L'alarme raisonna dans les quartiers des officiers, tirant la chiss du sommeil où elle avait fini par plonger.


Triss ouvrit les yeux alors que la lumière se faisait progressivement dans l'habitacle. Elle se redressa difficilement et se frotta le visage. Combien ? Trois heures à peine… Ce n'était pas encore un temps de sommeil digne de ce nom, mais c'était mieux que rien ; elle pourrait bien faire avec. Elle enfila rapidement son uniforme et rattacha ses cheveux tout en passant mentalement en revue la situation. Le voyage avait duré près d'une journée standard complète, elle était restée à son poste une bonne partie du trajet, les rapports et notes venant de Coruscant arrivaient sans trêve et, vue la situation elle n'avait voulu prendre aucun retard dans le traitement de ce fouillis de données. Depuis le départ de Coruscant, elle ne s'était que rarement éloignée de son terminal et jamais pour bien longtemps, sa plus longue pause avait été son déplacement obligatoire à l'antenne médicale pour vérifier l'avancée de sa guérison. Les trois heures qu'elle venait de s'offrir sur la fin du périple était le mieux qu'elle ait pu s'offrir jusque-là. Mais ça lui suffirait, elle se sentait suffisamment alerte pour l'arrivée et se surpris même à se sentir parfaitement reposée alors qu'elle traversait le vaisseau d'un pas vif. Son pied était loin d'être guérit mais les anti-douleurs fonctionnaient à merveille et contribuaient sans doute à son impression de forme.

Quelques minutes plus tard, elle prenait son poste sur la passerelle, activa son terminal et s'identifia. C'est avec un certain soulagement qu'elle constata qu'elle n'avait pas trop de nouvelles données à ajouter à son rapport et sourcilla quand elle vit la notification d'une communication prioritaire. Et non des moindres, l'officier se félicita d'avoir pris le temps de vérifier les dernières nouvelles avant l'arrivée, car elle venait d'apprendre que son debriefing se ferait, non plus sur Bastion, mais à bord du Vaisseau Amiral. Elle pesta en silence et s'empressa de changer son plan de route. Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait le coup du changement de dernière minute, elle l'avait toujours vu à temps, mais ce genre de plaisanteries avait tout de même le don de l'exaspérer. Elle finalisait son transfert quand ils sortirent de l'hyperespace, la baie vitrée de la passerelle laissant voir la surface de Bastion, si proche et si lointaine, tournant lentement suspendue dans le vide spatial. Le croiseur pivota en achevant son ralentissement et ils passèrent dans l'ombre d'un bâtiment autrement plus massif : le vaisseau amiral. Sa destination. Elle verrouilla son poste et quitta le pont.

A l'heure prévue, elle se tenait devant la porte des quartiers où elle avait été convoquée. Sur la route, elle avait été surprise d'apprendre qu'elle serait reçue par un Amiral en personne, Dex Roth, un nom qu'elle connaissait, tout naturellement. Des amiraux, elle en avait surtout croisé de loin, son travail l'amenant régulièrement à superviser les manœuvres spatiales, sa place était bien souvent sur les passerelles ; mais jamais elle n'avait directement eu affaire à l'un d'eux. Elle n'était tout de même que Lieutenant, après tout. De souvenir, il avait la réputation d'être quelqu'un d'assez atypique, elle en eut la confirmation à l'instant même où elle passa la porte pour se présenter dans les quartiers de l'Amiral Roth. Seuls plus de dix ans comme militaire et une impressionnante maitrise d'elle-même l'empêcha d'afficher un air interloqué qui se serait pourtant justifié en le découvrant, torse nu, la peau luisante de celui qui vient de se livrer à quelques exercices sportifs, et qui la reçu comme si tout ceci était la normalité même. Sans se laisser démonter, l'officier salua son supérieur.

- Amiral Roth, je suis le Lieutenant Triss, je vous apporte le rapport de la reprise de Coruscant.

Il l'invita à s'asseoir, semblant préférer les approches moins formelles, l'officier n'y était pas des plus habituée mais elle s'exécuta sans marquer le moindre signe de surprise. Elle en avait vu des olibrius dans sa carrière et c'était loin d'être la situation la plus étrange dans laquelle elle s'était trouvée. "Avec plaisir. C'est du brandy Corellien ? C'est parfait." Répondit-elle en prenant place, optant elle aussi pour une attitude informelle. N'ayant pas encore bien cerné l'homme devant elle, elle préférait s'en tenir à un comportement neutre et répondit à son regard par un sourire respectueux, notant qu'il n'avait pas l'air hostile, méfiant ni montrant une quelconque pensée négative face à elle. Cela faciliterait les choses, combien de fois n'avait-elle pas été spontanément ramenée à sa nature non-humaine dès le premier instant face à un haut gradé de l'Empire. C'était un détail qu'elle avait appris à voir comme un avantage : bien souvent l'ouverture d'esprit accompagnait une certaine intelligence et donc des gens enrichissants, ça lui permettait de faire très vite un tri entre ceux qui auraient peut-être un intérêt, et les autres. Elle déposa son dossier comportant la synthèse des rapports de l'occupation de Coruscant sur le bureau qu'elle ouvrit d'une main, l'autre étant toujours immobilisée et bandée de l'épaule au bout de la main, manque de chance, sa main gauche était sa main d'usage.

