feat. Priya O'Mahra & Ray Noxis ▵ ©endlesslove.

◊ the healing touch of a shy nurse ◊

9 BY. 7ème mois. 1ère semaine.

L’Empire souhaitait une taupe au sein de la nouvelle Résistance que venait de créer la tristement célèbre princesse Leia Organa. C’est la raison pour laquelle Priya avait été rappelée de sa précédente affectation sur Hosnian Prime afin d’endosser une nouvelle identité qui lui permettrait d’intégrer les rangs de cette nouvelle organisation représentant d’ores et déjà une sacrée épine dans le pied pour l’Empire. Envoyée ensuite sur Coruscant pour établir un premier contact avec ces anarchistes rebelles œuvrant main dans la main avec la Nouvelle République, l’espionne était parvenue à gagner suffisamment leur confiance au bout de quelques mois pour être finalement invitée à rejoindre leur base principale sur D’Qar. Un monde toutefois inconnu de l’Empire. Mais c’était sans importance. Elle n’avait pas été envoyée pour dénicher les Résistants mais pour miner leurs efforts de l’intérieur et amasser autant d’informations que possible à transmettre au Haut Conseil impérial. C’était là sa priorité. Et force est d’admettre qu’elle était douée.

Pour preuve ? Voilà près d’un mois maintenant qu’elle avait débarqué sur D’Qar à bord de l’une de ces navettes dépourvues de tout confort servant au transport des troupes terrestres. Un mois et personne ne se doutait de sa véritable identité ou de ses réelles motivations. Elle n’était personne. Juste un visage de plus dans la foule. C’est tout juste si on daignait s’intéresser à elle quand on venait lui demander de se charger de tel ou tel problème technique ou de rediriger tel ou tel canal de communication vers une antenne relais sécurisée. Elle était pratiquement invisible et c’était tant mieux pour elle. C’est de cette manière qu’elle préfère opérer sur le terrain. Un fantôme jouit de plus de libertés qu’un visage placardé sur tous les holoterminaux du système. L’anonymat est avant tout un atout de maître à ses yeux. Et elle a dédié sa vie à peaufiner cette forme d’art pour le moins atypique.

C’est pourquoi elle se retint d’esquiver la véritable armoire à glace qui remontait le corridor à vive allure dans sa direction. Celui-ci l’écarta d’un coup d’épaule en pestant sans pour autant lui accorder ne serait-ce qu’un regard. Il était en pleine discussion avec un autre homme trottinant à ses côtés. La conversation avait l’air houleuse mais Priya n’en avait que faire. Elle devinait à l’identité de l’homme en armure qu’il ne détenait rien qui mérite qu’elle perde son temps à espionner sa conversation. Le petit numéro auquel elle s’était adonnée lui avait toutefois permis de s’attirer quelques regards compatissants. Deux femmes esquissèrent un sourire désolé après avoir été témoins de la scène. Priya leur rendit leur sourire avant de s’empresser de ramasser le datapad qui lui avait échappé des mains. Elle se remit rapidement en route et gagna l’aile médicale où se trouve l’infirmerie.

Quand l’espionne en poussa les portes, la première chose qui lui traversa l’esprit fut une question : elle se demanda comment une telle chose pouvait être possible. Elle avait encore du mal à y croire. Pourtant, force est d’admettre que Kathleen Hope et Ray Noxis se trouvaient bel et bien à quelques mètres d’elle seulement. Lui était étendu sur un lit et elle se tenait à son chevet. Ils avaient l’air d’avoir les traits tirés. Nul doute que la mission dont ils revenaient tout juste avait dû être particulièrement mouvementée. Il semblait toutefois difficile de contraindre le Rebelle à demeurer en place le temps qu’un médecin s’occupe de lui. Kathleen Hope. Et Ray Noxis. Deux fugitifs activement recherchés par l’Empire. Des fugitifs qu’elle avait elle-même reçu pour ordres de traquer au cours des premières années ayant suivi son entrée aux Renseignements Impériaux. Hélas, les deux s’étaient tout bonnement volatilisés et Priya n’avait jamais pu retrouver leur trace. Et ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. Et dire que pendant tout ce temps, ils avaient été avec les Rebelles. L’espion républicain et la traîtresse impériale. Priya était dégoûtée. Elle devait se faire violence pour ne pas simplement les abattre ici et maintenant. Mais elle avait ses ordres. Elle n’était ici que pour collecter des informations et c’est ce qu’elle comptait bien faire.

Laissant la porte se refermer sur elle, Priya s’avança jusqu’au chevet de Ray et s’éclaircit la voix :

— Madame ? (Elle attendit d’avoir retenu l’attention de Kathleen avant d’ajouter.) Le capitaine Anderson demande à vous voir dans les plus brefs délais. C’est au sujet de votre rapport de mission. Il… Il dit que c’est urgent. (La voix de Priya trembla légèrement et elle baissa les yeux.) Il vous attend dans son bureau.

L’espionne recula d’un pas et laissa Kathleen échanger quelques mots avec son compagnon. La rumeur faisait état d’une relation amoureuse liant les deux fugitifs. Cela expliquait sans doute pourquoi Kathleen avait tourné le dos à l’Empire le jour où elle avait aidé l’espion républicain à prendre la fuite. D’ailleurs, pourquoi avoir agi ainsi ? Pourquoi avoir trahi l’Empire ? Pour un Rebelle qui plus est. Sûrement le genre de questions que ses supérieurs ne manqueraient pas de lui poser le jour où elle retomberait entre leurs mains. Ce qui comblerait de joie Priya soit dit en passant. Elle déteste laisser un dossier en suspens. Mais pour l’heure, cela n’était pas au programme.

Priya fit mine de ne pas avoir vu le regard quelque peu insistant dont Kathleen la gratifia en quittant le chevet de Ray. Quand la traîtresse eut quitté la pièce, l’espionne posa les yeux sur son ancien homologue républicain et lui offrit un timide sourire avant d’esquisser un pas vers la sortie. Elle dissimula le sourire satisfait qui fleurit dans sa tête quand elle entendit la voix du blessé tentant de la retenir. Les hommes. Pas un pour rattraper l’autre. Un sourire candide suffit pour les mener à la baguette. Mais Priya n’allait pas s’en plaindre. Elle avait retenu ses leçons : « garde tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près. » Cette leçon était loin d’être tombée dans l’oreille d’une sourde.

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Oui. Un simple sourire. C’est tout ce qu’il avait fallu pour faire mordre à l’hameçon le pauvre malheureux étendu sur son lit d’hôpital. Les hommes sont tous les mêmes. Si prévisibles. Et si influençables dès lors que l’on se sert des bons arguments. Ce Ray Noxis n’échappe pas à la règle de toute évidence. Il en est même l’exemple le plus criant de vérité. Et ce pour le grand plaisir de l’espionne qui n’avait au final que peu d’efforts à produire pour retenir son attention et s’assurer de rester dans ses petits papiers. Aussi avait-elle souri intérieurement en entendant la voix de Ray lui demander si elle était trop occupée pour passer quelques minutes avec lui.

Priya se retourna vers son interlocuteur avant de jeter un œil par-dessus son épaule. Elle fit mine d’être partagée. Que faire ? Retourner immédiatement à son poste ou rester au chevet de son « ami » quelques minutes ? C’est le dilemme qu’elle s’efforça de faire transparaître sur son visage tandis que Ray ajoutait que c’était ça ou alors elle n’aimait pas être en présence de vieux débris en convalescence. Honnêtement, c’est surtout le fait d’être en présence d’un fugitif recherché par l’Empire mais qu’elle ne pouvait toutefois pas interpeler au risque de griller sa couverture qui l’agaçait le plus. Et dire qu’il était là. Démuni. Blessé. Elle n’aurait eu pratiquement aucun mal à le maîtriser et à le jeter dans la soute d’une navette avant de faire route vers Bastion pour le remettre aux autorités impériales. Ce n’est pas l’envie qui lui manquait.

Néanmoins, plutôt que de céder aux caprices de cette petite voix qui la suppliait de passer les menottes à ce satané Rebelle, l’espionne leva les yeux au ciel en esquissant un nouveau sourire suite à la remarque du jeune homme.

— D’accord, tu as gagné. (Elle baissa les yeux sur son datapad et pianota dessus quelques instants avant d’ajouter en redressant la tête.) Cinq minutes. C’est tout le temps que je peux te consacrer avant d’avoir à retourner à mon poste. Cinq minutes et pas une de plus.

Un mensonge bien entendu. Elle n’était qu’une opératrice de seconde zone pour le moment. Elle n’avait aucune réelle accréditation et n’avait à l’heure actuelle jamais mis les pieds en salle de commandement. On ne lui avait assigné qu’un bureau exigu dans une salle de contrôle secondaire. Autrement dit, on ne remarquerait sans doute pas son absence à moins d’avoir spécifiquement besoin d’elle. Ce qui ne devrait pas être le cas dans les prochaines minutes. Le fait est que les hommes étaient d’ordinaire plus sensibles à ce qu’ils ne pouvaient pas avoir ; question de fierté et d’ego. Ils ne peuvent résister à un bon challenge. Aussi Priya avait-elle l’intention d’user de cette carte à son avantage pour retenir son attention.

L’espionne se rapprocha du lit du miraculé et tira une chaise avant de prendre place dessus. Entretemps, Ray avait poursuivi sur sa lancée en lui faisant remarquer que cela faisait un moment déjà qu’ils s’étaient vus pour la dernière fois. Il lui demanda comment elle s’en sortait. Autant côté boulot que côté cœur. Il insista aussi une nouvelle fois pour qu’elle lui tienne compagnie. Mais elle secoua la tête en le gratifiant d’un nouveau sourire timide du coin des lèvres.

— Ah, tu es incorrigible, n’est-ce pas ? (Pure question rhétorique.) Cinq minutes, j’ai dit. Pas une minute de plus. Je ne croule pas sous le travail, mais ils risquent d’avoir besoin de moi à tout moment. Le réseau faisait des siennes ce matin. On n’est pas à l’abri d’une panne. Donc… (Elle laissa la fin de sa phrase en suspens comme si elle venait de se rappeler de quelque chose de plus important.) Et depuis quand est-ce que tu t’intéresses à ma vie privée, au juste ? (Les sourcils froncés, elle s’appuya sur le dos de sa chaise en croisant les bras sur sa poitrine et en prenant un air curieux qui n’avait rien de méchant.)

