuiren, fluides et rapides, la bouteille que l'on débouche simplement, l'espèce de sourire qu'il portait alors aux lèvres, jeune, idéaliste, et puis la voix... Certaines choses ne devraient pas être dites, même lorsqu'il ne s'agissait que de mots, même lorsqu'il ne s'agissait que de rien, une simple phrase pouvant aller à bien des contextes...et Seth ne voulait plus l'entendre, plus s'en rappeler surtout.
Il serra les poings, ses poings à lui, lourds, malhabiles, qu'il ne pouvait bouger à sa propre convenance. Et les mots restaient dans son esprit pourtant, ceux pour traduire la facilité d'un simple geste quand pour le chasseur de primes, aucun ne le serait jamais.
La douleur.
Il ferma un peu les yeux, son bras trembla, la bière resta intacte bien que ouverte. Et d'autres mots vinrent alors, Seth aurait pu hurler, plus animal qu'homme, il ne le fit pas, enfermé dans sa propre prison dont on lui déniait la clé.
Ce qu'il avait été avant... Mais avant quoi ?
Il n'y avait pas de avant, il n'y en avait jamais eu. Avant la douleur, avant le handicap, celui pour lequel on l'appelait le faible, le lâche. Et Seth les croyait parfois, les croyait souvent. Trop souvent. Il se poignardait lui-même, il se poignarderait toujours pour éviter aux autres d'enfoncer leurs lames un peu plus profond alors.
Il avait mal.

L'homme rouvrit les yeux, comme cela, avec douleur. Il regarda l'enfant, mais ne voulu répondre, étranger à nouveau. Des liens le retenaient, bête sauvage, bête féroce, et il était de cette sorte d'animal que jamais l'on ne peut espérer approcher. Il était fureur et sauvagerie, à sa manière, lui qui combattait la colère pourtant, lui qui avait porté le sabre, l'épée. Avec ses mains tremblantes, avec son corps déchiré, et des choses comme ça ne se racontaient pas, parce qu'aucun mot ne serait assez fort alors. Parce que nul ne le croirait. Parce qu'il ne pouvait pas ouvrir une simple bouteille de bière, et que pour cela et bien d'autres choses, on le jugeait.

 « Un lâche, un bon à rien »

La réponse resterait la même, il avait grogné les mots avec un peu trop de cœur peut être, il ne savait pas. Mais sa gorge le brûlait, et ses mains tremblaient, quelque chose en lui aspirait à autre chose bien sûr, bien au delà du bleu du ciel, du souvenir des oiseaux. Le gamin, là, il devait piloter, savoir ce que c'était que de s'envoler, Seth, lui, ne le pouvait que par procuration, toujours quelqu'un d'autre à ses côtés. Le gamin, ses mots, ses insolences, et il le détestait peut-être finalement ? Oui il le détestait, d'être si normal, si parfait,alors l'envie de le tuer quand même lui monta à la gorge. Il ne pouvait pas malgré tout, tuer ainsi, devenir fou, basculer, et quand bien même, qu'est-ce que les ténèbres feraient d'un fou comme lui ?
Alors il restait à la lumière, un genou à terre, presque, ou peut-être les deux, et les ombres s'allongeaient sous ses pas, elles s'allongeraient toujours.

 « Tout le monde ne peut être comme toi »

Du ressentiment ? Oui, peut-être, car Seth n'avait jamais eu la chance d'être normal après tout, alors il enviait les corps sains avec un peu trop de désespoir peut-être, lorsque rien d'autre ne restait. Car tout était douleur, car tout le resterait....Il inspira un peu, secoua la tête, et jusqu'à ce mouvement pourtant anodin paru d'une complexité toute autre pour un observateur extérieur. Les secrets s'entremêlaient en lui, sur lui, se nouant entre ses membres pour les faire bouger de manière difforme lorsque même sa volonté ne pouvait y accéder. Tristesse, tristesse et douleur....