L'Amiral Roth attendit la réponse du Lieutenant concernant le rafraîchissement en la contemplant tranquillement. Facile de remarquer le physique développé d'un agent de terrain, qui d'ailleurs, n'était pas en bon état. En effet, son regard passât d'un pied qui la faisait boiter en entrant à une épaule et une main immobilisée. Dex fronça légèrement les sourcils en observant ceci puis il replongeât dans le bar afin d'en sortir deux verres. Visiblement, la Chiss avait été sur le terrain, et elle avait pas mal dérouillée. Sachant qu'elle revenait de Coruscant, il était probable qu'elle ait participé aux combats de districts. Des Résistants peut-être ? Bah, prenons le temps, inutile de précipiter les choses.

L'Amiral se releva lentement et posa les deux verres devant lui. Il remplit les verres généreusement avant de lui en tendre un en déclarant d'un ton enjoué "Je m'absente deux minutes, le temps de revêtir une tenue plus adéquat. Ne m'attendez pas pour commencer à déguster ce Brandy"

Il se dirigea vers sa chambre après un sourire encourageant. Rapidement, il enfila une paire de chaussures lourdes ainsi qu'un t-shirt de sport gris. Il prit également une petite boite de métal contenant ses cigarettes et la fourra dans sa poche avec son briquet. Il saisit au passage une tablette électronique qui s'alluma directement sur le dossier de la Chiss, consulté au préalable. Il parcouru son dossier à nouveau, son regard bondissant d'une ligne à l'autre, cherchant quelque chose qui aurait pu lui échapper ou du moins, lui être utile. Il respira tranquillement. Tout ce dont il avait besoin se trouvait dans la pièce voisine, un verre de Brandit à la main. Après un sourire amusé, Dex reposa la tablette et retourna dans le salon.
L'Amiral saisit son verre, souriant, et en boit une bonne gorgée, tout en se promenant autour de son bureau. Son regard se pose sur le dossier entrouvert sans le lire vraiment. Il porte à nouveau son regard vers la Chiss, perçant mais très chaud. Il termine son verre d'une traite et le pose, adossé à son bureau. Il repousse le dossier d'une main avant de sortir une cigarette de la boite. Il déclare:  "Lieutenant, je consulterais votre rapport en détails après notre entretien. Pour l'heure, je souhaiterais que vous m'exposiez, selon votre point de vue personnel, la situation de Coruscant, ainsi que votre rôle la bas." Il s’interrompt, plaçant une cigarette entre ses lèvres, puis reprend: "J'attends également les détails qui vous ont amenée à ce malheureux état, bien que je sois quasiment certain que cela ait trait avec l'accomplissement efficace de vos missions. Vous vous en êtes sortie, et je veux savoir comment." sourire engageant, il allume sa cigarette sans cesser de fixer la Chiss droit dans les yeux, impatient de l'entendre, accoudé sur le bord de son bureau.

(Facultatif: Il te propose une cigarette en montrant sa boite. Si tu dis non il le range simplement, si tu dis oui, il te lance la boite et le briquet attaché dessus. J'attendrais ton retour pour le mettre ou non.)

Elle prit le verre qu'il lui tendant en lui adressant un léger signe de tête. "Je vous remercie." Dit-elle simplement, se retrouvant bientôt seule dans la pièce pendant que l'Amiral partait s'habiller. Suite à son invitation, elle huma le liquide ambré et le porta à ses lèvres. Elle n'était pas une grande adepte de l'alcool, en général, probablement parce qu'elle supportait mal l'idée d'altérer un tant soit peu ses sens. Mais quand il s'agissait d'un très bon verre dans une occasion spécifique, elle l'appréciait à sa juste valeur. Sentant le sirupeux lui bruler la gorge, elle profita de la solitude pour observer les lieux. Elle s'était attendue à être reçue dans un simple bureau ou même une salle de conférence comme pour un debriefing habituel, mais non, elle se trouvait visiblement bien dans les quartiers personnels de l'Amiral, dans un salon autrement moins neutre qu'une pièce anonyme. Elle pouvait facilement déduire des lieux et de l'attitude de l'homme que c'était quelqu'un d'un certain gout, un certain raffinement aussi à en juger par son choix d'alcools. Quoi qu'il en soit, il semblait que ce soit quelqu'un qui savait bien tirer profit de son statut. Mais il ne tombait pas dans l'excès non plus, au contraire, il avait utilisé une approche cordiale, la traitant comme une invitée et non une subordonnée, que ce soit feint ou non cela dénotait au moins une certaine volonté de simplicité. *Quelqu'un qui a gagné son poste. Quelqu'un qui a commencé bas et qui a conserver un lien avec ses subordonnés.* Pressentit l'officier, habitué à chercher à dresser un profil de ceux qu'elle rencontrait.