Honnêtement, elle n’avait pas grand-chose à dire à ce sujet. Sa vie sentimentale était au point mort. Sa dernière relation de complaisance remontait à plusieurs mois de ça maintenant. Durant son affectation sur Hosnian Prime. Il n’était pas rare qu’elle s’octroie quelques heures de détente ici ou là deux ou trois nuits par semaine. Mais afin de renforcer sa couverture, elle s’était rapprochée sentimentalement d’un jeune politicien cherchant à percer au sénat galactique. Rien de sérieux de son point de vue à elle. Force est d’admettre toutefois que les quelques mois qu’elle avait passés en couple avec lui avaient été source de… divertissement fort appréciable. Mais c’était terminé. Elle avait été renvoyée depuis sur Coruscant pour entrer en contact avec la Résistance et n’avait connu aucune affaire sérieuse depuis. Juste quelques rencontres disparates sans lendemain. Ici aussi elle avait jeté son dévolu sur un ou deux militaires bien bâtis ayant largement répondu à ses attentes. Mais une fois encore, rien de sérieux. Aussi Priya rétorqua-t-elle simplement en réponse à la question indiscrète de Ray :

— Oh, tu sais. Je ne suis pas du genre à me caser avec qui que ce soit. Je suis plutôt du genre à vivre sans attaches, si tu vois ce que je veux dire. Je préfère savourer ma liberté tant qu’elle dure. J’ai encore toute la vie devant moi avant d’avoir à penser à me trouver un petit ami, voire un mari. (Elle secoua vivement la tête comme si cette seule idée lui était tout bonnement impensable.)

Mais face à l’insistance du jeune homme, elle ne put s’empêcher de soupirer en levant les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour lui mettre son poing dans la figure. Il avait pris quelques coups et alors. Il était en vie. N’était-ce pas le principal ? Les hommes étaient décidément bien soupe-au-lait. Il leur en fallait peu pour qu’ils se roulent en boule en appelant leur maman à l’aide. Mais soit, Priya ne s’en formaliserait pas et prendrait sur elle. Elle n’avait pas le choix de toute manière.

Jetant un œil à son datapad en faisant mine une nouvelle fois d’être partagée entre ses obligations envers la Résistance et celles envers un « ami » souffrant pour qu’on le tire d’affaire, elle soupira une nouvelle fois et déposa son datapad sur le lit avant de se lever de sa chaise.

— Ne bouge pas, lui souffla-t-elle. (Comme s’il aurait pu aller bien loin par ses propres moyens.) Je vais voir ce que je peux faire. Je reviens tout de suite.

Et elle s’éclipsa avant de revenir quelques minutes plus tard avec une infirmière qui aurait certainement eu sa place dans un centre pénitencier plutôt que l’aile médicale de la Résistance. Priya avait l’air toute menue à côté de l’imposante montagne qui se dressait dans son dos quand elle revint dans la chambre de Ray quelques instants plus tard.

— Alors comme ça on veut faire le mur, hein ? demanda l’infirmière d’une voix grave et menaçante en croisant les bras sur sa poitrine proéminente menaçant de déchirer à tout instant sa blouse médicale.

Priya baissa les yeux sur Ray en faisant la moue et en se mordant la lèvre inférieure. L’espion républicain pouvait lire dans ses yeux qu’elle était désolée. Les choses ne s’étaient pas passées comme elle l’aurait souhaité. Mais Priya n’avait pas encore dit son dernier mot. Elle avait encore une carte dans sa manche.

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Priya avait fini par céder au caprice du pilote prétendant être à l’article de la mort. Certes, rien ne l’aurait empêchée de prendre la poudre d’escampette à la première occasion. Elle aurait pu prétexter n’importe quoi du moment que cela la tirait des griffes de ce beau parleur aimant de toute évidence le son de sa propre voix. Mais quel genre d’espionne serait-elle si elle baissait les bras au moindre obstacle ? N’avait-elle pas déjà connu pire ? Dans le fond, si on mettait de côté le fait qu’il était un ancien espion républicain recherché par l’Empire et que l’entendre jacasser non-stop durant des heures pouvait très rapidement taper sur le système même du Chiss le plus patient, le fait est qu’il restait tout de même plutôt très bel homme malgré ses bons quarante cycles. C’était toujours mieux que la fois où elle avait eu à séduire un Neimoidien pour pouvoir avoir accès à sa chambre forte. L’espionne n’avait jamais éprouvé la moindre répulsion à l’égard des espèces alien contrairement à ses homologues impériaux. Mais honnêtement, un Neimoidien ? Non. Ray était définitivement une bien meilleure option malgré ses jacassements incessants. Oh oui. Et de loin même. Priya aurait donné cher pour oublier cette sordide mission.

L’espionne avait donc pris son mal en patience et s’était rapprochée du « mourant » pour prendre place à son chevet. Les premiers échanges furent des plus cordiales. Priya dissimulant son désir d’être ailleurs sous couvert de passer un agréable moment en compagnie du jeune homme. La flatterie avait toujours su lui ouvrir bien des portes par le passé. Ce n’est certainement pas aujourd’hui qu’elle arrêterait d’en faire usage. Passer de la pommade dans le dos de Ray était donc la meilleure chose à faire pour s’assurer de rester dans ses petits papiers. Après tout, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs…

Priya avait joué la carte de l’indisponibilité. Elle fit mine d’accorder un peu de son temps au malade en lui faisant bien remarquer que son temps était limité. Elle pouvait être rappelée à tout moment en salle de contrôle auxiliaire. Ce à quoi Ray avait rétorqué qu’ils s’en fichaient. Elle pourrait toujours tenter de leur expliquer qu’elle était au chevet d’un héros de guerre. En somme, elle faisait preuve de générosité et de bonté à l’égard d’un champion de la Résistance ayant manqué donner sa vie pour leur cause. On ne faisait pas mieux en termes d’altruisme. Le temps qu’elle « perdait » ne l’était pas pour la simple et bonne raison qu’elle le mettait au profit d’un grand homme méritant d’être adulé et…

— Non, le coupa Priya, amusée, avant de laisser ses pensées divaguer plus loin dans la bêtise. Je doute sincèrement que ce soit le genre d’excuses que mes supérieurs seront prêts à entendre. Et n’oublie pas que je suis encore nouvelle. J’aimerais si possible éviter de me faire remonter les bretelles avant d’avoir un peu plus d’ancienneté. Cinq minutes représentent déjà un sacrifice en soi, ajouta-t-elle sans ressentir nullement le besoin de mentir pour le coup. Tu devrais déjà te sentir honoré que je daigne t’accorder ne serait-ce que ces cinq petites minutes.

Priya lui offrit alors un clin d’œil. Et dans la foulée, la discussion avait basculé sur la vie sentimentale de la jeune femme. Pourquoi Ray s’y intéressait-il ? N’était-ce qu’un moyen comme un autre de renforcer leur amitié naissance ou alors était-il l’un de ces pervers aimant se donner du plaisir en imaginant la vie intime des autres ? Honnêtement, Priya penchait plus pour la première option que la seconde. Dans le fond, le Résistant n’avait pas franchement l’air d’un vieux pervers. Il pouvait être lourd et agaçant, mais certainement pas un tordu. Enfin… dans la limite du raisonnable bien entendu. Il restait tout de même un Résistant. Et rien que pour ça, il devait mine de rien être assez tordu.

Ray s’était défendu face à la suspicion amusée de l’espionne en déclarant être simplement curieux. Cela ne l’étonnait pas le moins du monde. Peut-être avait-il finalement un côté pervers. Mais dans le bon sens du terme, si tant est que cela existe. Il l’encouragea même à faire le plus d’expériences possibles pendant qu’elle le pouvait encore. Comme ça, elle aurait des histoires à raconter. À qui ?

— À toi, je suppose ? demanda-t-elle en esquissant un nouveau sourire amusé. Si tu espères que je serai loquace sur ma vie privée avec toi, tu te fous le doigt dans l’œil, Ray. (Elle secoua la tête sans se départir de son sourire.) Une femme se doit d’être secrète et mystérieuse, voyons. Non. (Elle secoua de nouveau la tête.) Hors de question que je te laisse avoir ne serait-ce qu’un petit aperçu de ce qui se passe derrière la porte de mes quartiers. Non.

Finalement, face à l’insistance de Ray à vouloir quitter sa chambre, Priya lui avait demandé de rester là pendant qu’elle allait voir ce qu’elle pouvait faire pour lui. Elle avait eu dans l’espoir de convaincre une infirmière de laisser le pauvre malheureux prendre un peu l’air à l’extérieur de sa chambre en promettant de veiller sur lui comme à la prunelle de ses yeux. Dans le fond, Ray n’était pas vraiment à l’article de la mort. Même si ce n’était qu’une façade qu’il adoptait pour en convaincre son entourage, il avait l’air en forme. Il était coriace. Et puis ce n’est pas comme s’il sortait tout juste de chirurgie ou qu’une intraveineuse pendait à son bras. Priya était sûre qu’il tiendrait debout sans problème. Et puis, elle n’en avait parlé à personne, mais si jamais quoi que ce soit devait arriver au jeune homme pendant cette promenade, elle possédait des connaissances suffisantes en médecine pour s’assurer que ce prisonnier en conditionnelle ne rendrait pas l’âme avant d’avoir eu la chance de séjourner une nouvelle fois dans une cellule spacieuse et chaleureuse de l’Empire. Bon, ce n’est pas en ces termes que la jeune femme avait défendu son cas devant l’infirmière en chef aux allures de gardienne de prison pas commode pour deux crédits, mais le fait est que l’idée était là. Hélas, rien ne se passa comme elle l’aurait souhaité.