Il ne boirait pas la bière, la bière que Tuiren avait ouverte gentiment peut-être, mais en voulant lui rappeler combien le geste était facile pourtant. Facile pour tout le monde, sauf pour lui. Il ne boirait pas la bière, parce qu'il n'y avait que les amis qui trinquaient.
Et Seth était seul...

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When the man comes around

Il y eut un nouveau Seth encore. Cet homme n’était ni ombre ni lumière. Il était juste flou. Tuiren était incapable de voir ce qu’il y avait à faire ou à dire ou encore à penser. Ouvrir simplement le rafraichissement avait été un acte impulsif poussé par l’envie d’aider. Tuiren fonctionnait ainsi, peinant à trouver les mots, mais tentant de compenser par ce qu’il pouvait faire à la place. Maintenant il hésitait. Le chasseur semblait s’être soudain retranché dans un endroit qu’il ne pouvait atteindre. Et si’l n’avait pas la sensibilité pour lui parler, qu’allait-il faire. Et puis après tout ils n’étaient pas amis, il n’avait pas à se montrer sensible.

- T'as pas une haute estime de toi-même j'vois.

Le son de sa voix n’était pas tellement méprisant, c’était plus une constatation qu’un réel reproche. Est-ce que cela le dérangeait, de voir ainsi un homme qui aurait pu porter la tête haute, et pas seulement à cause de son physique, se mettre ainsi tout en bas de l’échelle humaine? Est-ce que c’était une caractéristique qu’ils partageaient? Pas tellement en réalité. Mais Tuiren n’avait pas non plus une haute estime de lui même. Certes il pouvait dire à qui voulait l’entendre qu’il se défendait en pilotage, mais ça n’allait pas plus loin. Qu’on le mette au dessus de soi était même inattendu. Il n’avait vraiment rien du gars auquel on allait envier quelque chose. Tour à tour on le traitait de gamin, de fainéant de nul, voir encore d’inutile.

Il s’entendit soupirer tandis qu’il fixait cet homme, qui semblait s’être totalement fermé à lui. Et quand bien même on lui aurait demandait son avis sur lui, il aurait été totalement incapable d’en donner un. Il le fixait avec une obstination qui frisait les limites de l’impolitesse. Est-ce que c’était de la fascination. Peut-être qu’en le regardant suffisamment, il allait avoir les réponses? Seth n’avait de cesse de dire qu’il n’était qu’un lâche, il avait démontré durant les dernières minutes pouvoir être efficace et utile. Il était impressionnant autant par son physique de géant que par l’aura qu’il dégageait. C’était peut-être ça qui fascinait le jeune pilote en face de lui. Ce dernier voyait dans cet étrange type quelque chose qu’il ne parvenait pas à deviner.

En se laissant aller contre le dossier de sa chaise, il détacha enfin son regard. La surface de la table était froide sous ses mains, et l’espace d’un instant, cela lui remit les idées en place. Il devait partir, appeler les autres pour l’aider à tout remettre en place. Leur remettre la disquette. Et puis une pensée lui traversa l’esprit.

- Comment est-ce que tu es venu ici?

Comment était-il arrivé jusqu’ici avec ses gestes on ne peut plus hésitants? Finalement le pilote se leva et considérant l’homme assis, il plissa les lèvres. Et en se dirigeant vers la porte ouverte, il s’éloigna de lui.

- Il faut qu’on parte. Arrivé sur le pas de la porte il se retourna à demi. Si tu n’as plus rien d’autre à me dire, je suggère qu’on bouge. Je peux te déposer quelque part si tu veux. Et en revenant tu pourras toujours me dire qui tu connais dans la Résistance. Peut-être que j’les ai déjà rencontrés…?

Et franchissant le seuil, il était déjà parti dans ses réflexions. Retrouver son speeder, revenir là où l’attendaient les autres et laisser derrière lui la sombre zone des usines. Il fit un pas, laissant sa lourde semelle écraser le sol poussiéreux et puis se tourna vers Seth.

- Tu viens alors?.