Elle sortit de ses réflexions quand Roth revint dans la pièce, un peu plus vêtu mais si elle s'était attendue à le voir revenir en uniforme, elle se serait trompée. Finalement sa tenue effective correspondait plus à ce qu'elle commençait à entrevoir de cet homme. Elle posait son verre et tendait la main vers son rapport quand il déclara qu'il le lirait plus tard. Bien. Elle reprit alors son verre en examinant quelles étaient ses attentes. Son avis personnel sur la situation de Coruscant, celle-là, on ne lui avait encore jamais faite. En général, on ne lui demandait pas son avis, elle servait les renseignements, autrement dit : elle recevait les informations, les traitait, parfois ajoutait quelques commentaires sur les stratégies recommandés dans tel ou tel cas de figures, mais on ne lui demandait jamais, elle, ce qu'elle pensait. Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir certains avis qui l'auraient sans doute menée aux limites de l'insubordination. C'était une demande surprenante, mais pas autant que sa demande quant à ses blessures. Elle posa le regard sur sa main en écharpe, sans doute la conséquence la plus gênante de son aventure, puis fit un signe de refus de l'autre quand il lui tendit une boite de cigarettes.

- Oh, non merci. Voyons voir… Tout d'abord, j'ai été envoyée sur Coruscant en observation suite aux révoltes dans les districts. Ca n'est pas vraiment dans mes affectations habituelles mais ça reste principalement du recoupement de données, surtout sur les actions criminelles du District Glitannai, pour évaluer ce qui peut être lié aux activités des résistants, repérer et parfois anticiper leurs attaques. Différencier les affaires courantes des réelles menaces en somme…

Elle marqua un temps de silence, prenant un air méditatif, son verre en main à mi-chemin entre le table et son visage dans un geste interrompu.

- A aucun moment un pouvoir n'a été réellement à la tête de la planète. Ni même d'un District, en vérité. Quelle que soit l'autorité officielle, il y aura toujours des luttes, des contestataires. Il y a les civils qui ne veulent ni de nous, ni de la République ; la République qui nous met des bâtons dans les roues ; des résistants qui sèment le chaos et mettent feu aux poudrières. Ça ne veut pas dire que toute lutte est inutile, au contraire, c'est une influence aussi bien stratégique que symbolique.

Elle prit une gorgée du liquide ambré. Le principal problème à l'heure actuel, c'était la violence des résistants. Elle en avait fait les frais à plus d'une reprise. Certain s'avéraient même aussi fanatiques que les plus extrêmes des généraux impériaux qu'elle avait pu croiser et qui étaient souvent cités par leurs détracteurs comme la raison de leur lutte contre l'Empire.

- Les résistants sont ceux qui font le plus de dégâts, directs ou non. Ça… Elle désigna sa main blessée. C'en est un direct. Deux rebelles ont été impliqués lors d'une explosion dans des blocks d'habituations, le fait est que celle qui a explosé était sous surveillance. Sans quoi, je n'aurais pas été voir moi-même. Le résistant à qui j'ai eu affaire, je le connaissais bien : j'ai dû me charger de ses interrogatoires, il y a des années alors que je venais d'entrer au service de l'Empire. Manifestement, il m'en voulait encore. Ça s'est réglé en échange de feu, il m'a blessée, je l'ai blessé aussi. C'est une erreur que je dois admettre, j'étais curieuse. Il est le responsable de la désertion de Hope, ma référente à l'époque où il était prisonnier. J'ai voulu connaitre les circonstances réelles, c'était une erreur qui aurait pu m'être fatale. Si Hope n'était pas intervenue, je n'aurais pas pu fuir. Cependant…

Cela, elle n'avait pas manqué de le consigner dans son rapport.

- Cette rencontre et l'explosion m'ont permis de confirmer certains points plutôt intéressants. L'appartement était sous surveillance car soupçonné d'avoir été le logement d'un jedi, Noxis et Hope ont été surpris par l'explosion alors qu'ils y cherchaient quelque chose, mais ne sont pas entrés par effractions : le code a été composé, ils connaissaient ce jedi et, d'une façon ou d'une autre, il doit être lui aussi lié à la rébellion. La fouille de l'appartement est en cours, on en apprendra probablement plus même si des choses ont été perdues dans l'explosion. Peut-être même qu'on en apprendra plus sur ce que sont devenus les jedi suite à l'attaque de Yavin et dans quelle mesure ils sont liés à la rébellion.