L’infirmière en question parvint à faire pâlir le Résistant qui de toute évidence avait déjà réuni ses affaires en pensant la situation réglée. Priya n’aurait su dire d’où elle les sortait, mais la femme au tour de poitrine proéminent se retrouva avec des liens de contention en main. Elle en attacha un au pied de Ray avant de sangler le malheureux à l’un des barreaux du lit. Puis lorsqu’il se défendit en demandant comment il ferait pour soulager une envie pressante, elle lui donna un bidet sans faire la moindre remarque. Priya aurait parié les crédits qu’elle avait sur elle que cette scène ne se jouait pas pour la première fois. Elle avait un petit goût de déjà vu même si l’espionne en était spectatrice pour la toute première fois. Puis l’infirmière sortit de la chambre en informant Ray qu’elle avertirait Kathleen. La poisse !

Priya fit la moue et se mordit la lèvre inférieure tandis que Ray posait un regard noir sur elle. Ce n’était pas sa faute si cette montagne de muscles avait refusé d’écouter ce qu’elle avait à dire pour la défense du pauvre patient. Elle avait fait de son mieux, mais la femme lui avait cloué le bec d’un grognement peu engageant avant de rappliquer ici pour empêcher Ray d’aller ou que ce soit. L’espionne ne reconnaissait que rarement s’être retrouvée en difficulté. Faire face à cette « femme » était l’un de ces moments.

— Désolée, s’excusa-t-elle lorsque Ray la félicita. Je me suis portée garante pour jouer les infirmières et veiller sur toi pendant qu’on irait marcher quelques minutes, mais elle n’a rien voulu entendre. Désolée.

Bon, elle ne l’était pas vraiment, avouons-le. Mais si elle pouvait faire éprouver à Ray un peu de remords alors elle ne s’en priverait pas.

— On trouvera une autre solution, ajouta-t-elle tandis que le patient tirait sur la sangle pour en tester la solidité. Je trouverai une autre solution.

Et se détournant, elle alla jeter un rapide coup d’œil par le hublot de la porte de la chambre. Elle ne vit aucun mouvement dans le corridor de l’autre côté du battant. L’aile médicale était plutôt calme en cette chaude fin d’après-midi. Pendant ce temps, Ray continua de parler mais elle ne l’écouta que d’une oreille distraite. Il était question de temps gâché et de se retrouver attachée au lit. Ce commentaire força Priya à jeter un œil par-dessus son épaule pour fusiller le malade du regard :

— Ce n’est pas une invitation tout de même ? Car j’en connais une qui risque de ne pas être d’accord.

Elle reporta son attention sur la porte et son hublot. Toujours aucun mouvement suspect. La montagne devait être retournée en salle de garde. La voie était libre pour l’instant. Pendant ce temps, Ray continua encore – à croire qu’il ne s’arrête jamais ! – de parler et demanda à l’espionne si elle avait des histoires drôles ou des anecdotes croustillantes à raconter en attendant que Kathleen découvre sa fuite et tente de l’étriper vif. Bon, ce n’était pas les mots de Ray. Mais n’était-ce pas là qu’il voulait en venir ? Sûrement.

— Oui, tu ne crois pas si bien dire. (Elle se détourna de la porte pour approcher du lit de Ray.) Kathleen va probablement te tuer en découvrant ce qui s’est passé. Alors autant lui donner une bonne raison de t’en vouloir, non ? (Elle tira un couteau de sa botte et s’en servit pour couper le lien immobilisant le pied de Ray.) Une petite promenade tente-t-elle toujours Monsieur ? demanda-t-elle ensuite en attrapant le sac du Résistant et en le lui lançant à la figure. Mais avant, change-toi. Je n’ai rien contre tes gambettes, mais je suis certaine que ton petit cul nu ne passera pas inaperçu si on tente une évasion de cette prison. (Elle lui offrit un sourire avant de retourner à la porte.) Fais vite. J’ignore combien de temps nous avons devant nous.

Priya resta en poste à la porte en attendant que Ray soit prêt. Avouons-le, même si elle ne le portait pas tant que ça dans son cœur d’Impériale, le fait est que l’espionne ne se gêna pour avoir les yeux baladeurs tandis que Ray se changeait dans la pièce en lui tournant le dos. La quarantaine mais toujours la forme, Kathleen devait bien s’amuser avec lui. Qu’elle en profite donc tant qu’elle le pouvait encore.

— C’est bon ? demanda Priya en jouant l’ingénue n’osant pas se retourner avant d’avoir eu confirmation. Bien. Alors allons-y avant que Miss Rancor ne revienne à la charge. Prêt ?

Quand Ray lui répondit par l’affirmative, Priya ouvrit la porte et jeta discrètement un coup d’œil dans le corridor désert. Elle sortit avec précaution, attendit quelques secondes et fit finalement signe à l’espion républicain de la suivre. Ils remontèrent sans bruit le couloir silencieux jusqu’à une intersection. Là, Priya se colla au mur et jeta un regard discret à la dérobée. Cette section était plus animée que la précédente. Mais l’espionne chercha surtout à déterminer l’endroit exact où se trouvait l’infirmière en chef.

Citation :

◊ Localisation de l’infirmière en chef : dé facile. Priya possède un point en pistage mais l’infirmière est une civile qui ne cherche pas à se cacher et qui n’est pas sur ses gardes.
Réussite : Priya repère l’infirmière et trouve un chemin détourné pour quitter l’aile médicale sans être remarqué. Plus ou moins facilement et rapidement selon le degré du succès.
Échec : Priya n’arrive pas à déterminer où se trouve l’infirmière. Elle risque même d’être repérée selon le degré de l’échec.

Malheureusement, rien à faire. Priya eut beau balayer le couloir et la salle de garde se trouvant devant elle, elle ne repéra pas la cible qu’elle recherchait. Où était cette femme ? Se reculant, elle se rapprocha de Ray et lui souffla :

— Aucun Rancor en vue. Mais c’est justement ce qui m’inquiète. (Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle demeura pensive quelques secondes.) Essaie-toi. Il faut qu’on sache où elle est. Manquerait plus qu’elle nous tombe dessus avant qu’on n’ait atteint la sortie.

Priya le poussa gentiment en direction du coin du mur pour qu’il jette un œil à son tour. Pourvu que lui s’en sorte mieux qu’elle. N’était-il pas un espion plus entraîné qu’elle après tout ? Ça lui en coûtait de l’admettre, mais… c’était pourtant la vérité. Et puis, elle n’allait pas faire tout le boulot toute seule non plus. Si Ray voulait sortir d’ici ne serait-ce que quelques minutes, il aurait à mettre la main à la pâte !

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'Dé facile' :

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'Dé facile' :

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Priya avait voulu suivre les règles et cela n’avait rien donné. Elle avait pensé pouvoir émouvoir l’infirmière en chef et la convaincre d’accorder à son malheureux patient un peu d’air frais et quelques minutes de soleil. Mais non ! Rien à faire. La montagne de muscles à la poitrine tout bonnement proéminente avait refusé catégoriquement que Ray mette le nez hors de sa chambre. Soi-disant qu’il souffrait de multiples blessures faisant qu’il serait contraint de garder le lit au moins une semaine afin de laisser tout le temps à son organisme de récupérer naturellement. Une semaine ? N’était-il pas étendu dans ce lit depuis un jour seulement ? Et pourtant, il était d’ores et déjà au bord du suicide. Priya ignorait tout de ses limites, mais il ne faisait aucun doute selon elle que le pilote ne tiendrait pas plus de quelques heures encore. Il était du genre buté. Et à tout faire pour obtenir ce qu’il souhaitait. Elle était bien placée pour le savoir et pourtant, elle ne le connaissait que depuis quelques semaines seulement.

Aussi l’espionne n’avait-elle pas eu le choix que de passer au plan B : à savoir œuvrer dans le dos de ce monstre en blouse médicale. C’est pourquoi elle avait tiré un couteau de sa botte, s’en était servi pour couper le lien retenant le Résistant à son lit, avant de lui tendre son sac avec ses vêtements de rechange. La voie de la diplomatie n’avait pas fonctionné ? Alors ils tenteraient celle de l’évasion. De toute évidence, elle n’avait pas besoin de formuler le moindre argument pour convaincre Ray de quitter cet endroit. Elle lui fit toutefois remarquer mine de rien que quitte à ce que Kathleen lui en veuille d’avoir mal agi, autant qu’elle lui en veuille pour une « bonne » raison : comme par exemple s’être soustrait à la surveillance des infirmières pour aller faire le pitre dans les couloirs de la base rebelle au lieu de rester sagement allongé dans son lit pour se reposer et se remettre des épreuves dont il était miraculeusement sorti pratiquement indemne. Un peu de flatterie ne ferait pas de mal. Un héros minimisait toujours les blessures reçues au combat. Priya ferait de même avec Ray afin de flatter son ego. Elle le traiterait aussi naturellement que possible pour contrebalancer les influences mère poule de Kathleen et de l’infirmière en chef. Le pilote aurait alors le sentiment d’avoir une alliée dans son camp. Un bon point pour elle en somme.

N’était-ce pas être une garce dans le fond ? C’est la question que se posa l’espionne après s’être glissée dans le couloir pour s’assurer que personne n’était en vue. Elle fit signe à Ray de lui emboîter le pas tout en réfléchissant à la question qui venait de lui traverser l’esprit. Honnêtement, oui. C’était agir en garce. Mais n’étaient-ce pas les Rebelles et les Résistants qui avaient choisi les règles du jeu en tuant son père et son frère dans des attentats fomentés à seule fin de pousser le peuple à se rebeller contre l’Empire ? Elle ne faisait donc que s’abaisser à leur niveau en usant de tous les moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins. Et si justement pour cela elle devait s’immiscer dans le couple que formaient Kathleen et Ray et bien c’est ce qu’elle ferait. Les Rebelles avaient voulu jouer avec le feu ? Eh bien ils s’en brûleraient les doigts. Priya ferait en sorte de s’en assurer elle-même.