Les ombres sous lui, les ombres en lui, pour un instant ce fut comme si le lieu même cherchait à l'emprisonner, l'engloutir, dans les ténèbres qui se refermeraient après leur départ. Quelque chose flamboya pourtant, une flamme dans son regard, une douleur dans un geste, un autre, qu'il faisait. Quelque chose. Non, l'estime de soi il n'en possédait pas. Ce n'était pas faute d'essayer, et Seth savait reconnaître une utilité bien plus qu'une qualité. Quant à ce qu'il représentait en tant que personne propre...son caractère même le retranchait des autres. Il aimait parler pourtant, la sensation d'une amitié, et les quelques connaissances qui gravitaient autour de lui semblaient s comme une souffrance semblable face à autrui. Et puis il y avait les autres, les innocents...
Une solitude étrange, d'ombres et de miroirs, et pourraient(ils rire un jour vraiment ? Non, pas lui, pas comme les autres. Pas vraiment....
Déjà Tuiren le fatiguait de par sa normalité, et comment l'expliquer ? Des ténèbres et des ombres, encore....

 « Chaque nom que tu connais, chaque nom que tu peux relier à d'autres est une possible arme de plus pour tes ennemis, prince des bavards »

Un sarcasme ? Oui... Julen l'avait déposé, bien sûr, et comme leur stipulait leur accord, ne venait pas le rechercher. La propension étonnante qu'avait Seth à se perdre devenait un atout, empêchant de trouver une logique dans sa fuite, lui permettant de disparaître parfois aussi sûrement que s'il n'avait jamais existé.
C'était donc un fantôme, là, de nouveau debout devant Tuiren, un fantôme de rêves et de fumées. Le gamin raisonnait bien sûr, il raisonnait toujours comme le montrait leur conversation depuis le début, loin d'être idiot. Une force tout autant qu'une faiblesse, parfois il fallait simplement apprendre à se taire.

 « Tu ne peux me déposer où je dois aller »

Car il n'allait nulle part, telle était la vérité. Ensembles, les deux hommes franchirent la porte pourtant, l'un bond comme un soleil malade, l'autre sombre comme une nuit à l'agonie. Ils étaient les fils d'un monde ne pouvant se construire, chacun avec son propre poids, chacun avec sa propre croix, et les mots tuaient peut-être, les mots tuaient toujours. Ceux qu'ils peinaient à échanger, se lançant des phrases et des silences pour oublier les sentiments. Les sentiments qu'ils devaient éprouver, qu'ils n'éprouvaient pas, du moins pas vraiment. Camaraderie, amitié ?
Et peut-être l'enfant en viendrait-il à douter de l'existence même du chasseur, car quelle preuve avait-il sinon une vie ? Une vie qui n'avait pas été prise, un homme aussi sombre qu'un cauchemar, et des choses qui ne se comprenaient pas.

 « Il y a une femme, elle est jeune...je pense à elle encore parfois, oui, je pense à elle... »

Et pourquoi en parler quand même, pourquoi maintenant ? Car il n'y aurait peut-être jamais plus d'autres moments, car les mots lui brûlaient les lèvres tout autant que le cœur, et qu'au dehors, la lune semblait comme pleine.

 «  Si elle me demandait de la rejoindre, alors peut être... »

Des phrases et des non-dits, elle avait fuit pourtant dans le dédale de Naboo, après lui avoir sauvé la vie, après avoir été sauvée par lui, laissant comme une empreinte dont il ne pouvait se défaire, un coup mortel à sa propre solitude.

 « Elle pilote, je crois.... Agheera... »

Mais jamais la jeune femme ne demanderait pareille chose évidemment, alors il y avait comme une douceur soudaine dans la voix de l'homme, une tendresse chaude et profonde, semblable à une étreinte. Quelque chose pour dire qu'il connaissait une jeune femme seule, trop seule, même au sein de la Résistance, et qu'elle avait besoin d'amis....