Si Triss considérait ses blessures comme signe de sa faute, elle ne décela pas de signe de réprobation de la part de l'Amiral Roth pendant son récit, d'ailleurs, elle appréciait de pouvoir faire son travail sans se trouver interrompue par des réflexions ou autres questions intempestives. Elle nota cependant ses expressions et surtout son intérêt quand elle parla des résistants, mais ce qu'elle ajouta à propos des jedi balaya dans un premier temps tout le reste, ce qui était compréhensible : depuis l'attaque de Yavin, les jedi semblaient s'être volatilisés et seuls quelques traces éparses permettaient de retrouver enfin des preuves que certains avaient survécu. Survivants et actifs… Ce qu'ils trouveraient dans l'appartement serait utile, elle en avait la certitude. Si seulement, en prime, elle avait pu coincer Noxis…
Ce n'était toujours pas la haine qui parlait, bien que la douleur parcourant parfois ses blessures encourageait son imagination en matière de plan contre lui, mais elle espérait pouvoir faire ce qu'elle préconisait depuis son enfermement. Elle n'avait pas été pour ce long emprisonnements, ces tortures à répétitions, ces interrogatoires fantoches et ces tentatives vaines de le formater ; à l'époque elle ne cernait pas encore bien les réactions humaines, mais elle savait reconnaitre une tête dure quand elle en croisait une. Ce Noxis ne leur aurait jamais rien appris et Triss avait simplement voulu le faire exécuter, faire cesser ces séances inutiles. Elle n'avait pas été écoutée, et un beau jour, il avait fui aidé par Kathleen qui n'en pouvait plus de ces ordres.

Mais ce n'étaient qu'un détail, un petit dossier personnel qu'elle estimait inachevé, et dont elle voulait se charger. Pour l'heure, elle finissait son rapport et l'Amiral resta un moment pensif, le regard perdu et fumant d'un geste machinal. L'officier garda le silence, patiente, attendant qu'il ait fini ses réflexions et en tire ses conclusions. Puis il sourit et exprima sa satisfaction, elle inclina légèrement la tête. "Merci." Si elle avait des choses à ajouter ? Elle haussa le sourcil, pensive à son tour. "Il y aurait beaucoup de choses à dire, ne serait-ce que sur Coruscant et la résistance, c'est certain." Elle marqua une certaine hésitation, non pas par crainte, mais mesurant simplement ce qu'elle comptait ajouter. "Je doute qu'une politique suprématiste telle que celle en vigueur dans l'Empire soit la solution pour ce monde." Finit-elle par lâcher, après mure réflexion. "Son cas est particulier, une domination militaire n'aurait aucun intérêt durable. Dans un premier temps, c'est nécessaires, symbolique, ça marque les esprits et nous a été bien utile. Mais si nous voulons en tirer des bénéfices sur le long terme, je pense qu'il faudra réfléchir autrement." Ses doigts caressèrent lentement le bord de son verre, le regard plongé dans les mouvements du sirupeux. "Ceci dit…" Elle prit une gorgée, hésitant tout de même à s'engager sur ce terrain-là. *Après tout… c'est l'occasion ou jamais.*

Elle releva le regard vers l'Amiral. "Ça ne vaut pas seulement pour le cas de Coruscant. Les choses ont changées, mais on continue faire comme si la Galaxie nous revenait de droit. Tout le monde sait que c'est faux mais chacun continue de faire son travail en se berçant d'illusions. Nous sommes un Empire sans Empereur, repoussés derrière des frontières fragiles en niant la défaite, attendant encore des ordres de dirigeants trop souvent inefficaces, agrippés à des privilèges qui n'existent plus." Dit-elle d'un ton dur, bien que l'Amiral face à elle semblait faire partie des dirigeants consciencieux, il y avait les autres… "Nous avons survécu quatre ans de cette façon, mais même si l'on désirait simplement affirmer notre territoire, ça ne suffira pas. La République avance et offre à nos systèmes des promesses à n'en plus finir, il est évident qu'ils ne pourront pas toutes les tenir, mais les faits sont là : nous perdons encore et toujours du terrain. Nous perdons des mines, des chantiers, des hommes. Mon avis est que si nous voulons avoir une chance, il faut tirer un trait sur le passé, accepter qu'on ait perdu, que les choses ne serons plus jamais les mêmes, ne plus vivre sur la gloire passée mais bâtir de nouvelles gloires présentes. Nous devons commencer à penser au futur."

Un fin sourire étira les lèvres de la chiss : essayait-il de la menacer ? Envisageait-il de retourner ses propos contre elle si elle ne jouait pas son jeu ? Espérait-il lui faire peur par cette remarque qui n'était, certes, pas fausse, mais pourrait attirer de gros ennuis si elle tombait dans la mauvaise oreille. Cela ne prenait pas pour la simple et bonne raison que seuls ceux nourrissant un point de vue allant à l'encontre de certains principes impériaux s'intéressaient à celui des autres. C'est pourquoi elle se taisait, la plupart du temps. Elle préféra y voir là une simple mise en garde, plus qu'une menace. La mise en garde d'un amiral lui-même mis en cause à propos de sa loyauté qui parlait sans doute en connaissance de cause, Triss se rappelait d'une vague histoire de surveillance. Qui lui en avait parlé… Probablement Priya, c'était toujours elle qui avant le nez dans les affaires secrètes et source bien plus fiable que les bruits de couloirs.