Alors qu’ils remontaient le corridor désert en direction de l’entrée de l’aide médicale, le Résistant estima à tort le moment opportun pour relancer la discussion. Il fit remarquer à l’espionne impériale qu’il aimait bien le surnom qu’elle avait donné à sa gardienne de prison. Priya lui décocha à la fois un sourire amusé et un regard noir lui intimant de garder le silence. Ce n’était pas le moment de commettre une erreur au risque de voir justement la montagne de muscles leur tomber dessus sans préavis. Autant éviter cela si possible. Elle n’était pas certaine de faire le poids face à une telle force de la nature. Et on ne pouvait pas vraiment dire que Ray remplissait les conditions pour prétendre être le beau prince charmant en armure étincelante chevauchant son fier destrier blanc comme la neige. Ou alors il tentait tant bien que mal d’incarner une version plus moderne de ce même prince charmant après que celui-ci eut le malheur de passer sous les sabots de sa monture. Peu importe. L’espionne balaya du regard la croisée des chemins pour tenter en vain de repérer où se trouvait l’infirmière en chef. Rien. La femme qu’elle avait surnommée « le Rancor » était nulle part en vue. Priya demanda à Ray de tenter sa chance. Sait-on jamais…

L’espionne se mordit l’intérieur de la joue en entendant Ray l’informer qu’il l’avait repérée. Il avait juste dû avoir un coup de chance. C’est tout. Peut-être était-elle passée dans l’encadrement de la porte de la chambre dans laquelle le Résistant disait l’avoir vue. Peut-être si Priya avait poursuivi son examen deux secondes de plus, elle l’aurait elle aussi remarquée sans avoir besoin d’avoir recours aux services du jeune homme. La dernière chose que l’espionne voulait, c’était que Ray fasse le paon et se dandine en se jetant des fleurs. Non. Ça elle ne le supporterait sûrement pas. Elle avait des limites elle aussi. Et ce n’était pas seulement une question de ne pas apprécier ces fichus Résistants. N’importe quel humain normalement constitué n’hésiterait pas à se pendre si Ray se mettait effectivement à faire le paon.

Mais l’heure n’était pas venue de se laisser aller de la sorte. Ils n’étaient pas encore tirés d’affaire. Ray avait beau certifier que la voie était libre et que l’infirmière ne pourrait pas les remarquer même si elle décidait de sortir de la chambre au moment même où ils traverseraient le couloir menant à la sortie, le fait est qu’ils devaient encore atteindre ladite sortie avant de pouvoir crier victoire. C’est là qu’elle sentit un bras se glisser autour de ses épaules. La surprise lui arracha un sursaut et elle se tendit instinctivement avant de se rendre compte que Ray voulait seulement s’appuyer sur elle pour conserver son équilibre. Il avait l’air pâle. Ou peut-être n’était-ce qu’une illusion d’optique provoquée par les néons ?

— Est-ce que ça va aller ? demanda toutefois la jeune femme par acquis de conscience. Tu ne préférerais pas retourner t’allonger dans ton lit ? Il est encore temps de faire machine arrière, si tu veux.

N’était-ce pas un peu trop tard pour poser cette question ? Et n’était-elle pas celle qui l’avait poussé à aller à l’encontre des directives de l’infirmière ? C’était tout de même l’hôpital qui se fasse de la charité. Mais Priya ne souhaitait pas non plus pousser Ray à bout. Elle ne voulait pas causer sa perte à cause de cette stupide histoire de vouloir prendre un peu l’air dehors. La place du Résistant était dans une cellule impériale et non dans un cercueil. Ray semblait toutefois bien décidé. La jeune femme avait l’impression qu’il se raccrochait à elle comme à une bouée de sauvetage. Et non comme à une simple béquille. Il avait cruellement besoin d’elle. Elle était sa porte de sortie et il ne comptait pas la laisser partir sans lui. Bien, le message avait été parfaitement reçu. Aussi Priya se remit-elle en route en soutenant son fardeau.

La traversée du bout de secteur les séparant encore de l’ascenseur ne fut pas une partie de plaisir pour Priya, mais l’espionne parvint tout de même à soutenir Ray jusqu’à ce qu’ils atteignent leur destination. Et la chance leur sourit enfin lorsque les portes du monte-charge s’ouvrirent une seconde à peine après que le Résistant en eut poussé le bouton d’appel. Ray abandonna alors sa béquille pour aller se mettre dans un coin de la cabine. Était-il plus pâle encore que la fois d’avant ou était-ce toujours une question de néons peu flatteurs ? Mais avant que l’espionne ait pu interroger de nouveau le pauvre patient, celui-ci pesta en faisant mention d’une Chiss étant apparemment responsable de son état.

— Une Chiss ? répéta Priya. (La surprise sur son visage et dans sa voix n’étaient pas feinte.) C’est… C’est une Chiss qui t’a mis dans cet état ?

L’espionne s’était retournée vers le Résistant après avoir poussé le bouton qui les ramènerait au niveau principal de la base. Ray avait besoin d’un peu d’air frais et elle ne voyait pas de moyen plus direct pour atteindre la sortie la plus proche. Et le hasard ferait qu’elle s’attirerait probablement les faveurs de son homologue républicain car la sortie qu’elle avait en tête donnait justement sur les hangars à chasseurs et les pistes d’envol. La vue de ces petits oiseaux redonnerait peut-être des forces au supplicié. Nul doute qu’elle ferait plaisir à Priya en tout cas. Elle n’avait pas touché à un manche depuis des mois. La dernière fois remontait à quand elle s’était rendue sur Coruscant pour entrer en contact avec la Résistance pour la première fois. Elle avait l’impression que des siècles s’étaient écoulés depuis. Et cela lui manquait.

Mais revenons-en à la Chiss. Priya ne connaissait personnellement qu’une seule Chiss travaillant au sein de l’Empire. Et elle savait parfaitement que Ray avait été blessé durant un affrontement avec un Impérial, ou plutôt une Impériale à vrai dire. Il était rarement conseillé de tirer des conclusions hâtives, mais dans le cas ici présent, les Chiss étaient suffisamment rares en dehors de leur système d’origine pour ne pas faire immédiatement le rapprochement entre la femme dont Ray venait de faire mention et celle que la jeune espionne considérait comme sa meilleure amie. La galaxie était petite. Mais l’était-elle à ce point ? D’un autre côté, si ça mémoire ne lui faisait pas défaut, son amie Chiss avait justement fait ses premières armes sur l’espion républicain durant leurs premières années de formation. Autant de coïncidences ne pouvaient pas être le fruit du hasard. Il était forcément question de Triss dans cette affaire.

Ray avait commencé à répondre à sa question, mais les portes de l’ascenseur s’ouvrirent dans le dos de l’espionne et elle lui souffla :

— Les explications devront attendre. (Elle se glissa hors de l’ascenseur en retenant la porte d’une main.) La voie est libre, souffla-t-elle en tendant la main en direction de Ray. Besoin d’aide ou ça ira ? La sortie n’est plus très loin. Si on coupe par la gauche, on ne devrait pas rencontrer le moindre obstacle. Comme je disais tout à l’heure, c’est un peu l’effervescence ici. Des techniciens n’ont pas arrêté de faire l’aller-retour toute la matinée dans le secteur pour tâcher de découvrir d’où venait le panne réseau. On devrait pouvoir passer incognito. C’est une question d’une centaine de mètres. Ça ira ?

Priya attendit que Ray lui réponde et se tint prête à lui apporter son aide si jamais il en éprouvait le besoin.

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Priya et Ray étaient parvenus à atteindre l’ascenseur et à quitter l’aile médicale sans encombre. Ils avaient laissé derrière eux la chambre qui faisait horreur à l’ancien espion républicain, ainsi que l’infirmière peu accommodante qui avait été jusqu’à attacher le jeune homme à son propre lit afin de s’assurer qu’il ne tente plus d’échapper à sa surveillance. Mais cela avait été sans compter sur l’obstination de l’espionne impériale. Elle qui voulait à tout prix rester dans les petits papiers de Ray s’était démenée pour parvenir à le conduire jusqu’au monte-charge qui les mènerait vers la liberté. Et elle y était parvenue au prix d’un sacré effort. C’est qu’il n’était pas un poids plume ce Rebelle buté comme un âne. Mais au moins étaient-ils à présent en sécurité dans l’ascenseur loin de cette infirmière gardienne de prison.

Priya avait alors de nouveau remarqué la pâleur de son compagnon. Était-ce juste une question de néons peu flatteurs ou bien son état de santé était-il en train de se dégrader à vitesse grand V ? Avant d’avoir pu ne serait-ce qu’ouvrir la bouche pour questionner le principal intéressé, celui-ci avait jeté rien de moins qu’un énorme caillou dans la mare en laissant entendre qu’une Chiss était responsable de son état actuel. Une Chiss ? Vraiment ? Étant amie avec une Chiss œuvrant au sein de l’Empire justement, Priya n’avait pu s’empêcher de faire le rapprochement. La galaxie était-elle petite au point qu’il ait pu s’agir de la même femme ? De toute évidence. L’espionne se souvenait que son amie avait été assignée au dossier de Ray durant les premières années de leur formation aux Renseignements Impériaux. Ce ne pouvait donc pas être une simple coïncidence. Mais le moment n’était pas venu de creuser la question. Pas encore.

Les portes de l’ascenseur s’étaient rouvertes au moment où Priya avait relevé la remarque de Ray. Mais le fait est qu’ils n’étaient pas encore parvenus à destination et que si l’infirmière se rendait compte de sa disparition, nul doute qu’elle irait vérifier en premier lieu le monte-charge. Mieux valait donc ne pas s’attarder ici trop longtemps. Aussi l’espionne avait-elle décrété que les explications devraient attendre. Et après s’être assurée que la voie était libre, elle avait proposé de nouveau son aide à son compagnon en l’information qu’ils touchaient au but. Encore une centaine de mètres et ils seraient libres. Enfin, lui surtout. Après tout, ne faisait-elle pas tout cela rien que pour lui ? Elle en était malade…

Ray accepta la proposition et la main tendue de son ennemie non déclarée. Elle l’aida à se hisser sur ses deux jambes plus ou moins dignes de confiance et lui proposa une nouvelle fois de s’appuyer sur elle s’il en éprouvait le besoin. Chose qu’il ne se fit pas dire deux fois. Et à peine eut-il le temps de la remercier que déjà ils se remettaient en route. Comme Priya le lui avait dit, ils ne rencontrèrent aucune résistance. Les corridors avaient beau être plus ou moins envahis de monde, c’est tout juste si on daigna leur accorder ne serait-ce qu’un regard. Des techniciens allaient et venaient en toute hâte d’un bureau à l’autre tandis que d’autres faisaient des relevés devant des panneaux de contrôle ou des caisses de raccordements. De toute évidence, le réseau subissait encore quelques pannes. Rien à première vue à même de causer des problèmes durables à la Résistance, mais sûrement assez pour occasionner quelques gênes ici ou là sur la base rebelle. Certainement quelques soucis de communications internes ou alors un ballon d’eau qui ne chaufferait pas et récompenserait un valeureux rebelle d’une sacrée douche froide. Mais peu importe.