Fiche de CaptainBen ♥

When the man comes around

Au moins accepta-t-il de le suivre. La vérité c’était que Tuiren avait suggéré cela, sans vraiment trop y croire. Il se sentait à moitié fier d’avoir réussi à le convaincre. Lui Seth Onoria un guerrier déchu qui ne paraissait plus qu’obéir à lui-même, à des pulsions aussi sombres qu’étranges.. Et ce sentiment s’emmêlait à celui d’être vexé. D’après lui il ne parlait pas tant, pas plus que ne parlait Seth d’ailleurs. Mais au delà du sentiment de honte, il en notait les leçons à retenir. Maintenant qu’il était plus tranquille, il pouvait se poser et réfléchir. Ou du moins faire quelque chose qui y ressemblait.

- D’accord je vais essayer de parler moins.

Mais Seth devait reconnaitre que la situation n’aidait pas. A part se regarder comme deux ronds de flan, quelle était l’alternative acceptable? Et comment faire pour en savoir plus sur cet homme? Oh bien sûr il n’était pas le derniers des idiots, et il ne cessait de se méfier, de faire attention que rien de ce qu’il disait ne laisserait de trop grosse trace. Mais il se devait de parler, de demander un minimum. Parce qu’il ne pouvait lire dans les esprits, ni même lire les expressions des gens. Parce qu’on l’avait formé pour autre chose, et que cet autre chose incluyait des machines, et non des gens.

Il eut un petit rire lorsque Seth lui signala de l’amener où il devait aller. Ah c’était bien joli mais ça manquait un peu d’informations.

- Ca tombe niquel alors, se marra-t-il. C’est juste sur ma route. Son speeder était encore dehors, à priori personne ne devait l’avoir trouvé. En espérant que Seth aime la vitesse.

Côte à côte ils avançaient dans le sombre couloir qui les ramenaient à la salle principale de l’usine. Alors qu’ils marchaient Seth parlait et le pilote crut s’étrangler, non pas lorsqu’il lui annonça qu’il pouvait rejoindre la Résistance pour une femme, mais quand il prononça son nom. Tuiren connaissait pas tout le monde, mais soyons francs des Agheera qui pilotaient c’était pas très commun. Impossible de dissimuler sa réaction, même un petit wampa avec des problèmes de vue l’aurait deviné, et Seth ne serait sans doute pas dupe.

- Il s’peut que je l’ai déjà rencontrée cette fille, grogna-t-il. Le souvenir d’avoir mordu le tapis lui revint en mémoire. Elle a les poings qui partent facilement.

Inutile d’en dire plus. La situation était suffisamment étrange car imaginer ce gars en train de penser à elle était un peu compliqué. Est-ce qu’ils n’étaient pas très opposés? Ou justement identiques dans leur façon de venir de nulle part? Et puis soudain il s’interrompit et fit face à Seth.

-  Tu veux dire que tu quitterais tout pour une femme….?

Tuiren n’avait pas vraiment connu le grand amour, alors ces notions de tout laisser tomber et renoncer à ses idéaux et autres importants principes pour le velouté de la peau d’une femme, c’était un peu hors de portée. La subtilité n’était pas son fort, les mots gentils ce n’était pas plus son créneau. Les mots  de Seth lui rappelèrent qu’il ne devait pas dire cela pour autant,et il leva alors les mains en signe d’apaisement.

- Mais écoute c’est pas mal non? Comme quoi tu disais avant que ton chemin était tout autre, et visiblement y’a encore des panneaux qui te ramènent là où aller.

Il se remit en route en rigolant. C’était gentil malgré le fait que Seth semblait très sérieux.

- Cette fille elle m’a mise au tapis une fois, j’ai rien vu venir. Alors qu’elle est comme ça, ajouta-t-il en indiquant une hauteur exagérément proche du sol. Remarque, c’est peut-être ce genre de fille qui peut te motiver, ajouta-t-il.