Elle garda le silence sans se départir de son calme ni marquer le moindre froncement de nez quand il alluma une nouvelle cigarette, et pourtant c'était quelque chose qui lui faisait horreur. C'était une habitude étrange que celle-ci, s'enfumer les poumons de cette chose nauséabonde et destructrice qui provoquait en plus une addiction chez bon nombre de ses adeptes. Mais elle n'en laissa rien paraitre, après sa déclaration sur les failles que rencontraient l'Empire, elle soignait à présent son image ferme et assurée de celle qui sait très bien ce qu'elle dit. Peut-être qu'un jour elle serait amenée à des responsabilités plus grandes que celle d'un lieutenant des renseignements, ce jour-là, ce qui passait aujourd'hui pour de l'impertinence serait sa force. Ce n'était pas un effet d'ambition ou de désir particulier de sa part, c'était une évidence : quand la situation l'exigeait, elle prenait les initiatives qui s'imposaient, c'est ainsi qu'elle s'était soudain retrouvée à seconder le commandement du Vigilant au moment de la défaite d'Endor, c'est ainsi qu'elle se retrouvait assignée à des taches dépassant souvent le simple renseignement. Elle était à ce point de ses réflexions quand, justement, Roth lui demanda pourquoi elle se battait. Elle fronça légèrement les sourcils.

C'était une question complexe et simple à la fois. Les choix s'étaient toujours imposés à elle avec fluidité, si elle n'était pas si résolument rationnelle, elle aurait même été tentée de penser à une sorte de destinée, aussi préférait-elle parler de vocation. Elle avait toujours su qu'elle voulait entrer dans l'armée, si petite qu'elle était, sur Sposia où on l'encourageait à entrer au service des Sabosen, elle voulait rejoindre la Flotte d'Expansion. Quand elle avait été choisie par la huitième famille, elle avait alors su qu'elle avait réellement un potentiel martial. Pour elle, c'était alors clair : elle irait où on aurait besoin d'elle. L'Empire s'était posé sur sa route et, si quitter l'Ascendance n'avait pas été un choix facile, elle avait toujours eu la conviction d'avoir pris la bonne décision. Ses convictions ne suivaient pas en tous points la doctrine impériale, mais c'était la seule force galactique capable de mettre en œuvre les moyens matériels et humains, la rigueur, la discipline et la fermeté dont la Galaxie avait besoin. Elle se battait parce que là était sa place, elle l'avait choisie et cette place l'avait choisie elle aussi.

- Je me bats parce que c'est ce que je fais de mieux. Dit-elle, finalement.

Le silence revint et, au terme de celui-ci, il prit de nouveau la parole. Cette fois, le Lieutenant afficha une expression à mi-chemin entre pensive et sceptique. Intérieurement, elle venait de passer de la curiosité à la méfiance en passant par l'incrédulité, l'intérêt et la suspicion, mais tout cela ne sortit pas de son esprit. Une part d'elle était flattée, naturellement, mais sa méfiance pris le dessus, elle ne connaissait que trop le cas de ces dirigeant cherchant à recruter leur milice personnelle à leur fins propres. Etait-elle face à l'un de ceux là ? Et si les échos le concernait étaient véridiques ? S'il désirait faire scission avec l'Empire et qu'elle se retrouvait mêlée à une trahison. D'un autre côté, si c'était le cas, elle préférait en avoir le cœur net et le voir avant que ce ne soit trop tard. Et enfin, ce pourrait être là une sérieuse opportunité pour elle. Mais elle n'en montra qu'un vague questionnement teinté d'intérêt.

- Pouvez-vous définir "comme moi" ? Qu'attendriez-vous précisément ?

Il y avait deux types de hauts-gradés dans la flotte : les premiers étaient de ceux qui avaient toujours suivi scrupuleusement les règles de l'Empire. Souvent arrogants, fermés, n'avaient parfois jamais rien accompli, ayant obtenu leurs grades par l'influence ou l'usure, agrippés à leurs privilèges comme s'ils leurs étaient dus et, surtout, fermement opposés au moindre changement qui aurait alors impliqué une certaine prise de risque pour leur position ou leur vie.
Les autres étaient de ceux dont les noms marquaient régulièrement l'histoire, qui faisaient la différence dans l'issue d'une bataille. Ils étaient reconnaissable par leur singularité, là où les autres ne semblaient que des purs produits impériaux et difficilement discernables les uns des autres. Ce qui unissait le second groupe était cette capacité à réinterpréter les choses, se mettre en danger dans le but d'apporter leur pierre à l'édifice qu'était l'Empire.  Bien sûr, tous ne faisaient pas cela par pure abnégations et leur niveau de divergence face aux règles étaient également très variable. Tarkin par exemple compensait sa rigidité dans les règles par une mégalomanie qui à elle seule justifiait son entrée dans l'Histoire par la grande porte. Et il y avait les meneurs admirables aussi, ceux qui se détachaient du lot par une certaine sagesse et un dévouement exemplaire, dans le cas de Pellaeon envers qui Triss nourrissait un profond respect.