Priya et Ray parvinrent enfin en vue de la porte synonyme de liberté. Et l’espionne impériale ne put que donner raison au Résistant lorsque celui-ci soupira d’aise. Oui. Enfin un peu d’air frais. C’est vrai que cela faisait un bien fou. Ils étaient enfin libres. Loin de l’aile médicale. Loin de l’horrible infirmière. Et loin de cette traîtresse impériale qui ne payait franchement rien pour attendre. En somme : mission accomplie ! Certes, il leur resta encore quelques mètres à parcourir avant de trouver un endroit calme et discret où s’installer et profiter autant de la vue que des doux rayons du soleil. Ray jeta son dévolu sur un arbre. Il se laissa tomber à ses pieds en prenant bien soin de garder la base dans son dos et loin de son champ de vision. Comportement puéril qui ne manqua pas d’arracher un sourire à l’espionne tandis qu’elle prenait place à ses côtés. On aurait dit un enfant boudant dans son coin et faisant mine de ne pas voir sa mère lui jetant un regard noir les bras croisés sur la poitrine. De toute évidence, la Résistance était condamnée d’avance si elle recrutait des énergumènes dans ce genre. Mais force est d’admettre que cela avait dans le fond un petit côté attachant et divertissant.

— Alors ? avait demandé la jeune femme en prenant la parole la première.

Ray lui avait rétorqué qu’il ne savait pas comment la remercier pour ce qu’elle avait fait. Il lui en était de toute évidence particulièrement reconnaissant. Un sourire sincère (ou pas) étira les lèvres de l’espionne.

— Bien. (Elle hocha la tête et reporta son attention devant elle. Elle balaya du regard le paysage s’offrant à elle avant d’ajouter.) Savoure ces dix minutes alors. Car quelque chose me dit que tu es bon pour passer le restant de la semaine attaché à un lit.

Priya tourna la tête pour offrir à Ray un clin d’œil complice. Elle n’allait tout de même pas se priver de faire une pique à l’encontre de Kathleen quand même. Mais c’était de bonne guerre. Il y avait toujours une certaine tension lorsque les deux femmes se trouvaient l’une en face de l’autre. L’espionne craignait plus que tout que la fugitive replace son visage et se souvienne l’avoir croisée une fois ou deux au détour d’un corridor impérial ou dans un réfectoire de leur base. Priya était certaine de n’être jamais entrée en contact avec elle par le passé. Mais elle ne pouvait savoir avec certitude si Kathleen ne l’avait pas déjà aperçue de loin, même une fraction de seconde. Si c’était le cas, alors Priya espérait de tout cœur que ce souvenir ne refasse jamais surface. Elle ne pouvait pas se permettre de brûler sa couverture si tôt.

Ray tira alors l’espionne de ses pensées en ramenant sur le tapis le sujet de la Chiss. Il ne lui en fallut pas plus pour obtenir toute l’attention de la jeune femme. Et les soupçons de Priya s’avérèrent vérifiés dès lors que le Résistant prononça le nom de sa tortionnaire. C’était bien elle : Triss. C’est ainsi que son amie préférait être appelée. Entendre son nom fit plaisir à l’espionne impériale coupée de tout contact avec elle depuis son retour sur Coruscant quelques mois plus tôt. C’était le protocole. Priya étant en mission sous couverture, elle n’avait pas eu d’autre choix que de rompre tout lien passé et de passer en silence radio. Aussi était-ce une bonne chose que d’avoir des nouvelles d’un proche même si par l’intermédiaire d’un Résistant. Du moins, c’est ce qu’elle pensa de prime abord. Mais elle déchanta très vite. Ray venait effectivement de lui annoncer que sa rivale avait reçu elle aussi son lot de blessures douloureuses.

La remarque de Ray manqua briser le masque amical que l’espionne portait en sa présence. Il s’en fallut de peu pour qu’elle cède à une pulsion et attrape le jeune homme par le col de sa blouse en exigeant de lui de plus amples informations. Et comme il ne fait absolument aucun doute qu’elle n’aurait pas aimé ce qu’elle aurait entendu à ce moment-là, elle l’aurait sûrement rué de coups en guise de paiement pour ce qu’il avait fait à son amie. Oui. Priya était d’ordinaire une femme de sang-froid faisant preuve de retenue et d’un sacré self control. C’était une qualité plus que nécessaire étant donné la branche professionnelle dans laquelle elle exerçait. Mais force est d’admettre que belle gueule comme il était, Ray était capable de l’agacer parfois à un point où elle avait toutes les peines du monde à se retenir de lui mettre un pain dans la figure. Elle avait toujours fait preuve de retenue avant aujourd’hui. Mais là… c’était pratiquement la goutte qui menaçait de faire déborder le vase.

Priya prit une lente et profonde inspiration. Son poing serré manqua arracher la malheureuse et innocente touffe d’herbe sur laquelle il s’était refermé. L’Impériale dut se faire violence pour contenir sa colère et ses envies de meurtre. Et c’est pourquoi elle demeura silencieuse un moment. Un long moment même. Il fallait à tout prix qu’elle se ressaisisse avant que Ray ne se doute de quelque chose. Aussi hocha-t-elle la tête pensivement avant de s’éclaircir la voix et de dire calmement :

— Elle n’a eu que ce qu’elle méritait. (Les yeux toujours perdus dans le lointain, Priya hocha doucement la tête pour donner plus de poids à ses paroles. Cela lui en coûtait de dire une telle chose à propos de son amie. Mais la mission avant tout. Elle devait consolider sa couverture et tout faire pour ne pas attiser les soupçons de son compagnon. Après tout, Ray était lui-même un ancien espion. Il avait donc toutes les cartes en main pour percer l’illusion et révéler à tous la supercherie. Elle avait donc tout intérêt à la jouer fine et à faire très attention ou alors elle ne ferait pas long feu au sein de la Résistance. Chose qu’elle ne pouvait pas se permettre. Elle avait besoin d’en faire partie si elle voulait pouvoir ruiner leurs efforts.)

L’instinct est une chose vraiment merveilleuse en soi. Il supplante tout raisonnement logique et pousse simplement un individu à réagir à une nécessité ne s’étant peut-être pas encore pleinement imposée à lui. Une réponse naturelle à un besoin urgent relevant le plus souvent d’une question de vie ou de mort. Avec les années, Priya avait appris à faire aveuglément confiance à son instinct qui ne lui avait jamais fait défaut. Jamais. Les rares fois où elle avait cru qu’il avait joué contre elle, force est de reconnaître après réflexion que l’erreur avait été sienne. Plutôt que de s’abandonner à son instinct, elle avait réfléchi une seconde de trop et c’est ce qui lui avait été préjudiciable. Une seconde de doute qui avait mis à mal tout un plan parfaitement orchestré jusqu’à maintenant. C’est pourquoi la jeune femme s’abandonna à son instinct lorsque celui-ci la poussa à verser une larme du coin de l’œil. Une larme qu’elle fit disparaître du revers de la main après s’être assurée que Ray regardait dans sa direction. Et forçant sa voix à trembler juste ce qu’il fallait, elle souffla :

— Oui, elle n’a eu que… que ce qu’elle méritait. (Elle prit une profonde inspiration et déglutit de force.) L’Empire ne mérite pas notre clémence. Ni même notre pitié. (Elle hocha la tête.) Tu as fait ce qu’il fallait. (Elle tourna les yeux vers lui et l’observa un long moment avant de détourner la tête pour essuyer une nouvelle larme du revers de la main.) Excuse-moi. (Elle s’éclaircit la voix et fit mine de tenter de vouloir changer de sujet.) Et toi ? Comment te sens-tu, réellement ?

Jouer la petite ingénue réussirait-il à pousser Ray à mordre à l’hameçon ? Cela avait déjà fonctionné par le passé, alors pourquoi pas maintenant. Du moment que ça permettait à l’espionne de noyer le poisson et de détourner les soupçons de l’ancien espion, c’était le principal.

Spoiler:

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Le décor avait dans le fond quelque chose de paisible. Le soleil brillait haut dans un ciel bleu d’une pureté sans pareille. Pas un seul nuage en vue. Juste un immense océan azur s’étirant à perte de vue au-dessus de la forêt émeraude s’étalant non loin de la base rebelle. Des couleurs chatoyantes. Le chant de quelque oiseau exotique aborigène. La douce caresse des rayons du soleil sur leur peau et le souffle rafraîchissant d’une brise légère sur leur visage. Oui. Le décor les environnant avait un petit quelque chose de paisible. Mais Ray trouva néanmoins le moyen de faire voler en éclats ce cadre idyllique. Il lui avait suffi de faire référence à une seule anecdote. Un seul nom. Et le retour à la réalité avait été des plus brutal.

Priya avait manqué perdre son sang-froid en découvrant que ses soupçons étaient avérés. La Chiss dont Ray avait fait mention plus tôt dans l’ascenseur était bel et bien celle qu’elle considérait comme sa plus proche amie et confidente. Rien d’étonnant donc à ce que sa première réaction en entendant les propos du Résistant fut de vouloir lui faire avaler toutes ses dents. Heureusement pour elle, elle était parvenue à refouler cette pulsion, mais il s’en était fallu de peu. Et les choses ne s’étaient guère améliorées par la suite lorsque Ray était entré dans les détails macabres après qu’elle lui a demandé comment il allait.