Pourquoi lui dire cela maintenant? Il était mitigé à l’écart de ce souvenir. Globalement stupide mais qui lui arrachait quelques grincements de dents par son égo malmené. Il souriait tout de même un peu en avançant. C’était comme Seth qui venait de lui avouer la faiblesse d’un homme. Celle qui remettait un coeur triste en marche, et en cela Tuiren n’avait pas envie de se moquer. Comme quoi il suffisait d’un sujet universel pour remettre une ambiance de folie, folie ici somme toute très relative.

- Allez Seth j’te dépose où?

Dommage pour Tuiren, Agheera n'était pas la seule personne qu'il côtoyait, à avoir les poings faciles...
Il y avait quelque chose de surprenant dans le geste de Seth, parce que comme chacune de ses actions, il se faisait avec maladresse. Véloce, féroce, le coup frappa le garçon au visage et s'il n'était pas aussi brutal que prévu, la violence qui émanait de l'homme semblait comme un coup de plus pourtant. Il l'attrapa à la gorge aussi, l'empêchant de tomber, de s'effondrer un peu, comme une raillerie presque. Reste-debout, mon garçon....

 « Je t'ai dit de me laisser, tu ne peux me déposer nulle part ! »

Son souffle renvoyait aux brumes des batailles, celles qu'il ne menait pas pourtant, et entendre Tuiren parler d'Agheera semblait comme attiser la folie en son âme. Parce qu'il ne comprenait pas, pourquoi « une fille comme ça » ? A la jeune femme, il n'avait rien demandé alors qu'elle se déposait comme une dette à ses pieds.  Qu'est-ce qui le dérangeait alors ? Après tout, Tuiren complimentait la force qu'elle cachait, et peut-être bien était-ce cela... Parce qu'elle avait fuit seule dans les rues de Naboo, parce qu'alors qu'il se dressait devant elle, aucun de ses camarades n'avait suivi. Qu'il aurait pu la tuer....
Parce que ceux qui la pensaient forte, derrière la vérité, la condamnait. Et l'imaginer souffrante, morte, il ne le pouvait...

Il lâcha l'enfant bien sûr, tout en lui criait son envie de solitude désormais. Parce que ce qu'il sentait chez le jeune pilote, c'était une menace, celle de la chute. La chute d'avoir observé quelque chose qui brillait un peu trop fort face à notre propre ombre, et la sauvagerie désespérée du chasseur de primes était une plaie ouverte. Non, Tuiren ne représentait pas un ennemi quelconque, cependant avec son intelligence particulière, sa manie de parler surtout, il s'imposait. Peut-être était-ce sa jeunesse aussi, car Seth ne côtoyait que des sombres, des désespérés, ceux connaissant la valeur d'un silence, ceux qui savaient le prix de la Lumière aussi...

 « Si tu la vois... »

Alors qu'elle avait sans doutes déjà oublié son nom, son visage.

 « Dis lui juste qu'elle n'est pas seule, que je suis là »

Le fou, l'handicapé....

 « Le coup est parti tout seul... »

Pas des excuses, ça il ne savait pas les faire, et quelque chose en lui saignait encore de ce qu'avait fait Tui. Car il représentait ce monde que Seth ne pouvait appréhender, dont il se protéger avec ses faiblesses, avec sa violence, avec ses barrières. Ce monde qui un jour finirait par le tuer, lui pour qui chaque geste était une difficulté.
Il avait eu peur, en vérité. Peur, comme un enfant, car même monter sur un speedster était dur, son corps lui obéissait peu, il fallait trouver comment se positionner, savoir où les mains devaient être placées... Julen avait pris le coup avec lui, Julen ne posait plus de questions, il savait que chaque geste devait être réexpliqué à nouveau même s'ils avaient déjà été accomplis. Mais là, avec ce jeune garçon, cet inconnu ? Oui, Seth craignait le jugement, et l'on se moquait déjà assez de lui. Il aurait aimé être noble, il aurait aimé être digne, au lieu de cela l'homme avait à se battre contre sa propre ombre. Et Tuiren pouvait répliquer bien sûr, le frapper à son tour, ce n'était pas comme si l'homme avait une quelconque résistance à lui opposer.
Car Seth était fatigué, si fatigué.... Il portait son existence comme un fardeau, non pas dans les délices de l'auto-apitoiement, mais bien ainsi que d'autres portent une croix, conscient que chaque chose menait à un but, un but devant lequel il trébuchait....