Pour le moment, elle ne parvenait pas à placer de manière stable Roth sur l'échelle Tarkin-Pellaeon. Il était évident qu'il n'était pas conventionnel, c'était même surprenant qu'il ait atteint un telle grade sans faire d'avantage de vagues. Il l'affichait clairement et ce bien avant qu'elle n'ait elle-même partagé son avis sur la nécessité de bousculer certaines habitudes, ce qui la poussait à penser qu'il manquait peut être de prudence. D'ailleurs, elle nota dans son argumentaire certaines formulations choc, la notion d'un ennemi puissant, la rhétorique de ses questions, elle commençait à y entrevoir une personnalité impulsive et qui cherchait à agir vite. Pourtant, son nom n'avait jamais été bien remarqué, jusqu'à présent, noyé dans le nombre d'amiraux de la flotte malgré leurs effectifs de plus en plus restreints. Il avait le caractère de quelqu'un qui aurait dû se démarquer, pourtant il ne l'avait pas fait, pas encore. Elle prit pensivement une nouvelle gorgée de son verre et remarqua qu'elle venait de le finir.
L'empressement de Roth ne pouvait signifier qu'une chose : il s'était contenu durant toute sa carrière et passait seulement à l'action, il s'était comporté de manière conventionnelle, attendant le bon timing pour se révéler. Selon ses réelles intentions, cela pouvait soit aboutir à quelque chose d'excellent, soit au contraire causer de très grands dégâts.

Et Triss avait tendance à se méfier de ceux clamant haut et fort leur non-conformité pour le bien commun.

Mais dans l'état actuel de l'Empire, ils auraient bien eu besoin de quelques enthousiastes pour remettre l'ensemble sur les rails, à condition de savoir bien orienter lesdits rails. Chez ce type de personnes, affichant la volonté la plus louable et une détermination évidente, il ne fallait que peu pour faire la différence entre un héros ou un traitre. La grande question qui restait alors en suspens dans l'esprit de la chiss était : serait-elle capable de canaliser pareille personne à elle-seule afin que cette énergie soit effectivement orienté dans le sens de l'Empire ? Elle n'avait que peu le choix, il avait dévoilé ses intentions et semblait décidé à la convaincre, elle n'était pas acculée mais si elle écoutait son bon sens, ce qu'elle faisait toujours, elle aurait été bien bête de refuser tout net cette opportunité.

Il acheva son argumentaire par une formulation de rhétorique pure et imagée sur une menace liant Endor à Yavin, faisant hausser un sourcil circonspect à la chiss qui, une fois de plus, n'avait que méfiance pour les orateurs compulsifs.

- Mon pragmatisme, comme vous dites, pourrait aussi bien ne pas aller dans votre sens. Nota-elle d'une voix posée.

Elle marqua un silence, à son tour, l'air pensive. Il n'avait pas pu faire référence à Yavin sans que cela ne soit intentionnel. Officiellement, l'Empire ne démentait pas les accusations quant à leur implication, mais personne ne semblait réellement au courant de ce qui s'y était passé. Triss avait capté les communications républicaines faisant état de troubles à Yavin, elle avait rapporté ces sources au commandement qui lui avait alors semblé tout aussi surpris qu'elle, les mesures prises alors l'avaient été de manière efficace mais néanmoins hâtives, qui l'incitaient à penser que si l'attaque de Yavin avait été prévue et provoquée, l'attaque de Coruscant aurait pu être bien mieux coordonnée. S'il y faisait référence, c'était qu'il comptait sur sa curiosité, en cela elle voulait bien aller dans son sens de son plein grès.

- J'imagine que vous comptez m'éclairer sur ce "ils" et sur cette fameuse menace. J'ai bien peur de ne connaitre que la version officielle de l'affaire de Yavin. Elle inclina légèrement la tête. Vous avez ma curiosité, Amiral Roth. Plus de grandiloquence ne me semble pas nécessaire. Dit-elle, reposant son verre vide sur la table.

Le regard de la chiss se faisait plus intense, dans son esprit se partageaient encore, à part égales, la curiosité et la méfiance sans qu'aucun ne prenne réellement le pas sur l'autre. Il semblait évident que provoquer sa curiosité était le but de l'Amiral, c'était flagrant et Triss ne put s'empêcher de penser avec un certain cynisme que, en ce qui la concernait, ce n'était pas un très grand challenge. Cet élancement dans le bras lui rappelait le prix que pouvait coûter sa trop grande curiosité, mais pourtant même cela ne pouvait enrayer ce trait qui était à la fois son atout et sa faiblesse. Cependant, si ses blessures étaient réellement dues à une pulsion de curiosité mal avisée, celle qui l'animait à présent, qui rendait son regard bien plus fixes, ses yeux légèrement plus plissés, était une curiosité toute autre : c'était celle professionnelle, celle qui faisait entrer son esprit dans un état de concentration aigue afin de ne perdre aucune parcelle de ce qui serait dit ou sous-entendu. Derrière son visage impassible, elle enregistrait, traitait et analysait le moindre mot, le moindre choix d'une expression plutôt qu'une autre. La curiosité était son moteur, la concentration son outil.