D’abord une réponse évasive. Pleine de mystère. Il admit que ce serait lui mentir que lui dire qu’il allait bien. Il poursuivit à propos de son ressenti. Il avait déjà tué par le passé, mais ce qu’il avait manqué de faire à Triss était différent. Ce n’était en aucun cas de la légitime défense. Il avait tout simplement voulu l’abattre. Sans aucune autre forme de procès. Ni plus ni moins qu’une exécution. Ce qui arracha malgré elle un frisson à la jeune femme. Elle n’eut aucun mal à imaginer son amie gisant dans une mare de son propre sang tandis que le Résistant se tenait au-dessus d’elle, blaster en main. Elle eut quelques instants le souffle court et sa main se referma une nouvelle fois en poing en arrachant une autre touffe d’herbe. Il lui fallut faire preuve de volonté et de fermeté pour enfin réussir à prendre une lente inspiration afin de se détendre et d’entendre la suite du récit de l’espion.

Ray avait les yeux perdus dans le vide. Priya aurait pu agiter la main devant ses yeux, il n’aurait sûrement pas réagi le moins du monde. Il déclara alors que Triss l’avait torturé durant son emprisonnement chez les Impériaux. Détail dont l’espionne était d’ores et déjà au fait. Mais ses sourcils se froncèrent lorsque le Résistant fit mention du fait que la Chiss s’était toujours montrée particulièrement méticuleuse durant leurs séances en tête à tête. La manière dont il en parlait indiquait clairement qu’il était encore marqué par cette épreuve. Mais si cela avait été particulièrement douloureux pour lui, la torture avait également eu son effet sur sa tortionnaire. Arracher des informations par la force pouvait faire toute la différence entre la vie et la mort. Mais ce n’était pas pour autant une partie de plaisir pour celui posant les questions. Priya n’avait que peu de difficultés à ôter la vie. Presser la détente était facile. Il suffisait de prendre une décision et tout était terminé en une fraction de seconde. La torture en vue d’arracher des informations était une toute autre paire de manche. Elle n’avait jamais éprouvé le moindre plaisir à faire souffrir qui que ce soit. Hélas, en temps de guerre, un soldat doit obéir aux ordres et parfois commettre des choses horribles. C’était justement le cas de Triss. Raison pour laquelle Priya éprouvait à l’heure actuelle bien plus de compassion à l’égard de son amie que du Résistant. Lui avait souffert physiquement des heures durant, mais Triss avait souffert avec lui, car elle n’avait tiré aucun plaisir du fait d’avoir à recourir à une telle extrémité. Contrairement à ce que le Rebelle pouvait croire. Priya avait été plus ou moins témoin de l’emprise de cette épreuve sur elle quand bien même elle ne s’était jamais réellement ouverte à elle à ce propos. Aujourd’hui encore, la Chiss restait souvent une énigme pleine de mystères aux yeux de la jeune femme. Mais l’espionne restait convaincue que son amie n’avait pas agi de gaité de cœur en tâchant de soutirer des informations au Résistant par la force. Jamais de la vie. Ce n’était pas son genre.

Ray avait alors levé la main comme un automate, le regard toujours perdu dans le vide. Ce geste retint l’attention de l’espionne dont les pensées avaient un peu dérivé vers son amie se trouvant probablement dans une baie médicale en train de récupérer de ses propres blessures. Blessures infligées par l’homme qu’elle tentait d’amadouer en faisant mine d’être son amie. Ce même homme qu’elle venait à l’instant d’aider à fuir sa chambre d’hôpital. L’homme qui se tenait tout près d’elle et qu’elle aurait pu étrangler très facilement sans que personne ne se doute de rien. Et pourtant, quand bien même elle désirait plus que tout faire souffrir le Résistant pour ce qu’il avait fait à son amie, l’espionne se contenta de lever sa main pour la poser sur celle de Ray qui brandissait un blaster fantôme devant lui. Elle pressa doucement ses doigts pour tâcher de lui transmettre un semblant de compassion. Et elle dit :

— C’était très noble de ta part. (Elle hocha doucement la tête en forçant gentiment le Résistant à baisser son arme imaginaire.) Cela n’a pas dû être facile de tourner le dos à ta vengeance. C’était très brave de ta part. (Elle se tut un instant et détourna les yeux.) Mais crois-tu qu’elle aurait fait montre de la même pitié à ton égard si les rôles avaient été inversés ? Penses-tu vraiment qu’elle aurait hésité ne serait-ce qu’une seconde avant de presser la détente si elle avait eu le dessus sur toi ? (Priya reporta son attention sur Ray avant de baisser les yeux, honteuse.) Désolée. Je ne devrais pas parler de ce genre de choses en ces termes. C’est… c’est juste que… (Sa voix se brisa et elle fixa un point à l’horizon.) Elle le méritait, reprit-elle en écho à ce qu’elle avait dit quelques minutes plus tôt. Elle le méritait. Elle méritait de souffrir pour ce qu’elle t’a fait endurer et pour être alliée à ces sales chiens de… (Elle n’acheva pas sa phrase. Elle se contenta de secouer la tête en esquissant un sourire triste.) Je… Je ne pense pas que j’aurais eu la force de retenir ma main si j’avais été à ta place. Je… Non. C’est même certain. Je n’aurais pas pu faire preuve de clémence envers un Impérial. Jamais de la vie. Ce serait contre ma nature. Pas après ce qu’ils ont fait.

L’espionne se passa une main sur le visage en secouant de nouveau la tête. Puis elle glissa sa main dans ses cheveux pour les ramener dans son dos avant de lever les yeux pour suivre le décollage d’un chasseur de la Résistance venant de prendre son envol. La piste n’était pas loin. Un oiseau mécanique venait de déployer ses ailes et un autre rentrait au bercail après une patrouille de routine. Priya demeura pensive un moment. Observant les techniciens de maintenance s’afférant autour du chasseur et de son pilote. Les révélations de Ray lui avaient fichu un sacré coup au moral. Elle n’était pas du genre à se laisser surprendre, pourtant le Résistant était parvenu à la prendre complètement au dépourvu. Et elle n’aimait pas ça. Elle aimait avoir le contrôle de la situation. Elle aimait être en position dominante et avoir toutes les cartes en main. Elle détestait la seule idée d’avoir ne serait-ce qu’un coup de retard sur son adversaire. Et voilà que Ray lui portait le coup de grâce pour ainsi dire alors qu’il était à moitié mort. Même dans l’état dans lequel il se trouvait, il parvenait encore à mettre la patience de la jeune femme à rude épreuve. Hélas, celle-ci ne pouvait que prendre son mal en patience pour l’instant. Mais elle comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce en lui faisant découvrir son nouveau chez lui carcéral quand viendrait enfin le moment de le remettre aux autorités impériales. Elle se faisait la promesse d’être présente à ce moment-là.

Ce n’était qu’une question de patience. Mais elle commençait d’ores et déjà à en manquer alors qu’elle n’était ici que depuis quelques semaines seulement. Elle devait tenir bon encore. Il le fallait. Même avec Ray pour compagnon de fortune. Il le fallait. Elle n’avait pas le choix.

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Le cadre idyllique dans lequel Priya et Ray se trouvaient avait d’ores et déjà volé en éclats lorsque celui-ci avait remis sur le tapis la question de la Chiss à qui il devait d’être dans cet état actuellement. La jeune espionne impériale avait manqué perdre son sang-froid. Mais heureusement, elle avait su maîtriser ses émotions pour pratiquement ne rien laisser transparaître de son ressenti. Mais force est d’admettre que Ray ne faisait absolument rien pour redresser la barre. D’ordinaire vrai trublion et bon vivant, il dégageait pour l’heure un petit quelque chose de déprimé et déprimant. Quelque chose de totalement incompatible avec ce magnifique ciel bleu et ces doux et chaleureux rayons de soleil estival. Il avait l’air complètement désenchanté et… blasé. Du moins selon Priya. Ce qui n’était pas un mal en soi à vrai dire.

Les individus comme Ray sont d’ordinaires les plus difficiles à cerner du fait justement de leur instabilité continuelle. Ils ont cette agaçante manie de toujours user et abuser des plaisanteries pour dissimuler ce qu’ils éprouvent ou ressentent réellement au fond d’eux-mêmes. Dans le cas de Ray plus particulièrement, c’est même encore pire. Car il a beau être incapable de se taire plus de deux minutes, le fait est qu’il ne se confie jamais vraiment dans ces moments de diarrhées verbales. Alors peut-être était-ce à cause des injections qui lui avaient été faites durant son bref séjour à l’hôpital, ou alors le contrecoup des épreuves auxquelles il avait été confronté lors de son récent face à face avec la Chiss impériale, mais toujours est-il que le Résistant fit preuve une fois n’est pas coutume d’une certaine prédisposition à la confession. Il semblait d’humeur à partager ses pensées et son ressenti. Une très bonne chose en fait.

De toute évidence, les mots de l’espionne impériale avaient fait mouche d’une manière ou d’une autre. Elle n’avait pas cherché à briser la carapace du Résistant. Mais cela restait une bien agréable surprise à ses yeux. Depuis le temps qu’elle le travaillait au corps en vue justement de créer un rapport de confiance entre eux. Une leçon qu’elle ne pourrait jamais oublier de sa vie : garde toujours tes amis près de toi et tes ennemis encore plus près. Ce à quoi elle s’était adonnée avec Ray depuis qu’elle avait mis les pieds dans la base de la Résistance et découvert que c’était là que le fugitif avait pris ses nouveaux quartiers. Cela avait enfin payé et c’était une excellente nouvelle. Et dire qu’elle avait seulement cherché à détourner l’attention du Résistant afin qu’il ne remarque pas la tension qu’avait fait naître en elle ses troublantes révélations à propos de Triss. Elle avait voulu renforcer sa couverture avant que l’ancien espion ne brise l’illusion et découvre le pot aux roses. Et cela avait fonctionné comme sur des roulettes.