 « Allez, frappe-moi si tu veux....Ca n'a pas d'importance. »

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When the man comes around

Faire ses premiers pas comme un débutant dans la vie. C’était un style de rite initiatique où on trébuchait forcément. Oh Tuiren avait cru bien faire. Ou il n’avait pas mesuré l’inconnu variable que représentait le caractère imprévisible de ce gars qu’il ne connaissait pas. Il avait cru pouvoir apprivoiser la bête, mais pauvre fou encore ignorant, que pensais-tu pouvoir faire face à celui qui n’avait plus d’attaches? Il pensait avoir pardonné à celui qui avait fait le mal, se laissant convaincre que ce n’était pas un mauvais bougre. Mais peut-être avait-il mal jugé. Ou peut-être avait-il sous-estimé les mots blessants qu’il pouvait avoir et la colère qu’il avait réveillé ainsi. Elle arriva sous la forme d’un poing qui s’écrasa dans sa gueule, et le fit reculer. Elle l’englua quelques secondes dans une position défensive. Tordu de douleur les mains sur son visage. Et baragouinant des insultes étouffées. Le poing lancé avait été douloureux. Et c’était la force d’un homme qui avait mal qui l’avait frappé. Il sentit une main l’accrocher, lui serrer cette gorge d’enfant. Un instant de panique où il crut que ce gars allait s’abattre sur lui comme un Hutt sur un paquet de crédits gagnés de façon malhonnête. Ses mains quittèrent son visage, s’agrippèrent à ses poignets. Il s’enroulait autour de la peau comme un serpent, et il sifflait comme lui de douleur et de rage.

Mais Seth le lâcha et recula. Les paroles d’un homme qui ne savait plus où il était raisonnèrent. Il lui parlait d’Agheera et la première réaction qu’eut le jeune pilote fut de se dire que l’autre pouvait toujours courir pour qu’il lui passe le moindre message. Parti tout seul évidemment. Mais pour qui le prenait-il? Il eut envie de lui retourner le coup, de laisser sa colère s’exprimer. Il fit un pas menaçant. La gueule en sang. Il toisait Seth de toute sa hauteur et les monstres se faisaient face. Et puis cela retomba. Tout s’effondrait dans son esprit. Las il était maintenant. Fatigué lui aussi pour cette fois. Non il n’avait pas envie de le taper. Et il se contenta d’un regard qui voulait tellement dire “je ne frappe pas un animal tombé à terre”. Méprisant et aussi méprisé, ou du moins c’était ce qu’il croyait. Que Seth pouvait se jouer de lui. Alors sous le filet d’hémoglobine qui tâchait ses lèvres, il grogna sourdement comme un animal. Et de ses dents serrées il lâcha simplement :

- Mon ennemi c’est l’Empire.

Puis reculant il se sépara de lui. Oh non Seth n’était pas encore comme ceux qu’il pourchassait. Oh non il n’aurait pas cette satisfaction de lui donner raison. Il laissa entrevoir un sourire, et son regard glacial laissa sur sa gueule un étrange mélange. L’homme allait être heureux. Il avait retenu la leçon, celle qui disait de ne pas trop parler. Sans un mot de plus, sans même un regard, il s’éloigna, et ne se retourna pas. Il traversa seul l’usine et atteignit la porte de sortie. Il descendit l’escalier d’un pas léger. Il se tenait toujours l’endroit de son visage où l’homme avait frappé. Il retrouva son speeder et enfilant son casque, l’enfourcha et démarra sans attendre.

Il traversa the Works à une vitesse hallucinante.

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