Elle nota très vite que malgré ses propos, il continuait à user de sous-entendu, ce qui eut pour effet soigneusement dissimulé d'irriter l'officier. Quand il s'agissait de parler de choses aussi sérieuses, elle aimait les phrases franches, allant droit au but, sans fioritures, elle aimait l'efficacité et détestait ce type de tournures qui ouvrait beaucoup trop la voie aux interprétations. Peut-être était-ce parce que le basic n'était pas sa langue natale, mais dans le cadre militaire, elle estimait que c'était une lacune que de ne pas savoir parler sans détours. Elle ne fit aucune remarque, d'ailleurs rien ne vint troubler son expression toujours si figée, mais seule une discipline irréprochable l'empêcha de pousser un long soupir quand elle comprit qu'il voulait simplement blâmer la course à la technologie outrancière qui faisait perdre de vue la réelle valeur de la guerre, les machines de guerres toujours plus exubérante, trop souvent au détriment de la valeur des hommes qui servaient l'Empire, de la volonté et de la stratégie. Elle hocha lentement la tête, cela, elle ne pouvait que l'approuver sans réserve. Elle préférait de très loin une ligne d'attaque réduite mais bien employée, rapide et efficace, qu'à un déferlement de superdestroyers autour d'une station de destruction pure de la taille d'une lune. Un avis qui n'était que peu partagé parmi les dirigeants qui semblaient tous vouloir faire la course au vaisseau le plus massif, le plus destructeur et, de l'avis de Triss, le moins maniable, mobile et en faisant des cibles de choix.

Tout ça pour des palabres au Conseil de Guerre.

Mais une remarque qui tombait au final plutôt bien vu que l'analyse était son domaine de prédilection et la stratégie un aspect martial dans lequel elle comptait bien briller dès que l'occasion se présenterait. Ecoutant Roth, elle en venait presque à penser que sa présence ici n'était peut-être pas le fruit unique des hasards des affectations pour les debriefing. D'ailleurs, depuis quand un Amiral se chargeait-il de ces formalités pour un simple Lieutenant chargée des surveillances ?

- Bien entendu.

Ils arrivaient donc enfin au vif du sujet, il rappela le principe de stratification des informations au sein de l'Empire, qui était la base d'un fonctionnement normal selon elle. Ce qu'il abordait n'étaient rien de moins qu'une information à laquelle elle, en tant que simple lieutenant, n'était pas censée avoir accès. Le regard de la chiss sembla luire un peu plus encore qu'à son accoutumée, signe inhabituel d'une attention portée au plus haut point. Et le but d'une telle mise en scène n'était pas des moindres, un service impérial basé sur l'identification et le traitement des dangers avant qu'ils n'en soient des avérés… Elle sentit un profond malaise s'emparer d'elle, il touchait là un point très sensible, en ce qui la concernait et les règles avec lesquelles elle avait grandi, sans doute la règle qu'elle avait encore le plus de mal à transgresser.

C'était pourtant un point qui la démarquait du commun de son peuple, elle ne condamnait pas complètement les frappes préventives, dans certains cas, elle pouvait concevoir qu'elles s'imposent. Après tout, dans l'affaire Vaagari, elle avait toujours trouvé que le Commandant avait agi comme il le devait, un avis qu'elle n'avait par ailleurs jamais exprimé tant qu'elle faisait partie de la flotte chiss, mais un avis qu'elle avait néanmoins. Oui, dans certain cas, elle pouvait accepter que ces mesures soient mises en place. De là à ce qu'elle accepte sans sourciller d'être face à quelqu'un qui en faisait sa spécialité, gagner la guerre avant qu'elle ne se déclare, et qu'elle soit mise devant le choix d'y participer elle-même, c'était une toute autre affaire.

En serait-elle seulement capable, elle qui avait attendu que Noxis tire le premier, parce que d'instinct elle refusait encore d'être celle qui ouvrirait le feu ? Elle qui, aux commandes de son chasseur s'arrangeait encore pour inciter l'ennemi à passer à l'offensive et avoir ainsi une raison de répliquer ?

- Je vois. Dit-elle d'une voix pensive, si calme comparé à la tempête qui se déchainait et dont elle peinait à imposer la sérénité nécessaire pour une réflexion efficace.

S'il avait voulu la faire reculer, afficher la stupeur ou simplement voir une réelle émotion se dessiner sur ses traits impénétrables, il aurait été déçu. En de telles situations, elle appréciait tout particulièrement cette spécificité bien chiss que de ne rien laisser transparaitre. La dernière fois qu'elle avait songé à cet avantage, cela devait même remonter à l'annonce de la défaite d'Endor, qui pourtant avait été une expérience particulièrement éprouvante. Elle se pencha légèrement en avant, voulant joindre ses mains devant le bas de son visage dans un geste trahissant une profonde réflexion, avant de se rappeler que son bras gauche était toujours immobilisé, et douloureux. Elle suspendit donc son geste, avant de regarder vers la fenêtre, plongeant encore quelques instants dans des méditations à l'issue impossible à prédire. Même pour elle.

- Très bien. J'ai saisi l'idée, oui, mais, concrètement, qu'attendez-vous de moi ? J'avoue avoir encore quelques failles en ce qui concerne mon rôle exact dans tout cela, je ne suis qu'un officier de surveillance de la Flotte.