Ainsi, Ray avait répondu à Priya que si les rôles avaient été inversés, la Chiss ne l’aurait pas tué. Non. Elle se serait contentée de le capturer et de le ramener gentiment à sa cellule où elle aurait pu poursuivre sa sale besogne et ses douloureux interrogatoires. L’espionne avait préféré ne rien répondre à cela. Elle ne voulait pas prendre le risque de faire un faux pas et de brûler sa couverture. Mais dans le fond, le jeune homme n’avait pas tort. Cela ressemblait effectivement à la Triss dont elle se souvenait. Mais là n’était pas la question. Ray avait ensuite rebondi sur la remarque de son amie déclarant qu’elle n’aurait sûrement pas pu retenir sa main comme lui l’avait fait. Ce qui était entièrement vrai. Jamais elle n’aurait hésité ne serait-ce qu’une seule seconde avant de presser la détente si elle s’était trouvée face aux hommes ayant causé la mort de son père ou de son petit frère. Elle avait déclaré qu’elle n’aurait jamais pu faire montre de clémence à l’égard de l’Empire. Et c’était vrai. À ceci près que toute sa rancœur et toute sa haine ne concernaient que l’Alliance Rebelle et la Résistance qui en découlait. Ray avait donc de la chance de ne pas être dans son collimateur à l’heure actuelle. Sinon cette rencontre aurait pu être totalement différente.

En réponse à toute cette haine qui n’avait sûrement pas manqué de lui sauter aux yeux, le jeune homme avait ajouté ensuite qu’il espérait sincèrement qu’elle n’aurait jamais à appuyer sur la gâchette car cela reviendrait à dire que les soldats comme lui auraient failli à leur tâche. Qu’ils n’auraient pas été capables de protéger ce qui méritait de l’être en ce monde. C’est honnêtement ce que l’espionne leur souhaitait de tout cœur compte tenu de la haine viscérale qu’elle éprouvait à leur égard. Néanmoins, les mots qui sortirent de sa bouche reflétèrent non la haine mais la détermination. Et la soif de vengeance.

— Non. Je ne suis pas d’accord avec toi. Cela n’a rien à voir avec la cause. Ni avec toi, ou eux, ajouta-t-elle en désignant les hommes et les femmes vaquant à leurs occupations sur les pistes d’envol. C’est une affaire strictement personnelle. Je sais bien que je ne devrais pas penser ainsi. Que ce n’est pas sain. J’ai fait mon deuil. J’ai tourné la page et tenté de reconstruire ma vie. Mais le fait est que je donnerais tout ce que j’ai là maintenant pour me retrouver face aux salauds qui m’ont arraché ma famille. Et personne ne pourrait faire quoi que ce soit pour m’en empêcher et se mettre en travers de mon chemin. Ce serait œil pour œil et dent pour dent.

Priya avait les yeux également perdus dans le vide. Comme Ray un peu plus tôt. Il y avait de la colère et de la rage dans sa voix. Mais pas dans le mauvais sens du terme. Ce n’était pas de la folie ou des envies meurtrières et sanglantes. C’était la voix de la justice. Le juste châtiment en paiement pour des horreurs passées que n’importe quel jury un tant soit peu honnête jugerait répréhensibles et punissables. C’était le juste courroux d’une âme meurtrie. Et sur ce point, la jeune femme n’avait pas à faire semblant. C’est là le feu qui l’animait depuis qu’elle s’était engagée dans l’Académie Impériale sur Lothal. Ray avait enfin sous les yeux la véritable Priya. Ou du moins en partie. Pas suffisamment pour découvrir le pot aux roses et ses véritables intentions, mais assez pour se rendre compte peut-être que cette femme était capable de mettre à exécution ses menaces. Sous ses dehors de femme douce et souriante brûlait l’âme d’une combattante. Une femme désireuse de rendre justice comme il se doit. Ce qui trancha complètement avec ce qu’elle répondit à Ray lorsque celui-ci lui demanda ce qu’elle serait devenue si la guerre n’avait pas bousculé à jamais sa petite existence paisible.

— M’est avis que je serais encore sur Lothal à l’heure qu’il est. (Elle n’avait jamais menti sur son monde d’origine. Les dossiers des espions impériaux étaient tellement sécurisés qu’elle doutait que la Résistance puisse mettre la main sur l’un d’eux et faire le rapprochement. Et comme les meilleurs mensonges ont tous un soupçon de vérité, elle avait préféré ne rien changer à son passé avant son entrée à l’Académie.) Mes parents possédaient une ferme. Une jolie ferme. (Un sourire fantôme étira ses lèvres.) Il m’arrivait souvent de leur prêter main forte pour les tâches quotidiennes, le semis ou les récoltes. Ou même pour m’occuper des animaux. Mais honnêtement, je n’étais pas manuelle pour deux crédits. (Un autre sourire fleurit sur ses lèvres.) Jarek était bien plus doué que moi pour ça.  Même du haut de ses deux ans. Il avait hérité des gênes de notre père. On aurait dit deux frères. Moi… Je tenais plus de ma mère. (Elle prit une profonde inspiration.) Elle était infirmière. Enfin, elle avait été infirmière, avant de venir s’installer avec mon père sur Lothal. Peut-être aurais-je suivi ses traces, qui sait. S’il n’y avait pas eu l’Empire. Ou la guerre. (Elle tourna la tête vers Ray et sourit de plus belle.) Peut-être te serais-tu retrouvé à ma merci, ici ou ailleurs. Peut-être aurait-ce été moi que tu aurais dû convaincre de te laisser prendre l’air quelques minutes. (Elle reporta son attention droit devant elle.) Qui sait ? soupira-t-elle en regardant s’envoler un second chasseur qui laissa dans le ciel une trainée blanche dans son sillage. Comme tu dis, cette guerre ne finira jamais. Dès qu’une guerre s’achève, une autre prend la relève ailleurs dans la galaxie. La paix est illusoire. Une utopie.

Priya suivit du regard une navette qui décolla pour elle ne savait quelle mystérieuse destination. Elle ne possédait pas encore les accréditations pour ce genre d’informations. Elle ignorait même le nom de cette planète. Les Résistants l’appelaient D’Qar. Mais elle n’avait jamais entendu parler d’un système portant ce nom. Peut-être était-ce un nom de code. Une couverture. Cela n’aurait pas été étonnant. D’un autre côté, la galaxie était vaste. Et elle demeurait encore en grande partie inexplorée. Peut-être la Résistance était-elle parvenue à découvrir un monde ne figurant sur aucune carte d’astrogation. Peu importe.

— Comme ce doit être libérateur de prendre son envol comme ça, déclara la jeune femme après un bref silence. De s’arracher à la gravité terrestre et de se libérer de toute attache. On doit se sentir bien. Léger et… soulagé de tous ses soucis.

Oui. C’était le cas de le dire. Et elle était bien placée pour le savoir étant elle-même une pilote talentueuse. Mais le fait est que ses compétences en matière de pilotage n’avaient pas été incluses dans sa couverture. Elles n’auraient pas collé avec le reste. De même que ses aptitudes martiales. Elle attirerait bien moins l’attention en mettant uniquement en avant ses connaissances en piratage et en traitement de données. Mais tenir en main un manche et s’arracher à la gravité lui manquait par-dessus tout. Elle aimait ça voler et voyager au milieu des étoiles. Passe-temps qu’elle avait dû abandonner pour le bien de sa mission.

— Comment était ta famille ? demanda soudain la jeune femme en prenant peut-être son interlocuteur de court. Tu n’en parles pas souvent. Et honnêtement, je suis mal placée pour te faire le moindre reproche. Mais je me rends compte qu’en parler de temps en temps, ça aide. Pas énormément. Mais un peu quand même. Ça rend les choses un peu plus faciles. À moins que tu préfères ne pas… Ce que je comprendrais parfaitement.

Priya reporta son attention sur les allers et venues des mécaniciens œuvrant comme des fourmis sur la piste d’envol. Elle ramena une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille et attendit.

feat. Priya O'Mahra & Ray Noxis ▵ ©endlesslove.

◊ the healing touch of a shy nurse ◊

Un sourire étira les lèvres de l’espionne impériale. Un sourire en demi-teinte. À la fois triste et plein de compassion. Mais au final rien de plus qu’une façade. Une illusion. Un nouveau mensonge. Quoique dans le fond, Priya éprouvait tout de même ces sentiments quelque peu contradictoires. Ray venait de s’ouvrir à elle et de partager quelques confessions intimes sur son passé. Rien de vraiment nouveau pour la jeune femme qui connaissait son dossier sur le bout des doigts. Déformation professionnelle oblige peut-être, le Résistant n’avait rien révélé qui soit susceptible d’être retourné contre lui. Rien, hormis deux allusions que la jeune femme jugea fort pertinentes : il avait fait mention d’une sœur récemment retrouvée saine et sauve et d’une recherche bien précise qu’il avait menée durant les mois où il avait infiltré les rangs de l’Empire pour leur arracher leurs secrets. Des révélations dont Priya n’était pas au fait. Ni ses supérieurs d’ailleurs. C’est justement le genre d’informations de première main pour lesquelles elle endurait ce petit jeu de fraternisation avec l’ennemi. Cela ne servait pas à proprement parler sa mission principale, mais comme cela ne la mettait pas non plus en péril, c’était toujours un plus en vue de clore un dossier qu’elle se trainait malheureusement depuis des années. Priya était du genre à aimer le travail bien fait et l’une des choses qu’elle détestait le plus au monde : ne pas finir une mission ou une assignation.

Priya demeura pensive un moment après avoir entendu les révélations de Ray. Elle réfléchissait à ce que cela pouvait impliquer pour elle et ses supérieurs. Car pour être honnête, ce que le Résistant venait juste de lui révéler n’avait pas franchement le moindre sens à ses yeux. Autant elle éprouvait une compassion sincère à propos des retrouvailles entre le frère et la sœur. Elle-même aurait donné tout ce qu’elle avait pour pouvoir passer ne serait-ce qu’une seule journée de plus avec son défunt frère. Ray avait cette chance, lui. Une chance qu’elle ne pourrait jamais avoir car personne ne pouvait ramener les morts à la vie. Pas même l’Empereur en personne. Donc son sourire était finalement en partie sincère. Mais ce qui ne collait pas à son sens, c’était la remarque de Ray à propos des recherches qu’il avait menées durant la période où il avait infiltré l’Empire.

Aucune trace d’une action menée sur Corellia à l’encontre de sa famille ? Étrange. L’Empire comptait un nombre inimaginable de bureaucrates et de fonctionnaires. Des individus qui vouaient un véritable culte à l’administration et à leurs satanés formulaires. Il en existait des dizaines et dizaines de milliers portant sur tous les domaines possibles et imaginables. Formulaire de commande de pièces mécaniques ou de matériels informatique. Formulaire pour le recrutement de Stormtroopers. Formulaire de réception de cargo alimentaire. Formulaire de virement de fonds. Formulaire de mouvement de troupes. Formulaire de transport de prisonniers. Formulaire d’autorisation de missions officielles ou classées secret défense. Formulaire de demande de congés. Formulaire d’achat ou de location de logement. Il y avait même des formulaires demandant une autorisation pour faire une pause toilette. C’est dire à quel point ces lutins de l’administration aimaient leurs formulaires. Des formulaires sur tout. La moindre activité au sein de l’Empire était ainsi surveillée et une copie de ces données était conservée aux archives. Du moins… cela avait été le cas avant la chute de l’Empire. Nul doute que de nouvelles archives avaient dû être créées à Bastion depuis. Mais les Vestiges n’avaient pas le bras aussi long que leur illustre et défunt prédécesseur tout-puissant. Mais cela n’empêchait pas Priya de continuer de trouver la révélation de Ray pour le moins perturbante. Si comme il le pensait sa famille avait été attaquée par des Impériaux, il ne fait aucun doute en effet qu’il existait une preuve de l’ordre de mission. À moins qu’une personne influente ait fait jouer ses relations afin de faire disparaître justement ladite preuve incriminante.

Alors que cette hypothèse traversait l’esprit de l’espionne impériale, la voix de Ray la tira de ses pensées et la ramena au présent. Il venait de faire mention de la Rancor à laquelle ils avaient échappé en fuyant l’aile carcérale… médicale de la base rebelle. Apparemment, l’infirmière en chef s’était rendu compte de la disparition de son patient et elle s’était lancée en personne à leur recherche. La jeune femme en eut confirmation lorsqu’elle risqua un coup d’œil par-dessus son épaule. La montagne de muscles à la poitrine monstrueuse se trouvait effectivement de l’autre côté de l’arbre, mais suffisamment loin encore pour ne pas les avoir remarqués. Mais cela ne saurait tarder de toute évidence. Elle avait l’air remontée et bien déterminée à retrouver le fuyard et à lui faire passer l’envie de recommencer ses bêtises.

Priya ne tenta pas le diable et se remit à couvert avant d’être repérée par l’infirmière en chasse. Elle se tourna alors vers Ray et posa les yeux sur le Résistant. Il avait l’air selon elle d’avoir recouvré des couleurs, mais elle le trouvait tout de même encore un peu pâle. Elle avait remarqué aussi que le jeune homme avait posé une main sur sa blessure lorsqu’ils s’étaient installés sous cet arbre et que celle-ci n’avait pas bougé d’un pouce depuis cet instant. Il n’avait rien dit et n’en avait pratiquement rien laissé transparaître sur son visage, mais Priya se demanda si la douleur de sa blessure ne s’était pas réveillée. Cela ne l’aurait pas étonnée d’ailleurs. Elle ignorait à quand remontait la dernière fois que le Rancor lui avait administré un antalgique, mais avec leur petite escapade dans la base, nul doute que ses effets avaient dû se dissiper bien plus tôt que prévu. Et Ray était du genre suffisamment fier et arrogant pour souffrir en silence plutôt que d’admettre qu’il souffrait. Aussi la jeune femme lui demanda-t-elle :

— Nos dix minutes sont écoulées, j’ai l’impression. (Elle pencha légèrement la tête sur le côté, observant toujours le Résistant pour juger de son état de santé.) Comment te sens-tu ? Mieux ? (Elle attendit que le jeune homme lui réponde.) Veux-tu profiter encore de ta liberté le temps que la Rancor nous retrouve ou préfères-tu tenter de l’amadouer et de gagner quelques points en te rendant de ton propre chef ? (Un pincement de lèvres laissa penser au Résistant qu’elle préférait de loin qu’il retourne dans sa chambre. Il avait mauvaise mine. Un peu de repos maintenant qu’il avait profité d’un peu d’air frais serait plus que le bienvenu. Et puis comme ça, elle pourrait se débarrasser enfin de lui. Quoique le fait de se faire cette réflexion lui parut déplacé. Le pauvre espion était mine de rien dans un sale état. Elle pouvait bien faire montre d’un peu de compassion tout de même. Elle était humaine, non ? Et elle se rappela à qui il devait ses blessures et elle secoua la tête. Il méritait ce qui lui arrivait. Pour ce qu’il avait osé faire à son amie.) Ray ? appela-t-elle toutefois doucement en cherchant à croiser le regard de son ami. Que veux-tu faire ? Rester encore un peu ou rentrer ?

feat. Priya O'Mahra & Ray Noxis ▵ ©endlesslove.

◊ the healing touch of a shy nurse ◊

Ray avait choisi la voie de la raison. Plutôt que de tenter le diable plus longtemps, il était prêt maintenant à retourner dans sa chambre de son plein gré. Il avait eu ce qu’il voulait après tout. Il avait profité de ses quelques minutes d’air frais. Cela lui permettrait sans doute de tenir bon quelques heures de plus entre les quatre murs de sa chambre aseptisée. Et qui sait, peut-être se sentirait-il suffisamment mieux demain pour qu’une autre masochiste accepte de le sortir se promener quelques minutes. Oui. Dit comme cela, c’était tellement vendeur et ça donnait tellement envie. On ne pouvait pas dire cependant que la jeune femme n’était pas dévouée à son travail. Que ne devait-elle pas faire parfois pour mettre la main sur des informations vitales. Mais force est d’admettre que Ray était mine de rien bien plus séduisant que cette limace de Neimoidien auquel elle avait eu à faire une fois. Elle n’avait pas trop à se plaindre.

Posant une main sur l’épaule du Résistant, Priya serra juste assez pour lui faire part de son soutien. Puis elle fit mine de se redresser mais Ray lui saisit la main au vol. Il tenait à s’assurer qu’elle n’aurait aucun ennui avec l’infirmière en chef. Il tenait à ce qu’elle informe la Rancor qu’il avait abusé de ses prérogatives de haut gradé pour la forcer à le sortir de sa chambre d’hôpital malgré l’interdiction formelle de la gardienne de prison. Il était prêt à prendre sur lui l’entière responsabilité de ce qui s’était passé. Apparemment, il en avait l’habitude. La remarque arracha un sourire à l’espionne qui secoua la tête :

— Ne t’inquiète pas pour moi, va. Je suis une grande fille. Je sais me débrouiller seule. (Elle avisa que la Rancor n’était pas loin et lui fit signe pour lui indiquer où trouver son patient.) Occupe-toi seulement de te remettre de tes blessures et de sortir de cette chambre en un seul morceau. OK ? (Elle s’assura d’avoir toute son attention avant d’ajouter en plaisantant.) Et pas d’autre escapade dans la base avant d’avoir eu l’autorisation de ton médecin, d’accord ? Non. Je ne plaisante pas.

Un sourire étira toutefois ses lèvres. L’infirmière en chef débarqua alors et honnêtement… même Priya eut un mouvement de recul en la voyant venir se placer devant le Résistant, poings serrés sur les hanches et regard noir qui ne manqua pas de jeter un froid entre eux. Décidément, cette femme était aux antipodes de l’image de la douce infirmière attentionnée et prévenante que Priya se faisait. Comme l’avait été sa mère dans son enfance. Comme elle l’était sûrement toujours aujourd’hui. Mais sur ce point, l’espionne ne pouvait le certifier avec certitude. Elle n’avait pas pris de nouvelles de sa mère depuis plusieurs mois déjà. Et maintenant qu’elle était de nouveau infiltrée sous couverture, cela devrait attendre encore.

Mais là n’était pas la question. Priya tenta de rassurer Ray autant que possible tandis que la Rancor était à deux doigts de le fusiller du regard.

— Il consent à se laisser faire maintenant et il a promis qu’il ne tenterait plus de quitter sa chambre sans l’accord formel de son médecin traitant. (Bon, ce n’était pas entièrement vrai. Peu importe ce que Ray lui avait soutenu l’instant d’avant, elle pressentait que dès qu’elle aurait le dos, il referait une tentative. Il avait cet air mutin qu’ont tous les enfants rebelles. Mais Priya échangea un regard entendu avec le jeune homme pour qu’il ne discute pas sur ce point. Elle essayait de lui épargner la camisole et les menottes.) Il se comportera comme un patient modèle à partir de maintenant, vous avez ma parole.

C’était un coup bas. Ray avait été prêt à prendre sur lui l’entière responsabilité si jamais quoi que ce soit devait retomber sur le dos de la jeune femme et voilà que celle-ci prenait les devants et lui coupait l’herbe sous le pied en donnant sa parole que tout irait pour le mieux désormais. Ray n’allait tout de même pas la contraindre à manquer à sa parole ? Il n’oserait pas faire d’elle une menteuse et une paria ? Il resterait donc sagement dans son lit maintenant afin de sauver l’honneur de sa nouvelle « amie » non ?

Priya offrit à Ray un clin d’œil amusé discret lorsqu’il fut hissé contre son gré sur le fauteuil roulant. Puis elle lui fit un signe de la main en le regardant être entraîné en direction de l’aile médicale. La Rancor ne le quittait pas yeux comme si elle craignait qu’il disparaisse de nouveau juste sous son nez. Pauvre Ray. Il n’en méritait toutefois pas moins pour ce qu’il avait fait subir à Triss. Priya était toutefois soulagée de savoir que son amie avait survécu. Mais elle devait ce miracle à Kathleen ? Cet état de fait laissait malgré elle un goût amer en bouche. Priya préférait ne même pas imaginer ce que son amie Chiss devait éprouver à cet égard. Elle tâcherait de prendre contact avec elle en usant de leur système crypté. Juste pour être sûre et certaine que tout allait bien pour elle.

En attendant, elle demeura sous l’arbre et regarda Ray disparaître à l’intérieur de la base rebelle. Il était de retour « en prison » pour quelques jours. Qu’il en profite tant que cela durait. La prochaine fois qu’il se retrouverait bel et bien derrière les barreaux d’une cellule, il regretterait sûrement l’absence de cette Rancor et de sa douceur toute maternelle. Priya n’y manquerait pas. Affaire à suivre…