En somme il ne lui demandait pas moins que de se permettre de remettre en question honnêtement ce qui faisait figure d'évidence pour l'Empire. Ce qu'elle faisait déjà bien souvent mais sans jamais oser aller au-delà des limites, même en pensée, se rappelant parfois les règles, trop de règles mais dont l'armée avait besoin pour fonctionner en harmonie. Briser les règles pour les briser ne menait qu'à la dissidence, des esprits trop indépendants n'aboutissaient qu'à des voies sans issues, des petits chefs se figurant être irremplaçable, indispensable à l'Empire, arrogants et trop souvent sans talents autre qu'une profonde prétention. Jamais elle ne s'était permise de rêver à des hautes fonctions pour le simple fait d'être à ces fonctions, elle avait déjà pris un commandement, parce que la situation l'imposait. Et elle ne l'avait pas fait seule.
- Il ne veut rien entendre... Bordel, si on va à Coruscant maintenant on va tous se faire tuer. - On doit l'en empêcher. Lupren, tu es son second, tu dois pouvoir faire quelque chose. -  Tu voudrais que je prenne le commandement ? Triss... Je... Je ne sais pas. - Tu l'as dit toi-même, il nous mène à la mort. Le Vigilant est avec toi et tu le sais... Je suis avec toi. -
Lupren Keith était toujours le commandant du Vigilant à ce jour, un admirable Capitaine selon elle, conscient de son rôle de surveillance, cherchant toujours les conseils avisés de son prédécesseur qui avait accepté cet échange de poste, une fois le choc de la chute de l'Empire passé. Souvent, il cherchait aussi l'avis de Triss, leurs routes ne s'étaient jamais éloignées. En un sens, ils se partageaient toujours les responsabilités, mais il était la raison pour laquelle elle n'envisageait que peu de réelle montée en grade : il était le Capitaine du Vigilant, elle servait à bord du Vigilant, elle refusait ne serais-ce que l'idée de devoir le remplacer, car c'est qu'il ne serait alors plus là pour assurer cette fonction.
Pourtant, elle avait le potentiel, elle le savait, la maison Sharo le savait et c'est pourquoi elle portait leur nom, ce n'était pas uniquement une famille qui l'avait adoptée, c'était une branche de la huitième famille qui avait vu le potentiel en elle. Elle songea aux paroles de Seth, lui aussi revenait souvent là-dessus, espérant la voir évoluer, lui aussi. Et là, cet Amiral Roth qui semblait s'être placé sur sa route de manière parfaitement fortuite, étrange à sa façon, son instinct l'incitant à la méfiance, sa curiosité la poussant à ne pas le perdre de vue, mais qui lui aussi semblait la pousser sur un chemin dont la finalité ne semblait pas vouloir dépendre d'elle.

Après tout, pourquoi pas.

Elle lui tendit son verre alors qu'il l'en débarrassait, ajoutant à sa précédente tirade un projet plus concret et plus immédiat, une rencontre diplomatique sur Coruscant. Elle en avait vaguement entendu parler, les nouvelles allaient parfois vite dans les bureaux de l'Empire, même si au sol elle se chargeait surtout de surveiller les transmissions et les mouvements suspects. Les représentants de Coruscant, de la partie civile, demandaient réparations tant à la République qu'à l'Empire, ce serait surtout la première occasion pour les représentants des deux puissances politique de se rencontrer depuis la dissolution du sénat galactique. Elle fronça un sourcil pensif, l'accompagner lors de cette mascarade politicarde... En d'autres circonstances, en autre compagnie, elle aurait ri, rappelant combien la politique l'horripilait, qu'elle avait rejoint l'armée pour agir, parce qu'elle n'aimait pas parler pour ne rien dire, s'embourber dans des manœuvres douteuses pour ne pas se salir les mains, faire semblant d'agir comme si on faisait vraiment la différence dans l'immensité indifférente de la galaxie. Avec Lupren, ils en riraient sûrement beaucoup, il ne la croirait jamais quand elle lui dirait qu'elle avait accepté.

- Très bien. Je préfère vous prévenir, je n'ai pas la moindre... comment dire, fibre diplomatique ? Mais j'accepte.

Elle avait accepté et entendait déjà Lupren lui demander si elle avait pris un coup de blaster sur le crane en plus d'avoir perdu un morceau de main. Kenan ferait peut-être une plaisanterie demandant si le cerveau de son espèce se trouvait dans ses phalanges, quelque chose dans ce goût-là. Mais elle avait accepté.

- S'il n'y a rien de plus, permettez-moi de me retirer. Elle se permit une expression vaguement fataliste et désigna son bras. Il y a une infirmerie qui m'attend sur Bastion et un lit avec mon nom dessus. J'ai comme l'impression que je devrais être opérationnelle au plus vite. Elle se leva de son fauteuil, ce debriefing avait duré plus de temps que prévu et son organisme ne réagissait pas aussi bien que les humains aux traitements qui n'étaient pas conçu pour un chiss. Elle prit cependant le temps d’exécuter un salut militaire ponctué d'un Amiral Roth. Avant de se retirer.